Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





16 novembre 2011

Dix après, l'absence des Turquoise et Diamant se fait sentir

© Team94. Il s'agit du Redoutable, premier SNLE de la France qui est aujourd'hui exposé à la Cité de la Mer de Cherbourg. Une tranche du SNA Turquoise remplace aujourd'hui la tranche réacteur du Redoutable.

 Lancé le 1er mars 1967, le Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins (SNLE) Le Redoutable est admis au service actif le 1er décembre 1971. A ce moment là de notre histoire, l'état-major de la Marine savait pertinemment que le parfait escorteur de notre dissuasion océanique en cours de constitution ne pouvait être que le Sous-marin Nucléaire d'Attaque (SNA). La certitude de ce besoin était ancienne puisque la IVe République avait commencée le long chemin pour acquérir ce type de navire, suite aux essais de l'USS Nautilus. Le premier SNA français fut le Q244, projet non-achevé en raison de l'impossible miniaturisation de la filière réacteur nucléaire alors retenue. Les éléments de la coque du Q244 furent utilisés afin de construire le Gymnote, navire d'essais pour les missiles balistiques des SNLE.

16 octobre 2011

Marine Garde-côtière : du BIS au BMM

© Jacques MARQUET. BIS (Vue tribord & dessus).





Les BATRAL (BÂtiment de TRAnsport Léger) sont, à l'origine, des unités spécifiquement amphibies. Il ne semblait pas, a priori, prévu que ces flotteurs puissent servir mener des missions de police dans les ZEE (Zone Économique Exclusive). Bien au contraire puisque la mission originelle de ces navires était le transport et le débarquement d'une compagnie d'infanterie motorisée.

20 septembre 2011

Ma Marine 2015-2030


 
Stéphane nous livre sa vision de l'avenir de la Royale (comme il nous l'avait promis) sur la période 2015-2030. Je vous laisse apprécier son article.

Le présent article demeure et demeurera une pure fiction, certes inspirée de faits réels ou de concepts débattus ici et là. Ce que je propose, c'est un modèle de construction de la flotte française pour les années à venir, en prenant pour base deux éléments :
  • un périmètre budgétaire constant, voir en légère baisse,
  • une situation politique française et européenne relativement stable sur le long terme (en gros, pas de guerres prévisible à long terme à nos frontières européennes, pour les autres frontières, nous verrons que c'est une tout autre histoire).

13 septembre 2011

Renforcer la puissance navale française ? Doubler l'équipage du Charles de Gaulle

© Inconnu.

L'objectif demeure quant au renouvellement de la permanence aéronavale depuis le lancement des études sur deux navires nucléaires. Et face à une énième décision négative, sous les auspices d'un nouveau délai de réflexions confinant aux calendes grecques, pourquoi ne pas optimiser l'emploi de l'unique porte-avions via la constitution d'un deuxième équipage ?

09 septembre 2011

Du pétrole au large de la Guyane française !




Bouleversement géoéconomique français

Bon nombre de français attendaient une telle découverte dans notre archipel des Kerguelen puisque une demande d'extension de la zone économique exclusive a été déposée à l'ONU. Finalement, et contre toutes attentres, c'est dans le département de Guyane qu'est venue cette nouvelle très inattendue. Après un premier forage, "le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé que du pétrole avait été découvert au large de la Guyane française, au cours de forages exploratoires à environ 150km au large des côtes. Dans un communiqué, Shell indique qu'il est encore trop tôt à l'heure actuelle pour évaluer les réserves, mais que les "les premiers résultats sont encourageants".Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé que du pétrole avait été découvert au large de la Guyane française, au cours de forages exploratoires à environ 150 km au large des côtes. Dans un communiqué, Shell indique qu'il est trop tôt à l'heure actuelle pour évaluer les réserves, mais que "les premiers résultats sont encourageants".

13 juillet 2011

Evolution du monde maritime et appropriation des mers, quelle stratégie pour la France ?



Chloé Maillier, l'administratrice en chef de Turquoises au large -qui continue son beau projet pédagogique à la rentrée avec la Marine nationale !- s'est rendue au colloque mentionné dans le titre. Cette dernière nous offre un compte-rendu, très soigné afin d'appréhender la teneur des échanges.

