Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





27 octobre 2015

FTI : frégate de premier rang deuxième classe

© Thales.
Nous lisons avec grand intérêt l'audition du Chef d'Etat-Major de la Marine nationale (CEMM), l'amiral Rogel, devant la commission de la Défense et des forces armées de l'Assemblée nationale. Le citoyen peut y apprendre beaucoup de choses, dans des échanges des plus pragmatiques et réalistes sur l'état du décalage entre le contrat opérationnel découlant du livre blanc, la Loi de Programmation Militaire (LPM) et son exécution. Au sujet de la Frégate de Taille Intermédiaire (FTI), la situation se précise par rapport à l'actualisation de la LPM


"Oui, elles ont été voulues par la marine." Première surprise de cette audition. Officiellement, la Royale soutient ce programme sans l'ombre d'un reproche. L'absence de certaines justifications nous renseigne peut-être mieux car, dans toute l'audition, il n'est pas question du pourquoi du comment la FTI devait succéder à la FREMM. Seul le coup de Trafalgar (joyeux anniversaire en retard) des industriels explique sa naissance. 

Le contrat opérationnel fixe un objectif de quinze frégates de premier rang. Les deux premières Horizon (classe Forbin) sont considérées de cette qualité. Les frégates légères furtives de classe La Fayette sont, elles, toujours exclues de ce rang. Le précédent livre blanc leur avait fait prendre du galon, mais le CEMM démontre, missions à l'appui, qu'elles ne répondent pas aux besoins opérationnels. 

Reste à trouver treize frégates "grâce à un panachage de FREMM et de FTI".

L'objectif, se lisant entre les lignes, d'une classe Aquitaine (FREMM) à 8 unités (dont deux FREDA) est confirmé à nouveau.  Par rapport à l'actualisation de la LPM, et depuis la présentation du livre blanc 2013 par le ministre de la Défense à Toulon, il est toujours question que ces deux FREDA soient des FREMM ASM avec des capacités aériennes étendues.

La série FREMM a été réduite de 19 unités (8 ASM, 9 ASM, 2 FREDA) à 8 unités depuis 2007. L'amiral Rogel affirme : "Si nous avions choisi 11 FREMM en plus des deux FDA, il nous aurait fallu deux frégates supplémentaires ; or je ne crois pas à une série de deux unités : la rupture de capacité aurait été définitive." Par 11 unités, il faut comprendre le précédent objectif du programme FREMM, révisé une fois encore à l'actualisation de la LPM.

Mais en quoi est-il impossible de construire... treize FREMM pour compléter les deux Forbin et atteindre l'objectif du livre blanc ?

L'expression des besoins

Le CEMM dessine alors devant les députés les trois besoins opérationnels qui doivent guider la conception de la FTI :
  • "la principale menace est sous-marine : aujourd’hui – et c’est inédit, me semble-t-il –, plus de 49 nations disposent de sous-marins modernes."
  • "de capacités anti-aériennes pour pouvoir s’approcher des zones de crise car, et c’est la deuxième caractéristique des opérations navales actuelles, dès lors que l’on s’approche de la terre, on s’expose notamment à la menace aérienne et aux missiles sol-mer."

La traduction matérielle

 Ces besoins opérationnels se traduisent, selon l'amiral, par : 
  • "bâtir un navire qui corresponde au principe de différenciation énoncé dans le Livre blanc tout en ayant la capacité de frégates de premier rang."  ;
  • "4 000 et 4 500 tonnes"
  • "anti-sous-marin, avec une capacité d’emport NH90"
  • "une capacité anti-aérienne significative"
  • "sa taille [ne] permettra [pas] d’y installer le missile de croisière naval."
Il nous faut une frégate de premier rang qui, pour rencontrer des menaces sous-marine et aérienne significatives, doit pouvoir se rendre dans une zone de crise, assurer sa protection et celle de sa zone d'action. Ce qui suppose une certaine autonomie car, depuis Brest ou Toulon, il s'agit de pouvoir durer suffisamment à la mer pour se rendre de l'Arctique à la Somalie en passant par l'océan Indien : autonomie significative, cela ne peut être une corvette s'il s'agit que cette frégate puisse servir d'instrument de gestion de crise.

