22 mai 2014

Renforcer la puissance navale française ? L'option du recyclage des ASMP

© Aérospatiale. Le missile ANF (Anti-Navire Futur) abandonné en 1999.







La trajectoire Z discutée à Bercy, entre autres conséquences, comporterait le désarmement du porte-avions Charles de Gaulle (2001 - ...) et, au mieux, le placer en réserve. La classe politique (droite et gauche font front commun dans deux commissions à l'Assemblée nationale) tente de sauver la LPM (2014 - 2019). La question se pose alors de savoir comment améliorer, à moindre frais, nos capacités offensives car le renforcement des marines de guerre de par le monde est une donnée structurante depuis 10 ou 20 ans et risque de l'être encore à l'avenir pendant 10 ou 20 ans.

Le débat sur l'importance de la plateforme aéronavale qu'est le porte-avions est éludé, même si l'amiral Barjot (Histoire de la guerre aéronavale, Paris, Flammarion, 1961, 443 pages) démontre la supériorité du porte-avions sur un dispositif fixe, notamment dans les choix italiens et japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939 - 1945) d'user d' "îles porte-avions". L'État-Major des Armées (EMA) n'emportait pas une autre conclusion au début des années 2000 au sujet de la pertinence du PA2 par rapport à d'autres solutions (avions-ravitailleurs, renforcement de l'embarquement de missiles à bord d'unités de surface et sous-marines, MOB (Mobile Offshore Base) afin de rencontrer les besoins navals.

De ce que nous pouvons observer, la France n'a pas baissé sa garde vis-à-vis des défis de la défense aérienne. À la mer, les programmes tri-nationaux PAAMS (Principal Anti Air Missile System) et Horizon (les quatre frégates franco-italiennes) démontraient une solide volonté de Londres, Paris et Rome de développer les compétences nécessaires et souveraines en matière de défense aérienne pour demeurer au meilleur niveau mondial. Les programmes Eurofighter et Rafale, toutes critiques gardées, participaient de cette dynamique. 

Le PAAMS est le premier nouveau et grand système de défense aérienne mis au point depuis l'AEGIS américain, tous les deux se concevaient autour d'une réponse à apporter aux attaques de saturation. Le système européen faisait ses preuves au cours de nombreux exercices où il démontrait sa capacité à intercepter des missiles supersoniques et balistiques. 

Reste que la nécessité de parer ces menaces impliquent qu'elles existent. La seule existence du programme Brahmos entre l'Inde et la Russie atteste que ce n'est pas une menace à prendre à la légère. Par exemple, revenons en arrière : quand Paris cherchait à se doter d'un missile supersonique, les choix se sont portés, par pragmatisme technologique et financier, sur la solution du missile rase-mer subsonique. Choix du pauvre ? Choix gagnant en tous les cas puisque l'Exocet s'est révélé comme arme fatale pendant la guerre des Malouines (1982). L'Exocet gagnait son duel contre l'un des meilleurs navires anti-aériens du monde au cours de ce conflit.

Nous n'avons renforcé la cuirasse et pouvons difficilement faire mieux qualitativement. Pourquoi ne pas explorer l'option du renforcement du glaive pour réhausser notre défense aérienne ? 
 
Où trouver un missile anti-navire supersonique ? Développer un nouvel engin ne rentrera ni dans les clous de cette LPM, ni dans ceux de la suivante. Un achat sur étagère ? Le contexte politico-diplomatique n'est pas suffisamment serein pour dialoguer avec la Russie dans le contexte actuel pour ne citer qu'elle. 

Il existe alors la solution de la revalorisation. Le programme ANF (Anti-Navire Futur), reprenant une partie des études et composants de l'ASMP était abandonné en 1999. 90 de ces engins auraient été construits. Les ASMP possèderaient une portée de l'ordre des 300 km pour une vitesse maximale d'environ Mach 3.L'ASMP-A lui succédait. Tout armement nucléaire, en France, bénéficie d'un entretien très soigné. Dans quelles conditions sont-ils stockés depuis ? Dans le cas des aéronefs, l'Élément Air Rattaché 279 se charge de les conserver en état de vol, par exemple.
 
L'ASMP-A a probablement déclassé suffisamment son prédécesseur afin de l'employer dans un usage conventionnel. Pour l'après ASMP/ASMPA l'Armée de l'air réfléchit à deux formules de missiles hypersoniques. La seconde option considère un missile se déplaçant à Mach 7 ou 8. Ce qui permettrait dans notre hypothèse de recycler deux générations de missiles et de pouvoir durer jusqu'en 2030.
 
Il se poserait la question d'un possible "ensilotement" ou bien d'une mise en batterie similaire à celle des Exocet. La première des deux options risquent d'imposer quelques travaux et études sur la phase de lancement. Aussi, ces missiles sont prévus pour un tir aérien, ce qui revient à souligner que l'adjonction d'un booster pourrait s'avérer nécessaire afin de préserver leurs caractéristiques.
 
 Ces engins offriraient de nombreux avantages :
  • supersonique ;
  • d'une portée supérieure à l'allonge moyenne des missiles anti-aérien ;
  • de grandes exigences en matière de capacités de pénétrations d'une défense aérienne ;
  • probablement durcis contre la guerre électronique.
Les capacités offensives de chaque frégate serait significativement réévaluées. N'importe quel groupe naval ne pourrait qu'en tenir compte. Une FREMM équipée d'une demi-douzaine d'ASMP : est-ce une menace crédible en cas de désarmement du Charles de Gaulle
 

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