La
série Detailed in the original builders' plans publiée aux
éditions Seaforth Publishing bénéficie de sa neuvième publication grâce au
travail d'Aidan Dodson. Et il s'agit du premier de ces ouvrages s'intéressant à
un bâtiment de facture étrangère, en l'espèce la deuxième classe de Dreadnought
allemands. German Battleship Helgoland: detailed in the original builders' plans
(Londres, Seaforth Publishing, 2019, 144 pages) ravira tous les passionnés
d'architecture navale, en particulier les maquettistes en mal de projets.
Aidan Dodson est
chercheur au Département d'archéologie et d'anthropologie de l'Université de
Bristol. Dans son domaine d'études principal, il est
l'auteur de dix-sept livres et de plus de 300 articles et revues. Sur une approche complètement différente, il travaille également sur
l'histoire navale entre le milieu du XIXe siècle et aujourd'hui. Il est, notamment,
l'auteur The Kaiser's Battlefleet: German Capital Ships 1871–1918 (Londres, Seaforth Publishing, 2015, 208 pages) et de Before the Battlecruiser: The Big
Cruiser in the World's Navies 1865-1910
(Londres, Seaforth Publishing, 2018, 288 pages). Il a achevé une étude quant au
sort des anciens bâtiments de guerre ennemis après les deux guerres mondiales
qui est sous presse, ainsi qu'une au sujet des croiseurs allemands du IIe Reich
qui est en préparation.
L'ouvrage
de 144 pages se divise entre une introduction (pp. 6 - 20) et l'ensemble des
plans qui s'étalent sur pas moins de six parties, toutes spécialisées sur une
partie des bâtiments. Une bibliographie et une liste des plans présentés
achèvent l'ouvrage. La grande valeur ajoutée de cette série d'ouvrages est
qu'il s'agit des plans originaux des chantiers navals qui ont bénéficié d'une
numérisation de grande qualité. Et la petite histoire rejoint la grande car ces
plans, présentés dans cet ouvrage, sont issus de ceux obtenus par la commission
navale inter-alliés et ont donc été stockés, in fine, au musée naval de
Greenwich. Est-ce à dire qu'un jeu de plans existerait en France ?
L'introduction
est riche et n'a pas à rougir face à celles composées pour des monographies
navales. Elle permet de positionner la classe Helgoland (SMS Helgoland
(1911 - 1921), SMS Ostfriesland (1911 - 1921), SMS Thüringen
(1911 - 1921) et SMS Oldenburg (1912 - 1921) dans la construction
de la Kaiserliche depuis la mise sur cale des cuirassés de la classe Brandenburg,
première série de cuirassés modernes allemands. Il est remarquable d'apprendre
que les Helgoland furent 20% plus coûteux que leurs prédécesseurs de la
classe Nassau, eux-mêmes 20% plus onéreux que la classe Deutschland.
Les
Helgoland (4) constituent un allongement (146,1 à 167,2 mètres) et un
alourdissement (21 000 à 25 000 tonnes) de la classe Nassau (2) afin de
pouvoir porter l'artillerie principale de 12 pièces de 280 mm en six tourelles
doubles en 12 pièces de 305 mm en autant de tourelles doubles. La puissance
propulsive était, par voie de conséquence, augmentée de 22 000 à 28 000 CV afin
que les cuirassés puissent continuer à soutenir 20,5 nœuds.
À
titre de comparaison, les cuirassés françaises de la classe Bretagne (3)
directement comparables (25 000 tonnes à pleine charge dans les deux cas) aux Helgoland
(4) furent mis sur cale (1912 - 1916) quatre années plus tard que leurs
devanciers allemands (1908 - 1912). Les premiers ne furent supérieurs aux
deuxièmes que par l'adoption du 340 mm en dix pièces contre 12 de 305 aux
rivaux allemands. Mais dans le détail, les bateaux allemands paraissaient mieux
réussis car mieux protégés vis-à-vis de ceux qu'ils avaient à affronter.
Et
l'ouvrage ne le mentionne car ce n'est pas son sujet que la carrière opérationnel
de ces cuirassés mais la troisième unité de la classe, le SMS Thüringen, fut transféré en France en avril 1920 aux
titres des dommages de guerre. Il a terminé sa vie comme cible au large du
polygone de Gavres où il fut couler en août 1921.
La
totalité des avant-projets étudiés est présentée par Aidan Dodson (p. 7). Le
lecteur y retrouvera le détail des dispositions envisagées pour l'artillerie
principale, forte de dix à douze pièces selon les avant-projets. Les Allemands
envisagèrent, notamment, une curieuse configuration avec deux tourelles
disposées côte-à-côte à l'avant. Une disposition classiquement étudiée, voire
retenue au milieu du bâtiment. Mais, et c'est tout aussi curieux, aucune des
solutions envisagées ne considérait une disposition de l'artillerie principale
entièrement en ligne. Pourtant seule configuration où les pièces peuvent être
battantes d'un bord à l'autre.
Les
pages du livre sont donc remplies dans leur immense majorité par le détail des
plans de ces cuirassés dont une double page (pp. 38 - 39) contenant le profil
complet d'un cuirassé classe Helgoland au 1:100. Les maquettistes et passionnés
d'architecture navale seront certainement ravis de pouvoir explorer à foison
ces bâtiments, voire à se lancer dans quelques projets. À noter la disposition
de tubes lance-torpilles axiales, au droit du premier écubier à l'avant et sous
la proue.
Aidan Dodson, German
Battleship Helgoland: detailed in the original builders' plans,
Londres, Seaforth Publishing, 2019, 144 pages.
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