Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





27 septembre 2016

Il faut des corvettes ASM pour la Marine nationale


© Rama.
Ils sont des constats partagés : d’une part, la menace sous-marine mondiale n’a de cesse de croître, et les patrouilles sous-marines inamicales au large de Brest, foyer de la dissuasion nucléaire française, ne cessent pas ; et d’autre part, les conflits et zones de tension amenant à un déploiement des forces navales françaises.   

Les FREMM (FREgates Multi-Missions), frégates "croiseurisées" (car aptes à agir dans tous les spectres d’opération : sur la mer, sous la mer, contre les airs et contre la terre), seront mises à rude épreuve pour pouvoir accomplir toutes les missions qui leur seront confiées après le retrait, dans moins d’une décennie, des frégates Anti-Sous-Marines (ASM) de type F70. 

Partant du principe de l'économie des dépenses, l’auteur de ces lignes en arrive à la conclusion que des navires spécialisés ont leur utilité lorsque les missions sont récurrentes et que les autres navires sont surchargés dans leurs missions variées. 

Des navires spécialisés sont moins coûteux à l'achat, à l'emploi et à l'entretien. Dans ma conception, un navire polyvalent c'est aussi un navire qui balade un tas d'équipements qui servent rarement, en tout cas jamais simultanément. Donc c'était du gaspillage car une partie de l'équipage voyage sans servir à rien, et le matériel à bord non employé est simplement de l'argent immobilisé. Par exemple, une FREMM qui assure des missions ASM au large de Brest, c'est un canon, un radar de veille air et des missiles qui ne servent à rien. Ce sont des actifs immobilisés qui ont un coût d’entretien, sans compter une fraction de l’équipage qui est frustré de ne pas être utile. 

Ce que je propose, c'est de concentrer les croiseurs (donc en France, les FREMM) sur les OPEX (OPérations EXtérieures), et avoir d'autres navires spécialisés pour les missions simples et récurrentes. 

Le besoin ASM est le plus pressant. Plutôt que des FTI (Frégate de Taille Intermédiaire) qui seront des FREMM en réduction, aptes à tout mais bonnes à rien, ne faudrait-il pas plutôt se procurer des navires à mission unique et particulièrement efficace dans un seul domaine : la lutte sous la mer ? 

Ces navires seraient employés soit au large de Brest, pour l'escorte des SNLE, soit dans le cadre d'une force en tant qu'escorte d'un HVU (High Value Unit). Ils n'ont donc pas besoin du système de défense complet multi-spectre, car, dans le premier cas il n'y a pas de menace air et la couverture aérienne depuis la côte, et dans le second cas il y aura le parapluie de la force navale. De ce présupposé des menaces rencontrées en découle le principe de conception proposé du navire : 


Cela donnera, une fois passé sur la planche de l’architecte, une coque forcément plus petite que la FREMM, puisque nettement moins de matériel sont embarqués :
  • une suite sonar performante. La même que FREMM par exemple. des tubes-lance-torpille pour pouvoir traiter la menace ASM identifiée.
  • Un canon minimaliste pour l'auto-défense de surface. Un canon de 76mm, voire moins.
  • Un radar de veille air anémique, voire rien du tout de spécifique. Ce qui supprimera au passage les contraintes sur les masses dans les hauts qui imposent la largeur du navire.
  • Un système d'auto-défense air (très) courte portée, adapté aux menaces installées en préambule.  

Avec ces éléments, le navire est plus simple dans ses systèmes d'armes, et mono-mission. Cela veut dire également un équipage amputé des composantes devenues inutiles. Sans aller dans les extrêmes d'optimisation de FREMM, l’auteur de ces lignes pense que l’ont peut atteindre un noyau d’équipage de 60 à 70 personnes. Le navire proposé a une panel de missions peu variées, ce qui entraîne donc un équipage qui est plus rapidement efficace puisque requérant moins d'entraînement (il convient de ne pas diminuer le standard de qualité, mais celui de la quantité des différents entraînements pour être aptes à mettre en œuvre chacun des systèmes d’arme d’un navire), et par conséquent, il en découle que la corvette ASM, par rapport à un FTI-mini-croiseur sera plus souvent disponible pour des missions et nécessitera moins de temps pour de l’entraînement individuel et collectif de l’équipage. 

En ce qui concerne la propulsion, il conviendra de d'abord définir le profil d'emploi des navires avec précision, et de se prononcer ensuite. Il me semble particulièrement malvenu de décider unilatéralement et a priori d’un élément technique dont le coût de possession dépend énormément du profil d’emploi.


Théophile Delcassé

16 commentaires:

  1. Un navire ASM sans défense AA sérieuse se fera défoncer à coup de missile à changement de milieu à longue portée si il a le malheur d'allumer un de ses sonars actif. Donc si on sacrifie sa défense AA, autant sacrifier le canon, les torpilles et mettre des sièges éjectables à l'équipage ...