21 juin 2011

PAN Charles de Gaulle : la maîtrise des coûts




Une brève du numéro 146 de la revue Marine (éditée par l'ACORAM) en date de janvier 1990 présentait les différents coûts du porte-avions, donnés dans cette revue, dans un tableau :


14 juin 2011

Marina Militare : la puissance navale bridée

© Inconnu. Croiseur lance-missiles Giuseppe Garibaldi accompagné de deux autres navires italiens.



Le croiseur italien Giuseppe Garibaldi construit dans les années 30 était modernisé et réadmis au service actif après la Deuxième Guerre mondiale (1939 - 1945). En 1962 le navire est réarmé avec une rampe double d'engins Terrier mais également avec quatre silos à son bord pour embarquer des missiles balistiques Polaris. Ce premier (?) croiseur lanceur d'engins (C.L.E. ?) devait matérialiser leur participation à la force nucléaire multilatérale de l'OTAN (1964 - 1965 ; projets MLF et ANF).


09 juin 2011

Logistique : "Influence de la propulsion nucléaire sur le train d'escadre"

© Marine Nationale / Romain Veyrié.

 La propulsion nucléaire a eu quelques conséquences heureuses sur la Flotte logistique. Le navire nucléaire ne nécessite pas de carburant pour poursuivre sa route, sa seule limite est l'usure de ses pièces, de son équipage ou de ses moyens aéronautiques (les machines volantes ne sont pas encore nucléaires... sauf le X-6). La marine atomique a apporté cette révolution navale qu'est une de pouvoir soutenir une grande vitesse de façon continue dans une grande liberté de mouvement. Le navire nucléaire, s'il est un "grand bâtiment de combat", peut aussi se faire ravitailleur. 

28 mai 2011

Bâtiment de Projection et de Commandement de classe Mistral : combien d'hélicoptères ?




La nouvelle est tombée il y a une semaine déjà par les voies de Mer et Marine et du Mamouth : le BPC Tonnerre a appareillé pour les côtes libyennes avec un détachement d'hélicoptères de combat. 

30 avril 2011

Missile anti-navire léger


http://defense-update.com/images_new/EC142_hellfire.jpg
© Inconnu. Tigre Australien portant, notamment, des missiles Hellfire.

A priori, il faudrait faire un grand effort pour voir le rapport entre le missile anti-navire léger et un hélicoptère Tigre équipé de missiles Hellfire (anti-chars).

En réalité, il y a quelques faits dérangeant à signaler et qui ont été regroupés grâce à une discussion avec Tower' Sight :
  • les anglais ont usé de missiles Milan aux Malouines en anti-navires.
  • Les irakiens ont fait de même, en usitant aussi des Milan dans ce rôle original.
  • la navalisation du missile israélien Spike.
  • Le missile Exocet block III qui est aussi bien un missile anti-navire qu'un missile de croisière (de courte portée, 180km).
  • Il existerait une réflexion sur la navalisation du missile Hellfire, et des essais.
  • Il était prévu une version anti-navire du missile ASMP mais qui a été abandonné. Toutefois, on aimerait bien savoir ce que vont devenir les ASMP qui sont remplacés par les ASMP-A. 
D'un autre côté, la France et l'Angleterre développe un missile anti-navire léger afin de répondre aux menaces asymétriques. Ces dernières peuvent se matérialiser sous la forme d'une vedette lance-missiles, torpilles ou explosive. Le projet est bien lancé, il mobilise un budget de 50 millions d'euros pour concevoir une arme autoguidé pour une portée de 20km (environ) afin de détruire ou mettre hors de combat des navires de moins de 500 tonnes.

En revenant à notre point de départ, nous avons une gamme de missiles terrestres en dotation dans l'Armée de Terre :
  • AGM-114 Hellfire : de 0,5 à 8km de portée ;
  • Milan : de 0,3 à 1,9 ;
A priori, le seul obstacle à la navalisation de l'un ou l'autre de ces missiles seraient leur faible portée. Néanmoins, est-ce que cela justifie la création d'un nouveau matériel alors qu'il était peut être possible de s'appuyer sur un missile existant ? Les sommes en jeux ne sont pas faramineuses, mais, s'adjoindre une famille de missiles c'est autant de composant à ne pas créer, c'est autant de composants sur lesquels s'appuyer. C'est aussi s'appuyer sur tout une chaîne de production et de formation existante : à l'usage, la différence est très grande. Pis, un missile moins cher, c'est plus de missile, et nos navires manquent un peu de ces briques qui font toute la différence.

