17 janvier 2017

Le triangle militaire de François de Rugy

© AFP/ JOEL SAGET.
François de Rugy est candidat à la primaire du parti politique "Parti Socialiste". Sans esprit partisan, il nous semble opportun de discuter de ses propositions, tout comme nous pourrions le faire d'un autre candidat de cette primaire ou d'une autre, ou de tout candidat déclaré à l'élection présidentielle.
Contrairement à d'autres prétendants à l'élection présidentielle ou l'une de ses anti-chambres, le site internet du candidat est d'une ergonomie relativement agréable. C'est plutôt les thématiques retenues pour présenter schématiquement "Le Projet" du candidat qui peuvent sembler hermétique pour qui recherche des orientations précises tant pour la politique étrangère que pour la Défense nationale.

Le cadre diplomatique porté par François de Rugy s'inscrit dans une volonté de relance de la construction européenne avec un important volet consacré aux affaires politico-militaires. Le pivot souhaité pour le continent européen est une nouvelle alliance franco-allemande. Il y aurait manière à se demander comment il serait possible de rééquilibrer l'Allemagne et retrouver une place utile à la France. Le candidat propose de reprendre une place crédible en Europe en sortant du serpent de mer de la renégociation des traités. Et il assure vouloir respecter les objectifs qu'ils nous assignent, notamment financiers.

Il est à remarquer que l' "Europe de la Défense" n'est pas mise en avant. Le propos a trait plutôt à la "sécurité du continent européen". Deux facteurs de déstabilisation sont mis en avant : "l'expansionnisme agressif de la Russie de Poutine est de plus en plus palpable et que l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis annonce une nouvelle alliance avec la Russie et un désengagement américain de la sécurité Européenne."

Face à cela, le candidat ne propose rien de moins que d'acter une éventuelle disparition de l'OTAN subie (ou provoquée ?). Une "alliance militaire européenne" a vocation à prendre le relais sur proposition de la France, en particulier en direction de l'Allemagne et de la Pologne, c'est-à-dire la citation implicite du Triangle de Weimar. Il y aurait donc matière à dépasser les actuelles orientations diplomatiques polonaises tout en prétendant à ce que la partie française puisse jouer un rôle dans la Mitteleuropa de la Défense : Si Berlin entraîne ses partenaires limitrophes, la réciproque n'est pas vraie pour la France, notamment avec l'Espagne et l'Italie.
Quelle attractivité pour la Défense nationale ? Une des deux composantes de la dissuasion serait abandonnée, sans que ne soit précisée laquelle des deux - ce qui est, par bien des aspects, assez original comme positionnement. La composante survivante apportera à "cette nouvelle alliance européenne la dissuasion nucléaire". Pour un candidat écologiste, il est particulièrement étonnant que l'atome militaire tricolore puisse constituer un fondement d'une nouvelle architecture de sécurité européenne.

Remarquons que l'Allemagne, à tout hasard, s'est efforcée depuis bien des décennies de niveler par le bas l'avantage comparatif détenu par la France en matière de nucléaire militaire afin de retrouver une égalité des droits. Seule un abaissement virtuel, partiel ou total du bénéfice de la dissuasion américaine peut amener l'Allemagne à reconsidérer le capital nucléaire français.
Autre chose, il y a matière à s'interroger entre ces prises de positions sur l'atome nucléaire (sans la moindre notion apparente d'une référence au désarmement nucléaire) vis-à-vis de la volonté affichée de sortir du nucléaire dans le domaine civil. Est-ce compatible avec le soutien à la propulsion nucléaire navale, à la production et l'entretien de têtes nucléaires ? Il y aurait quelques explications à donner dans l'articulation des deux volontés. 

Afin de transposer ces choix de stratégie politique et de diplomatie, l' "outil de Défense" se recomposerait autour d'une "stratégie de défense" transposée dans une nouvelle loi de programmation militaire autour de deux axes : la protection du territoire national (lequel : les territoires français d'Europe ? L'Archipel France ?) et les capacités d'intervention extérieure. Aucune hausse budgétaire n'est proposée ou refusée. La suppression de l'une des deux composantes des forces stratégiques devrait abonder le soutien aux forces conventionnelles selon le candidat.
Mais il est particulièrement étonnant que le candidat écologiste ne se positionne pas vis-à-vis des défis contenus dans l'Archipel France depuis l'intérêt écologique des millions de km² sous juridiction française (les aires marines protégées, par exemple) ou leur apport à la défense de la biodiversité. La Marine nationale aurait, dans cette perspective, un rôle tout trouvé.

In fine, cette articulation, non pas en deux, mais bien en trois points n'est pas originale depuis, sans trop exagérer, le Livre blanc de 1972. Toutefois, cette sorte d'actualisation a le mérite d'une certaine cohérence. 

1 commentaire:

  1. Ça fait quand même très brouillon tout ça... Et je doute sincèrement que cet homme maintienne les forces conventionnelles, alors les augmentées...

    Par contre je suis d'accord sur une chose : l'arme atomique française est la clé de "l'Europe de La Défense" t'elle qu'imaginée pour remplacer l'OTAN.
    Mais avant d'en arriver là il y a quelques étapes à mettre en place... commençons par avoir des uniformes en commun, puis un réseau radar européen intégré et +\- centralisé, etc...

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