29 mars 2021

PA-Ng : signature du contrat de l'avant-projet sommaire (2021 - 2023)

© Ministère des Armées.

     La ministre des Armées, Mme Florence Parly, à l'occasion de son déplacement au site Naval group de Lorient, accompagnée notamment par Pierre-Éric Pommellet (PDG) Naval Group et Laurent Castaing (PDG Chantiers de l'Atlantique), a mis l'accent dans sa communication quant à l'inauguration du « plateau » de la société commune Naval group (65%) - Chantiers de l'Atlantique (35%), à laquelle participe TechnicAtome, centralisant les activités d’un même bureau d’études pour les acteurs engagés dans cette phase du programme. Rappelant vaguement la société Maîtrise d'Œuvre du Porte-Avions 2 (MO-PA2), créée en décembre 2004 (65 % DCN, 35 % Thales), afin d'adapter les plans du Carrier Vessel Futur (CVF) au besoin français : CVF-FR (2004 – 2011). La nouvelle société reçoit la maîtrise d'œuvre de la phase d'avant-projet sommaire (2021 - 2023) pour laquelle le ministère des Armées a notifié, le 19 mars 2021, le contrat de 200 millions d'euros. Les prochaines échéances seront les études détaillées de l'avant-projet (2023 - 2026) jusqu'à la réalisation du programme : la construction du Porte-Avions de Nouvelle génération (PA-Ng).

     Le mardi 8 décembre 2020, le Président de la République se rendrait au Creusot, à Framatome afin d'évoquer la politique nucléaire, tant civile que militaire. Et à ce dernier sujet, il devait - enfin - dévoiler sa décision relative à la capacité de la France à obtenir « le maintien de la supériorité aéromaritime [qui] implique de préparer le renouvellement du groupe aéronaval » (Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale, 2017, point 303). D'où le lancement, sanctionné par le discours inaugural du salon EuroNaval, le 23 octobre 2018 par la ministre des Armées, Mme Florence Parly, et dont les conclusions furent rendues en février 2020, permettant au Président de déclarer le 8 décembre 2020 :

« C'est la propulsion de nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins comme d'attaque. C'est aussi la propulsion nucléaire de nos porte-avions. Le « Charles de Gaulle » - vous le savez - arrivera à la fin de sa vie en 2038. C'est pourquoi j'ai décidé que le futur porte-avions qui dotera notre pays et notre Marine sera, comme le « Charles de Gaulle », à propulsion nucléaire ».

Emmanuel Macron, Président de la République, discours « Le nucléaire, filière d'excellence », 8 décembre 2020.

     La décision présidentielle permettait l'engagement de la mise à l'étude de l' « avant-projet sommaire » (vocable de l'industriel) dont il était attendu que cela se produise à la fin du premier trimestre 2021 ou au tout début du deuxième trimestre 2021 et devant s'achever en 2023. Cette phase bénéficie de la création d'une société commune Naval group (65%) - Chantiers de l'Atlantique (35%) dans objectif de simplification et d'efficacité. Constituant un « plateau », TechnicAtome sera également présent pour travailler conjointement avec les deux acteurs précités. Après avoir été validée par la DGA et le ministère des Armées, ladite société est créée. « Ce plateau, c’est à la fois un symbole et un lieu essentiel, concret, pour assurer l’organisation et le bon déroulement de ce projet majeur pour la Marine, pour nos armées et pour la France » a affirmé la ministre dans son discours.

Cette société a vocation à assumer la maîtrise d'œuvre d'ensemble du PA-Ng, son périmètre ne s'étendant pas à tout le programme puisque ce sont les CEA-DAM et Framatome qui reçoivent les responsabilités équivalentes quant à la mise à l'étude et la réalisation des chaufferies K22. Par ailleurs, cette société reçoit une durée de vie d'activation se limitant aux phases de développement et de réalisation, c'est-à-dire de l'étude de l'avant-projet sommaire jusqu'à la garantie de neuvage.

La société commune se déploiera, dans un premier temps, depuis Lorient afin de conduire le développement de l'avant-projet sommaire (2021 - 2023) puis les études détaillées de l'avant-projet (2023 - 2026) devant se terminer soit fin 2025, soit début 2026. La ministre des Armées, Mme Florence Parly, de préciser dans son discours qu' « avec le démarrage de l’avant-projet sommaire dont les grandes étapes m’ont été présentées aujourd’hui, de nouveaux choix seront faits en préparation de la construction de ce nouveau porte-avions. Il s’agira de préciser l’architecture ainsi que les systèmes de mise en œuvre de l’aviation, de poursuivre le développement des chaufferies nucléaires, d’intensifier les travaux d’interface et de cohérence, notamment de connectivité, avec les autres bâtiments et aéronefs qui évolueront en mer et dans les airs. »

