11 février 2011

La fin de la puissance nucléaire anglaise ?

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Il est de plus en plus manifeste que Londres n'ambitionne plus d'opérer une dissuasion nucléaire. Tout du moins, certainement plus dans sa forme actuelle. La définition de l'équivalent britannique de la FOST a d'ailleurs évolué. Depuis la crise financière on a entendu ici ou là des responsables anglais exprimer des déceptions quand à la special relationship. Il a même été publiquement dit que la force nucléaire anglaise n'était pas indépendante mais autonome, la nuance de vocabulaire est terriblement importante. Entre autre aveux, le vrai "maître" de cette force en cas d'utilisation serait plutôt le SACEUR qu'un responsable britannique.

Matériellement, cette autonomie signifie que Londres arme une flotte d'encore quatre vaisseaux noirs lance-engins. Concrètement, ce ne sont pas les arsenaux anglais -dans un triste état au passage- qui conçoivent la majeure partie des technologies sensibles. Depuis les accords de Nassau de 1962, il y a eu des déclarations ici ou là affirmant que les Etats-Unis fournissent les technologies sous-marines nécessaires à la Royal Navy. Le fait est que les SNLE anglais sont dotés, depuis toujours, de missiles ballistiques américains. Cette armement 'illustre qu'il existait bel et bien une copération.

La mise en place des forces océaniques européennes

Avant de justifier cette emploi de l'imparfait, je me dois de faire une petite parenthèse. De façon très synthétique, il y a eu la mise en place des forces nucléaires des deux Grands au début de la Guerre froide. Il y a eu ensuite la mise en place des dissuasions (stade supérieur de la puissance nucléaire) britannique et française. Elles sont particulièrements intéressantes puisqu'elles sont dans le camp américain, et qu'elles vont complexifier la relation nucléaire entre les deux grands.

Hors, nos deux pays ne suivaient pas le même modèle :
  • l'anglais était bien entendu fondé sur une forte coopération avec les Etats-Unis, il était "sûr" que cette coopération était matérielle, il est presque tout aussi "sûr" qu'elle était organique. 
  • Le français qui avait comme leitmotiv l'indépendance.

Au moment où la France révélait qu'elle ambitionnait d'avoir une force nucléaire indépendante, une pluie de pressions américaines s'est abattue sur notre pays. L'Histoire établit que les Etats-Unis ne supportent pas une chose : que des alliés puissent posséder les "attributs de la puissance" (SNA et SNLE avant tout : Canada, Italie, Pays-Bas). A la décharge de Washington, le meilleur moyen de garder son primat politique est d'éviter que sa puissance militaire soit diminuée de façon relative par une diffusion de la puissance militaire à d'autres. Surtout si ceux ce sont des alliés, on ne peut justifier la recherche d'une suprématie face à des "alliés". Par contre, contre des "ennemis"... Pour en revenir à l'affaire, cette hostilité américaine s'est principalement illustrée à travers deux personnages d'importance historique : Henry Kissinger et l'amiral Hyman G. Rickover. Le propos qu'ils étaient venus tenir à Paris était clair : la France ne pourra jamais lancer une dissuasion, c'est trop coûteux financièrement (tournure diplomatique), c'est un but hors d'atteinte (l'inélégance permanente des Etats-Unis vis-à-vis du fait naval français).
Le propos est à nuance puisque les Etats-Unis et l'Angleterre aideront parfois la France dans sa conquête de l'atome, ou ne lui refuseront pas l'acquisition de matériel (Acquillon, C-135) aidant à monter en puissance. La puissance nucléaire française n'avait pas que des défauts.

Hors, ma petite parenthèse se termine par une constation très intéressante pour l'actualité : qui du modèle anglais ou français, a été le plus coûteux ? La réponse n'est pas évidente, il faudrait de nombreuses études. La dissuasion est un des éléments de la force armée, la question est très compliquée à analyser... ou pas. Quelle marine voit ses SNLE "régulièrement" pistés par des SNA Akula dans la zone d'opération de la Home Fleet. . . ? L'Angleterre.

Prospère indépendance

De Gaulle a dit un jour : "l'indépendance, c'est la clochardisation". Un responsable pakistanais avait affirmé que le peuple de son pays "mangerait de l'herbe" si jamais c'était nécessaire pour avoir la bombe. Le fait nucléaire indépendant coûte très cher : une trentaine de milliards d'euros pour un outils de trente ans.