Pire, nous entrons peut être dans l'anachronisme le plus complet avec cet ANL. Le missile Mica a été navalisé pour la lutte anti-aérienne de courte portée pour nos navires (si le ministère de la Défense le souhaite). Ledit missile nous vient tout de même du Rafale à la base. Le missile Crotale est un autre exemple de "missile inter-armées".

Enfin, depuis que le Service Interarmées des Munitions a été créé le 25 mars 2011, ce programme est bien un anachronisme. Il n'intéresse que la Marine et peut être rattaché à d'autres programmes. Ce n'est qu'une petite brique de 50 millions d'euros, mais les conséquences de ce choix se chiffreront à bien plus sur le long terme.

Question prospection stratégique, je ne serais pas étonné que le Rafale porte un jour un missile Aster ou que l'Armée de Terre déploie des missiles Météor.

22 avril 2011

DCNS Evolved Aircraft Carrier : exportable ?

© DCNS.
L'étude DEAC (DCNS Evolved Aicraft Carrier) est l'adaptation du deuxième porte-avions à l'hypothèse d'une commande "si les conditions économiques et financières le permettent". Par rapport au livre blanc de 1994, la crise financière et économique de 2007-2008 pèse aussi sur cette étude.

Ce projet est de dimensions et caractéristiques plus réduites donc moins coûteux pour rentrer dans l'enveloppe budgétaire (sans qu'il ne s'agisse du "porte-avions enveloppe" à propulsion nucléaire). Grâce à sa propulsion conventionnelle, il sera plus aisée de le placer à l'export ! 

A l'instar d'autres systèmes d'armes majeurs et structurants, la question de la marchandisation se pose. Est-il possible de tout exporter ? Concernant le pont plat pour aéronefs à voilure fixe, l'équipement relève presque de l'expression matérielle de la souveraineté d'un Etat. 

Nous sommes dans un contexte de fin du conflit Est-Ouest, d'après 11 septembre et d'émergence ou réémergence de nouvelles puissances. Ces nouveaux acteurs (Brésil, Russie, Inde et Chine) présentent la volonté de se doter de groupes aéronavals. 

La Chine est sous embargo en ce qui concerne les ventes d'armes... ou presque puisque la déconstruction d'anciens porte-avions fait des heureux dans l'Empire du Milieu. 

L'Inde et le Brésil sont des partenaires plus ouvert. Le premier porte-aéronefs Indien de conception et construction nationale est dérivé directement du Cavour. L'Inde construit ce premier navire, et pourrait en construire un second sur le même modèle (ce qui est très logique), voire un troisième. Toutefois, il faut rappeler que la marine indienne recevra aussi l'ex-porte-aéronefs soviétiques, l'Amiral Gorshkov, rebaptisé Vikramaditya. 

Le Brésil serait à la recherche d'une opération similaire à la coopération italo-indienne pour construire des porte-avions. Le Brésil ambitionnerait de s'équiper de deux groupes aéronavals : 4 porte-avions. Il est difficile de dire si le Brésil arrivera à 4 navires. Il lui faudrait au moins remplacer l'ex-Foch. L'aéronavale brésilienne entretient son savoir-faire depuis que le Minas Gerais (1956-2001) était en dotation dans sa marine.

Il y a eu des bruits de coursives, comme quoi, la France aurait dans ses cartons des projets de coopération en matière aéronavale avec le Brésil (qui fait du transfert de savoir-faire dans ce domaine avec la Chine) et la Russie. Le blog Poder Naval (relayé par RP Defense) relevait, début avril, que DCNS exposait quelques maquettes dont celle du DEAC au salon naval brésilien.
Il existe un autre partenaire possible pour la France : la Russie. L'information est tombée, notamment, il y a trois ans. L'agence de presse Russe, RIA Novosti (relayée sur Red-Stars) livrait deux informations : la France serait en passe de vendre "des" Mistral à la Russie et ce serait une première coopération dans les "grands navires de combat" afin de construire un porte-avions en commun.

