Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





29 mai 2014

Renforcer la puissance navale française ? Les îles artificielles

© Inconnu. 13 centimes d'euros.
Continuons notre joyeu remue-méninges à propos des choses extraordinaires que nous pourrions accomplir avec un budget qui pourrait, encore, subir de nouvelles coupes (pour lesquelles il faudra provisionner des crédits pour honorer les pénalités des ruptures des contrats).
Le billet d'aujourd'hui fait écho à un autre écrit par Midship en 2011 et qui explorait les perspectives de la suprématie navale américaine.

Dans les faits, le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013 définit dans le contrat opérationnel de la Marine nationale la capacité à mener deux missions navales permanentes. Ce sont actuellement les missions Corymbe (+ de 20 ans) et Atalante (depuis 2008) qui consomment en permanence un navire chacune (en comptabilisant le temps de rotation nécessaire entre la base navale et la zone de déploiement).

Plaçons-nous sous l'angle de la capacité de la Marine nationale à être présente sur l'Océan. Justement, le format de la Marine prévoit :
  • trois BPC,
  • six SNA, 
  • quinze frégates de premier rang 
  • et six frégates de surveillance
Ces 30 navires naviguent selon la règle des trois tiers : un tiers en entretien, un tiers à l'entraînement et un tiers en missions. Ce qui revient à dire que nous ne disposerons que 10 de ces navires à la mer en permanence :
  • moins les deux affectés à la protection de la dissuasion,
  • moins les deux affectés aux deux missions navales permanentes, 
  • moins ceux affectés au GAn lors de ses sorties.
Hors sortie du GAn, nous sommes à 6 navires disponibles en permanence. Ces deux missions navales lointaines consomment une part importante du potentiel disponible. De plus, elles matérialisent bien la notion de "station navale". En outre, ces deux missions contraignent la France à ne pas pouvoir dépêcher une unité navale ponctuellement, selon les fluctuations des relations internationales, pour être présente sans sacrifier les missions dans d'autres zones.

C'est pourquoi les missions Corymbe et Atalante se situent entre la mission navale et le déploiement d'une île artificielle. Effectivement, l'île artificielle offre de multiples avantages :
  • d'être présente durablement sur la zone : jusqu'à une trentaine d'années pour une plateforme pétrolière ;
  • de demeurer mobile car une plateforme peut-être déplacée selon les évolutions du contexte.
Ensuite, l'outil est totalement modulable et ses installations peuvent accueillir de quoi constituer une base avancée avec :
  • des installations de commandement ;
  • un hôpital ;
  • des hangars (pour véhicules, aéronefs et ateliers) ;
  • des logements ;
  • une plateforme aéronautique pour hélicoptère (et le paroxysme serait de l'équiper d'une piste oblique avec catapultes) ;
  • la capacité d'héberger et de mettre en oeuvre une force aéroamphibie (drome, battellerie et un groupe aéromobile) pour agir autant contre des navires que de mener des raids à terre ;
  • des installations "portuaires" et logistiques pour ravitailler une force navale de passage (grues, etc...).
L'option de la plateforme pétrolière permet de disposer d'une île artificielle déplaçable aux coûts maîtrisés puisque c'est un ensemble de solutions technologiques éprouvées. Et justement, il y a une belle expérimentation à mener puisqu'une telle plateforme est à vendre pour 13 centimes d'euros (cf illustration du billet). Reste à l'aménager et la déplacer, ce qui nous offrira une ardoise "un peu plus élevé".

A moyen terme, la mise en oeuvre d'une telle plateforme, par exemple dans le Golfe de Guinée, en remplacement de la mission Corymbe, nous dispenserait de l'envoie régulier de navires. Ses installations et capacités lui permettront de rayonner dans tout le Golfe grâce à ses capacités de projection. La hauteur de l'ensemble lui offrira une portée conséquente à ses senseurs (radars, AIS, etc...) tout en la protégeant naturellement (par son architecture et son positionnement hauturier) des attaques.

A un peu plus long terme, si une telle expérience était convainquante, alors :

une seconde plateforme pourrait être positionner en face de la Somalie pour constituer le socle de la présence navale française.
Une troisième option, encore plus originale, pourrait être de s'inspirer du futur Sea Oribiter pour imaginer une île artificielle mobile, et pourquoi pas dérivante, servant autant aux missions scientifiques qu'à la surveillance et la protection des terres et eaux sous juridiction française (des îles Éparses à Terre Adélie) dans l'océan Indien.

Le coût d'une plateforme neuve se comprend entre 200 millions de dollars et 2,5 milliards de dollars. A la remarque près que ce sont des coûts pour une plateforme... pétrolière. Le devis risque d'être fort différent sans toutes ces installations d'exploration et d'exploitation puisque dans notre hypothèse du jour, il s'agit surtout d'aménager de grands volumes dans la structure. Pour faire simple, nous parlons d'un BPC dont la "poutre navire" pourrait être construite dans un chantier en Asie ou en Europe et aménager en France. Le coût au kilo est même moindre en Norvège qu'en Corée du Sud.

Comme le fait remarquer un lecteur, la question de ou des énergies utilisées sera cruciale. Stocker des hydrocarbures pour les navires et les aéronefs est une solution qui permettrait d'alimenter la production d'énergie à bord. Une autre série de solutions résiderait dans l'utilisation des énergies marines renouvelables : de multiples coopérations pourraient alors naître.

L'utilisation d'îles artificielles offrirait l'avantage de durer très longtemps à la mer dans des zones où les conflits nécessitent beaucoup de temps pour se résorber. Présence navale continue qui sera un facteur de puissance diplomatique pour peser sur les processus locaux. Et leur existence libérerait des navires pour d'autres missions plus prioritaires, de la mer Noire jusqu'aux mers asiatiques... 
 

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