27 juillet 2016

Remorqueurs Portuaires et Côtiers (RPC) : remplacer les chevilles ouvrières de la Flotte ?

La Houssaye employé comme pousseur sur la coque du méthanier malais Tenaga Satu (12 juin 2005).
Les Remorqueurs Portuaires et Côtiers (RPC), en leur grande majorité, atteignent l'obsolescence autant par l'âge que par l'inadéquation entre leurs capacités et les missions. Les documents publics ne semblent pas recéler un programme de remplacement. Pourtant, les RPC sont indispensables à la vie des arsenaux.

Volontairement, nous ne prenons pas en considération les Remorqueurs de Haute Mer qui concernant en partie le programme BSAH en ses deux composantes que les navires affrétés. Nous y reviendrons car les alertes et incidents liés au gigantisme naval (les 30 000 boites arrivent - déjà !) furent chaude dans le Golfe de Gascogne. 

L'ensemble des remorqueurs de la Marine nationale atteignent ou sont en passe d'atteindre les trente années de service - sauf pour quelques unités (les classes Esterel et Morse). 
 Nous dénombrons les classes Bélier (trois unités), Esterel (ou RP50, deux unités), Frehel (ou RPC12, seize unités), Maïto (trois unités), Morse (ou RP10, quatre unités) ainsi que le seul représentant de sa classe, le Papayer. Soit un total de 29 unités. 

Elles suivent principalement, mais pas seulement, les concentrations navales françaises à Toulon, Brest et Cherbourg. Mais il s'agit de ne pas oublier les autres ports de l'Archipel France des océans Indien et Pacifique.

Sauf grossière erreur de notre part, le plan Horizon Marine 2025, en sa présentation publique, ne semble pas contenir un "RPC NG". 

Pourtant, nous pourrions qualifier cette capacité de "stratégique". L'État-Major de la Marine (EMM), depuis les années 1970, semble assez réticent à ce que les commandants accostent sans l'aide des remorqueurs et pousseurs. L'évolution du format de la Flotte, tout comme la mauvaise presse apportée par la moindre collision, peuvent expliquer, en partie, la situation.

C'est pourquoi chevilles ouvrières sont indispensables aux mouvements des unités navales dans les ports, à l'activité des engins de servitude portuaire, la sûreté des bases navales, voire à l'assistance dans l'organisation des exercices en mer. Ces quelques tâches fondent leur raison d'être dans nos bases navales. 

Leur noble mission n'est pas sans risques ni périls pour le bateau assisté ou le remorqueur lui-même qui peut disparaître entre deux changements de postes. Toutes les classes de bateaux et bâtiments de la Marine nationale voient leur tonnage tirer vers le haut, du porte-avions jusqu'à la plus petite unité logistique. 

Conséquences, les remorqueurs les plus anciens peinte à suivre cette évolution. La noria de RPC12 laissait place à deux nouvelles unités (classe Esterel) aux caractéristiques plus adaptées aux sorties du Charles de Gaulle dans le port de Toulon. L'illustration que nous choisissons permet de souligner qu'ils semblent tendre à l'obsolescence face aux grandes unités (PAN, FLOTLOG (30 à 40 000 tonnes ?), BPC, Monge...).

Le besoin, permanent, se divise en deux directions distinctes. Il y a les remorqueurs côtiers qui doivent pouvoir assurer les appareillages et accostages des plus grandes unités navales d'une part. Mais nous devons également compter sur les remorqueurs portuaires qui doivent être capables de manœuvres des navires déplaçant jusqu'à 20 000 tonnes puisque, n'oublions pas, les marines russes et américaine contiennent de tels "destroyers". 

Ce qui fausse un peu, beaucoup, cette agréable division du travail est que la Marine nationale demeure une marine de projection. La Flotte quittait sa concentration Méditerranéenne pour le Pacifique le temps des campagnes d'essais nucléaire. Les RPC doivent pouvoir, eux-aussi, être projetés ou bien, être idéalement répartis sur l'ensemble des façades maritimes. 