L'indépendance est aussi porteuse de prospérité, c'est une donnée qui est globalement oubliée : les technologies sous-marines sont rentabilisées avec la vente à l'export de sous-marin diesel. La France a cette pratique, l'Angleterre non. La France est prépondérante dans le programme Arianne, car le frère de la personne antique est à Brest avec un nom ne sortant pas de l'Odyssée : le M-51 (et toujours le M-45). Ce sont là quelques exemples montrant qu'il est possible de "rentabiliser" la force nucléaire. Ce sont là aussi deux domaines où Londres est en retrait, très en retrait. L'abandon de la construction de sous-marin classiques pour l'exportation a été un terrible coup aux arsenaux anglais, il me semble que ce n'est pas assez mis en avant.

La voie autonome de décrédibilisation

Il est donc acquis que la dissuasion britannique n'est pas indépendante mais autonome. J'oserais pousser en avant en disait qu'il est tout aussi bien acquis que la dissuasion "britannique" est un modèle coûteux car il n'y a aucun retour sur investissement.

1) La PATMAR

Si la situation n'était pas brillante, on peut dire que Londres ne fait rien pour l'arranger. La Strategic Defense Review, qui sera peut être de sinistre mémoire, a annoncé l'abandon du programme Nimrod MKIV :

" The Government's decision to withdraw its maritime patrol aircraft (MPA) capability by scrapping the Nimrod Maritime Reconnaissance and Attack (MRA) 4 programme has proved to be one of the more controversial decisions relating to the UK's maritime capability in the Strategic Defence and Security Review (SDSR). "
" Mind the Gap: Strategic Risk in the UK’s Anti-Submarine Warfare Capability", Lee Willet, for the Royal United Service Institute.

L'incursion de sous-marins du projet 971 dans les eaux anglaises a bien prouvé que le dispositif de protection de la force océanique anglaise était déficient. L'abandon des nouveaux Nimrod fait craindre et pour la force nucléaire et pour les capacités de lutte ASM même.

Il existe bien un projet qui se dessine pour palier à cette "deficience". Les traités du 2 novembre 2010 laissent entrevoir un rapprochement franco-anglais sur la Patrouille Maritime (PATMAR). Les dernières rumeurs laissent entendre que Londres pourrait se laisser aller à financer une partie de la PATMAR française afin que des Atlantique 2 supplémentaires soient mis en ligne. Ces avions supplémentaires seraient peut être même armés par des équipages anglais afin de palier l'absence des Nimrod. On parle même d'une base commune !

Malheureusement, c'est trop de symboles pour l'île, et les commancement d'exécutions se font attendre. Il y a urgence, soit dit en passant... sauf quand il y a une solution. A noter que Londres n'avait pas souhaité rejoindre le programme franco-allemand, par peur de la création automatique d'un Directoire européen si Berlin est associé  ? Quoi qu'il en soit, il est possible que les politiques anglais ne désirent pas rééllement trouver une solution à ce problème.

2) Les chasseurs de mines

Il existe aussi le problème de l'absence de programme de remplacement pour les chasseurs de mines Hunt et Sandown. Il existerait la perspective d'une collaboration plurinational autour du programme français SLAMF. En premier lieu, il convient de noter le rôle de "leader" de la France, seule nation-cadre de l'Europe ? La question est intéressante puisque si Londres ne tient pas ce rôle, alors la France n'a pas d'adversaire européen (à part l'Allemagne ?). Le programme SLAMF est loin puisque relevant de l'horizon 2020 et il est bien normal de ne pas voir de signe d'empressement à le réaliser, ou de s'étonner de l'absence de ces signes.

3) Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE)

Je n'oublie pas la pièce centrale de ce jeux d'échec, la dame : le vaisseau noir lance-engins. Le chancelier de l'échiquier, roi des manoeuvres obscures (cousin : Bercy), a donc contraint le budget britannique. Si le dispositif de protection de la force océanique est sacrifié sur l'autel budgétaire, peut-on raisonnablement croire que c'est un bon présage pour la réalisation du programme de SNLE post-Vanguard ?

Tony Blair a pris la décision de le lancer ce programme de renouvellement. Son successeur, David Cameron (après l'intermède Gordon Brown) a bien entendu décidé de le conserver, il paraît que les Tories ne touchent pas à ce genre de programme d'armement.

3.1 Des SNA-SSBM ?

Hors, cette volonté est ancienne. Elle est en contradiction avec les choix réalisés : une Royal Navy conventionnelle clochardisant la Royal Navy nucléaire. Dès la décision de Tony Blair il n'était pas du tout envisagé un remplacement pur et simple par de nouveaux SNLE. Il existait déjà des études pour réduire le nombre de missiles embarqués, voir d'ajouter un tronçon supplémentaire à de nouveaux SNA Astute portant quatre missiles ballistiques.

C'est très intéressant comme étude : peut-on remplacer dans une dissuasion nucléaire océanique des SNLE par des SNA ? La réduction de coût serait terrible, l'efficacité aussi ?

