Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





15 mars 2019

ECA/Naval group : victoire MCM, proche victoire SLAMF ?

© Naval group.
Naval news (Nathan Gain, "Naval Group & ECA Group Win Belgian-Dutch MCM Vessel Competition", Naval News, 15 mars 2019) répercute l'information dévoilée en premier par le quotidien belge L'Echo ("Naval Group et ECA Robotics retenus pour les chasseurs de mines belges", L'Echo, 15 mars 2019) : le ministre belge de la Défense, M. Didier Reynders, a pris sa décision concernant le marché Mine CounterMeasures (MCM). Belgium Naval & Robotics (ECA group et Naval group) est déclaré vainqueur ! Le marché belgo-hollandais de renouvellement des Chasseurs Mines Tripartites (CMT) est regardé en France comme l'anti-chambre du programme SLAMF (Système de Lutte Anti-Mines du Futur). Dit autrement, le gagnant remporterait le tout.

La réunion des efforts belges et hollandais dans la modernisation des deux marines concernées débutait par la signature d'une lettre d'intention commune entre Bruxelles et Amsterdam en novembre 2016. Les ministres de la Défense belge Steven Vandeput et hollandais Jeanine Hennis-Plasschaert signaient le 6 mars 2017 deux accords de programme. Ils ont pour objet le remplacement des :
  • frégates de classe Karel Doorman détenues par les Pays-Bas (Van Amstel (1993 - 2025 ?), Van Speijk (1995 - 2027 ?) et la Belgique (Leopold I (2007 - 2026 ?), Louise-Marie (2008 - 2028 ?). 
  • des Chasseurs de Mines Tripartites (CMT) des deux marines.


Ensemble, les deux programmes drainent un volume financier d'environ 6 milliards d'euros pour 12 chasseurs de mines (~ 2 milliards d'euros) et 4 frégates (~ 2,5 à 4 milliards d'euros).

C'est ce deuxième programme qui bénéficie d'une décision politique ce jour. Aux termes des accords conclus entre les deux pays, la Belgique administre et conduit le programme de renouvellement des CMT des deux marines. Ces achats croisés doivent permettre de dégager des économies d'échelles en augmentant la cible tout en réduisant le nombre de programmes. Même raisonnement pour le maintien en condition opérationnelle.

Il s'agit ni plus, ni moins que d'assurer la succession de la capacité de guerre des mines deux pays, ce qui revient dans la pratique à dégager au terme du programme une solution opérationnelle permettant d'assurer la relève des CMT à partir de 2023. 10 et 15 CMT furent reçus respectivement par la Composante marine et la Koninklijke Marine. Seuls demeurent en service 6 CMT dans chacune des deux marines. L'entretien de cette flotte est versé au profit d'une coopération binationale et centralisé dans la base navale belge de Zeebrugge.

Une étude préliminaire définissait l'architecture des systèmes d'information et de commandement (C2) des futurs MCM. Ses résultats furent traduits sous la forme d'un memorandum of understanding. Il en découla un appel d'offres pour 12 bateaux-mères plus 10 "tool box" (systèmes de drones dans le vocable du SLAMF) et un contrat de maintien en condition opérationnelle de dix années. L'appel d'offres permettait d'assister au début d'une compétition opposant trois consortiums proposant quatre propositions:
  • Damen/Imtech Belgium qui propose le même bateau-mère mais pas la même suite dronique :
    • Damen noue un partenariat avec Atlas Elektronik pour les drones ;
    • Imtech Belgium dont le groupe de drones sera développé par OIP Sensor Systems (Elbit) ;
  • Sea Naval Solutions (Chantiers de l'Atlantique, Socarenam, Engine Deck Repair et Thales Belgium ;
  • Belgium Naval & Robotics (Naval Group et ECA group).

Le bateau-mère de Damen déplaçait jusqu'à 3025 tonnes dans une coque de 91,3 mètres de longueur qui semble dérivée de celle de l'OPV 2400 du même chantier. Le bâtiment atteint 15 nœuds et plus, accueille jusqu'à 63 marins. La discrétion de la coque sur les plans acoustique, magnétique et électrique et le niveau de redondances auraient atteint les mêmes exigences que celles d'une frégate. Son armement repose sur une pièce de 30 mm pouvant, notamment, servir à la destruction des mines rencontrées. Il est remarquable que la "tool box" proposait par Imtech Belgium comprenait le Seagull de l'israélien Elbit dont une des configurations existantes comprend une paire de torpilles Mk 46.

Le bateau-mère du consortium Sea Naval Solutions a beaucoup évolué entre 2018 et 2019 car il s'est notoirement allongé de 85 à 92 mètres (16 mètres de maître-bau) pour un déplacement à pleine charge initialement donné pour 3700 tonnes.

Le bateau-mère du consortium vainqueur - Belgium Naval & Robotics - a été le dernier des trois à être dévoilé. Il s'agit d'un bâtiment d'une longueur de 80 mètres pour un maître-bau de 15,5 mètres pour un déplacement à pleine charge de 2800 tonnes. La propulsion confère une vitesse de 15,3 nœuds. L'équipage est de 29 marins, le bateau pouvant accueillir jusqu'à 63 personnels.
Son architecture permet de déployer les drones de surface depuis deux portes latérales là, où, habituellement aurait été situé les embarcations sous bossoirs. Mais une plage arrière dotée de grues permet la manutention, mise à l'eau et récupération des drones sous-marins qui sont stockés dans des conteneurs disposés sur la plage arrière du bâtiment.