Dans un éventuel deuxième temps, c'est-à-dire s'il était décidé, à l’occasion d’un nouveau conseil de Défense, de lancer la phase de réalisation du programme en 2025 ou 2026, la société commune bénéficiera de la création d'antennes à Paris, Saint-Nazaire et Toulon. Et à cette fin, ladite société commune sera animée par une quinzaine de personnes puis une trentaine en rythme de croisière et jusqu'à une cinquantaine lors des phases de développement (études détaillées) et de réalisation (2026 - 2034), voire jusqu'à une centaine de personnes. La phase d'avant-projet sommaire impliquera, au total, jusqu'à 300 personnes, chez Naval Group, Chantiers de l’Atlantique, TechnicAtome et leurs sous-traitants. Le développement et la réalisation du PA-Ng représenteront en moyenne plus de 2 000 équivalents temps plein en France sur la durée du projet.

« Vous le savez mieux que personne, bâtir un porte-avions, c’est une aventure qui appartient au « temps long ». Pour beaucoup, c’est l’œuvre d’une vie, l’objet d’une passion, une épopée industrielle et technique unique. Tous ici présents, vous avez la responsabilité immense de réussir ce projet qui assure la grandeur de la France. »

Mme Florence Parly, ministre des Armées, discours à Lorient, 29 mars 2021. 

Les deux industriels apportent chacun leurs compétences propres dans cette société, à savoir (Thierry Mestayer, « Naval Group prend le leadership sur le projet de porte-avions de nouvelle génération », Le Télégramme, 8 décembre 2020) :

Naval group (65%) assurera l'intégration du système de combat, des systèmes de navigation et l'intégration des installations aéronautiques et des systèmes afférents, étant entendu que cette société participe également à la conception et la réalisation de la propulsion nucléaire, entre les deux chaufferies et les hélices en passant par la « Zone chaufferies nucléaires ».

Les Chantiers de l'Atlantique (35%) reçoivent essentiellement l'usinage de la coque, la conception et la construction des locaux vie du bord (postes d'équipage, zones de restauration, hôpital embarqué), avec tous les enjeux d'habitabilité de la plateforme) et les installations auxiliaires (incendie, eau douce, air comprimé, etc).

     Le bureau d'études de Lorient de la société commune Naval group (65%) - Chantiers de l'Atlantique (35%), ayant à  conduire le développement de l'avant-projet sommaire (2021 - 2023) devra travailler à apporter les éléments nécessaires afin de mesurer les meilleurs compromis architecturaux entre les ambitions opérationnelles et l'esquisse financière du programme afin, par exemple, de décider des questions suivantes nombre de catapultes, à l'obtention ou non de la capacité « catapo » et au format définitif du groupe aérien embarqué selon diverses exigences opérationnelles.

La troisième catapulte, c’est-à-dire la catapulte axiale bâbord, constitue une option âprement discutée entre son utilité et son encombrement. Elle dépendra très probablement des décisions qui seront issues des débats internes aux Forces Aériennes Stratégiques (FAS) et de manière plus relative à la FANu au sujet du dimensionnement d’un raid nucléaire mais également aux avancées des travaux conduits dans le cadre du programme SCAF, notamment au sujet des Loyal wingman et des Remote carrier, en particulier ceux qui ne seront pas « consommables ». La question devrait bénéficier d’une décision vers la fin de l’avant-projet sommaire (2021-2023) et à l’orée de la commande des catapultes.

La capacité « catapo », c’est-à-dire la faculté à mener simultanément le catapultage et l’appontage d’aéronefs, n’est pas explicitement visée dans le cadre du programme PANG et, en exagérant un peu, pourrait être l’une des conséquences de l’augmentation des dimensions générales. Il y a tout lieu de remarquer, et pour la première fois pour un porte-avions français mettant en œuvre des jets depuis 1945, la capacité « catapo » devrait être atteinte grâce à la catapulte axiale tribord qui n’interfère nullement avec la piste oblique et qui dispose d’environ 30 mètres pour que les aéronefs puissent se présenter à elle.

Toutefois, et du côté de la catapulte latérale bâbord : les gabarits de sécurité de la piste oblique débordent légèrement sur son déflecteur de jet et sur l’espace dévolu à l’aéronef qui se présente face à la catapulte, le tout rendant difficile à ce que l’espace de parking à l’arrière de l’ilot serve à ce que 4 Rafale M (Dassault Aviation)/ NGF-M (Dassault Aviation) puissent alimenter ladite catapulte, comme Combat Air Patrol (CAP) d’alerte.