3.2 Un format à trois SNLE ?

A l'époque du Prime minster Brown, la problématique a été posée différemment : il n'était plus question de remanier le concept de SNLE -et il très difficile de sortir du vaisseaux à 16 tubes manifestement- mais bien d'en supprimer un ! Dès lors il existe un débat terrible et passionnant sur la faisabilité du projet. Le débat ne peut intéresser que la France.

Hors, un petit bémol a très vite contre-carré le projet. Une force de dissuasion nucléaire océanique nécessite au minimum quatre navires. Le premier est en IPER. Le second est en IE car il revient de mission. Là où ça se complique c'est que la moitié du temps les deux derniers sont disponibles, l'autre moitié du temps il n'y en a qu'un seul. En plus de maîtriser la réalisation de navire nucléaire, il faut aussi défier Chronos en maîtrisant le calendrier pour avoir un navire, au minimum, en mer.

Le modèle doit aussi tenir compte du hasard, celui qui fait des rencontres dans le golfe de Gascogne. Si la dissuasion tombe à trois navires, il y en a donc un en IPER, un en IE et au moins un en mission. Mais si celui-ci doit arrêter sa mission à cause de servitudes diverses (du problème médical à la rencontre fortuite en mer), la dissuasion est-elle encore crédible ?

La dissuasion n'est déjà plus crédible face à la Russie car cette dernière s'amuse des turpitudes anglaises. Fut un temps où on parlait "d'insultes". Il manque le dispositif de protection, alors, si jamais il venait à manquer le quatrième navire, tout le monde se demanderait s'il est bien utile de mettre en oeuvre une flotte sans crédibilité. La force de la dissuasion, c'est la rigoureuse permanence de la menace.

Il n'est pas certain que Londres souhaite rééllement préserver sa force nucléaire. La capitale anglaise avait fait le choix de concentrer sa force nucléaire sur le seul versant océanique. C'est un beau débat, surtout pour nous français qui avons longtemps gardé une triade. Londres sacrifie le dispositif de protection. Londres a deux grandes hypothèses de renouvellement : une diminution qualitative, une diminution quantitative.

Une dissuasion franco-anglaise ?

Avec autant de mauvaise volonté, il paraît compliqué d'imaginer une dissuasion franco-britannique. La situation est assez contradictoire. Il y a ce tableau de la descente aux enfers de la dissuasion anglaise et les avancées des traités du 2 novembre.

Il faut éclaircir de tableau par un peu d'optimisme : l'économie anglaise peut se relever, les finances peuvent s'assainir (vu le traitement de choc, on espère pour la population anglaise). L'horizon de renouvellement des SNLE est 2030, cela laisse le temps de créer une PATMAR franco-anglaise pour palier l'absence des Nimrod. Ces derniers peuvent effectuer un fracassant retour, au demeurant, si les conditions le permettent. Le projet SLAMF peut se réaliser, peut être même aussi bien que le programme CMT.

1) Les gains des rapprochements entre les deux dissuasions

Il pourrait y avoir un début de rapprochement franco-anglais via la force de protection de la dissuasion. En tout les cas, ce serait un rapprochement matériel. Il n'est pas quesiton d'un rapprochement organique mais, en l'espèce, le rapprochement matériel est celui qui permet les économies les plus significatives.

Le rapprochement organique serait le seul à même de permettre aux Royales de descendre à trois SNLE chacune, voir à deux chacune si le rapprochement organique était efficace. Dans cette hypothèse-ci, ce sont aussi effectivement des économies considérables qui peuvent être réalisées. Mais cela signifierait la création d'une force commune.

2) Le rapprochement aux calendes grecques

Cependant, aucune volonté de rapprochement de cet ordre n'a été observé, pourtant, à force de sacrifier la carte nationale, le rapprochement vers la France sera la dernière chance de sauver ce qui semble déjà condamné. Aujourd'hui, le mouvement anglais vers Paris ne se fait que par servitudes financières, c'est-à-dire dans un contexte d'urgence. Il n'y a pas de réflexion sur le long terme. Le rapprochement dans la simulation nucléaire n'est que le constat que l'Angleterre n'a pas de programme de simulation, alors pourquoi ne pas jouer de l'option américaine ? Un refus existerait-il ? Le SLAMF est bien trop lointain pour concrétiser un rapprochement durable.

Les traités du 2 novembre ont consacré un rapprochement. Les têtes nucléaires britanniques doivent normalement être entretenues à côté de leurs soeurs latines. Les britanniques vont -enfin !- coopérer avec les français sur les technologies sous-marines (pour sous-marin nucléaire).

