Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





02 février 2018

Vases communicants

L'aviso A69 Premier maitre L'Her dans le goulet de Brest, le 12 juin 2017.
Le programme BATSIMAR poursuit sa bien drôle de route depuis 2008 : l'Amiral Prazuck, Chef d'État-Major de la Marine nationale, déclarait qu' "après plusieurs années de bataille pour avoir des BATSIMAR outre-mer, j’ai proposé de différencier ce programme. J’avais initialement l’intention de remplacer les patrouilleurs métropolitains et les patrouilleurs outre-mer par une même classe de bateau. Je n’y parviens pas. Ce serait trop cher, me dit-on." (audition devant la commission de la Défense et des forces armées, 11 octobre 2017). La coopération navale franco-italienne permettrait de faire rentrer par la fenêtre le BATSIMAR tel que perçu depuis 2008 quand il est sorti par la petite porte fin 2017 en France... 
Le Sénat résumait l'ensemble des caractéristiques grossièrement visé dans le programme BATSIMAR."La marine a exprimé le besoin d'un bâtiment de haute mer, endurant et autonome , capable d'une vitesse de transit suffisante, apte à accueillir des commandos et à mettre en oeuvre les moyens habituels d'intervention (hélicoptère ou drone et drome)." La cible du programme oscillait entre 12 et 18 unités, voire plus s'il s'agissait de visait un remplacement nombre pour nombre des unités considérées comme patrouilleur en 2008.

"Après plusieurs années de bataille pour avoir des BATSIMAR outre-mer [...] Ce serait trop cher, me dit-on." À partir de la commande du troisième Patrouilleur Léger Guyanais (PLG) pour renforcer les moyens disponibles aux Antilles, un processus semble s'être mis en route ou bien les conséquences d'une décision plus ancienne quant à la fin de l'unicité du programme BATSIMAR. Si bien que des 18 unités demandées, six sortent du rang pour rejoindre une sorte de composante de patrouilleurs côtiers. Outre les deux PLG plus la troisième unité prévue pour les Antilles, il faudrait entendre que trois autres unités suivraient. Les besoins les plus urgents consisteraient dans le remplacement de l'Arago (RSA en 2019), des P400 La Gracieuse et La Moqueuse (2020).

Entre temps, le centre de gravité - dans le pur sens géographique du terme - a subtilement glissé au sein de BATSIMAR :
En 2016, le même CEMM prenait l'image des moyens nautiques disponibles en 1982 pour illustrer la maquette qu'il s'agissait d'atteindre à nouveau. « Nous passons naturellement notre temps à hiérarchiser les zones à surveiller. Mais le format global que nous visons, et que nous connaissons depuis plusieurs décennies, est d’une frégate, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique pour chaque département ou collectivité d’outre-mer. Le bâtiment logistique, la « bête de somme », c’est le B2M, qui est en cours de livraison : le premier est arrivé en Nouvelle-Calédonie, le deuxième part pour Papeete et le Premier ministre a annoncé la commande du quatrième. Le format du temps des P400, du programme de 1982 destiné à assurer la surveillance et la souveraineté de nos zones économiques, me paraît toujours cohérent. » (Amiral Christophe Prazuck, audition devant la commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, 12 octobre 2016).

Il y a six bases navales dans l'Archipel France en plus des trois en métropole, d'autre part, la cible initiale du programme P400 était de 12 unités. Et puisqu'il s'agissait d'équiper en priorité "pour chaque département ou collectivité d’outre-mer" alors la cible devait être de 12 en 2016.
En 2017, 18 BATSIMAR sont officiellement demandés à partir dès le mois de janvier. L'hypothèse maximaliste esquissée en 2016 n'avait pas été relevée pour finalement s'exprimer comme le paroxysme de l'orthodoxie navale : la classe unique pour un type de bateau. Le barycentre navale se déplace significativement le 11 octobre 2017. Selon Mer et Marine, le référentiel ne serait plus la maquette inspirée des P400 mais le remplacement des avisos A69. Les avisos Commandant L'Herminier et Lieutenant Lavallée (2018) et Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff (2020) sortiront très rapidement du service et il sera difficile d'éviter une rupture temporaire de capacités. 

