Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





28 mai 2017

L'effort naval thalassocratique est-il soutenable ?

© U.S. Navy photo by Photographer’s Mate 2nd Class Christopher S. Borgren II.Santa Rita, Guam (Oct. 22, 2003). The guided missile cruiser USS Chancellorsville (CG 62) leads the People’s Liberation Army Navy (PLAN) guided missile destroyer Shenzhen (DDG 167) into Apra Harbor, Guam. The People’s Republic of China destroyer Shenzhen and oiler Qinghai Hu (AO 885) are making the Chinese navy’s first ever port call to Guam.
Les deux efforts navals de la Chine et des États-Unis d'Amérique méritent d'être sommairement comparés. De là, il y a matière à s'autoriser à relativiser quelques perceptions quant à la puissance chinoise ou à une quelconque tentative de prise de mer. Il est plus intéressant de relever que sur le temps long, la Chine pourrait inexorablement dépasser la puissance militaire américaine.

Les relations et perceptions entre les budgets militaires américain et chinois sont complexes sans être compliquées. Si aujourd'hui, dans la plupart des analyses, le budget militaire de Pékin devrait ou a déjà dépassé les 150 milliards de dollars, il n'en demeure pas moins que le budget américain pour la prochaine année fiscale devrait demeurer largement au-dessus des 600 milliards.

Par contre, en tablant sur une croissance du PIB d'environ 3% par an aux États-Unis d'Amérique contre, approximativement, 6,5% en Chine - pratiquement le chiffre directeur de la croissance des dépenses militaires en Chine -, nous devrions observer des dépenses militaires de Pékin dépasser celles de Washington à l'horizon 2040. Par ailleurs, le budget de la Défense en Chine ne représenterait que 1,7 ou 1,8% contre plus du double aux États-Unis, soit près de 4%.

Le temps long permet d'assoir, dans cette perspective, la prééminence chinoise sur le plan militaire en la liant solidement à son développement économique. Et dans cette perspective, le credo du développement pacifique peut sonner juste.

Dans le détail et concernant notre partie préférée, il faudra encore de très nombreuses années avant que la Marine de l'Armée Populaire de Libération (MAPL) puisse rivaliser pleinement avec l'US Navy. La Russie et la Chine sont les deux principales marines structurant l’opposition à la thalassocratie américaine et aux forces de l’OTAN. Leur réunion (1,15 millions de tonnes pour la Russie, 1,2 millions pour la Chine), même ponctuelle, par exemple dans des exercices communs menés depuis la Méditerranée jusqu’à l’Océan Pacifique, constitue une sorte de fleet in being (flotte en vie) égale à un peu plus des deux-tiers de l’US Navy (plus de 3 millions de tonnes), ou un peu moins du tiers de la marine américaine plus ses alliés (environ 4,7 millions de tonnes).

Après avoir évoqué cette bref comparaison quantitative par le tonnage, et sans nous attarder sur une comparaison quant au qualitatif, revenons-en à l'analyse financière. Pour la prochaine année fiscale, les budgets de l'US Navy et l'USMC devraient s'élever à près de 180 milliards de dollars (172 milliards en 2017). Il est à remarquer immédiatement que dans la plupart des analyses, le budget militaire chinois entier est peu ou prou inférieur à ce montant.

La MAPL recevrait une fraction modérée de ce budget, assez analogue à la situation de la Marine en France, c'est-à-dire entre 15 et 20%. En espèces sonnantes et trébuchantes, cela représenterait entre 22,5 et 30 milliards de dollars sur la base d'un budget à 150 milliards de dollars. Même en ajustant l'hypothèse de budget militaire chinois en appelant d'autres sources, cela ne modifierait pas fondamentalement sa valeur relative au budget militaire américain, et en particulier son budget naval. Le budget naval chinois ne représente "que" un septième ou un cinquième.

Si cette répartition du budget navale était rigoureusement la bonne, alors il y aurait matière à relativiser une prise de mer chinoise avec cet effort somme toute très modeste, tout comme l'importance du volet maritime de l'OBOR.

Reste que avec un plus de 3 millions de tonnes pour 180 milliards contre 1,2 millions pour 22,5 à 30 milliards de dollars, la Chine semble avoir une efficacité budgétaire supérieur. Il faudrait prendre en compte une foule de paramètres car d'autres dépenses entrent en jeu tant du point de vue de l'entretien, l'entraînement des forces ou le nombre de jours effectifs des bateaux en opérations, etc.

Tout ceci revient à questionner la soutenabilité de l'effort naval des deux nations. Les atermoiements du plan naval de Donald J. Trump à 350 bâtiments de combat montrent qu'il ne sera pas simple, voire très difficile d'atteindre l'objectif auto-assigné pendant la campagne électorale. Du côté de la Chine, les dépenses navales montrent parfois, rarement certaines limites que la perception d'une Chine surpuissante tend à effacer. Avec un budget naval d'une fraction assez faible de celui des États-Unis d'Amérique, est-ce que Pékin pourrait entretenir quatre, cinq, six ou même plus de groupes aéronavals, d'ESR ?

Quoi qu'il en soit, il y a peut-être matière à explorer la traduction financière et sur le temps long des aspirations navales des uns et des autres alors que pourrait se reconstituer une British Pacific Fleet qui bénéficie d'un volontarisme politique presque forcené.

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