21 décembre 2014

"Atlas géopolitique des espaces maritimes - Frontières, énergie, transports, piraterie, pêche et environnement" de Didier Ortolland et Jean-Pierre Pirat


Didier Ortolland (qui réalise une bonne partie de l'ouvrage) et Jean-Pierre Pirat (maître de la carthographie de l'atlas) nous livrent la seconde édition de cet ouvrage phare. Preuve s'il en est qu'il est demandé mais aussi que les choses évoluent assez vite en mer pour justifier une édition augmentée et mise à jour. Il s'agit en vérité d'un ouvrage collectif.



D'autres auteurs ont pu apporter leurs connaissances très pointues dans l'espace maritime qu'ils étudient habituellement. Il a l'exemple d'Anna Choquet que l'auteur de ces lignes a eu la chance d'écouter à propos de l'Antarctique.

Premièrement, si c'est un beau livre, c'est surtout un très bel outil dans la mesure l'esthétique et le confort de lecture ont été respectés de la couverture à la dernière page. Les cartes sont très belles et couvrent des pages entières, si ce n'est des doubles pages (ais-je déjà précisé qu'il s'agissait d'un atlas, donc d'un grand format ?). La mise en page des textes a manifestement était produite dans un souci de clarté et de confort de lecture.

Au travers des 23 chapitres, vous pouvez donc explorer la sphère maritime ou l'orange bleue selon du côté de quelle mythologie vous vous placez. Les chapitres se partagent entre l'étude d'une mer ou d'un océan particulier, d'un côté, et l'étude de phénomènes particuliers de l'autre. A noter que l'introduction remonte aux premières tentatives de partager les espaces maritimes à l'échelle du globe, ce qui pose les bases du débat juridico-historique.

Pour prendre l'exemple des focus qui sont apportés sur la mer Méditerranée (chapitre V) et l'Antarctique (chapitre XIII). L'atlas se révèle être un précieux outils pour confronter la diplomatie navale des Etats du bassin oriental de la Méditerranée aux enjeux énergétiques qui montent en puissance entre la Turquie, Chypre, l'Egypte, Israël, la Palestine et le Liban.
Du côté de l'Antarctique, l'atlas permet de voir ce que dit le droit aujourd'hui sur ce dernier espace d'intérêt commun qui est toujours protégé par le traité de Washington de 1959. Les ambitions des Etats parties au traité se recoupent pour beaucoup (est-là une clef de la guerre des Malouines de 1982 ?). La lecture de ce chapitre en plus de celui consacré à l'Arctique explique assez bien pourquoi toutes les grandes flottes du Pacifique se sont dotées de navires à capacités polaires.

La relation du droit aux espaces maritimes est traitée avec clarté dans cet atlas. Que dire sinon que les chapitres sur les différents espaces maritimes (chapitre I) , de leur délimitation (chapitre II), l'extension du plateau continental (chapitre XV) ou celui sur les communications interocéaniques, détroits et canaux internationaux (chapitre XVI) représentent des sommes de connaissances très utiles pour quiconque souhaitent savoir ce que disent les traités. De là, un bon ouvrage de diplomatie navale permettra d'un coup d'oeil d'observer les forces qui sont à l'oeuvre pour faire évoluer le droit dans le sens de la liberté des mers ou de la territorialisation.

Bien que le présent atlas présente les ambitions de chacune des parties actuelles, de la signature, ratification ou non, du la convention de Montego Bay (1982). Mais il est aussi question de l'interprétation, la pratique que ces mêmes parties ont faites de ce même droit de la mer.

Dernière grande partie de l'ouvrage : les ressources de la sphère maritime. Tout y passe, encore une fois, et rien n'est oublié. Les transports (chapitre XVII), la piraterie (XVIII), le patrimoine culturel sous-marin (XIX), les ressources minérales (chapitre XX), l'hydrothermalisme (chapitre XXI) et la pêche maritime (chapitre XXII).

Ce qui permet au passage de noter que notre équipe d'auteurs ont également pensé la relation des acteurs aux espaces maritimes dans sa dimension écologique, ce qui est d'actualité et qui le sera de plus en plus dans les années à venir. L'écostratégie prendra de plus en plus de place, tant par conviction que dans le cadre d'une stratégie d'interdiction (rôle de fondations américaines dans le Pacifique et ailleurs).

Petit plus qui fait le bonheur du lecteur : au début de l'ouvrage est présent un planisphère maritime dans lequel chaque espace maritime étudié renvoie aux pages de l'ouvrage où il est traité.

329 pages de très belles cartes et de hautes connaissances pour aborder les relations entre les espaces maritimes, le droit, les enjeux économiques et donc, in fine, les enjeux de pouvoir : la géopolitique des espaces maritimes. C'est l'ouvrage indispensable pour toute personne ayant à traiter de ces sujets pour un oral, un mémoire, etc...

Il ne reste plus qu'à espérer un tel outil pour le cyberespace, dans sa comparaison aux espaces maritimes et sa logique propre...

Bonne lecture !

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