Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





24 janvier 2020

Marynarka Wojenna : acquisition des Södermanland

© @Adalbertus80. 23 janvier 2020.
     L'apparition d'une diapositive d'une présentation faite manifestement par la Marynarka Wojenna (Marine polonaise) permet d'apprécier le rééchelonnement du plan naval de Varsovie. Les sous-marins de la classe Södermanland devraient rejoindre la Pologne d'ici à 2023 ou 2024 (la « vignette » est le cliché du HMS Södermanland versé à Wikipédia et utilisé par moi dans un autre papier publié le 29 novembre 2019). Le programme Orka devant assurer la succession des précédents sous-marins polonais permettra l'admission au service actif de nouveaux bateaux entre 2030 et 2035.

La sous-marinade polonaise était forte au début des années 2000 de deux classes de sous-marins différentes que sont :

Le projet 877 Paltus (Kilo dans la classification OTAN) comprenant l'ORP Orzeł (projet 877 soviétique), admis au service actif en 1986 n'est plus opérationnel depuis plusieurs années en raison de trois points d'obsolescences : la suite sonar ( réputée hors-service), les mâts du massif et les tubes lance-torpilles. Le tissu industriel pour soutenir les sous-marins du projet 877 n'existe pratiquement plus. Il ne reste comme choix à la marine polonaise qu'une profonde modernisation ou bien de vendre le bâtiment. La marine roumaine est dans la même situation.

La Sjøforsvaret (marine norvégienne) cédait les sous-marins KNM Kunna (1964 - 2003), KNM Skolpen (1966 – 2001), KNM Stord (1967 – 2002) et KNM Svenner (1967 – 2001) de la classe Kobben (Type 205, version allongée et modernisée des Type 201 produits par HDW au profit de la marine allemande) à la marine polonaise. Les quatre bâtiments souffraient d'une moyenne d'âge de 37 ans en 2003. Ils servent ou servaient depuis, respectivement, sous les noms d'ORP Kondor (2003 - 2017), ORP Sęp (2002), ORP Sokół (2002 – 2018) et ORP Bielik (2003).

     Le programme Orka devait permettre la fourniture de deux à trois sous-marins de facture neuve dotés, notamment, de la capacité à mettre en œuvre des missiles de croisière (Submarine-Launched Cruise Missile (SLCM). Ces sous-marins devaient être assemblés dans un chantier naval polonais. L'entrée en phase de réalisation du programme Orka était attendue depuis 2015. La mise à jour de la programmation navale polonaise dans le cadre du plan de modernisation amendé en 2012 (2013 – 2022) et mis à jour en 2017 visait une admission au service actif des nouveaux sous-marins entre 2024 et 2026. L'actuelle présentation (cf. ci-dessus) renvoie la phase de lancement d'Orka à 2024-2026 pour une admission au service actif entre 2030 et 2035.

     Le ministre polonais de la défense, M. Mariusz Błaszczak, confirmait, lors de la journée de la marine polonaise (28 novembre 2019), par communiqué l'existence de négociations avec la Suède au profit de la location de longue durée ou l'acquisition patrimoniale de deux sous-marins de la classe Södermanland afin de procurer à la marine polonaise une capacité sous-marine transitoire.

Les sous-marins HMS Södermanland (1989) et HMS Östergötland (1990) appartenaient à la classe Västergötland (4) qui comptait à l'origine quatre bateaux. En raison d'une modernisation menée à Malmö (2000 – 2004) avec un allongement de la coque de 48,5 à 60,5 mètres afin d'insérer un tronçon contenant le module AIP Stirling (2 x moteurs Stirling Kockums v4-275R) à oxygène liquide, ils retournèrent en flotte en tant que classe Södermanland et non plus Västergötland.

Les HMS Västergötland (1987 - 2005) et HMS Hälsingland (1988 – 2005) bénéficièrent des mêmes travaux que la classe Södermanland auxquels s'ajoutaient une adaptation aux eaux tropicales entre 2006 et 20010 au profit de la Republic Singapor Navy qui les avait acquis le 4 novembre 2005. Les HMS Hälsingland et HMS Västergötland servent avec, respectivement, les noms de baptême RSS Archer (2011) et RSS Swordsman (2013) où ils constituent la classe Archer.

Ces négociations autour de la cession des HMS Södermanland (1989) et HMS Östergötland (1990), 29,5 ans en moyenne, permettrait à la marine polonaise de rajeunir sa sous-marinade car seuls les ORP Sęp (2002) et ORP Bielik (2003) sont opérationnels en 2019 avec une moyenne d'âge de 52,5 ans. Par ailleurs, la sous-marinade polonaise bénéficiera du tissu industriel suédois soutenant, non seulement la classe Södermanland, mais aussi la classe Archer puisque ces quatre unités sont toujours en service contrairement aux sous-marins de la classe Kobben : les deux exemplaires polonais sont les seuls à toujours naviguer.

