10 novembre 2019

Voennomorski sili na Republika Bǎlgariya : difficile renouvellement des bâtiments de lutte contre les mines de la marine bulgare

© Wikipédia. Chasseur de mines Tsiba (2004).
© Wikipédia. Chasseur de mines Tsiba (2004).

     Le renouvellement des Forces Navales de la République de Bulgarie (FNRB ou Voennomorski sili na Republika Bǎlgariya) procède de plusieurs documents stratégiques aux objectifs cohérents. Les capacités de guerre des mines de la flotte bulgare ne bénéficieraient, au mieux, que d'une modernisation par l'acquisition de bâtiments de seconde main. Le renouvellement interviendrait au cours des années 2020.

 

     La République de Bulgarie adhérait à l'Alliance atlantique le 29 mars 2004 et s'y adaptait la même année par le Plan pour la constitution et la modernisation organisationnelle des forces armées dont l'achèvement était prévu en 2015. Plan actualisé en 2008. Symétriquement, les dépenses militaires bulgares rapportées au Produit Intérieur Brut (PIB) chutaient de 2,86% (2000) à 1,41% (2010). Le Parlement bulgare adoptait, le 28 octobre 2010, Le Livre blanc sur la Défense et les forces armées de la République de Bulgarie dont les objectifs devaient être atteint en 2014. Les ambitions de ce livre blanc se traduisaient dans deux documents l'actualisant :

 

Vision : la Bulgarie à l'OTAN et dans la Défense européenne 2020, avalisé opportunément par le conseil des ministres de la République de Bulgarie en prélude au sommet de l'OTAN de Newport (4 - 5 septembre 2014) au pays de Galles. Les dépenses militaires atteignaient 1,5% en 2015 et devaient augmenter de 0,1% par an jusqu'à atteindre 2% en 2020, soit l'objectif défini au même sommet pour tous les alliés.

 

Programme pour le développement des capacités de Défense des forces bulgares 2020, approuvé par le conseil des ministres de la République de Bulgarie le 30 septembre 2015, adopté par l'Assemblée nationale bulgare le 1er décembre 2015, comportait le Plan pour le développement des forces armées de la République de Bulgarie 2020 en son paragraphe 9.2.

 

Le budget militaire bulgare s'établissait à environ 887,23 millions d'euros en 2018 (soit 1,6% du PIB) et 979,22 millions d'euros en 2019. Le livre blanc réorganisait les Forces Navales de la République de Bulgarie entre 2010 et 2014 afin d'en simplifier et centraliser les structures de commandement et prévoyait la modernisation des bâtiments existants. La « vision » adoptée au prélude au sommet de l'OTAN (2014) ambitionnait de moderniser les trois frégates acquises auprès de la Belgique (classe Wielingen (ou type E-71) et la constitution d'un centre de base de données de la guerre des mines afin de pouvoir échanger avec les alliés. Le Plan pour le développement des forces armées de la République de Bulgarie 2020 complète ces objectifs en visant d'améliorer les capacités navales de guerre des mines par l'acquisition de nouveaux « mouilleurs de mines ».

 

     La flotte bulgare se répartie entre deux stations navales - Varna, au nord, et Atiya, au sud – organiquement rattachées au commandement de la base navale les supervisant toutes les deux. Les capacités navales de lutte contre les mines contribuent à garantir la sécurité de la navigation dans l'espace maritime bulgare en temps de paix et de pouvoir mener à bien ces missions en temps de guerre par la seule marine bulgare ou en coopération avec les alliés de l'OTAN et de l'Union européenne. Les moyens navals de lutte contre les mines se répartissent comme suit :

 

La 3ème division de lutte contre les mines (Varna) composée de sept bâtiments. Le plus récent est le chasseur de mines Tsibar (2004) acquis auprès de la Composante Marine (Belgique) où il servait sous le nom de Myosotis (1989 – 2004). Plus les dragueurs de mines côtiers Iskar, Dobrotich, Lieutenant-capitaine E. Kirill Minkov, Balik, Lieutenant-capitaine Evtati Vinarov et Capitaine de 1er rang Dimitar Paskalev issus du projet 12592 soviétique (Malakhit-2 en code OTAN) qui sont admis au service actif entre 1984 et 1991.

 

La 6ème division de lutte contre les mines (Atiya) est forte de sept bâtiments que sont les trois dragueurs de mines Briz (1981), Shkval (1983), Priboĭ (1983) du projet 1265E soviétique (Yakhont en code OTAN) et les dragueurs de mines côtiers du projet 1258, soit les 65 et 66 entrés en service en 1976 et du projet 1258E, soit les 67 et 68 admis au service actif en 1976 et 2009.  Les unités des projets 1258 et 1258E sont réputées comme ayant été désarmés.

 

Le conseil des ministres de la République de Bulgarie approuvait le 6 novembre un achat de deux autres chasseurs de mines du type Tripatite – le même type que le chasseur de mines Tsibar (2004) – auprès du Royaume des Pays-Bas pour la somme de 1,99 millions d'euros. L'Assemblée nationale bulgare doit encore approuvée cette acquisition.

 

40 chasseurs de mines du programme tripartites furent construits dont dix demeurent au service en France et six dans la Composante Marine plus 6 autres dans la Koninklijke Marine (marine royale (des Pays-Bas). S'il était viable pour la marine bulgare d'achater des chasseurs de mines de deuxième main issus de ce programme alors pourraient être disponibles pour un rachat deux bâtiments récemment désarmés en France et deux autres désarmés aux Pays-Bas (les deux autres font l'objet d'une procédure d'acquisition).

 

Néanmoins, les bâtiments de lutte contre les mines ont un âge moyen de 32,9 ans – en ne tenant pas comptes des bâtiments des projets 1258/1258E –, l'unité la plus récentre a 28 ans. L'achat de deux chasseurs de mines tripartites supplémentaires ne rajeunira pas la composante de guerre des mines bulgares mais permettra de la moderniser grâce aux équipements

 

     Les perspectives navales de la marine bulgare ne paraissent pas devoir s'améliorer avant la prochaine décennie malgré le regain d'intérêt politico-stratégique pour les capacités navales en Bulgarie et en Roumanie en raison du coup de force russe en Ukraine et le rattachement de la Crimée. L'important programme d'acquisition en 2019 de huit F-16V Block 70 Viper au profit de l'armée de l'air pour la somme de 1452,04 millions d'euros oblige à retarder la construction de deux patrouilleurs hauturiers (429,71 millions d'euros) et le projet d'acquérir deux corvettes (400 millions d'euros) qui semblent repoussés à l'année prochaine, au mieux, car le budget militaire bulgare (environ 900 millions d'euros dont une part réservée à l'achat de matériels à hauteur de 15 à 20%) ne peut mener plusieurs opérations majeures simultanées. Dans cette perspective, l'achat de bâtiments de guerre des mines sur le marché de l'occasion semble être la meilleure hypothèse afin d'entretenir les capacités opérationnelles avant le lancement d'un programme vers le milieu des années 2020.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire