11 octobre 2016

Victoire posthume des Horizon 3 et 4

© Marine nationale.

     L'annexe Défense au Projet de Loi de Finances (PLF) 2017 contient le résultat du pari lancé depuis juin 2005 : quelle(s) économie(s) budgétaire(s) seront obtenue(s) avec la substitution des frégates Horizon n° 3 et 4 du programme Horizon par deux FREMM de Défense Aérienne (FREDA) ? Aucune.


Le programme Horizon, initié en 1992, bipartite puis tripartite, devait livrer 20 bâtiments (12 pour la Royal Navy, 4 pour la Marine nationale et 4 pour la Marina militare). Cible qui était réduite à 8 en raison du retrait de ce programme du Royaume-Uni qui restait engagé, par ailleurs, au sein du programme Principal Anti-Air Missile System (PAAM), demeuré tripartite.

Dans le cadre du programme Horizon, les Forbin (2010 – 2040 ?) et Chevalier Paul (2011 – 2041 ?) étaient commandés dans le cadre de la LPM 1997 – 2002 afin d'assurer la succession des Frégates Lance-Missiles (FLM) Suffren (1967 - 2001) et Duquesne (1970 - 2007). « La loi de programmation militaire 2003-2008 [prévoyait] d'anticiper la commande d'un troisième bâtiment [du programme Horizon] en 2007, pour une livraison en 2012. » La quatrième frégate aurait alors été commandée lors de la LPM suivante (2009 – 2014).

Le coût des deux Forbin (2010 – 2040 ?) et Chevalier Paul (2011 – 2041 ?) était évalué à 2600 millions d'euros (2004). Cette somme recouvrait les frais d'études des frégates et ceux du programme PAAMS. Somme qui correspond à 3081 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (septembre 2016).

Le coût de production unitaire de la troisième frégate du programme Horizon – c'est-à-dire hors coûts du PAAMS, des munitions, des frais d'études – était énoncé à 600 millions d'euros (2004), soit 711 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (septembre 2016).

Le coût de « la fabrication de deux systèmes PAAMS, de deux radars longue portée et de 120 Aster 30 [représentait] un coût global de 650,3 millions d'euros courants. » (2003) Soit 674 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (septembre 2004) ou 786 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (septembre 2016).

Par un calcul, certes simpliste, cela revenait à dire que la moitié de la somme précédente (337 millions d'euros (2004) ou 393 millions d'euros (2016) permet de connaître le coût de fabrication d'un PAAMS et des munitions associées. En l'ajoutant au ajoutée au coût de production unitaire de la troisième frégate du programme Horizon (711 millions d'euros (2016), il est possible d'évaluer le coût de la frégate Horizon n°3 équipée de son système d'arme et de ses munitions :
  • 937 millions d'euros (2004) ;
  • 1104 millions d'euros (2016).

L'abandon des Horizon 3 et 4 (novembre 2005) reposait la question de la succession des frégates F70 Anti-Aérienne (AA) Cassard (1985 – 2021 ?) et Jean Bart (1988 – 2022 ?) qui n'était virtuellement plus assurée. Ces deux bâtiments recevaient les ensembles RIM-24 Tartar, reçus des États-Unis en 1965, débarqués des escorteurs d'escadre Bouvet (1983) et Kersaint (1984) après leur désarmement. Le projet de modernisation des F70 AA avec intégration des éléments du Principal Anti Air Missile System (PAAMS) fut envisagé mais tant le coût que les faiblesses structurelles des frégates condamnaient pour l'EMM la pertinent de cette refonte à mi-vie.

Pour suppléer à l'abandon Horizon n°3 et 4, l'idée faisait son chemin entre 2005 et 2015 convertir une partie de la cible du programme FREMM en bâtiments spécialisés dans la défense aérienne : les FREDA (FREMM de Défense Aérienne). Le 29 mai 2015, le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, annonçait que « deux autres FREMM anti-sous-marines seront livrées. Ces dernières auront une capacité de défense anti-aérienne renforcée, par rapport aux premières FREMM. »

L'opération financière projetée depuis 2005 était de tirer parti du programme FREMM et des rationalités financières et économiques le sous-tendant afin d'obtenir deux bâtiments de défense aérienne de mêmes capacités que les Horizon n° 3 et 4 pour un coût unitaire moindre que les 937 millions d'euros (2004) de ces dernières.

