13 décembre 2012

Archipel France : action combinée entre Marine et Gendarmerie


© Gendarmerie nationale.
Outre-mer, la Marine effectue un spectre de missions éclectique et multiforme, car il s'agit de pallier bien des insuffisances d'infrastructures ou d'organismes qui peinent à y assumer la totalité de leurs attributions.
La Gendarmerie est dans le même cas.

S'agissant de la collaboration entre ces deux institutions, historiquement placées sous l'autorité du même ministère jusqu'en 2009, se pose aujourd'hui la question de la capacité à faire face de concert à une crise grave relative à l'ordre public ou à des menaces terroristes. En effet, les Armées ne sauraient se passer de l'expertise de la Gendarmerie, pour des raisons institutionnelles, juridiques et opérationnelles. Mais la Gendarmerie ne saurait pas davantage se passer de l'expertise et des capacités de la Marine dans un contexte trop souvent susceptible de tourner sans préavis à l'insurrectionnel.
Leur nécessaire collaboration dépasse évidemment le simple cadre des interventions de type humanitaire ou le soutien de nationaux (militaires, scientifiques, fonctionnaires ou privés) isolés dans "l'archipel France".

La réactivité de l'action de l'Etat outre-mer face à la menace de trouble grave à l'ordre public et/ou d'atteinte à l'intégrité du territoire, des structures vitales ou de l'appareil étatique passe donc par une bonne complémentarité des deux forces.
Il s'agit d'une part de mettre en place des procédures mutuelles fluides et respectueuses de l'identité et des contraintes de chacun sans porter préjudice à la rapidité de montée en puissance - qui peut s'évaluer en heures.
Il s'agit d'autre de disposer de moyens adaptés aux missions. Ici se pose la question des navires disponibles, en terme de nombre comme de capacité opérationnelle.

Le maintien de l'ordre public sur le territoire de la République est du ressort de la Gendarmerie nationale (partagé selon l'urbanisation des lieux avec la Police) qui dispose d'une capacité graduée de traitement de l'alerte et des menaces de par la répartition territoriale et les capacités complémentaires de ses unités. C'est à la Gendarmerie mobile qu'incombent les actions les plus robustes en la matière. Outre-mer, elle vient en soutien des GPI (groupes de pelotons mobiles ) dès lors que la crise excède leurs capacités.

La collaboration de la Marine est essentielle pour projeter les gendarmes au bon endroit et au bon moment, dans des contrées où le réseau routier est modeste, voire médiocre, et très vite coupé par l'adversaire, et bien sûr pour se déplacer de terre en terre par voie de mer. Les exemples abondent parmi lesquels je ne prendrai que celui de la projection d'un escadron en août 2011 en Nouvelle-Calédonie où des "évènements" dans une île causèrent 4 morts et 21 blessés par balle entre locaux.

La Gendarmerie a besoin du maintien d'une capacité amphibie pour rejoindre au plus vite son lieu d'emploi quels que soient les obstacles humains ou géographiques. Plus le temps passe, plus la crise s'enfle et menace les vies et les institutions. Les actuels BATRAL et CTM positionnés outre-mer ont fait largement leurs preuves en la matière, et leur remplacement par des coques dépourvues de la capacité de plager une force motorisée constituerait une grave erreur et une perte de capacité lourde de conséquences prévisibles.

Un escadron de gendarmerie mobile projeté outre-mer pour défendre l'ordre républicain et maintenir la paix civile, c'est au minimum 67 militaires et 9 véhicules, que l'on peut raisonnablement envisager accompagné d'un soutien de quelques gendarmes départementaux, voire d'un petit soutien logistique (ravitaillement, équipements, munitions, santé). Le programme de remplacement des moyens amphibie de la Marine prépositionnés outre-mer devrait donc intégrer cette donnée incontournable: Les nouveaux bâtiments doivent non seulement pouvoir embarquer une centaine d'hommes et une douzaine de véhicules bleus (dont jusqu'à 6 blindés de la classe 13 tonnes), mais encore les débarquer sur plage non préparée, dans le dos d'un éventuel dispositif hostile.

A trop économiser, on risque de ne plus être en capacité de maîtriser des situations qui demandent déjà un engagement intense, des prises de risque certaines et l'emploi de tous les moyens disponibles, maritimes et aériens.

Pas d'argent, pas de Suisses.


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