Constatons que l'avenir de notre outil aéronaval pourrait passer par une coopération avec un pays du BRIC(S), et non plus avec l'OTAN (coopération franco-anglaise). 

06 avril 2011

De la quatrième à la sixième génération


Steph a provoqué le débat sur ce blog en proposant sa vision de la classification des aéronefs par génération.

Mars 2010 : Boeing diffuse des images de son concept d'aéronef de combat dual (piloté et non-piloté [en haut]) avec la mention 6ème génération. Les diverses vues de deux appareils sans dérives siglés Navy possèdent un petit air de F-14 Tomcat, surtout la pointe avant biplace, comme une forme de nostalgie ou de regret (sous-entendu qu'aucun appareil n'ait vraiment remplacé le mythique intercepteur en dépit des versions E et F du hornet). L'affaire arrive aussi au moment ou le JSF bataille en pleine tempête et le Raptor voit sa chaine d'assemblage se fermer après le 187ème exemplaire.

31 mars 2011

Sea basing : soutenir les escadres


ZEE--routes-maritimes-et-les-Escadres.PNG
© Inconnu (fonds de carte).

Suite à nos débats sur le Sea basing, je souhaitais revenir aux sources. Dans l'article où une francisation de ce concept étusanien a été entreprise, je me suis un peu perdu. Ce qui me séduit dans ce concept, c'est que dans un esprit français (par exemple) on y trouve une réflexion qui coordonne l'ensemble du soutien logistique à la Flotte. Là est le grand intérêt de ce concept : il peut nous pousser à penser les services de soutien à la Flotte dans leur ensemble, au niveau mondial... puisque nous sommes la deuxième puissance navale du monde dans la classification de Hervé Coutau-Bégarie.

J'aurais souhaité illustrer cette réflexion avec une jolie carte. Manifestement, avec une si faible résolution, elle est illisible. Certes. Je ne sais pas comment faire mieux, et maintenant que ce document existe... n'est pas géographe qui veut !

J'ai tenu à représenter les objets stratégiques que la Marine nationale doit défendre :
  • les zones économiques exclusives françaises, les fameux 11 millions de km² (le bleu turquoise),
  • les routes maritimes mondiales (en vert).

Pour défendre ces deux grands objets, il existe :
  • la Flotte que j'ai représenté en 5 escadres (les cercles bleus) : 
    • Escadre Jeanne d'Arc : un BPC et la frégate anti-sous-marine Georges Leygues, avec la participation éventuelle d'autres navires pour des exercices. 
    • Escadre Corymbe : un BPC en liaison avec les forces militaires déployées en Afrique ainsi qu'en coopération avec certaines marines du golfe de Guinée. 
    • Escadre de l'Atlantique : depuis la disparition du Groupe d'Action Sous-Marine, il était un peu osé de parler d'escadre à Brest. Hors, l'arrivée prochaine du pétrolier-ravitailleur Somme dans l'arsenal du Ponant devrait permettre d'organiser des exercices avec les frégates ASM, et, pourquoi pas, traverser l'Atlantique. Est-ce que cette traversée pourraît se faire avec un sous-marin classique d'une marine européenne ? Les américains ne seraient pas contre...  
    • Escadre de la Méditerranée : généralement, c'est le Groupe AéroNaval (GAN) qui est l'hériter de l'ancienne escadre au nom éponyme.  Hier, le navire amiral c'était le croiseur Colbert, désormais c'est le porte-avions.
    • Escadre de l'Océan Indien : dans le meilleur des mondes, elle serait constituée autour du second porte-avions. Notre présence pourrait être presque permanente (il faudrait un troisième pont plat pour la permanence) dans l'océan Indien. Il y a encore peu, un pétrolier-ravitailleur était affecté en permanence à ALINDIEN. Je vous prie d'observer que nous avons un ensemble d'archipels dans cette partie du monde.
De façon discrétionnaire, j'ai nommé "escadre" l'ensemble de nos stations habituelles. J'entends par escadre soit plusieurs navires ayant vocation à travailler en groupe, soit un navire seul ayant vocation à être le centre de gravité de l'action armée dans une zone.