Et dans cette perspective, il est à remarquer que la maquette présentée le 8 décembre 2020 et montrée à nouveau à l'occasion de la visite de Mme Florence Parly, ministre des Armées au bureau d'études PA-Ng (Lorient), présente quelques ajustements ne semblant toucher qu'aux aéronefs du Groupe Aérien embarqué (GAé) : uniquement des NGF-M (Dassault Aviation), au nombre de 27, avec un E-2D Advanced Hawkeye (Northrop Grumman) et deux NH90 NFH Caïman Marine (Pedro, missions d'intérêt maritime (ISR), liaison et logistique). Cela semble correspondre au volume d'une pontée massive, à savoir 24 NGF-M dédiés à la conduite d'un raid de la Force Aéronavale Nucléaire (FANu), soutenu par un E-2D Advanced Hawkeye et par un NH90 NFH Caïman Marine en mission Pedro pour la sécurité des opérations aériennes, et de la mise en œuvre d'une CAP de 3 à 4 NGF-M.

C'était la capacité recherchée dans le cadre du CVF-FR (2004 - 2011), c'est-à-dire la capacité du porte-avions à soutenir dans la durée 28 Rafale M (Dassault Aviation) et les aéronefs d'appui associés ; le Rafale M (24 tonnes MTOW) ayant cédé la place au bénéfice exclusif du NGF-M (30 – 32 tonnes MTOW). 

14 commentaires:

  1. Et qui s'occupe des catapultes?...

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    1. Madame, Monsieur,

      Bonjour, il s'agit de la société General Atomics.

      Mais elle n'a reçu aucune commande à ce jour, les travaux relèvent de l'échange d'informations, etc.

      Bien navicalement,

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  2. En même temps du côté de l US NAVY lesdites catapultes semblent encore en rodage ! Il serait bon de déterminer tout cela avant de passer commande....

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  3. Bonjour, c est moi ou sur les photos disponibles on ne voit pas trace des zones réservées aux lanceurs Sylver ?

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    1. Madame, Monsieur,

      Bonjour, vous trouverez un des deux lanceurs SYLVER sur, par exemple, la photographie illustrant le billet : caché sous les dérives du NGF-M du premier plan.

      Mais dans l'ensemble, oui, ils sont difficilement visibles.

      Et veuillez noter que selon les variantes de la 3ième itération, il semblerait - interprétation personnelle à partir des images de synthèse et de la maquette - qu'il puisse y avoir entre deux à quatre SYLVER.

      Bien navicalement,

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    2. Cher Marquis,
      Un grand merci pour vos réponses précises !

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  4. Bonjour,
    Comment se fait-il que l'aire de parking des avions à bâbord ne soit pas prolongée jusqu'à la poupe ?
    Par ailleurs,un ascenseur à cet endroit ne devrait-il pas être installé afin d'alimenter la catapulte bâbord ?

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    1. Madame, Monsieur,

      Bonsoir, il n'y avait aucun des protagonistes du programme qui n'était demandeur d'un troisième ascenseur à la quasi-conclusion de la troisième itération en décembre 2020, notamment car le dimensionnement du groupe aérien embarqué demeurait plus ou moins le même.

      C'est pourquoi il n'est pas présent et s'il y a une troncature du pont d'envol, c'est notamment par économie sur le devis de masse de la même troisième itération du PA-Ng que nécessité relative de cet espace, également supprimé sur la classe Ford.

      https://lefauteuildecolbert.blogspot.com/2020/12/pang-le-futur-porte-avions-qui-dotera.html

      Bien navicalement,

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  5. Comme pas mal de gens je pense, je déplore qu'il soit question DU futur porte-avions de la Marine nationale, pour des raisons de coût.
    La lecture des articles de ce blog montrent que, déjà pour les frégats ou les bâtiments de patrouille, le budget commande bien davantage que les besoins : on va donc avoir la même problématique qu'avec le CdG, des périodes IPER lors desquelles les pilotes sont sans plateforme et la capacité de la France à projeter ses forces bien amputée.
    Dommage. Quel gâchis. Merci pour vos articles si bien documentés. Bien à vous,

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  6. Bonjour,
    IL est étonnant de ne voir aucun Loyal Wingman ou Remote Carrier dans la maquette .. Ou même aucun Rafale M en complément..
    On a que du full NGF-M.
    Est-ce un indice ou seulement un oubli ?

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  7. Bien à vous,

    Si cela peux vous être utile, un lien intéressant : https://www.youtube.com/watch?v=SxQWv-7ardo

    Au plaisir

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  8. Toujours la même problématique, un seul PA même en 2038, espérons que les chinois prendront aussi leur temps. Il aurait fallu construite 2 PA a propulsion électrique, mais sur un temps beaucoup plus court et donc disposer d'ici la fin de la décennie de 3 PA opérationnels, alors la oui, cela changeait les choses. Comment aurait fait Chester Nimitz pour reconquérir le pacifique s'il n'avait disposé que d'un super porte-avions ???

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    1. Vous avez raison, mais les finances ne suivraient pas !!
      Et je préfère grandement avoir un très bon CdG que 2 "ersatz" de PA britanniques sans CATOBAR ni propulsion nucléaire , ni avions ("Fail 35" viennent en majorité encore des Marines).

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