02 juin 2020

« Acorazados de la Segunda Guerra Mundial: Un estudio técnico (1921-1945) » de Manuel Pedro González López

     Manuel Pedro González López (Acorazados de la Segunda Guerra Mundial: Un estudio técnico (1921-1945), Saragosse, HRM ediciones, 2020, 392 pages), publie son premier livre, offre une étude technique des croiseurs de bataille et cuirassés rapides conçus après 1921 et jusqu'en 1945 grâce à cette œuvre à visée pédagogique pour qui s'intéresse à la question. C'est un bel outil qui pourrait servir même les lecteurs les plus éclairés car il concentre des richesses de précisions, permettant de « travailler » rapidement plutôt qu'à se procurer ou à manipuler plusieurs monographies spécialisées. L'auteur nous offre un entretien à paraître demain pour mieux pour présenter l'ouvrage et ses choix.

     Manuel Pedro González López est né à Madrid en 1962 de parents galiciens. Diplômé en chimie de l'université de Murcia et après une carrière de vingt ans dans l'industrie, il est depuis consultant informatique et participe à ce titre à des projets en Espagne mais aussi à l'étranger. Il travaille actuellement au profit d'une des principales entreprises espagnoles, en lien avec le SCAF.

Faute de pouvoir rejoindre l'Armada Española, il témoignait d'un intérêt plusieurs fois renouvelé pour l'Histoire navale et y vouait de nombreuses recherches. Il en matérialisait le fruit par des articles et des dessins dont certains remontent jusqu'à 1997 et qui ont été plusieurs fois retravaillés depuis, notamment sur des forums spécialisés.

     Le propos débute par une introduction puis une chronologie contenant un tableau par lequel sont recensés tous les croiseurs de bataille et cuirassés rapides concernés par l'étude et pour lesquels est dressé l'ordre chronologique des principales opérations des programmes (commande, construction, service).

22 courts chapitres constituent le cœur même de l'ouvrage et s'organisent véritablement en trois parties :

Les chapitres 1 à 4 traitent spécifiquement de la question du cuirassé dans les Relations internationales et donc, ici, entre les grandes puissances depuis la place de l'ouverture des négociations quant au futur traité naval de Washington (12 novembre 1921 - 6 février 1922 ) jusqu'au cheminement conduisant à la guerre car le cuirassé est alors, et comme le rappelle adroitement l'auteur, le système d'armes plus puissant et complexe jamais conçu par l'homme jusqu'à la détonation de la première bombe atomique (Trinity, 16 juillet 1945).

Entre parenthèses : l'auteur aborde tous les projets « gigantesques » caressés aux États-Unis, dans l'Empire Britannique ou dans l'Empire du Soleil Levant de bâtiment de lignes portant du 406, 457 mm mais pas celui qui aurait couvé en France d'un cuirassé de 40 000 tonnes portant des canons de 450 mm modèle 1920 A de 45 calibres, faute que les recherches aient suffisamment abouties en France à ce sujet.

Les chapitres 5 à 10 traitent, eux, de l'objet par lui-même : l'acorazado, c'est-à-dire le cuirassé depuis ses principaux organes jusqu'à l'architecture de sa protection. Et tout, absolument tout, est présenté... et comparé : peu d'ouvrages ont eu cette idée pertinente en comparant plusieurs classes de présenter côte-à-côte les bâtiments caractéristiques principales par caractéristiques principales.

Les solutions de distribution de l'artillerie principale de toutes les classes étudiées sont rassemblées sur une seule page, par exemple. Ou encore toutes les tourelles d'artillerie principale sont comparées : dessins et tableaux à l'appui. La comparaison des ceintures, protections verticales et horizontales sur une seule et même page permet d'un seul coup d'œil de comprendre, propos de l'auteur à l'appui, quels cuirassés étaient bien conçus et d'autres voués à connaître un sort funeste.

Ces chapitres présentent également ce qu'est une séquence de tir d'une salve et toutes les forces à prendre en compte - comme n'importe lequel des tirs d'artillerie - pour parvenir au résultat escompté. Toute la chaîne de ciblage et de guidage y passe.

12 des 22 chapitres sont en réalité des monographies de chacune des classes des bâtiments de ligne abordé par l'auteur, sans oublier deux appendices détaillant, pour le premier, le cas des « cuirassés de poches », et pour le deuxième, celui des croiseurs lourds de classe Alaska. Par cohérence avec le propos, croiseurs de bataille et cuirassés rapides ont été distingués de ce qu'il convenait d'appeler des croiseurs lourds.



     Un lecteur Français, par exemple, pourrait conclure grâce à ces nombreuses monographies et comparaisons page à page, et de manière anachronique, que les Richelieu étaient les plus petits des grands cuirassés de 35 000 tW et plus et que, à bien des égards, ils soutenaient la comparaison avec des 40 000 tW, voire sous certains angles avec les Yamato. Ce qui n'est pas sans rappeler l'expression consacrée dans la Marine nationale que les porte-avions de classe Clemenceau étaient les plus grands des petits porte-avions et le Charles de Gaulle permet d'avoir le plus petit des grands porte-avions.

     Est-il envisageable de lire en Espagnol ? Le plus trompeur pour un francophone est certainement le titre : acorazado, bien éloigné de cuirassé ou
corazzata en Italien. Néanmoins, l'Espagnol, langue latine est très proche du Français. Certains termes techniques sont empruntés à l'Anglais et donc largement connus de l'amateur du sujet. Le vocabulaire technique s'apprend à la lecture des tableaux. Par exemple, quand l'un d'eux précise une cubierta de 115 mm pour le Dunkerque, le lecteur comprendra qu'il s'agit de la ceinture, etc. Il serait dommage de buter sur l' « obstacle » de la langue car l'Espagnol est la deuxième langue vivante la plus populaire en France : 45 à 50% des collégiens et lycéens élisent la langue de Cervantès.

     À qui s'adresse l'ouvrage ? Au lecteur qui désire détenir un outil aisé d'accès permettant de comparer les principales classes de croiseurs de bataille et cuirassés de la Deuxième Guerre mondiale. Il y trouvera toutes les précisions nécessaires dans cette optique et disposera des outils afférents à une comparaison rapide, voire d'un seul coup d'œil. Manuel Pedro González López fait œuvre de pédagogie et rend accessible la matière, malgré la la langue est-il possible d'ajouter.

Le seul regret qu'il est possible d'éprouver est l'absence de publication en couleur des dessins de l'auteur : cela n'entache pas le plaisir de la lecture et la consultation de l'iconographie. Mais cela ne rend pas grâce aux efforts de l'auteur.


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