Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





31 octobre 2016

Les Glorieuses

© STX. La Floréal 3000 succède aux frégates de surveillance NG et NG2F.

Gouvernement, Parlement et Marine nationale n'envisagent pas publiquement une refonte des frégates de surveillance alors que leur prolongation, avec celle des frégates La Fayette comme futures frégates de surveillance, devient l'un des rares socles afin de soutenir un format à un peu plus de vingt patrouilleurs d'ici à 2030.

Une bonne partie de la classe politique s'affirme, cela ne coûte rien, pour une poursuite de l'effort en faveur de la Défense nationale jusqu'à 2% du PIB (avec ou sans pension) à l'horizon 2025. Néanmoins, la bosse budgétaire jamais absorbée depuis la RGPP serait de l'ordre des 35 milliards d'euros. La modernisation de la dissuasion nucléaire verra l'effort en sa faveur bondir de 3,5 à 6 milliards d'euros annuel dans les prochaines années. Sauf effort financier puissant et durable, des choix (hiérarchisation des priorités, lancement, étalement ou abandon de programmes) seront immanquablement réalisés.

14 patrouilleurs seront désarmés d'ici à 2025 ou 18 d'ici à 2027. L'admission au service actif des quatre B2M, deux PLG et quatre BSAH  (10 bateaux) ne compensera que très partiellement ces désarmements. Les deux premières unités du programme BATSIMAR (BATiment de Surveillance et d'Intervention MARitime) ne seraient réceptionnées que pendant l'année 2024, à raison de deux unités chaque année, ce qui nous emmène jusqu'à 2029 pour une série de 12 BATSIMAR.

Le nombre de patrouilleurs et navires assimilés n'atteindra un format de 22 unités qu'à l'orée de l'année 2029. Les Floréal atteindront les 30 années de service sur les années 2022-2024. Eu égard au nécessaire maintien des capacités dédiées à la sauvegarde maritime Outre-mer - et entre parenthèses, les B2M et BSAH sont des unités logistiques (8 bateaux) et non pas des patrouilleurs (donc 14 patrouilleurs en 2029 et non pas 22) - mais également au soutien des frégates de premier rang alors que la composante de deuxième rang ne repose que sur les Floréal et La Fayette tandis qu'elle pouvait compter deux fois plus de bateaux au cours des cinquante dernières années, la prolongation des frégates de surveillance de 30 à 45 années de service s'impose. 

45 années de service n'est plus une situation extraordinaire, les avisos A69 dépassent les 33 à 36 ans et voguent vers les quatre décennies, sans aucune préparation particulière des matériels. L'intérêt d'une refonte, opération lourde, est de permettre de telles prolongations afin d'affronter des situations indécises et complexes. 

La refonte proposée s'articule autour de trois axes que sont le maintien des qualités nautiques des bateaux, un réhaussement de l'esthétique de la puissance qu'ils véhiculent indépendamment de leur valeur opérationnelle et l'accroissement de leur capacité de surveillance.

Le maintien des qualités nautiques découlera d'une grande visite dans un chantier naval afin de visiter la coque et de déposer la majeure partie des matériels. La question se posera de changer les systèmes et matériels les plus anciens sachant qu'ils seront utilisés sur un peu plus de quinze années. Les programmes FREMM et FTI sont susceptibles de fournir bien des ensembles et sous-ensembles. En conséquence, suivante une faible tolérance pour le moindre signe d'usure, les gaines de câbles et autres conduites seront remplacées. Aussi, serait-ce possible d'obtenir une certaine automatisation dans toute ou partie des postes de la coque mise à nue ?

Le bloc passerelle sera désolidarisé de la coque, les équipements et systèmes récupérés pour finir à la casse. Une nouvelle structure adaptée aux opérations modernes, tout du moins, présentant l'esthétique des unités modernes, sera posée sur la frégate au cours du chantier. S'inspirant de l'Adroit et des premières études sur la F3000 (Floréal 3000), les frégates de surveillance adopteront une nouvelle passerelle à 360 degrés. À l'autre extrémité, l'aménagement du nouveau bloc dégagera un volume maximal au hangar aéronautique qui deviendra multifonction avec une porte Ro-Ro sur chaque bord.

La nouvelle silhouette amènera l'ensemble des acteurs à faire évoluer leur perception quant à la présence de la France depuis les Antilles jusqu'à l'Asie du Sud-Est. Cela n'amènera aucun changement géostratégique mais combien d'observateurs saisiront la nuance ? 

