27 novembre 2019

Marina Militare : deux Unità Navali Polifunzionali ad Alta Velocità pour les missions spéciales

© Intermarine. Lancement, aux chantiers d‘Intermarine de Messine, le 26 mai 2018, de l‘Angelo Cabrini (2019).

     La Marina Militare lançait, au plus tard, en 2015 le programme Unità Navale Polifunzionale ad Alta Velocità (UNPAV) ou K-180. La première unité – Angelo Cabrini (2019) – était admise au service actif le 7 juillet 2019. La deuxième et dernière unité, le Tullio Tedeschi, lancée le 11 mai 2019, devrait rejoindre la flotte italienne en janvier 2020. Ce programme renouvelle une capacité d'infiltration d'agents, d’opérateurs et de nageurs de combat par bâtiments de surface avec une capacité intrinsèque de projection régionale et, peut être, de déploiement extra-régional grâce un hypothétique enradiage.

     Le programme Unità Navale Polifunzionale ad Alta Velocità (UNPAV) fut mené sous la direction de la Marina militare, dans le cadre de la « legge navale » ou legge De Giorgi du nom du Capo di stato maggiore della Marina Militare, l'Ammiraglio Giuseppe De Giorgi (28 janvier 2013 - 22 juin 2016) fut la première proposée depuis la précédente de 1975 qui avait été prise sous la férule de l'Ammiraglio di squadra Gino De Giorgi (1973 - 1977), le père de l'Ammiraglio Giuseppe De Giorgi.

Le programme UNPAV est destiné au COMando Raggruppamento SUBacquei e INcursori Teseo Tesei (COMSUBIN) dont la principale unité intéressée est le Gruppo Operativi Incursori (GOI), forte d'environ 150 à 200 hommes. Seule unité des forces spéciales de la marine italienne. Et le COMSUBIN comprend également le Gruppo Operativo Subacquei (GOS) rassemblant environ 200 plongeurs-démineurs de la Marina militare et ceux assurant les opérations de sauvetage, notamment par l'entremise d'un Deep Submergence Rescue Vehicle (DSRV).

     Les Angelo Cabrini (2019) et Tullio Tedeschi (2020) sont baptisés en l'honneur, respectivement, de l'Amiral Angelo Cabrini (14 février 1917 – 1er décembre 1987) qui a servi 37 ans dans la Marina militare. Il conduisait avec succès le 26 mars 1941 la mission des Xª Flottiglia MAS contre le croiseur York. Et Tullio Tedeschi (15 juillet 1910 - 2 novembre 1987) servait aussi dans la Xª Flottiglia MAS. Il était de l'action d'éclat du 26 mars 1941.

     Ces deux unités ont vocation à rejoindre le Gruppo Navale Speciale (GNS) du COMSUBIN. Il a la responsabilité de l'Anteo (1980), bâtiment de sauvetage de sous-marins devant être remplacé en 2022 par le programme Soccorso Sommergibili polivalente (125 millions d'euros). L'unité met également en œuvre les bâtiments de soutien de plongée de la classe Marino (Mario Marino (1985), Alcide Pedretti (1985) qui déplacent jusqu'à 97 tonnes à pleine charge pour une coque longue de 25,8 mètres, un maître-bau (plus grande largeur) de 6,9 mètres et un tirant d'eau de seulement 1,2 mètres. Capables de marcher jusqu'à 28 nœuds, ils possèdent une autonomie de 240 miles nautiques et sont armés par un équipage de 9 homme. Ils soutiennent des plongées jusqu'à 80 mètres. L' Alcide Pedretti possède même un caisson hyperbare pour six personnes.

La classe Marino (Mario Marino (1985), Alcide Pedretti (1985) devrait être logiquement remplacé par les Angelo Cabrini (2019) et Tullio Tedeschi (2020) du programme Unità Navale Polifunzionale ad Alta Velocità (UNPAV). Le contrat de développement et de construction est dévolu à Intermarine (1970).

© Inconnu. Le programme Soccorso Sommergibili polivalente engagera la succession de l'Anteo (1980), bâtiment de sauvetage de sous-marins.

     Le chantier naval italien s'est fait connaître notamment sur le marché des chasseurs de mines avec la fourniture de tels bâtiments aux marines américaine (Osprey (12), australienne (Huon (6), finlandaise (Katanpää (3), italienne (Lerici (2) et Gaeta (8), malaisienne (Mahamiru (4), nigérianne (Ouhè (2), thaïlandaise (Lat-Ya (2) et finlandaise (Katanpää (3). Ils proposent également de nombreuses embarcations et bâtiments rapides (13, 16, 22, 25, 26, 38, 44 et un catamaran) dont la plupart équipe plusieurs administrations italiennes. Et des bâtiments hydrographiques à travers la classe Ninfe (2) qui équipe la Marina militare.

     La phase de réalisation du programme débutait par la signature du contrat de fabrication des deux UNPAV, le 16 juin 2016, pour un montant de 40 millions d'euros. Les premiers travaux débutaient le 28 septembre 2016. Le début de la construction du Angelo Cabrini (2019) était célébrée au mois d'octobre, lors du salon EuroNaval 2016. La construction se poursuivait jusqu'au lancement du bâtiment, le 26 mai 2018, à Messine. L'Angelo Cabrini a été livré, le 7 juillet 2019, à la Marina Militare à l‘occasion d'une cérémonie s‘étant tenue à La Spezia. Le Tullio Tedeschi était lancé le 11 mai 2019. Sa construction se poursuivra jusqu'à sa livraison, en janvier 2020. Le chantier peut apparaître en retard par rapport à l'objectif initial du programme d'admettre les deux bâtiments au service actif en 2019.

