21 janvier 2017

Le Grand Dessein de Manuel Valls


© @manuelvalls. "A bord du Téméraire, sous-marin nucléaire en patrouille au large de Brest. Bravo à la ! MV". Le 29 avril 2015.
Manuel Valls, ancien Premier ministre (31 mars 2014 - 6 décembre 2016), est candidat à la primaire du parti politique "Parti Socialiste". Sans esprit partisan, il nous semble opportun de discuter de ses propositions, tout comme nous pourrions le faire d'un autre candidat de cette primaire ou d'une autre, ou de tout candidat déclaré à l'élection présidentielle.

Le site internet dédié à la campagne de Manuel Valls est bien référencé, d'une ergonomie assez épurée. Il est très aisé de trouver son projet ("Mon projet pour la France") et le consulter autant par vignettes présentant une proposition ou bien par un livret entier.

Le volet géopolitique porté par le candidat est à la fois original et ambitieux dans la mesure où il propose une refondation européenne ("Pour une Europe souveraine", p. 13) dans l'optique de nouer un lien stratégique avec le continent africain, l'Eurafrique ("L’Afrique : une nouvelle frontière pour la France et pour l’Europe", p. 16), via une alliance franco-allemande relancée. Le projet est porté grâce à une "Une France qui pèse dans le monde, c’est une France qui porte au plus haut son indépendance nationale." (p. 15)

"Pour une Europe souveraine" face à deux menaces identifiées que sont la crise migratoire et le "terrorisme". "L’Europe doit assumer un projet clair qui ait pour unique boussole la protection des Européens à l’heure de la mondialisation. Face aux menaces extérieures, face aux inquiétudes d’un monde sans foi ni loi, ils veulent une Europe qui les protège, une Europe qui affirme ses valeurs et défende ses intérêts. Je veux une Europe-bouclier qui protège les citoyens et non une Europe passoire qui les expose." (p. 12) Toutes les politiques sectorielles sont passées en revue, depuis la refonte des institutions européennes jusqu'à l' "Europe sociale" sans oublier la maîtrise des frontières européennes et une nouvelle coordination entre les administrations européennes en matière de sécurité.

"L’Afrique : une nouvelle frontière pour la France et pour l’Europe" bénéficierait de cette refondation de la construction européenne. Ce serait, d'une certaine manière, acter que le monde pourrait entrer en démondialisation ou, tout du moins, s'organiser entre grandes sphères géopolitiques entre le néo-isolationnisme trumpien et les efforts de structuration de l'espace régional chinois via les nouvelles routes de la soie. "D’ici 2050, la population africaine va doubler, passant de 1,2 milliard aujourd’hui à 2,5 milliards. Au milieu du siècle, un quart de la population mondiale sera africaine. C’est pour la France et pour l’Europe tout autant un défi – celui des migrations, celui du développement – qu’une formidable opportunité, compte tenu de l’immensité des besoins du continent. Ainsi, l’avenir de la langue française est en Afrique." Est-ce à dire que la France aurait l'occasion d'aborder un nouveau moment aussi important que les effets désastreux de la guerre de sept ans (29 août 1756 - 1763). "Je proposerai à l’Union européenne dès le sommet Afrique/Europe de l’automne 2017 un grand dessein euro-africain". (p. 16)

"Une France qui pèse dans le monde, c’est une France qui porte au plus haut son indépendance nationale." Le Premier ministre défend son bilan, notamment le volet diplomatique de celui-ci bien que la France ne puisse pas s'enorgueillir de compter parmi les acteurs de la crise syrienne ou de tirer tous les dividendes de ses positions pendant la crise iranienne. Son propos est plus intéressant sur son appréciation des grands espaces géopolitiques entre le "choc  de  leadership entre les États-Unis de  Donald Trump et la Chine de XI Jinping" ou encore "les  turbulences du  monde arabo-musulman,  les rivalités séculaires qui se réveillent au sein de l’islam entre le monde sunnite et le chiisme, les ambitions régionales – celles de la Turquie, de l’Arabie saoudite, de l’Iran – sont lourdes de risques pour la stabilité de l’espace euro-méditerranéen." (p. 16) Manuel Valls se place finalement dans une posture assez gaullienne entre la défense d'une diplomatie où il faut parler à tout le monde - à rebours d'une partie de son bilan - et la relance de l'axe Paris-Berlin. 

Les mesures prises ou bien les grandes décisions structurantes à prendre pour mener cette stratégie politique ne sont pas vraiment détaillées. S'il y a quelques décisions claires qui sont lancées à l'endroit du renforcement des administration concourant à la souveraineté sur le plan interne, la Défense nationale bénéficie dans l'absolu de l'objectif affiché de porter l'effort budgétaire à 2% d'ici à 2025 et relativement d'une partie du service civique obligatoire.


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