  • Les bases navales et les points d'appui (points violets) :
    • En métropole : Cherbourg, Brest, Adour et Toulon.
    • Outre-mer : Fort-de-France, Dégrad-Des-Cannes (pour les Antilles), Port-des-Galets et Abu Dhabi (pour l'océan Indien) et Nouméa, Dakar (pour le passage entre les deux bassins de l'Atlantique) et Papeete (pour le Pacifique).

Dans une prochaine partie il sera intéressant d'illustrer via un schéma la composition d'une escadre et la logistique gravitant autour. Ici, le sens d'escadre ne sera pas à prendre dans son sens "politique" mais dans son sens guerrier : une force d'intervention.

27 mars 2011

Silent Eagle, Silent Hornet... Silent Rafale ? Silent révolution du STOBAR ?

© INS Vikramaditya durant ses essais à la mer (2012-2013).
Dans un billet, "le Rafale furtif"1, j'avais alors exploré une possible voie de développement dudit appareil. Le modèle est le F-15 américain dont une nouvelle déclinaison a été développé pour, peut être, parer aux déboires du F-35 : le F-15 Silent Eagle.


La "furtivisation" est simple mais efficace : synthétiquement, l'appareil se voit "améliorer" par l'adjonction de soutes "internes" (des CFT ou assimilés), la correction à la marge d'une cellule trop peu portée sur la furtivité (les dérives non-inclinées du F-15 par exemple) et une nouvelle électronique, bien entendu. 

Le but de la manœuvre est, par des modifications bien plus mineures et moins aventureuses qu'un programme de cinquième génération, de pouvoir proposer une énième déclinaison des appareils de quatrième génération dont les programmes sont maîtrisés.

Le F-15 est devenu Silent Eagle, le F-18 devient Silent Hornet (en haut d'article) ! Les modifications adoptées sont peu ou prou les mêmes, relevant de la même logique :

Dans le contexte du refus de la Russie de présenter le MiG-35 à Bangalore, les Etats-Unis se sont au contraire activés en présentant en Inde la dernière version du F/A-18, le Silent Hornet, modernisé avec l’utilisation de la technologie « stealth« .

Cet avion est doté de réservoirs de carburant conformes, de réacteurs améliorés, du système laser multidirectionnel de détection d’attaque missile SM/LW (Spherical Mmissile/Laser Warning), d’un compartiment interne de stockage d’armes et d’un nouveau cockpit avec une station infrarouge intégrée.

La version présentée à l’exposition est le premier avion développé dans le cadre du programme International Super Hornet Roadmap, annoncé par Boeing lors du dernier salon aérospatial de Farnborough. Ce chasseur est présenté comme une nouvelle génération de la famille Super Hornet qui bénéficiera d’une capacité de survie accrue, d’une meilleure évaluation de la situation et sera plus efficace.

"Le vice-président de Boeing, Vivek Lall, a déclaré que si l’Inde signait le contrat avec Boeing dans le cadre de l’appel d’offres de la MMRCA (compétition Medium Multi-Role Combat Aircraft), elle pourrait obtenir ces technologies. « Nous créons une nouvelle plateforme de combat qui sera efficace au cours de 30-40 prochaines années », a déclaré Vivek Lall.
Une telle déclaration est sans précédent pour cette entreprise américaine. Jusqu’à présent, seuls les alliés très proches des Etats-Unis obtenaient l’accès aux technologies de ce genre. Tous les autres se contentaient des matériels qu’on leur vendait."
Blog Avions Légendaires2, 15 février 2011.