Cette frégate anti-sous-marine - de premier rang - devra opérer avec un NH90. Cet objectif implique que l'embarquement d'un Caïman Marine ait un sens opérationnel en matière ASM. Ce qui reviendrait à dire qu'elles embarqueront la même suite ASM que celle des Aquitaine ?

Elle sera équipée d'une suite de défense aérienne. La Marine veut pouvoir déployer une bulle plus importante que celle des FLF (13-15 km de portée). Il s'agit surtout de lutter contre la menace posée par les missiles anti-navire. Mais si les missiles de croisière et balistiques revenaient à la mode ? Nous nous dirigerions alors vers les mêmes capacités que celles des Aquitaine - et peut-être même mieux pour la suite radar - c'est-à-dire un panachage d'Aster 15 et 30 avec, peut-être un remplacement des premiers par des Mica VL. Ceux-ci présenter l'intérêt d'être moins coûteux.

Aujourd'hui aucun industriel français n'envisage d'installer des missiles de défense aérienne autrement qu'en silo (VLS). Les Forbin sont percées à 48 silos (réserve pour 16 de plus), 32 pour les Aquitaine. Pourquoi, après la démonstration stratégique russe, ne serait-il pas possible d'embarquer des missiles de croisière ?

La quadrature navale 

Nous nous dirigeons vers une frégate de premier rang mais de deuxième classe par rapport aux Forbin et Aquitaine. Elles n'auront pas toutes leurs capacités et qualités nautiques (l'autonomie) des premières. Mais presque. Elles n'offriront pas de moindre capacité, cela dit. Ni plus de capacités. Par contre, elles ne seront pas plus nombreuses, à investissement égal, par rapport au financement de cinq FREMM supplémentaires.

Les FTI relèvent d'une différenciation des besoins opérationnels, à coût égal sur les plans financier et opérationnels, par rapport aux FREMM, tout en demeurant des frégates de premier rang. Quid des frégates de deuxième rang ? De troisième rang ?

6 commentaires:

  1. Bonjour ,pas évident de comprendre quel va être le futur format de notre marine ,on se demande même si on va atteindre ce format de 15 bâtiments de premier rang ,car si les FLF sont bien considéré comme des navires de second rang ,il me semble bien que l'on n'a déjà plus que 10 bâtiments principaux et pour un certains temps ,cela ne risque t il pas de devenir la norme ?(bien sur avec uniquement des fremm et des FDA,il y aura quand même un outil plus puissant qu’actuellement).
    Par contre je me demandais si on allait pas aussi prolongé nos FLF et nos FS, comme on l'a fait pour nos avisos, pour repoussé l'achat d'une nouvelle classe de bâtiment de second rang ,est ce une possibilité techniquement ?
    J'aurai aussi deux petites questions plus spécifique :
    -est que l'on ne sur estime pas un peu la future menace sous marine ,pas au niveau du nombre de bâtiment neuf qui vont entrer en service,mais plutôt la réel compétence de les mettre en œuvre est de constitué une menace pour nos intérêts ?
    -vous écrivez que le mica vl est plus économique qu'un aster 15 ,mais sont ils vraiment dans le même catégorie face à une menace anti navire qui se "démocratise" assez vite ?
    Merci ,c'est toujours un plaisir de consulter votre site.

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    1. Bonjour,

      C'est, a priori, un grand risque. Nous pourrions souligner que le CEMM semble entendu par les députés quand il explique que le format contractuel (15) est d'ores et déjà dépassé par les demandes du gouvernement (2 missions navales permanentes dans le LB, portées à 5 dans les faits) alors, comme vous le dites si bien, il y a des carences capacitaires.

      Il y a un passage où il explique que si d'autres scénarios avaient été retenu (exemple du plan Z) alors la Marine ne remplirait plus ses missions, elle ferait semblant. Sic.

      Actuellement, il n'y aurait aucun projet de frégate de deuxième rang. Les FLF sont, de facto, de nouveau de telles frégates. Mais il ne serait pas prévu que la FTI les remplace en une version adaptée. Tout comme il n'est pas officiellement évoqué la succession des frégates de surveillance.