La plage hélicoptère est précédé d'un hangar aéronautique de dimensions réduites permettant la mise en œuvre d'hélidrones. Dans la présentation commerciale, c'est un UMS Skeldar V-200 qui est employé au soutien du système de drones.

Ce bateau-mère est la base de déploiement de tout un systèmes de drones conçu par ECA group qui s'appuie sur la capacité de ce bâtiment à déployer des drones sous-marins et de surface alors que dans un deuxième temps ces derniers peuvent également déployer des drones sous-marins. La configuration proposée pour les 10 "tool box" est la suivante :

Deux drones de surface (Unmanned Surface Vessel (USV) dénommés Inspector 120 mettent en œuvre eux-mêmes d'autres drones selon trois configurations :
  1. Inspector 120 équipé d'un sonar remorqué T18-M (un AUV (Autonomous Underwater Vehicle) A18-M employé à cette mission est appelé un T18-M) ;
  2. Inspector 120 employant des ROV (Remotely Operated underwater Vehicle) d'identification SeaScan et de destruction K-STER C ;
  3. Inspector 120 emportant et pouvant mouiller et récupérer un A18-M
Ces drones sous-marins plus volumineux mis en œuvre directement depuis le bateau-mère du système de drones sont les A18-M (AUV moyen) que les Inspector 120 peuvent également embarquer et déployer. Et l'A27-M (AUV lourd : trop gros pour être déployé depuis les drones de surface).

L'argument financier semble avoir eu une place prépondérante, tout du moins, très pragmatique dans la décision politique rendue. Le coût de la solution opérationnelle proposée par Belgium Naval & Robotics atteindrait selon l'Echo 1756 millions d'euros (1853 en additionnant les deux sommes suivantes), soit 887 millions pour la Belgique (contre 932 millions budgétés) et 966 millions d'euros pour les Pays-Bas. Ce serait 200 millions d'euros de moins que la proposition concurrente la plus proche (Michel Cabirol, "Belgique : et si contre toute attente Naval Group remportait le contrat des chasseurs de mines", La Tribune, 14 mars 2019).

 Les marines belge et hollandaise sont les premières d'Europe, voire de tout l'OTAN à se lancer dans l'acquisition de chasseurs de mines de nouvelle génération employant un système de drones pour lutter contre les mines. Les capacités opérationnelles des deux marines régulièrement saluées pour leur maîtrise en la matière ne manqueront pas d'influencer par leur choix et leur prise en main de ce nouvel outil.

Raisons pour lesquelles le consortium vainqueur en Belgique pourrait tout simplement être celui retenu pour le programme SLAMF (Système de Lutte Anti-Mines du Futur).C'est ainsi qu'est présenté depuis 2018 le programme belgo-hollandais MCM en France. Au nom du soutien aux initiatives politiques prises en matière d'Europe de la Défense mais aussi pour éviter de multiplier les compétitions et les solutions développées : la France (DGA, Etat-Major de la Marine (EMM) pourrait s'aligner sur l'offre retenue pour le MCM. L'appel d'offres et la concurrence entre les consortiums permettait de délocaliser un Belgique le combat fratricide entre Thales et ECA group d'un côté, Thales et Naval group de l'autre vis-à-vis des questions de périmètres industriels. Pourquoi relocaliser en France un combat qui s'est produit sur des bases proches, si ce n'est les bases mêmes du programme SLAMF ?https://twitter.com/florence_parly/status/110659514913880883

https://twitter.com/florence_parly/status/1106595149138808832

C'est pourquoi il ne serait pas étonnant qu'au cours des prochaines semaines la ministre - Mme Florence Parly - fasse montre de signes de rapprochements avec les deux marines partenaires du programme Chasseurs de Mines Tripartites pour maintenir, voire approfondir les coopérations autour de la toute nouvelle solution adoptée ce jour.

L' "ambition opérationnelle 2030" de l'actuelle loi de programmation militaire (2019 - 2025) en son rapport annexé prévoit l'arrivée dans la Marine nationale au titre du programme SLAMF de 4 bateaux-mères, 8 systèmes de drones et 5 Bâtiments Base de Plongeurs Démineurs de Nouvelle Génération (BBPD-NG) et la conception du SEDGM.. La moitié de cette cible devra avoir été livrée au cours de la période, soit 2025 au plus tard. Il est à noter que le nombre de bateau-mère n'est pas fixe mais bien variable puisqu'une note de bas de page dans le rapport annexé permet de préciser que "ce nombre sera ajusté selon le type de bâtiment retenu".

Et selon leur coût ? L'effort commercial consenti par le consortium Belgium Naval & Robotics (Naval Group et ECA group) n'a peut être été pensé que dans l'optique de séduire pour mieux ravir les décideurs français quant au programme SLAMF. En se fondant sur l'offre moyenne faite à la Belgique et à la Hollande (total de 1853 millions d'euros) et en la ramenant arbitrairement au nombre de systèmes acquis (bateau-mère plus systèmes de drones), le budget du programme SLAMF s'il adoptait la solution proposée à la Belgique et aux Pays-Bas devrait être de l'ordre 617 millions d'euros.

Mais quid alors de la coopération franco-britannique initiée autour de la démonstration des différentes composantes du système de drones par les programmes d'études amont des SLAMF et MCMM (Maritime Mine Counter Measures) ?

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