     Lors de la mise à l'eau du Angelo Cabrini (7 juillet 2019), le chef d'état-major de la Marina Militare, l'Amiral Valter Girardelli soulignait que la Marine italienne « doit garantir la défense de son territoire en mer, véritable frontière ouverte difficile à gérer, avec l'adoption d'une vision favorisant la gestion de plus en plus continue et synergique des domaines de la défense avancée et de la sécurité intérieure ». Les deux bâtiments participeront donc à des missions de contrôle du trafic maritime, de luttre contre le trafic d'êtres humains, la piraterie et le terrorisme, ainsi que l'exfiltration de personnes en zones de crises.

     Les Unità Navali Polifunzionali ad Alta Velocità (UNPAV) sont des bâtiments long de 44,16 mètres pour un maître-bau de 9,2 mètres. Le déplacement à pleine charge est de 190 tonnes et le déplacement lège ou normal pourrait être de l'ordre des 150 tonnes, s'il fallait se référer aux premières caractéristiques énoncées pour ce programme.

La coque recèle quelques particularités dont le fait d'être composé de matériaux en fibre de verre et en carbone. Ses formes ont été étudiées afin de réduire la surface équivalente radar du bâtiment. Un soin particulier a également été apporté à la signature thermique des UNPAV. Certaines parties de la coque ont été renforcées (STANAG 4569 Level II). La discrétion, gage de survivabilité, est donc soignée mais pas au détriment des qualités nautiques et des caractéristiques opérationnelles.

La navigation est assurée au sein d'une passerelle avec vue panoramique (360°) grâce à une légère surélévation vis-à-vis du pont principal et des superstructures. Les points sensibles de la passerelle sont renforcés sur le plan balistique. Le système de combat est le SADOC Mk 4 (Leonardo-Finmeccanica) qui assure les fonctions de commandement, contrôle et les communications. La version Mk 3 de ce système équipe les frégates italiennes des programmes Horizon (2) et FREMM (10). La place étant onéreuse à bord, un haut degré d'automatisation des fonctions de conduite de la plateforme a été recherché. En plus d'un radar de navigation (GEM Elettronica MM/SPN-760), les bâtiments reçoivent un système de veille passive de type IRST (Infra-Red Search and Track) Janus-N (Leonardo-Finmeccanica). Une antenne pour télécommunications satellitaires est intégrée.

Leur autonomie serait de 1500 nautiques à 15 nœuds. Ils peuvent marcher jusqu'à plus de 35 nœuds selon le constructeur, une vitesse non-officielle de plus de 50 nœuds est parfois évoquée. L'objectif initial du programme visait une vitesse de 40 nœuds. La propulsion est assurée trois moteurs diesel MTU 16V200 M94 2.000 kW de 2700 CV chacun, fournis par Rolls-Royce Marine auxquels s'ajoutent deux diesel-générateurs de 160 CV chacun. La puissance propulsive est transmise à trois waterjets Rolls-Royce Kamewa S4.Les logements sont en mesure de soutenir jusqu'à 27 personnels dont l'équipage de 9 marins. L'autonomie en vivres est de 10 jours avec 9 marins, 3 jours avec 27 personnels.

L'armement consiste dans ene pièce d'artillerie principale : un canon télé-opéré Hitfist-N  de 12,7 mm (OTO-Melara). Un lanceur pour missiles anti-chars Spike-LR (4000 mètres de portée) complète les moyens lourds. Deux mitrailleuses hexatubes Dillon Aero M134D peuvent ponctuellement renforcer ces moyens. En outre, quatre mitrailleuses de 7,62 mm peuvent être disposées sur sabords, à raison d’une par secteur du bâtiment depuis les superstructures, auxquels s’ajoutent deux autres de ces armes en plage arrière. Six mitrailleuses de 7,62 mm supplémentaires peuvent être installées. Et même un lance-grenades de 40 mm peut être placé au-dessus de la passerelle pour battre un secteur couvrant l'axe du bâtiment. Près d'une tonne de munitions peut être embarquée à bord.

Le bord peut accueillir alternativement mais pas simultanément sur la plage arrière soit une embarcation semi-rigide Zodiac Hurricane 733 (jusqu'à 11 places, 30 nœuds +), soit un caisson hyperbare. Le semi-rigide peut être mis à l'eau et récupéré grâce à un système de manutention automatique le long d'une rampe arrière.

 

© Inconnu. L‘Alcide Pedretti (1985) de la classe Mario Marino (2).

L'autonomie (1500 nautiques à 15 nœuds) des UNPAV est cohérente avec des actions ponctuelles menées sur tout le pourtour des côtes italiennes jusqu'à la Sicile. Mais cela suppose un pré-positionnement du ou des bâtiments au plus près du théâtre. Et cela ne dispensera pas d'un soutien au plus près de l'action en cas de missions prolongées afin de pouvoir ravitailler en vivres et combustibles. Toute projection extra-régionale amènera la question de la faculté de ces bâtiments à pouvoir être enradiés ou convoyés discrètement vers la zone de déploiement.

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