Il y a donc un tournant stratégique, et silencieux, qui s'opère dans l'industrie aéronautique mondiale : les fabricants américains, leader en la matière, gardaient les appareils de la quatrième génération en production pour l'exportation car la cinquième génération ne l'est pas forcément, elle n'est pas forcément au point non plus (et pas forcément destinée à tout les pays). Il n'est pas dit que le développement du PAK-FA russe entraîne un retrait de la vitrine commerciale du même pays de ses avions de quatrième génération. Désormais, il semblerait que, contrairement aux annonces triomphantes et face aux nouveaux challenger (Corée du Sud, Japon), la cinquième génération soit écartée du devant de la scène. Ce mouvement de "furtivisation" de la quatrième génération est là pour montrer qu'il y a une alternative crédible. Cela montre aussi que le besoin d'un appareil de cinquième génération n'est pas aussi criant que ce que les oracles veulent bien dire. Il est même possible que la maritimisation des économies soit à l'origine de ce choix, on le verra que la doctrine du STOBAR gagne en adeptes !


Ce mouvement du "renouveau" est-il l'un des préludes de la chute du F-35 ? La quesiton se pose, le programme ne cesse de perdre de son intérêt. Les attributs de la cinquième génération se réduisent à peau de chagrin :
  • la supercroisière ? Une histoire de réacteurs, pas vraiment une histoire de cellule.
  • L'électronique ? Le radar AESA ? Est-ce que ce sont des technologies uniquement liées à la cinquième génération ? Messire Rafale : non. On aurait beau installer un radar ASEA sur un Spitfire que...
  • La furtivité ? Afin de dépasser le seuil de la discrétion, il faut un nouvel appareil pour aller plus loin que ces furtivisations qui seront forcément imparfaites. 
Mon intention n'est pas d'ouvrir un débat sur la cinquième, voir la sixième génération qu'on lance déjà, et peut être trop vite, mais plutôt de souligner que ces attributs de la dernière génération ne sont pas des attributs intransposables à la précédente.

Le renouveau du STOBAR

Paradoxalement, c'est au JSF que l'on doit l'évolution, sinon la "révolution" des porte-aéronefs STOBAR : en ce sens que l'échec relatif du F-35B est peut être l'échec du dernier des Harrier-like, c'est-à-dire d'un appareil ADAV. Bon nombre d'Etats étudient une voie alternative, dont la Suède avec le Sea Gripen et l'Europe avec de fortes demandes d'une navalisation de l'EF-20002. Cependant, aucun Etat, autre que les Etats-Unis, n'étudient de chasseurs ADAV...

On voit là une des conséquences de la maritimisation de l'économie mondiale : il y a un nouvel intérêt pour la puissance navale et des puissances émergentes peuvent s'offrir de grands navires de combats, comme les porte-avions, car il y a le besoin de porter la puissance aérienne en pleine mer.

Le navire porte-avions devra peut être évoluer sous la pression budgétaire vers ce navire STOBAR3 qui a bien moins de contraintes pour porter des avions : pas de catapultes. La contrepartie est bien sûr que le porte-aéronefs STOBAR aura une capacité moindre que le vaisseau porte-avions. Le fait nouveau, par rapport au porte-aéronefs STOVL, c'est que le rapport coût/efficacité pourraît être bien plus intéressant car l'aéronef sera bien moins coûteux et portera peut être plus d'armements.
En exagérant beaucoup, un appareil STOBAR c'est un chasseur terrestre avec un réacteur à poussée vectorielle, on est loin des conceptions délicates des Harrier et JSF !
En exagérant encore, un porte-aéronefs STOBAR, c'est un cargo avec un pont plat et un hangar : le retour des porte-avions d'escorte ?

Cette gestion est bien difficile, et des marines risquent d'en être pour leur frais :
  • l'Espagne a un BPE, qui est un LHD américain plus qu'autre chose, mais si le F-35B échoue, il n'y aura plus d'aéronefs à mettre sur le pont.
  • On s'étonne de la réalisation italienne : le Cavour tend aussi à être un LHD mais sans radier. Même problème que pour Madrid : s'il n'y a pas d'avions... que faire ?
Ces deux cas sont symptomatiques d'une possible erreur : on a voulu coupler un porte-aéronefs avec un navire amphibie. Il y a une contradiction entre les deux fonctions car ces navires seront polyvalent mais excellent en rien, et ils risque d'être inefficaces en définitive. Il faut se rappeler que les croiseurs porte-aéronefs russes étaient une formidable chose pour contourner la convention de Montreux, mais en contrepartie, ils ont des performances aéronautiques bien faibles au vu de leur tonnage : ils sont bien plus gros que le Charles de Gaulle avec un groupe aérien similaire, si ce n'est moindre !