Par ailleurs, et toujours pour citer Mer et Marine, la coopération franco-italienne semble devoir s'intéresser au remplacement de patrouilleurs français et italiens :
Rome doit pourvoir à la succession de la classe Comandanti (Comandante Cigala Fulgosi, Comandante Borsini, Comandante Bettica et Comandante Foscari) grâce aux PPA (Pattugliatori Polivalenti d'Altura). Par contre, les classes Sirio (Sirio et Orione) et Cassiopea (Cassiopea, Libra, Spica et Vega) voient les bateaux quitter le service actif entre 2022 et 2025. 
La France viserait explicitement au remplacement des neuf avisos A69 (Lieutenant de vaisseau Le Hénaff, Lieutenant de vaisseau Lavallée, Commandant l'Herminier, Premier-Maître L'Her, Commandant Blaison, Enseigne de vaisseau Jacoubet, Commandant Ducuing, Commandant Birot et Commandant Bouan) devenus PHM plus un reliquat d'autres unités.
Le détail à relever est que les unités franco-italiennes pré-citées jaugent dans les 1500 tonnes. Mer et Marine évoquait même des unités de 3000 tonnes pour les futurs patrouilleurs de la Marina militare... Les prochaines semaines permettront de découvrir progressivement l'ensemble des arbitrages rendus par le gouvernement et comment ils seront transposés dans la nouvelle Loi de Programmation Militaire (LPM (2019 - 2025). La volonté présidentielle d'obtenir quelques succès sur la scène européenne pour soutenir une plus grande convergence politique pourrait profiter à la survie de cette coopération, sa pérennité dans le temps via l'alimentation en programmes. Et, par ricochet, la Marine nationale trouverait, là, un catalyseur inattendu mais trouvé nulle part ailleurs quant au lancement de BATSIMAR...
Les évolutions des discours, demandes et référentiels laissent augurer qu'il est loisible de penser que la cible du "BATSIMAR côtier" pourrait évoluer à la hausse. Même pour des besoins métropolitains car il s'agira de remplacer, aussi, les Patrouilleurs Côtiers de la Gendarmerie (PCG), soit cinq unités, qui apparaissaient dans Horizon Marine 2025. Quid du remplacement des P400 non-visés par un programme de renouvellement, soit peu ou prou quatre autres unités ? Cela revient à dire que neuf PLG, de plus, pourraient logiquement être commandés. A 17 millions d'euros le PLG (sans contrat de MCO et hors frais d'étude), il ne s'agit pas du plus grand défi financier : 153 millions d'euros. 
Par contre, beaucoup de curieux doivent se demander comment sera articulé le remplacement des avisos A69 avec le renouvellement des frégates de deuxième rang (classes Floréal et La Fayette). Le remplacement particulier des neuf avisos semblaient être la moindre des priorités depuis l'abandon des FREMM AVT. Pour preuve : ils n'apparaissaient pas dans la cible de BATSIMAR...

6 commentaires:

  1. Je pensais que le remplacement des patrouilleur italien était les PPA armés à la légère (sans missiles, sans torpilles).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Monsieur,

      Bonjour, oui, vous avez raison car j'avais intégré une classe de trop dans le calcul du renouvellement des patrouilleurs italiens. Il est bien dit que la classe Comandanti est comprise dans la cible du programme PPA. Par erreur, je croyais que cela se limitait aux Minerva.

      Bien cordialement,

      Supprimer
  2. Cela dit, s'il est question de construire des PPA, même léger, pour remplacer le haut du spectre que devait couvrir BATSIMAR ... Je dis oui. Si ce n'est que j'imagine que le prix doit être supérieur à la construction de 6 ou 9 Adroit.