En cas d'admission au service actif des deux sous-marins de la classe Södermanland, la sous-marinade polonaise changerait de dimension :

Les Kobben sont longs de 47,2 mètres pour un diamètre de 4,7 mètres et un déplacement en plongée de 524 tonnes. Ils marchent jusqu'à 12 nœuds en surface et 18 en plongée. Leur autonomie serait de 4200 miles nautiques à 8 nœuds en surface et de 230 miles nautiques en plongée à 4 nœuds. L'immersion opérationnelle ne dépasserait pas les 180 mètres. Ils sont armés par 8 tubes lance-torpilles de 533 mm avec huit torpilles aux tubes. L'équipage est de 18 à 24 marins.

Les Södermanland sont longs désormais de 60,5 mètres pour un diamètre inchangé de 6,1 mètres et un déplacement en plongée de 1500 tonnes. Ils marchent jusqu'à 11 nœuds en surface et 20 en plongée. Leur autonomie est de 45 jours en opérations. L'immersion opérationnelle est de 300 mètres. Ils sont armés par 6 tubes lance-torpilles de 533 mm avec 12 torpilles (6 aux tubes, 6 sur racks) auxquels s'ajoutent trois tubes lance-torpilles de 400 mm accueillant 6 torpilles (dont 3 aux tubes). L'équipage est de 20 marins.

Rien que les qualités nautiques des sous-marins suédois du programme A17, dont la faculté de plonger jusqu'à 300 mètres, permettront à la sous-marinade polonaise de mieux exploiter le volume sous-marin de la Mer Baltique (profondeur maximale de 459 mètres). La marine polonais disposera même de deux sous-marins dotés d'un module AIP permettant des plongées plus longues sans nécessité de retour à l'immersion périscopique afin de recharger les batteries. Ce choix permettra de rajeunir de 23 ans la moyenne d'âge des sous-marins polonais, de changer de format (deux sous-marins de 1500 tonnes en lieu et place de deux unités de 530 tonnes) et d'augmenter les capacités opérationnelles pour la fraction du coût d'un sous-marin neuf (600 à 800 millions d'euros).

     L'offre suédoise est particulièrement ingénieuse car le coût de la modernisation des deux Södermanland serait de l'ordre de 230 millions d'euros (2019). Pour comprendre les implications politico-industrielles, il est nécessaire de présenter les derniers travaux et chantiers de la sous-marinade suédoise.

L'ouverture de ces négociations impliqueraient une nouvelle décision suédoise quant au format de sa propre sous-marinade actuellement fort de cinq bateaux et l'objectif stratégique est de demeurer à ce niveau. Ces cinq sous-marins sont les HMS Södermanland (1989) et HMS Östergötland (1990) de la classe Södermanland (programme A17) mais aussi les HMS Gotland (1996), HMS Uppland (1997) et HMS Halland (1997) de la classe Gotland (programme A19S).

Pour assurer la jonction avec le programme A26 dont deux sous-marins sont en cours de construction (HMS Blekinge et HMS Skåne), les HMS Gotland (2017 – 2018) et HMS Uppland (2018 – 2019) furent refondus pour un montant de 115 millions d'euros chaque. La coque est allongée de 2 mètres. Le module AIP Stirling Mk2 fut remplacé par le Stirling Mk3 et 20 systèmes (dont le système de combat, la suite sonar, les mâts du massif) prévus pour les A26 furent installés sur ces deux sous-marins afin de les essayer.

Pour respecter l'objectif de conserver un format de cinq sous-marins, la Suède négocierait selon Defense24.pl la rétro-cession des RSS Archer (2011) et RSS Swordsman (2013) afin qu'ils reprennent du service au profit de nouveau au sein de la marine suédoise en tant que HMS Västergötland (1987 - 2005) et HMS Hälsingland (1988 – 2005). Cela suppose que soit levée l'option portant modernisation du troisième Gotland : le HMS Halland (1997).Et ceci libérerait les HMS Södermanland (1989) et HMS Östergötland (1990) que la Suède pourrait céder à la Pologne.

Singapour aurait d'ores et déjà confirmé sa volonté de faire mettre sur cale, après les deux premiers Type 218, les RSS Invincible et RSS Impeccable, deux unités supplémentaires qui seront les RSS Illustrious et RSS Inimitable.

Le plan d'ensemble brossé par Defense24.pl est que la Suède propose à la Pologne de rejoindre le chantier de modernisation des classes Archer et Södermanland. Cette refonte des Södermanland exigerait 230 millions d'euros, soit 115 millions d'euros par bateau : le coût de la refonte des Gotland. Ce qui assurerait un effet de série à partir du programme de modernisation des Gotland qui serait étendu aux quatre bateaux des classes Archer et Södermanland. Toujours selon la même source, ce chantier comprendrait toujours l'intégration des systèmes prévus pour les sous-marins du programme A26.

L'effet final recherché est d'engager la Pologne dans cette acquisition des vingts systèmes du programme A26 sur deux bateaux anciens afin de pouvoir proposer lors du lancement du programme Orka de les débarquer des deux Södermanland au profite d'unités de facture neuve. Il est douteux que le coût final de la cession ne puisse pas comprendre un lot de pièces de rechanges, une contractualisation du soutien assuré par l'industrie suédoise, la documentation technique, la formation initiale de deux équipages, un probable lot d'armes tactiques (2 x 18 torpilles au minimum) et le coût d'achat des deux sous-marins. L'enveloppe serait de l'ordre des 400 à 500 millions d'euros.


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