Par là, il est peut être nécessaire de théoriser la fonction des navires dans la Flotte, et que certains "navire-fonctions" ne peuvent pas être mélangés sans atteindre une "certaine masse critique" (que ce soit en tonnage ou en capacités).

La question du STOBAR risque fort de faire débat en France puisque le lancement du projet du Charles de Gaulle avait été à l'origine d'un grand débat doctrinal. Le Conseil supérieur de la Marine a très souvent bien du mal à se décider, ce qui peut laisser pantois si l'on songe qu'avant le PAN on pensait à un porte-hélicoptère nucléaire !

Plus sérieusement, je ne serais pas étonné que le débat s'ouvre en France sur le choix entre :
  • deux porte-avions,
  •  ou trois porte-aéronefs STOBAR.
Cet éventuel débat devra se garder d'être trop passionné : un porte-aéronefs STOBAR restera un navire aux capacités aéronautiques plus limitées que celles d'un porte-avions puisque les appareils qui décollent des deux navires n'ont pas le même emport d'armement. En redonnant dans la caricature illustrative, c'est comme comparer un Mistral opérant des Alphajet avec un PA2 faisant décoller des Mirage IV4 avec ses catapultes de 90m.


Mon exagération n'est pas un hasard puisque je ne serais pas étonné que face à la démocratisation du porte-avions STOBAR, les porte-avions soient tentés de gagner un horizon plus lointain en opérant des appareils plus lourd (comme un Su-34 Fullback). L'intérêt, ce serait de couvrir une surface bien plus grande que celles d'un porte-avions STOBAR et de pouvoir tirer le premier. Le risque, ce serait d'augmenter une fois de trop le coût du porte-avions classique.

Retour aux Silent

Dérive-t-on ? Ce n'est peut être pas le cas :
  • le coût de la cinquième généraiton a ouvert la voie à une nouvelle déclinaison de la quatrième génération.
  • La conjugaison du coût de la cinquième génération et de la formule particulière de l'ADAV, elle-même coûteuse avec un rapport coût efficacité tout aussi douteux, ont fait que le STOBAR est en plein essor.
Il faut observer qu'il y a une interdépendance de plus en plus forte entre le choix d'un appareil de combat moderne et le format d'une marine car l'aéronaval est de plus en plus subordonnée au choix de l'armée de l'air :
  • Le Brésil et l'Inde en sont de beaux exemples car les marines de ces deux pays peuvent ou pourront recevoir la version navalisée du chasseur de leurs armées de l'air.
  • L'un des plus beaux exemples est bien sûr la France, quand notre pays a choisi le Rafale et pour son armée de l'air et pour sa marine.
Deux questions :
  • Face à la difficulté de développer un appareil de cinquième génération en France, doit-on furtiviser le Rafale via une nouvelle version (tel que décrite dans le bilet proposant un "Rafale furtif") ?
  • Le STOBAR doit-il être étudié comme solution alternative au CATOBAR pour le PA2 (et PA3) ?

1 "Le Rafale furtif", le Fauteuil de Colbert, 8 novembre 2010 (initialement publié sur Mon Blog Défense le 28 avril 2010).
2 Ce qui remet sur le devant de la scène la non-existence du Mirage 2000M : il est possible que la Royale doive s'expliquer sur la non-commande d'un Mirage 2000 naval dès le lancement de ce programme. Plus généralement, au moment du lancement des Mirage 2000 et 4000, il semblerait que nous ayons eu une absence flagrante de vision stratégique. La petite histoire des Crusader et des F-18 ne serait que la conséquence de l'absence de la Marine dans le lancement du Mirage 2000. Même sans cela, je doute toujours que le célèbre chasseur de l'Armée de l'air ne puisse pas être navalisable : la possible navalisation du Typhoon remet bien des choses en cause !
3 J'aurais aimé que l'on puisse disposer du point de vue de l'Amiral Pierre Barjot, mais je crains qu'il n'est jamais connu les porte-avions STOBAR.
4 Le PA58 Verdun devait emporter des Mirage IVM de 20 tonnes au catapultage !