Aussi, le pont portant le bloc passerelle sera prolongé jusqu'à l'étrave alors que, simultanément, sera installé une deuxième pièce de 100mm sur la l'avant du bateau. Il y a quantité de tourelles de 100mm modèle 68 de disponible. Sur le bloc passerelle, un espace sera conservé pour installer, non pas deux rampes de lancement pour missiles ant-navires mais bien quatre ou six portant théoriquement huit ou douze missiles. Peu importe que les tubes soient chargés tant qu'ils sont visibles. 

Les signes extérieurs de la puissance militaire brute impressionnent dans une sphère médiatique où l'analyse fine des possibilités opérationnelles offertes par un matériel militaire ne peuvent être traitées, faute de temps. Les deux pièces seront carénées "au repos" à la manière de la recherche de la furtivité sans que cela soit autre chose qu'esthétique.

Les capacités de surveillance des Floréal seront accrues via l'adjonction d'une suite anti-sous-marine (sonar de coque, remorqué à immersion variable, flûte, tubes lance-torpilles récupéré depuis les Georges Leygues) et de plus grandes capacités anti-aériennes grâce à des radars de veille aérienne DRBV-26A descendus des F70 pour terminer dans une mâture unique. L'optique opérationnel n'est pas de combattre mais bien de surveiller, voire de produire du renseignement en renforçant les capacités de veille sous-marine et aérienne dans des régions où les frégates de premier rang ne sont que trop rarement déployées (Atlantique Sud, Océan Indien (sans le Golfe Persique et la Mer Rouge) et Pacifique).

Dans cette perspective, le moindre matériel de guerre électronique, aussi bien d'écoutes, d'interceptions que de contre-mesures électroniques et acoustiques, participera des capacités de surveillance et de certaines capacités opérationnelles renforçant d'autant l'auto-défense du bateau. Ajoutés aux capacités précitées, les Floréal enregistreront autant de signatures que possibles des plateformes qu'elles rencontreront, renforçant d'autant la résilience générale de la Flotte.

Il est difficile d'évaluer le devis financier de ces opérations qui nécessiteront avant tout de la main-d'œuvre puisque les principaux équipements sont pris sur des navires désarmés. Raison pour laquelle les travaux sur la poutre navire sont proposés dans un chantier à bas coûts comme ceux possédés par Piriou (au Vietnam, par exemple). Le bloc passerelle sera conçu et construit en France puis convoyé jusqu'au chantier, entièrement armé avant d'être soudé sur la coque l'attendant. 

Avec un devis offensif, sous réserve d'un sévère contrôle-qualité, le coût des six refontes permettrait de conserver six grandes unités jusqu'aux premières années de la décennie 2030 là où les avisos n'étaient pas préparés à devenir quadragénaire. L'Adroit gagnerait être rejoindre définitivement les rangs de la Flotte en sortant de sa norme changeante et unique. Une proposition commerciale audacieuse pour de nouveaux bateaux pourrait comprendre, au Maroc, le rachat des deux Floréal livrés au début des années 2000.

Présentant l'aspect général d'une frégate moderne, participant donc par leur esthétique de la posture diplomatique française car le meilleur des ambassadeurs est le navire de guerre, disposant de quelques capacités offensives sous et sur et au-dessus de la mer, les frégates de surveillance demeureront des frégates de deuxième rang mais continueront à remplir d'appréciables services faute d'unités neuves en nombre suffisant.

11 commentaires:

  1. Le coût de la reconstruction, puis de l'entretien de coques aussi âgées, ne serait il pas supérieur ou égale à la construction d'un patrouilleur puis à son entretien? "Le bloc passerelle sera désolidarisé de la coque" ça me paraît très lourd comme opération par exemple, c'est possible à moindre coût?

    Je suis d'accord que l'esthétique du navire peut jouer pour la communication. Mais dans ce cas des Lafayettes presque pas modernisées feraient aussi bien l'affaire.

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  2. Le coût de l'entretien sera rationné par le renouvellement d'une partie des installations du bord. C'est principalement de la main d'œuvre et nous avons des chantiers où elle n'est pas coûteuse. C'est une affaire de choix.

    Il s'agit d'acheter du temps afin de patienter pour le lancement du programme BATSIMAR qui ne suffira pas à combler tous les besoins, même en 2029 et les FLF permettront d'attendre les FTI.

    Les frégates de surveillance sont donc le socle principal pour encaisser le désarmement de 18 patrouilleurs d'ici à 2029.

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    1. Je pense également qu'elle doivent être prolongée. Mais je reste dubitatif face à l'ampleur de la reconstruction proposée. Surtout pour des navires d'une aussi faible qualité et appelés à vite quitter le service.