      Ce qui reviendrait à conclure que les FLF ne seront pas remplacées ni les frégates de surveillance. Dans l'actualisation de la LPM, seuls les FREMM et les BATSIMAR sont cités.

      Néanmoins, nous sommes dans une zone de floue où la Marine essaie, manifestement, de manoeuvrer sur les dénominations de bateaux pour sauvegarder autant que possible des frégates.

      Pour les FLF, il serait toujours question de revaloriser deux unités en frégate ASM tandis que les trois autres... pourraient connaître le sort des A69 : faute d'informations, c'est une conclusion logique. Les FS pourraient elles aussi être prolongées, pourquoi pas ?

      Le problème du sous-marin ou du porte-avions, c'est qu'une fois sous l'eau ou sur l'eau, il pose une réelle menace. Pendant la guerre des Malouines, l'appareillage du 25 de Mayo et le torpillage du Belgrano illustrent bien dans les faits le propos. Les sous-marins argentins étaient une menace tout comme le croiseur et le porte-avions. L'action du Conqueror a découragé d'engager les unités navales argentines. Mais que se serait-il passer en cas d'action persistante ?

      Il faut et il suffit que le navire soit à la mer et sache utiliser ses armes. C'est beaucoup et peu à la fois. Mais c'est suffisant pour nécessiter une action énergique pour repousser la menace.

      C'est le même raisonnement face aux missiles anti-navire. Un Aster est conçu pour lutter contre les missiles anti-navire et balistique. Pas un Mica VL. C'est une vraie différenciation en l'espèce, et souligne la qualité de la suite installée, actuellement, sur les frégates françaises.

      Au plaisir que vous y trouviez de l'intérêt, et cordialement,

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    2. merci pour vos réponses.

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    3. Il ne me semble pas du tout adéquat de mettre le Mica VL et l'Aster-15 en parallèle. En réalité, ils sont complémentaires. L'Aster 15 est guidé par le radar, un autodirecteur EM finissant le boulot. Le Mica VL est de type tire-et-oublie. De plus, ces deux missiles n'ont pas la même portée ni la même capacité à détecter et détruire une cible.
      Si l'on veut faire les choses bien, les FREDA devraient avoir à minime 16 Aster 30, 32 Aster 15 et 32 Mica VL (lesquels nécessitent peu de place)

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    4. Les floréals ont été admis en service entre 1992 et 1994. On peut estimer une durée de vie raisonnable à 35 ou 40 ans. donc leur remplacement se situe a un horizon 2025-2030, au delà de la LPM et au delà d'"horizon marine 2025". rappelons aussi que le format 2025 retenue est 15 frégates, 6 frégates de surveillance (comprendre patrouilleur haut de gamme) et 15 patrouilleurs

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  2. Quand j'écoute le CEMM et sa description de la FTI future, j'ai surtout l'impression qu'il réinvente la ...FREMM ! Si les capacités électroniques, aéronautiques, et l'armement embarqué sont sensiblement les mêmes que celles des FREMM, qu'est ce peut expliquer alors qu'elles seront moins chères ? Ce n'est pas la coque et sa propulsion adéquate qui vont faire diminuer de beaucoup les prix !
    Quitte à faire travailler les bureaux d'étude de DCNS, il serait peut-être plus simple de travailler d'abord à une version optimisée des FREMM (notamment une version disposant de capacités AA renforcée et de missiles de croisières en plus grand nombre soit 48 cellules Sylver...). On pourrait alors attendre 2020 pour développer une vraie frégate légère de 3500-4000 tonnes réellement novatrice (où est la nouveauté entre une FTI et une FEMM ??) et qui pourrait, en 2 versions, remplacer les FLF (version 2ème rang) et les FS (version 3ème rang). La coque, la propulsion seraient identiques. On pourrait envisager une série de 6 à 10 navires selon nos finances..
    Pour ce qui est des missiles légers, le MICA est hors jeu à mon sens car non "quad packable" (!). Le SEA CEPTOR l'est et renforcerait très largement la capacité de lutte de nos navires (mais faudra un nouveau Sylver...)
    Voili voilou...

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