01 janvier 2020

« World Naval Review 2020 » de Conrad Waters (ed.)


La maison d'édition britannique Seaforth publiait le 11 novembre 2019 World Naval Review 2020 (192 pages) dont la direction est une fois encore assumée par Conrad Waters (juriste de formation, comme un certain Sir Julian Strafford Corbett). Un vaisseau noir a l'honneur de la couverture, une première depuis 2011 qui arborait le HMS Astute (2010) et ce n'est que la deuxième fois que cela se produit depuis la première publication en 2009. L'un des spécialistes mondiaux de ces bâtiments, Norman Friedman, commet même deux papiers au sujet des sous-marins. L'ouvrage demeure un outil abordable, simple et efficace pour saisir les enjeux des rapports de force entre les flottes militaires de chaque région mondiale.

Le lecteur retrouve sans surprise la même organisation de l'ouvrage respectée année après année. Une brève introduction dessine les lignes de force de l'année écoulée et les enjeux de celle à venir (Section 1: Overview, pp. 6-11). Outre ce propos, deux tableaux confrontent pour le premier les dépenses militaires des premières puissances et l'ordre de bataille des flottes associées, catégorie par catégorie. L'exercice limite la perception à une étude statistique qui n'est pas représentative du cœur d'un outil militaire que sont les compétences acquises par les entraînements à la mer. Il n'en demeure pas moins que cette première approche demeure être le premier rapport de forces entre puissances.
 
Le propos enchaîne avec le cœur du livre qui est un tour d'horizon des principales flottes militaires de l'hydrosphère (Section 2: World Fleet Reviews, pp. 12 - 103). Les marines sont rangées dans les principales régions et une monographie de l'évolution annuelle de la stratégie génétique des forces navales est proposée pour chacune d'elle. La marine s'étant démarqué de ses consœurs bénéfice d'un propos plus développé. Il est remarquable au fil de ces pages que le possesseur de l'ouvrage puisse trouver des tableaux présentant non seulement l'inventaire des principales unités de la marine mais aussi d'un tableau synthétisant l'inventaire des flottes de chaque région.
 
La Section 3: Significant Ships (pp. 104 - 155) propose trois monographies : la première est relative aux corvettes de la classe Kamorta et est rédigée de la main de Mrityunjoy Mazumdar. La deuxième monographie, proposée par Conrad Waters, a trait aux pétrolier-ravitailleurs de la gamme commerciale AEGIR des classes Tide (Royal Fleet Auxiliary) et Maud (Marine royale norvégienne). Un papier dont il se devine qu'il est versé au débat touchant la Shipbulding strategy alors que sera bientôt relancé l'appel d'offres pour le programme Fleet Solid Support. Norman Friedman propose enfin au lecteur de (re)visiter l'ensemble du programme Virginia.
 
La  Section 4: Technological Reviews (pp. 156 - 191) ne résiste pas au plaisir de consacrer un de ses trois sujets à l'aviation navale mondiale dont la plume est logiquement confiée à David Hobbs, dont l'ensemble de son œuvre témoigne d'un intérêt soutenu pour le sujet. Mais le plus remarquable réside dans le fait que les deux autres sujets sont consacrés aux sous-marins.
 
Norman Friedman propose son deuxième papier, « Futur Submarine Technology: Some Considerations » (pp. 174 - 183) qui ne manquera pas d'intéresser ceux préparant, déjà !, la succession des actuels sous-marins. Le SMX-31 (Naval group) a retenu l'intérêt de l'auteur américain qui utilise deux illustrations (maquette du sous-marin et infographie de H. I. Sutton) : de l'influence, de la pertinence de cet exercice ainsi salué, une fois encore.
 
Richard Scott brosse dans « PROSUB: Building Brazil's Future Submarine Capability » (pp. 184 - 191) les origines et l'état du programme. Papier très utile à l'aube de la matérialisation des ambitions d'autres acteurs (République de Corée et République Démocratique et Populaire de Corée, République Islamique d'Iran, Commonwealth d'Australie, Argentine) puisqu'il fait l'effort de lister toutes les infrastructures exigées par la propulsion navale nucléaire. Il peut être regretté que la servitude juridique ne soit pas détaillée car elle est indispensable à la compréhension des cas australien et coréen (Séoul).

Une couverture dédiée à un vaisseau noir, trois monographies sur six (sections 3 et 4) dédiées à ces bateaux, sans compter l'actualité des différents programmes dans le tour des flottes (section 2). Les sous-marins sont plus que jamais à l'honneur pour cette année.

2 commentaires:

  1. Meilleurs Voeux pour 2020 Mr le Marquis !
    Acceptons l'Augure de ce superbe ouvrage :
    D'un côté l’extension des A2DA qui pour les Thinktank US repositionne les GAN très loin en haute mer et de l'autre la floraison de Tsirkon, Kinzahl, Oniks, et autres DF-21D ou DF-26, qui vont amener à déduire une fraction toujours plus importante pour la protection.
    Tout cela passe bien au-dessus des coques noires qui vont pouvoir capitaliser sur les drones sous-marins, dont les prochains modèles US pourraient emporter jusqu’à 16 missiles, et sur les communications en réseau déportées, qui vont par là même leur permettre de se protéger de ce qui représentait leur tendon d’Achille : devoir se dévoiler pour frapper.
    Remarquons que les coques noires avaient déjà coulé, sans faire de bruit, sur cales, les CVA 58 United States et PA Verdun avec leurs velléités de mission stratégique, puis eu la peau de l’Arsenal Ship de John Metcalf III en étant le type de coque incarnant in fine le concept de Frappeur de René Loire.
    Pour le futur, si le SMX-31 était un superbe concept qui révolutionne l’architecture d'un sous-marin, on peut se demander si le SMX-22 qui dépeignait, à Euronaval 2004, un soum mothership encadré de deux baby-soum ne représenterait pas un futur plus immédiatement atteignable en permettant de démultiplier la capacité de frappes de nos futurs Suffren ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher BPCs,

      Merci pour vos vœux ! Recevez également les miens pour cette nouvelle année 2020 qui, je l'espère, sera riche de tout ce qui ne s'achète pas.

      À remarquer que l'emploi des sous-marins dans un théâtre suppose un minimum la maîtrise de la troisième dimension tant pour l'employer que pour ne pas être abondamment chassé par un acteur en détenant les moyens. La question des groupes aéronavals s'étudie, aussi, à cette aune. Et les sous-marins ne sont toujours pas en mesure de s'éclairer seuls. Il s'agira de distinguer le guidage de torpilles à longue portée d'une investigation à large échelle du théâtre par moyens de reconnaissance.

      Le SMX-22 demeure toujours pertinent, en particulier pour les années à venir. En cas de réussite des XLUUV, ce qui est probable, ces engins devraient dépasser les capacités actuelles de mise en œuvre depuis un sous-marins, sauf à imaginer les solutions présentées dans le SMX-22. Et paradoxalement ces drones devraient pousser à remettre à l'étude des sous-marins de poche plus imposants que les actuels SDV dans cette optique.

      Bien navicalement,

      Supprimer