Les remorqueurs côtiers peuvent être appelés à remplir des missions dites de sauvegarde maritime (surveillance de la zone économique exclusive, police des pêches, assistance à navire en difficulté, etc). L'évolution de leurs caractéristiques vers l'assistance de grandes unités navales (jusqu'à 70 000 tonnes pour les Queen Elizabeth de la Royal Navy ?) ne peut qu'inviter à leur confier un rôle plus grand le soutien aux commerces en difficulté, dans l'Atlantique Nord et la Manche, mais pas seulement. 

Cette hypothétique évolution des missions offrirait l'agréable occasion de recentrer les RHM (Remorqueurs de Haute Mer) sur l'assistance aux produits du gigantisme naval qui posent de terribles difficultés et pourraient exiger des capacités de traction au point fixe de 4 à 500 tonnes.

 Enfin, nos remorqueurs côtiers peuvent également contribuer aux missions navales. Passons sur la contribution aux exercices, déjà citée plus haut, et qui permettrait, entre parenthèses, d'en libérer partiellement les BSAH. 

Ajoutons que l'intégration d'une grue serait un très grand plus pour ces tâches et élargirait le champ des possibles dans le soutien aux activités portuaires ou entre bases navales. Ce qui libérerait les B2M d'une partie de tâches pouvant être assurées à tonnage moindre. Ou encore, cela aiderait, peut être, les BSAH dans leurs missions de lutte contre les pollutions.

Aussi, s'ils possédaient une large et libre plage arrière, ils pourraient embarquer, par exemple, un système de lutte contre les mines conteneurisé. Le programme SLAMF ne laissera que quatre navires porteurs qui ne seront pas beaucoup pour les opérations, en particulier dans le Golfe Persique, et les très nombreuses missions de service public (en hausse dixit l'Amiral Rogel avec les travaux exploratoires pour les énergies marines). Nous pourrions trouver dans les futurs remorqueurs côtiers les nouveaux bâtiments-base de plongeurs démineurs.

Enfin, nous pourrions trouver dans le remorqueur côtier un patrouilleur côtier pour la sûreté des sites sensibles ou la surveillance des pêches, par exemple. Des missions ne nécessitant pas forcément un patrouilleur hauturier. Encore une fois, un système de drones aérien conteneurisé, des drones de surface, permettraient d'étendre l'influence de leur patrouille

Oui, le remplacement des RPC (Remorqueurs Portuaires et Côtiers) peut apporter des incidences très positives sur les autres classes de la poussière navale, notamment en déchargeant les unités les plus hauturières d'une partie de ses missions. C'est une capacité indispensable à la Flotte qui attendra difficilement une LPM de plus.

1 commentaire:

  1. Comme pour les RHM (cf. mon commentaire dans le sujet), je penses qu'il faut faire attention à ne pas avoir des remorqueurs trop multifonctions et à chaque fois se poser la question d'une acquisition patrimoniale ou non.
    pour les remorqueurs portuaires, une acquisition patrimoniale me semble tout à fait crédible pour des questions (entre autre) de sécurité des ports militaires.
    je suis moins affirmatif pour les remorqueurs côtiers surtout si on augmentent leurs capacités pour gérer seul ou à deux des navires allant jusqu'à 80.000 voir 100.000 tonnes.

    par contre, je suis contre leur intégration dans la mission de guerre des mines sauf pour le remplacement des bâtiments remorqueurs de sonars. il s'agit d'une mission purement militaire. un patrouilleur léger comme l'OCEAN EAGLE 43 MINE HUNTER serait plus adapté dans ce rôle de patrouilleur chasseur de mines et de surveillance des sites sensibles.

    plus on cherche un navire multimissions qui serait un "couteau suisse" flottant, plus il sera gros et couteux et moins on pourra en déployer. il faut parfois avoir des navires un peu plus spécialisés mais plus nombreuses.

    reste par contre que tout cela devra impérativement faire partie de la prochaine LPM car bon nombre d'unités sont réellement en bout de course et/ou obsolètes en termes de capacités.

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