      Un allongement de la série des BATISMAR couplé à un maintient sans modernisation risque d'être privilégié par l'Etat major qui a obtenu des crédits pour moderniser les Lafayettes signe qu'il accorde la priorité à ces dernières.

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    2. Je serais curieux de savoir en quoi les frégates de surveillance sont de faibles qualités ? Moins bien que les A69 ?

      Le problème n'est rigoureusement pas le même pour les frégates La Fayette qui doivent assurer le tuilage en attendant les FTI. Cela n'engage donc en rien les décisions prises ou à prendre pour la sauvegarde maritime.

      Le problème n'est pas l'allongement ou non de la série des BATSIMAR mais bien qu'ils seront lancés trop tard par rapport à la hausse brutale des désarmements (18 patrouilleurs en moins d'ici à 2027).

      Et depuis 2008, BATSIMAR n'a jamais été lancé.

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  3. Les Floréal ne font pas l'unanimité dans la marine. Peu probable qu'elle réclame des crédits pour les moderniser. Il y a 390 millions d'euros pour les Lafayettes, c'est déjà énorme que cela ait été obtenu, il n'y aura sans doute pas plus. Le peu que bercy accordera ira au BATISMAR. Quand au 20 patrouilleurs je crois que c'est un leurre et que l'Etat major avance seulement ce chiffre pour obtenir que BATISMAR ne descende pas sous les 12 navires.

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    1. L'État-Major de la Marine n'avance nullement le chiffre de 20 patrouilleurs. Je compte le nombre de patrouilleurs. Nuance.

      Rien ne fait l'unanimité dans la Marine.

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    2. Tout cumulé il réclame bien une vingtaine navires apte à la patrouille comme vous le comptez.

      Quand je dis qu'elle ne font pas l'unanimité je veux dire que si un choix doit être fait entre prolonger les Floréales et les Lafayettes, comme c'est probable, ce sont les Lafayettes qui seront prolongées et modernisées, les BATISMAR peuvent remplir la mission des Floréales pour moins chère car plus récent. Il faut en faire plus que douze de ce fait.

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  4. « Nous passons naturellement notre temps à hiérarchiser les zones à surveiller. Mais le format global que nous visons, et que nous connaissons depuis plusieurs décennies, est d’une frégate, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique pour chaque département ou collectivité d’outre-mer. Le bâtiment logistique, la « bête de somme », c’est le B2M, qui est en cours de livraison : le premier est arrivé en Nouvelle-Calédonie, le deuxième part pour Papeete et le Premier ministre a annoncé la commande du quatrième. Le format du temps des P400, du programme de 1982 destiné à assurer la surveillance et la souveraineté de nos zones économiques, me paraît toujours cohérent. »

    Amiral Christophe Prazuck, audition devant la commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, 12 octobre 2016.

    http://lefauteuildecolbert.blogspot.fr/2016/10/horizon-marine-2025-triptyque-pour-la.html

    Pour ma part, je lis qu'il demande 12 patrouilleurs par sa référence aux P400 et à l'état de ce programme en 1982.

    Le choix est déjà fait de moderniser les La Fayette afin de soutenir le format des frégates de 1er rang et d'assurer le tuilage avec les FTI. Ce n'est pas la question de la sauvegarde maritime.

    Le problème n'est pas l'allongement ou non de la série des BATSIMAR mais bien qu'ils seront lancés trop tard par rapport à la hausse brutale des désarmements (18 patrouilleurs en moins d'ici à 2027).

    Et depuis 2008, BATSIMAR n'a jamais été lancé. C'est pourquoi l'allongement des Floréal est une piste sérieuse pour maintenir un format à 12 patrouilleurs.

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  5. Au début de l'article vous invoquez les Lafayettes comme future frégates de surveillance...

    Même si BATISMAR est lancé, ce sera à 12 unités maximum, et il n'y aura a priori pas de crédit pour maintenir très longtemps les Floréales. Même si, bien sur, leur maintient jusqu'à 35 ans devrait être décidé faute de mieux avec de concert le reclassement en second rang des Lafayettes (même celles modernisées).

    Donc oui BATISMAR va être lancé trop tard et la marine va tout droit vers le vide capacitaire car Lafayettes et Floréales auront été retirées du service en 2028. Si par miracle maintient il y a ce sera sans modernisation. Et ce ne serait qu'un pis aller de court terme comme le prolongement des avisos.

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  6. Une 2ème tourelle de 100mm !!! J'ai relu au moins 5 fois ce passage pour être bien sur que je ne rêvais pas...
    Quelle drôle d'idée ! Et, de plus, pour quoi faire ???
    Sérieusement,les FS resteront ce qu'elles sont et continueront à faire ce qu'elles ne font pas si mal...

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