29 juillet 2016

Océans Indien et Pacifique, les bombardiers anti-navires entrent en jeu

© Alexander Beltyukov. Tupolev Tu-22M3 à Ryazan Dyagilevo.


Le Monde tourne son attention vers la mer de Chine du Sud (ou mer de Chine méridionale ou mer de l'Est) puisque trois grandes marines s'y concentrent à l'occasion d'exercices (US Navy, MAPL et VMF). C'est pourquoi nous nous intéressons aux récentes annonces de positionnements de bombardiers dans les océans Indien et Pacifique.

Premièrement, selon les sources, l'Inde souhaiterait se doter de quatre Tu-22M3 soit par location soit par acquisition patrimoniale. La nouvelle aurait pu faire plus grand bruit si l'intention prêtée au gouvernement indien se confirmait. Dans cette hypothèse, un Tu-22M3 emportant deux BrahMos couvrirait au moins la moitié Nord de l'Océan Indien et pourrait lancer ses deux missiles anti-navires à distance de sécurité car très peu de systèmes anti-aériens interceptent à plus de 200 km, particulièrement en mer. Le BrahMos II permettrait un nouveau changement de dimension avec un missile AN non plus supersonique mais hypersonique.

Deuxièmement, l'US Air Force annonce que pour assurer la présence continue de bombardiers sur l'île de Guam, et pour la première fois depuis une décennie, des B-1B relèveront les B-52H. Le nombre de machines n'est pas dévoilé. Les missions d'attaque anti-navires et de mouillage de mines depuis la terre par des aéronefs relèvent de l'US Air Force. Les B-1B participent aux essais de l'AGM-158C LRSAM (d'une portée supérieure à 900 km), sans que nous arrivions à déterminer si les B-52H en seront dotés. En attendant, les deux bombardiers peuvent délivrer des Harpoon. Depuis l'île de Guam, les B-1B Lancer peuvent théoriquement atteindre l'ensemble des mers d'Asie du Sud-Est.

Face à la montée des tensions en Asie du Sud-Est, la pertinence d'effectuer, au moins, une rotation de B-1B et de B-52H dans le Nord de l'Australie est étudiée par les Etats-Unis. Du côté de l'Océan Indien, nous ne retrouvons pas trace de la présence de B-1B, par contre des B-2 sont actuellement sur place.

Troisièmement, la France démontrait (2014) à double titre sa capacité à projeter des Rafale depuis ses territoires d'Europe à destination de l'île de la Réunion. Deux Rafale B (1/91 Gascogne) et un C-135 (2/91 Bretagne) au cours de mission à longue élongation faisaient la publicité de la capacité des Forces Aériennes Stratégiques à délivrer l'arme nucléaire à très grande distance.

Une nouvelle mission d'entraînement de ce genre, composée cette fois-ci de Rafale M accompagnés d'un Atlantique 2, permettrait de rappeler la capacité française à mener des missions à longue élongation pour traquer un groupe naval et tenter de mettre hors de combat par une frappe d'Exocet. Une action complémentaire à la présence ou l'indisponibilité du GAn (Groupe Aéronaval).

Quatrièmement, la Chine poursuit la montée en puissance du programme J-20. Quatre avions de pré-série seraient aux essais. Eu égard à ses caractéristiques, il s'agirait là plutôt d'un intercepteur que d'un chasseur. L'appareil pourrait apparaître comme "le pendant chinois du Su-34 Fullback". Ce qui en ferait un bel interdicteur dans les mers d'Asie du Sud-Est, en particulier la mer de Chine méridionale.

Aussi, relevons que la Chine semble espérer l'acquisition de Tu-22 depuis de très nombreuses années sans que la Russie n'accède à ses demandes. Ce serait un saut significatif en terme d'influence, comparativement aux H-6 et J-20.

Nous ne manquerons pas de surveiller le positionnement des Su-34 russes en Sibérie, tout comme l'évolution du dossier indien sur les Tu-22M3, ainsi que tout le reste. Les groupes aéronavals ne sont pas indispensables aux frappes à longue élongation en haute mer, ils n'y sont pas insensibles non plus.


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