Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





03 mars 2012

Missiles balistiques

© Jean François Brillant. Lanceur Hadès en position de tir, pour la démonstration statique.

La défense anti-missile balistique fait des vagues depuis le sommet de l'OTAN à Prague en 2002. Avant d'évoquer les pendants navals de ces nouveaux systèmes, il m'a semblé intéressant de revisiter les "fondations du temple" (comme le disait l'Amiral Castex à propos de la stratégie navale) avant de construire un édifice. C'est-à-dire qu'il va être intéressant de commencer par rassembler quelques caractéristiques de base sur ces engins avant d'évoquer leur utilisation ou les moyens de les contrer.
L'auteur de ce blog ne prétend pas dégager lui même ces caractéristiques de base des engins. C'est grâce à la communication de l'ingénieur en chef des études et techniques d'armement Emmanuel Nourdin (DGA/SASF; architecte de capacité) au séminaire "Défense antimissile balistique et contribution navale : quels enjeux ?" (7 juin 2010) que je vais pouvoir en extraire les bases recherchées.

Un missile balistique

L'engin balistique est un projectile dont le vol, en dehors de sa phase propulsée, est soumis aux lois de la balistique.

La trajectoire du missile balistique se découpe en trois phases :
  • une phase propulsée dans l'atmosphère,
  • une phase balistique, essentiellement dans l'espace,
  • et la phase terminale de rentrée dans l'atmosphère.
La première phase est primordiale puisqu'elle détermine grandement la précision finale de l'engin. Il est possible de corriger la trajectoire du missile en phase terminale. Cela a même tendance à devenir obligatoire au furt et à mesure de l'allongement de la portée. Durant toute cette partiel du vol, le projectile est encore soumis aux forces aérodynamiques.
La seconde phase, essentiellement balistique et hors -atmosphère, est régie par les lois de Keppler, ce qui rend l'engin parfaitement prédictible.
La phase terminale consiste pour l'engin à se diriger sur la cible, s'il est monocorps et qu'il ne lâche pas de sa charge (cas de certains missile balistique à courte portée). Sinon, dans la grande majorité des cas, c'est la partie du vol où l'engin lâche ses charges.

Trois types de trajectoire balistiques

Il existe trois types de trajectoire connues pour les missiles balistiques :
  • la trajectoire dite à énergie minimale ;
  • la trajectoire tendue : trajectoire dont l'altitude à l'apogée est moindre ;
  • la trajectoires plongeante ou "loftée" : trajectoire dont l'altitude atteinte à l'apogée est plus élevée.
La trajectoire à énergie minimale est celle qui donne la portée maximale au missile.L'apogée de la trajectoire est égale à environ un quart de la portée du missile pour ce type de trajectoire.
La trajectoire tendue possède la caractéristique la l'altitude maximale atteinte par l'engin est moindre. La contrepartie à cette altitude moindre est de permettre un temps de vol plus court, ce qui peut permettre de "stresser" la défense.
La dernière trajectoire, celle plongeante, est celle qui atteint l'altitude la plus élevée des trois. Cette caractéristique a le défaut d'offrir une plus grande détectabilité, mais offre aussi une plus grande vitesse terminale du corps de rentrée.

Vitesse de l'engin

L'ingénieur cite un exemple très parlant : "on peut retenir que la vitesse de rentrée est sensiblement la même que la vitesse en fin de la propulsion : pour un missile de 3000 km de portée ces vitesses sont d'environ 4500 m/s".

La question de la vitesse de l'engin est centrale puisque, par exemple, l'Exoguard d'Astrium devait avoir une vitesse maximale de 5000 m/s : est-ce assez pour aller à la rencontre d'un engin qui est tiré "plus ou moins" de l'intercepteur ? De manière plus généralement, l'augmentation de la vitesse entraîne des exigences techniques pour les engins et leurs intercepteurs. Surtout, plus la vitesse est élevée, moins la défense a de temps pour réagir, voir pour réfléchir.

Portées des missiles balistiques et catégories

La distinction est classique, sans être unique, mais elle garde, toutefois, toute sa pertinence :
  • 150 à 1000 kilomètres de portée : les missiles de courte portée ou Short Range Ballistic Missile (SRBM) ;
  • 1000 à 3000 kilomètres : les missiles de moyenne portée ou Medium Range Ballistic Missile (MRBM) ;
  • 3000 à 5500 kilomètres de portée : les missiles balistiques de portée intermédiaire ou Intermediate Range Balistic Missile (IRBM) ;
  • 5500 à 12 000 kilomètres de portée : les missiles intercontinentaux ou InterContinental Ballistic Missile (ICBM).
A voir que d'autres classifications évoquent d'autres paliers pour les changements de catégorie. Ainsi, les SRBM ne dépasseraient pas les 150 ou 200 kilomètres de portée (DSI HS, "Artillerie : quel avenir pour le "Dieu de la Guerre" ?, page 80).

Quel ergol ?

Il y a deux types de propulsion pour les missiles, balistiques ou non, les roquettes et les lanceurs spatiaux :
  • la propulsion liquide,
  • la propulsion solide.
Le premier type de propulsion possède deux grands avantages. Le premier est que c'est une technologie assez facilement maîtrisable. Deuxième grand avantage, et il reste déterminant aujourd'hui pour les lanceurs spatiaux et certains missiles balistiques : une impulsion spécifique (l'énergie embarquée) plus importante que celle développée par le combustible de la propulsion solide.
Les deux défauts des ergols liquides sont que les engins doivent être remplies avant le lancement, ce qui sur le champ de bataille, est bien contraignant. En outre, ce sont des produits dangereux et corrosifs : ce qui explique le remplissage peu avant le lancement.

La propulsion solide est une technologie plus difficile à atteindre, ce qui explique que tout les Etats désirants développer des missiles balistiques en passent d'abord par les ergosls liquides.


Synthèse

Je reproduis ci-dessous le tableau de la communication de l'ingénieur :

Portée (km)Vitesse en fin de propulsion (m/s)
Apogée pour trajectoire Emin (km)

Temps de vol pour trajectoire Emin (s)
120123035189
300155090320
6002280200475
10002720250580
13003200310660
20004000450810
25004400600930
300047507001010
450056009401220
6000600010501450
10 000700012502000

Il apparaît dès lors, et de façon évidente, que passé une certaine portée (300 km) il devient nécessaire, obligatoire de possèder et mettre en oeuvre des moyens de surveillance de l'Espace pour suivre l'engin pendant sa phase balistique, au moins.

Ce sont des moyens coûteux, qui ne sont pas à la portée de tout les Etats, et c'est ce qui donne l'avantage à l'offensive ! Il est plus rentable de posséder des missiles balistiques que de savoir les contrer puisque cela oblige à la puissance qui tenterait de s'en prémunir de lourds investissements -ces derniers se faisant, souvent, au détriment des forces conventionnelles.

En outre, cela veut dire que passé une certaine distance, un pays peut être attaqué par un autre sans que ses moyens traditionnels de renseignement puissent l'avertir du ou des lancements de missiles balistiques. Il doit être possible d'opérer un système de surveillance quand un pays est suspecté de se préparer à de tels lancements. Mais l'attaque surprise peut l'être totalement dans certains cas.


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