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    1. Pas très convaincant votre argument. Un SNA qui ferait ce genre d'attaque dans une zone où d'autres effecteurs sont présent (hypothèse de l'article) serait immédiatement dévoilé et donc vulnérable. Et rien n'empêche de doter la corvette d'un minimum de moyens d'auto-défense face à une attaque missile (lance leurre, design furtif, auto-défense AA à courte portée, brouilleurs ?).

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    2. Bonsoir ,alors déjà merci pour tous vos articles de ce mois de septembre ,vraiment très intéressant à parcourir .Pour en revenir à cet article ,on voit encore qu'il est très difficile de bien comprendre le rôle de cette FTI pour notre marine ,on est vraiment tenté de dire qu'une fremm "batch 2" serait plus approprié pour compléter nos frégates de premier rang .Par contre j'aimerai connaitre le profil de vos corvettes "simplifié",serait ce plutôt des "la Fayette ng" que l'on aurait fini d’équipées ou des super floréal avec un système de combat asm ?en tout cas pas facile pour notre marine de réussir la quadrature du cercle avec une flotte qui doit avoir un minimum d'unité au vu de son déploiement mondiale et un certain niveau technique si on veut continuer a être le plus autonome possible dans nos décisions. Les années a venir annoncent quelques changements (missile hyper véloce ,laser ,guerre cyber ,drone multiple ...);est on bien sur de préparer la prochaine guerre ,est ce bien le sous marin conventionnel la plus grande menace ?(c'est une chose d'en déployé ,mais s'en servir).Bref pas facile de voir l'avenir et de trier entre les effets d'annonce de certaines marines et la réalité de la menace qu'elles peuvent faire pesé , en plus pas facile de savoir ou va notre politique "océanique". Encore merci pour tout vos éclairages sur le sujet.

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    3. Bonjour,

      Concernant l'idée de frégates de classe Floréal à capacité(s) ASM, elle a en fait déjà été évoquée au début des années 1990.

      Face au coût très mineur de construction (environ 45 à 50 millions de francs de mémoire contre plus du double pour une FLF), il avait été proposé d'en construire une série pour le contrôle de l'espace sous-marin au large de Brest.

      L'opposition à ce projet avança qu'il fallait des navires de guerre de premier rang capable d'encaisser et de rendre des coûts.

      Cordialement,

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  2. et on en revient donc aux FTI qui semblent un choix bien discutable...Un rallongement de la série des FREMM et des Gowind ASM me semble être effectivement une solution plus évidente (et qui ferait sans doute travailler autant les BE de DCNS que les études d'une FTI qui ne présentera pas, finances contraintes, de grandes originalités...)

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    1. Bonjour,

      Les dernières informations présentent une FTI plus avancée que les FREMM de DA dans les luttes ASM et de DA : http://www.navyrecognition.com/index.php?option=com_content&task=view&id=4398

      Cordialement,

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  3. Bonjour,

    L'auteur de cet article va réfléchir un peu davantage pour aborder les sujets mis en avant par "mich".

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  4. Bonsoir ,ceci n'est pas un commentaire,je voulais juste vous signaler que j'ai fait une erreur ,mon commentaire sur votre article n'est pas une réponse à "anonyme" ;je ne sais pas si vous pouvez modifier ?désolé .

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    1. Bonjour Mich,

      Faites un "copier-coller" de votre comment là où vous souhaitiez le laisser et je ferai le nécessaire. Ce n'est pas bien grave.

      Bonne journée, et cordialement,

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  5. Bonjour, Je reste dubitatif sur la mise en oeuvre de frégates à vocation unique dans la Marine et orientée ASM sans véritable moyen de défense aérienne. Dans une flotte au format réduit, ces unités finiront par être utilisées pour des missions auxquelles elles n'auront pas été prévues et ... désarmées. J'ai servi plus de 15 ans sur aviso A69 et je n'étais pas spécialement heureux de patrouiller dans le golfe Persique pendant la guerre Iran-Irak avec les assauts aériens quotidiens qu'on ne pouvait pas anticiper. Normal, ces bâtiments étaient conçus pour la lutte ASM en petits fonds et armés comme tel. Avec un nombre de bâtiment insuffisant et des prétentions politiques mondiales, on se retrouvaient en 1ère ligne, associés à des croiseurs américains qui nous reléguaient loin pour ne pas les gêner ! Ce défaut français est un défaut d'argent caché par les hautes autorités militaires aux politiques pour continuer leur carrière tranquillement. Qui aurait été dire au ministre "je n'ai pas de navire pour exécuter la mission que vous me demandez. Il fallait assurer le budget avant mon vieux !". Donc de grâce, au moins un bon système SAM sur tous les bâtiments de combat...

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  6. Bonjour,

    Depuis le dernier livre blanc je souhaiterai toujours disposer de quelques RETEX sur l'opération Artimon car elle conditionne le format de la flotte de surface jusqu'à aujourd'hui.

