15 mars 2015

Aviation navale : imbroglio des infrastructures aériennes en Bretagne





© Inconnu. Un marin appuyé contre un F-8E (FN) Crusader.
Le Télégramme célébrait le cinquantenaire de la base aéronavale de Landivisiau le 13 mars 2015. Le journal breton de rappeler que cette base, dont la construction est décidée en 1962, a vu le jour pour compenser l'engorgement de la base de Hyères. Il serait intéressant de revenir sur les raisons du choix stratégique de construire la base à la pointe bretonne. Y avait-il un quelconque rapport avec l'Ile Longue, alors en projet ? Simple choix décidé en fonction du rôle de la base navale de Brest ? Pourquoi pas s'implanter dans une base aérienne existante et locale ?

En tous les cas, il y a une chose qu'il est temps d'aborder depuis que la tempête des acronymes budgétaires et les réformes retombent un peu. Le vent médiatique est passé et nous allons pouvoir poser une question, peut-être dérangeante, qui a survécu à la RGPP et deux livres blancs : pourquoi le département du Finistère est-il si bien doté en bases aéronavales et aéroports ? 

Débutons par le versant civil de l'affaire. Non pas que la région Bretagne soit le seul territoire de France a avoir plus d'aéroports que nécessaire. Néanmoins, cela ne coûte rien de relever que sur le seul département du Finistère (avec une inclusion du cas de Lorient qui participe du schéma local des infrastructures aéroportuaires) la région dispose des infrastructures suivantes :
  • l'aéroport de Ouessant possédant une piste de 833 mètres ;
  • l'aéroport de Brest - issu d'une base aéronavale américaine - devient civil en 1937, il dispose d'une piste de 3100 mètres ;
  • l'aéroport de Quimper - édifié en 1932 -, il dispose de deux pistes, l'une de 2150 mètres, la seconde de 715 mètres ;
  • l'aéroport de Lorient - issu du développement d'une activité civile de la base aéronavale de Lann-Bihoué -, il dispose d'une piste de 2403 mètres et l'autre de 1670 mètres ;
  • l'aéroport de Morlaix qui dispose de trois pistes (1617, 900 et 610 mètres). 
Le lecteur ne peut qu'être surpris par une telle débauche d'infrastructures aéroportuaires dans un département où il n'était pas évident de trouver autant de pistes, bien que régnant une activité militaire stratégique. 

Passons sur l'intérêt économico-financier de tous ces sites, bien que, et comme cela a pu être remarqué dans d'autres régions, il est parfaitement surprenant que toutes ces plateformes ne soient pas reliées entre elles et avec les villes qu'elles desservent par le train. 

Mais d'un autre côté, nous ne pouvons que nous demander si toute ou partie de ces pistes participent de près ou de loin à un schéma militaire de résilience permanent ou reçu en héritage du conflit Est-Ouest. Existe-t-il encore une utilité stratégique à avoir autant de doublons pour les bases aériennes à la pointe bretonne ?

Finissons notre tour d'horizon avec le versant, si ce n'est militaire, tout du moins aéronaval de l'affaire. Les départements du Finistère et du Morbihan, donc, disposent des bases aéronavales suivantes :
  • la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic, deux pistes de 1120 et 650 mètres ;
  • la base aéronavale de Landivisiau, une piste de 2700 mètres ;
  • la base aéronavale de Lann-Bihoué avec une piste de 2403 mètres et l'autre de 1670 mètres.

Donc, sur le seul département du Finistère, avec en plus un ajout venu du Morbihan, il n'y a pas moins de quatre aéroports civils, deux bases aéronavales et une unité mixte aéronavalo-civil.  C'est assez impressionnant dans la mesure où tout ceci a pu survivre à toutes les mesures de réductions et de simplifications entreprises depuis le ministère Chevènement (1985) jusqu'à la réforme des bases de défense (2009) avec son lot de fermetures de sites ainsi que la RGPP, etc.

Deux questions sont posées : le pourquoi du dispositif, le pourquoi de sa survie. A l'heure des fermetures de sites en raison de concentration des unités pour gagner en masse critique et dégager des économies d'échelle (refrain de la réforme), c'est vraiment très surprenant qu'il n'y ait pas tentative, même médiatique, pour réduire le dispositif. 

Pourquoi conserver le site de Lanvéoc-Poulmic ? La proximité avec l'Ecole navale est-elle si importante ? Pourquoi ne pas baser les hélicoptères opérant les secours en mer à Ouessant ?

Pourquoi Landivisiau et Lann-Bihoué ? L'une est-elle en trop ?

Pourquoi pas inviter l'Armée de l'air ? Repenser les relations entre l'Aviation navale et les activités civiles ?

Autant de questions qui, une fois encore, ne sont pas posées et cela ne lasse pas de surprendre. Comme quoi, les réformes peuvent oublier bien des choses.


1 commentaire:

  1. Avouez que vous faites preuve d'un peu de mauvaise foi ;)
    Vous confondez bases navales et aéroports civils alors que leurs financements diffèrent. Morlaix, Brest et Quimper dépendent des CCI locales, avec une participation de la région à leur survie. Morlaix survit par la seule présence des infrastructures de Hop! (bureaux, simus, maintenance...), tandis que Brest reste un aéroport dédié à une agglomération de 250000 âmes (et mal garni, en plus). Quant à Quimper, ma foi, c'est une plateforme parmi bien d'autres en Bretagne qui survivent pour bon plaisir de quelques caciques locaux (Saint Brieuc, Lannion, autres exemples).
    Lorient, Landi et Lanvéoc sont, oui, des plateformes aéronavales avec chacun son rôle spécifique. La Marine n'aime pas mettre ses œufs dans le même panier : à Lorient surmar et patmar, à Lanvéoc l'instruction et les voilures tournantes, à Landi les pointus, rien de choquant en soi, sinon à devoir créer une plateforme unique ultra active à l'américaine (du genre MCAS Miramar) qui enfoncerait plus d'un bonnet rouge sur un crâne de riverain.
    Quant à votre proposition d'une base SAR à Ouessant, je mettrai ça sur le compte de la plaisanterie, sachant le nombre d'interventions que fait la 24F en sud Bretagne ;)

    --
    Un habitant de Bretagne non breton

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