Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





24 mai 2017

Marine nationale (2015 - 2017) : logiciel inchangé, Flotte resserrée



Le camarade Dimitri (Naval Analyses) nous permet d'apprécier la trajectoire de la Marine nationale à l'aube très prochaine de la troisième décennie du XXIe siècle. Et la lecture de Flottes de combat permet tout autant de replacer l'effort naval français dans le cadre des trente dernières années. 

De 1990 à 2016, Flottes de combat révèle que le tonnage de la Marine nationale par le nombre de navires de combat évolue de 339 000 à 281 000 tonnes. Cette décrue n'est pas simple de prime abord à analyser.

Si jamais la France avait commandé le PAN 2 ou le PA2 depuis 1990, voire réalisé intégralement le programme FMM/FREMM, ou encore le programme BATSIMAR et sans oublier de renouveler les pétroliers-ravitailleurs, le tonnage demeurerait égal d'une borne temporelle à l'autre. Et cet état de fait aurait camouflé un resserrement du nombre de coques. 

Dans cette perspective, relevons que les porte-avions et porte-hélicoptères d'assaut concentrent un peu plus de 100 000 tonnes, soit près d'un tiers de la flotte. Sans proposer un retour à la théorie de la "flotte équilibrée" (sans tenir compte de la sous-marinade), nous demeurons dans une structure finalement plutôt banale depuis les années 1940 à 1960 avec une réduction très sensible du corps de bataille - de 80 à 90% à 30 à 40% - au profit des escorteurs qui permettent d'assurer une maîtrise locale et temporaire de l'espace maritime dans toutes ses dimensions. 

Par contre, il manque toujours un calcul assurant d'obtenir une proportion d'unités logistiques suffisamment importante pour que ces dernières deviennent de véritables multiplicateurs de force. Le paradigme de projection de la Flotte implique cette exigence. Et celle-ci ne transparaît pas suffisamment dans les annuaires. Faute d'avoir de véritables arsenaux outre-mer ou une escadre de navires-ateliers, de pétroliers-ravitailleurs aux normes et les aéronefs afférents, ce paradigme est de facto limité aux aires naturelles les plus pratiquées : les atterrages atlantiques, la mer Méditerranée et le Nord de l'Océan Indien.

La possibilité de se connecter à d'autres réseaux logistiques ou d'en former ponctuellement quelques contingents supplémentaires permet, grâce aux alliances, d'étendre les voies d'action depuis les aires opérationnelles habituellement constatées. Manque une capacité de montée en puissance via l'affrètement en urgence d'unités civiles rapidement converties aux besoins militaires grâce à des mesures légales et techniques simples à mettre en œuvre sous un très faible préavis.

Si le nombre absolu de navires diminue, cela est largement compensé par une augmentation unitaire du tonnage. Les escorteurs océaniques depuis les premiers torpilleurs et contre-torpilleurs de quelques centaines de tonnes du début du XXe siècle culminent aujourd'hui à plus de 5 à 7000 tonnes. Relativement, la décrue est donc bien plus importante et le nombre de navires de combat nettement moindre. 

Dans la pratique, les frégates de deuxième rang survivent aujourd'hui et la doctrine navale peine à matérialiser le prisme de la projection à travers une nouvelle cheville ouvrière de la Flotte : avant-hier le torpilleur et le contre-torpilleur, hier l'escorteur et aujourd'hui la frégate. 

Cette dernière question circonstanciée à une catégorie de navires devant être la cheville ouvrière de la Flotte quant à son rayonnement océanique est, paradoxalement, la plus pauvre en nombre d'unités. En additionnant aux quatre unités majeures pré-citées les frégates de premier rang, le corps de bataille n'est plus à 30 mais bien à 65% - et c'est bien pire en tenant compte des SNA et SNLE : le corps de bataille est alors à 90%. 

La question technique des frégates de deuxième rang est l'arbre qui cache la forêt d'un vaste débat : comment assurer à la Flotte ses moyens de contrôler de vastes espaces océaniques contre des menaces militaires - et donc de lutte dans toutes les dimensions - mais aussi de disposer d'un outil coercitif contre les risques et menaces civilo-paramilitaires afin de faire respecter la souveraineté nationale. Faute d'avoir su penser le navire de la synthèse, le corps de bataille écrase proportionnellement toutes les autres catégories de navires. Et ne dispose pas des appuis nécessaires.

Reste que le vent semble avoir tourné : la séquence de l'Action de l'État en Mer semble prendre fin pour laisser place à un ensemble d'escarmouches et de campagnes pour soutenir l'intégrité territoriale et la souveraineté française dans les eaux territoriales et les zones économiques exclusives. Le curseur se déplace sur des capacités plus "militaires". Dans tous les cas, et sans une augmentation significative, les actuelle et future lois de programmation militaire ne peuvent pas et soutenir un positionnement civilo-militaire et un positionnement de moyenne et haute intensité. Qui trop embrasse mal étreint.

1 commentaire:

  1. Bonjour marquis. Billet précis et sans appel. Le cercle vicieux qui voit le corps de bataille prendre une proportion très importante du total de la flotte risque de perdurer car une inflexion de cette tendance nécessiterait une hausse du budget des armées. Il est désormais plus long d'énumérer les capacités perdues que celles subsistantes même de manière embryonnaire, c'est dire.

    RépondreSupprimer