    Aussi, c'est parce que la Marine osa dire qu'elle n'avait plus assez de bateaux que les frégates de surveillance (création hors programmation) sortaient du chapeau.

    Cordialement,

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  7. Idée fort intéressante.

    Il ne faudrait pas considérer ces navire à la place d'autres, mais bien EN PLUS d'autres, en plus des FREMM notamment.

    Avoir une petite flotte de corvettes ASM permettrait de laisser les 15 frégates de 1er rang patrouiller partout dans le monde, avec ou sans le ou les portes-avions.

    Aujourd'hui la défense des entrées maritimes (Brest et Toulon) est assurée par les F67/F70/FREMM bien trop surdimensionnées et polyvalentes pour se "contenter" de faire de l'ASM local. Contre qui va-t-on tirer des Scalp au large de Brest ?
    Il pourrait effectivement être intéressant de créer une petite série de navires spécialisés dans cette mission et laisser les navires plus polyvalents œuvrer là où ils seront le plus utiles.

    Quel profil pour ces navires ?

    - La FTI est évidemment trop grosse et encore trop polyvalente. Et trop chère. Mais à quoi serviront-elles en fait ?

    - L'idéal serait probablement de se baser sur un design de corvette (titre de l'article d'ailleurs) de la taille de ce que propose DCNS avec la Gowind, c'est à dire jusqu'à 2500t.
    Avec une telle plate-forme, on peut envisager toute la suite ASM d'une FREMM comme système d'arme principal (Captas 2/4, sonar de coque, tubes pour torpille MU90, voir accueillir un Caiman Marine), le but était de traquer le sous-marin.
    Pour le reste, juste de quoi se défendre.
    On ajouterait 4 voir 8 Exocet.
    Un système anti-aérien reste indispensable pour la défense contre des missiles anti-navires, mais réduit à cette mission et à courte-portée. Exit l'énorme radar Hérakles, mais un moyen anti-aérien plus léger, armé par des missiles Crotales VT1, VL Mica voire une poignée d'Aster 15.

    QC

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  8. Toute la question étant de connaître sur quelles lignes budgétaires du BOP Marine vous allez prendre pour faire émerger des corvettes ASM en plus frégates de premier rang.

    A titre indicatif, une corvette Gowind 2500 en Égypte se négocierait pour 250 millions d'euros et presque 300 millions en Malaisie.

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    1. Sans prendre AUCUNEMENT parti mais en me basant uniquement sur les promesses de campagne (hypothèse caduque d'avance donc).
      Le préalable à ce type de réflexion (au delà du plaisir que cela nous procure) est une augmentation du budget de la Défense de manière importante.

      - L'élection à la présidence d'un candidat LR (ex-UMP) ou FN pourrait voir l'émergence d'un budget de la Défense à hauteur de 2% du PIB d'ici une dizaine d'années (les promesses, toujours les promesses). Dans ces conditions, ce type de dépenses peut rentrer dans ce budget. De même que porte-avions, etc. On reste sur la même ligne budgétaire, mais cette ligne grossit d'elle même.

      - L'élection d'un candidat PS souvent hostile aux dépenses régaliennes (défense, intérieur, justice) ou le non-respect (probable) des promesses de campagne d'un candidat LR ou FN conduirait à ne pas pouvoir envisager d'augmentation du budget, et donc ne pas avoir ce type de navire. Donc on reste dans la situation actuelle.

      L'estimation en M€ est intéressante. En considérant 6 navires du coup relativement simples et donc assez disponibles, on peut avoir en permanence 2 vecteurs à la mer devant chacune des deux entrées maritimes pour un budget compris entre 1,5Md€ et 2Md€, soit le prix de 2 à 3 FREMM.

      QC

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    2. Assertions à pondérer car de 2002 à 2012, par exemple, le parti politique "Front national" ramenait son effort budgétaire pour la Défense dans ses programmes de 4 à 2% de PIB.

      L'élection d'un candidat de gauche n'est pas forcément hostile aux dépenses militaires. L'IFRI avait calculé l'effort budgétaire pour la Défense nationale depuis 1960 en France et il était presque exactement le même selon la couleur politique (0,10% de variation en mémoire).

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  9. Merci pour ces précisions.
    Jusqu'à quand les données budgétaires nous amènent-elles ?

    Au final, on s'aperçoit que deux critères se conjuguent.
    D'un côté une volonté politique de faire primer certaines dépenses sur d'autres.
    De l'autre côté et même surtout, le contexte économique, qui a parfois bon dos, mais qui conditionne généralement de type de programmes de grande envergure.
    Quelque soit la personne qui gagnera cette prochaine élection, je vois assez mal une augmentation spectaculaire et spontanée de ce type de dépense. Mais je "crains" aussi que le contexte ne les y pousse ...

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