En 2013, le coût des études pour la FREDA est évaluée à 160 millions d'euros par Patrick Boissier, PDG de DCNS, soit 162 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (septembre 2016).

En 2016, l'enveloppe des crédits d'autorisation d'engagement alloués à la « FREMM-FREDA » se chiffrait à 2017,77 millions d'euros (annexe Défense du PLF 2017, p. 430). La dépense moyenne en crédits de paiement s'élèvera à 1148,63 millions d'euros entre 2016 et 2019, auxquels s'ajouteront 869,14 millions d'euros pour les années postérieures à 2019.

Il en résulte qu'en l'état actuel des données financières qu'une FREDA devrait exiger la dépense de 1008,88 millions d'euros, au « total ». Cette somme est à comparer à deux autres :

  • aux 3081 millions d'euros (données corrigées de l'inflation (septembre 2016) dépensées au profit des frégates Forbin (2010 – 2040 ?) et Chevalier Paul (2011 – 2041 ?), frais d'études des frégates et du programme PAAMS compris, soit 1540 millions d'euros par frégate ;

  • au coût de la frégate Horizon n°3 « nue », soit 1104 millions d'euros (2016).

La différence entre ces deux dernières sommes peut se comprendre comme étant la part des dépenses dédiées aux études du PAAMS, à la fabrication de ses éléments sans oublier les dépenses afférentes aux munitions, soit 436 millions d'euros par frégates. Dans la logique du projet FREDA, c'est-à-dire de dédier deux FREMM à la défense aérienne avec les mêmes capacités que les Horizon n°3 et 4, cela reviendrait à dire que les coûts du PAAMS devraient se répartir, aussi, sur les FREDA n°1 et 2 : soit 1880,88 millions d'euros la FREDA ?

L'annonce ministérielle du 29 mai 2015 infirmait le projet FREDA au profit des FREMM à la « capacité de défense anti-aérienne renforcée ». Le coût unitaire des Horizon aurait pu diminuer, malgré le nombre trop important d'années – 10 – nécessaire à la mise sur cale des quatre frégates initialement projetées, en raison de l'effet de série et d'une meilleure répartition des frais d'études sur un plus grand nombre d'unités. L'abandon des FREDA amène à questionner en quoi les frais d'études et de développement du PAAMS profitent aux FREMM. Et quelles sont les dépenses spécifiques exigées au profit de l'accroissement des capacités de défense aérienne, outre les 162 millions d'euros (2016) évoqués en 2013.

En outre, les caractéristiques nautiques et opérationnelles entre Forbin et Aquitaine ne sont pas les mêmes. Les FREMM n°7 et 8 ne pourront pas suivre le Charles de Gaulle (2001 - 2038) lors des opérations de catapultages car quand il évolue à 27 nœuds, la frégate de défense aérienne doit pouvoir marcher à 29 nœuds. D'où la propulsion plus puissante des Forbin (deux turbines à gaz contre une seule sur les Aquitaine), leur autonomie accrue (7000 nautiques à 18 nœuds contre 6000 à 15 nœuds) sans oublier un système de lancement vertical plus étoffée : 48 silos (réserves pour deux lanceurs octuples supplémentaires) contre 32 pour les Aquitaine.


4 commentaires:

  1. Et quels conclusions nos chers responsables en tirent t'ils ? Aucune vu que les responsables sont parti ou la retraite ou changé de poste en une décennie...

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  2. Vous oubliez de dire que les FREMM ont un excellent sonar remorqué Captas 4 alors que les Horizon ont juste un sonar de coque

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  3. Les frégates Horizon n'ont pas seulement un sonar de coque mais également une flûte et peuvent embarquer un NH90 NFH avec kit ASM. Mer et Marine avait pu cueillir les premiers RETEX sur les capacités ASM des Forbin et Chevalier Paul :

    http://www.meretmarine.com/fr/content/les-surprenantes-capacites-anti-sous-marines-des-fregates-horizon

    Et je ne serai pas étonné qu'il soit tout à fait possible d'intégrer un CAPTAS 4 sur les Horizon, surtout vu le faible encombre de ce matériel par rapport à son devancier et aussi eu égard à son évolution programmée sur FTI dans des dimensions encore plus petites.

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  4. Pas de radar SeaFire pour les Forbin.
    https://www.meretmarine.com/fr/defense/renovation-des-fregates-de-defense-aerienne-l-option-du-radar-sea-fire-ecartee

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