23 août 2016

BS-411 Orenburg ou BS-64 Podmoskovye : quelle pêche en 2016 ?

© Inconnu.
Nous souhaitons revenir sur le passage remarqué d'un vaisseau noir de la VMF dans le Golfe de Gascogne. Le seul intérêt des quelques lignes suivantes est de pousser en avant une hypothèse à la hauteur du "bébé" et de ses capacités. Si c'est digne d'un roman de Michael Dimercurio, certes, c'est aussi un moyen d'attirer l'attention sur les "opérations spéciales sous-marines" et les bateaux affectés à ces tâches. 

Au mois de mars 2016, Vincent Jauvert (le Nouvel Obs) sort l'information : un sous-marin à propulsion nucléaire de nationalité russe se trouve ou se trouvait encore récemment dans le Golfe de Gascogne. Sa ou ses sources offrent un luxe de détails puisqu'il s'agirait d'un SNLE (Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins).

La qualité essentielle d'un SNLE est d'offrir une plateforme de lancement de vecteurs à têtes nucléaires suffisamment discrète pour ne pas être repérée. C'est pourquoi si cette condition est remplie, le pays détenteur peut affirmer posséder une capacité de deuxième frappe. Et dans l'intérêt de la discrétion de la plateforme, autant avoir des vecteurs à longue portée qui vous permettent de vous éloigner des concentrations des défenses adverses, en particulier ses côtes. 

C'est toute la problématique, par exemple, de l'INS Ahirant qui avec des missiles à 750 km de portée devrait, effectivement, se rapprocher très près de la France pour menacer Paris. Dans le cas de la Russie, personne ne doute qu'un SNLE de la VMF, même à son quai, puisse atteindre la France, voire les Antilles, la Réunion ou encore la Polynésie française. Une déclaration du président de la Fédération de Russie est suffisamment crédible en la matière.

Nous pouvons, dans la même idée, évacuer l'idée d'une manoeuvre de pure diplomatie navale. Le passage du détroit de Gibraltar par le SNLE Le Redoutable en 1973, en surface, permettait à la France de signifier à toutes les parties de la guerre du Kippour qu'elle allait positionner le SNLE de manière à ce qu'il couvre la région. 

Nous nous permettons de citer la déclaration particulièrement éclairante de Starshiy au journal Le Marin ci-dessous : "« Peu probable que ce soit le BS-64 (ex- Delta IV) qui n'a pas encore entamé ses essais après refonte, écrit au marin le webmaster de soumarsov.eu, un site internet spécialisé. S'il s'agit bien d'un ancien SNLE, ce ne peut être alors que le BS-411 Orenburg. C'est un ancien Delta III modifié pour l'emport de mini-sous-marins. Il a été utilisé à plusieurs reprises pour emporter des mini sous-marins destinés à la plongée à grande profondeur, notamment pour l'exploration des fonds de l'Arctique. Tout comme ces mini-sous-marins, il dépend organiquement de la 29e diviziya de sous-marins de flotte du Nord, unité qui dépend directement de la Direction de la plongée profonde (GUGI) du ministère de la Défense russe. »"

L'un des deux bateaux, finalement peu importe car leurs capacités sont sensiblement assez similaires, se portent à proximité des côtes françaises. Est-ce uniquement pour surveiller les abords de l'Ile Longue ? Le Marin utilise le conditionnel à ce sujet. Le Golfe de Gascogne est relativement grand. Notons qu'il peut être confortable de déployer un sous-marin de poche à proximité du goulet de Brest, en particulier s'il est conçu pour enregistrer des signatures acoustiques. 

Reste une hypothèse assez peu ou pas du tout explorée alors qu'elle sied à merveille aux capacités des BS-411 et BS-64. Au cours des années 2006 et 2010, la Marine nationale puis Thales perdent, à tour de rôle, le SLAMF du De Grasse et, pour faire bonne mesure, un des prototypes du CAPTAS équipant les frégates de classe Aquitaine. Les deux matériels sont déclarés irrécupérables (même pour l'IFREMER ?) et, de toutes les manières, bien trop endommagés à une telle profondeur pour présenter un quelconque intérêt. 

C'est pour ces deux "trucs" que nous nous permettons d'évaluer l'hypothèse d'une pêche russe dans le Golfe de Gascogne. Pouvoir récupérer deux générations de sonar actif à très basse fréquence d'une nation se targuant d'être à la pointe de la lutte anti-sous-marine, cela vaut bien quelques risques. La tâche peut être très ardue car comment situer un objet, finalement si peu encombrant, dans un volume d'eau, un espace aussi vaste sans sa localisation précise ? Gageons qu'il n'est pas impossible que les Russes puissent connaître le lieu de la perte présumée et que les deux bateaux pouvant avoir visité le Golfe de Gascogne cette année disposent d'équipements nombreux et variés pour rechercher des "trucs". 

2 commentaires:

  1. Peut-on aussi imaginer des actions contre les moyens de communications entre les deux continents européen et américains ?

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    1. Totalement.
      Voir l'opération Ivy Bells comme cas d'école de ce qu'il était possible de faire à l'époque. Regardez bien que les sous-marins affectés à ces tâches, en particulier russes, sont bien mieux équipés qu'à l'époque.

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