    RépondreSupprimer
  3. Je ne suis pas marin mais j'essaye de comprendre le besoin au regard des enjeux de souveraineté et en fonction du milieu maritime propre à chaque DOM/COM. ainsi, outremer, les besoins de l'océan indien/antarctique ne sont pas ceux de la Guyane ou des approches métropolitaines.
    Si je pars des caractéristiques d'environnement et de contexte stratégique, j'ai le sentiment que nous avons bien besoin de deux types de bateau, aux caractéristiques différentes mais ayant en "tronc commun" la capacité hauturière (navigation par mer formée), et d'exercer la police de la mer (radar, capacité de "visite" d'un bâtiment (drome et drone).
    Les différences se situent dans la capacité à durer en haute mer (autonomie) et sur l’emport ou non d’un hélicoptère, d’un armement plus ou moins lourd selon l’environnement (du 20 mm téléopéré au 76 mm dans une version basique), d’une capacité d’action à la mer (type etraco/ecume)
    Quand on regarde l’environnement opérationnel, on est tenté de dire que la situation en Guyane et sur les côtes métropolitaines est relativement similaire. Mis à part les hauts fonds en Guyane, l’action se conduit à moins de 200 miles dans les deux cas. On s’oriente alors vers un bateau type PLG de 500-600 t avec une capacité drone et une petite capacité de visite de bateau à la mer (zodiac semi rigide type ETRACO). On peut penser que le PLG pourrait ainsi être déployé en Guyane, dans la manche, avec un déploiement complémentaire aux Antilles et en n. Calédonie, et enfin dans les unités de gendarmerie maritime. Ces bateaux assez rapides (25 nœuds) seraient destinés à faire de la « petite patrouille » côtière entre les îles ou pour surveiller les approches très encombrées des côtes françaises dans la Manche, ( ce qui serait plus économique qu’avec des patrouilleurs hauturiers) ce qui doit faire 8 patrouilleurs environ, avec des équipages à 25-30 p.
    Pour aller –et aussi frapper- plus loin, parfois dans des zones plus hostiles (antarctique), il faudrait alors des bateaux robustes dans l’esprit des frégates de surveillance (construction simple et robuste), ayant une capacité d’accueil à bord (troupe, hôpital, petit CO, ou humanitaire) mais un poil plus gros (2000-2500 t ?) avec un armement plus conséquent (au moins 30mm, idéalement 76 mm), un hélicoptère, une capacité d’emport de commando et d’ECUME pour des visites un peu plus musclées (lutte anti narco ou anti pirates) loin des côtes. Leurs vitesse serait raisonnable mais pas excessive (13-15 nœuds en croisière, maxi 20-22 nœuds). Dans ce cas, la vitesse d’interception est assurée par l’hélico et/ ou l’ETRACO. Les besoins seraient alors les suivants : 2 aux Antilles, 2 (voire 3) dans les FAZOI, 1 en Nelle Calédonie et 2 à Tahiti. En y ajoutant une capacité de renforcement/relève (en période IPER) de trois depuis la métropole en méditerranée), on arrive à 10 patrouilleurs hauturiers. En termes RH, ces bateaux pourraient avoir un équipage de 100-110 marins chacun.
    On en revient bien à 18 bateaux (non compris ceux de la gendarmerie maritime) mais avoir deux modèles ne me semblent pas incohérent. Sur des critères de construction civile (comme les FS), on devrait avoir tout cela assez rapidement. Au total, armés par 1350 à 1400 marins.
    Voilà j’ai terminé mon discours de grand YAKA
    Bien amicalement
    Felipe

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Felipe,
      Je partage ton analyse sur la logique de bateaux différents pour des contextes différents, avec quelques nuances:
      - en premier lieu il est à noter que les PLG ne dépassent pas les 21 noeuds de V Max;
      - il est également à noter que les PLG ont une configuration classique, pour ne pas dire archaique, qui ne laisse pas de place à une plateforme polyvalente, qui pourrait accueillir des drones. C'est éminemment regrettable;
      - le choix des types de bâtiments ne doit pas se circonscrire à l'étendue de leur zone de patrouille; la nature des risques et des enjeux liés à ces zones et aussi importante;
      - la complémentarité des moyens, notamment aériens ou civils (qui peuvent être réquisitionnés) est également un paramètre important à prendre en compte.

      Pascal


      -

      Supprimer
  4. Bonjour, le très sélect monde diplomatique parle de trous capacitaires.
    https://blog.mondediplo.net/2018-02-13-La-marine-aux-prises-avec-ses-trous-capacitaires
    Cordialement.

    RépondreSupprimer