Hors, ce dernier point est sujet à questionnement : il n'est pas question de concevoir et produire des SNLE en commun. Si cet échange technologique ne vise pas un tel objet, alors il aurait du être mis en place depuis très longtemps pour réduire le coût de la dissuasion des deux côtés du canal Manche.

3) L'abandon ?

Une autre explication pourraît être que cet accord vise à compenser une perte. En effet, il est plausible que les Etats-Unis lâchent la dissuasion nucléaire britannique. A leur déchargé, encore une fois, il n'est pas impossible que Londres consente. Ou plutôt que Londres subisse, le rapprochement dans la simulation nucléaire et les technologies sous-marines peut être la source d'une hytpohèse folle : les Etats-Unis d'Amérique refuserait dorénavant de subvenir au besoin de la puissance nucléaire anglaise.

Le droit, cette servitude stratégique

Le dernier pion avance en la personne des Etats-Unis d'Amérique. Un lecteur me signale un article du journal britannique The Telegraph. L'annonce est plutôt surprenante, j'oserais dire que c'est un tournant. :

" The US secretly agreed to give the Russians sensitive information on Britain’s nuclear deterrent to persuade them to sign a key treaty, The Daily Telegraph can disclose."
"Wikileaks cables : US agree to tell Russia Britain's nuclear secrets",

Il y a une constante juridique fondamentale dans la relation des dissuasion française et anglaise à celles deux superpuissances : elle n'avait jamais fait l'objet d'un traité de désarmement nucléaire.

Ce dogme est battu en brèche puisqu'il est manifestement affirmé (confirmé ?) que la dissuasion britannique fut une monnaie d'échange. Il est connu que le président Obama tient à son nouveau traité de désarmement nucléaire (en espérant des économies de fonctionnement au Pentagone ?), mais de là à porter un coup significatif à la special relationship..

" Information about every Trident missile the US supplies to Britain will be given to Russia as part of an arms control deal signed by President Barack Obama next week. "

"Wikileaks cables : US agree to tell Russia Britain's nuclear secrets",

Il faut relativiser. Il y a cette trahison qui en est une si la divulgation d'informations est faite dans l'accord des anglais. D'une part, on apprend que les russes ne connaissent manifestement pas grand chose aux missiles Trident 2D5 que Washingtown fournit à la Grande-Bretagne. D'autre part, l'information est relative : le nombre de têtes nucléaires anglaises est de notoriété publique. Elles sont 200, peut être 160 : le nombre compte peu face à l'arsenal russe... Voir français !. Moscou souhaitait savoir quoi ? La répartition des têtes ? Le nombre de missile armé ? La cible des missiles ? Rien de nouveau à l'Ouest disait Erik Maria Remarques.

L'information "stratégique" n'en est pas vraiment une, si j'ose dire. Il n'est pas sûr qu'elle provoque une rupture. La nouveauté c'est d'apprendre que cette force autonome en pleine pertes capacitaires peut servir de monnaie d'échange -de l'intérêt que la force française ne fasse pas partie de ces calculs.

C'est tout de même un éventuel recul américain puisqu'il y a une perte "d'influence ASM" des îles britanniques à la péninsule de Kola, du fait des défaillances anglaises. Il y a ce "gain" russe de connaître, peut être, des informations qui intéressent Moscou. L'US Navy risque d'avoir à suppléer le vide anglais, à moins de laisser le terrain aux russes. Et là dessus, la Russie n'en demande certainement pas tant. Ce "recul" serait contradictoire avec la politique d'extension de l'OTAN (alliance nucléaire) dans l'Etranger proche Russe, dont le dernier avatar est le bouclier anti-missiles.

"  Defence analysts claim the agreement risks undermining Britain’s policy of refusing to confirm the exact size of its nuclear arsenal. "
"Wikileaks cables : US agree to tell Russia Britain's nuclear secrets",

Cela relève d'une certaine hypocrisie : le nombre maximum de tête est connu, les Russes ont donc une hypothèse de travail... dans l'hypothèse que leur travail "prioritaire" est de chasser la dissuasion anglaise ! Il me semble que Londres a fait beaucoup plus : les Vanguard pourraient déployer 400 têtes nucléaires que cela ne servirait à rien si des sous-marins russes peuvent les pister et les couler.

Il y a un risque que la taille de l'arsenal britannique soit connu : alors, soit il est bien plus important que le plafond officiel, soit ce n'est pas un risque aussi sérieux qu'est l'état de la dissuasion britannique -et de la Royal Navy par extension.

En guise de conclusion : la fin de la puissance nucléaire anglaise ?

" The fact that the Americans used British nuclear secrets as a bargaining chip also sheds new light on the so-called “special relationship”, which is shown often to be a one-sided affair by US diplomatic communications obtained by the WikiLeaks website."
"Wikileaks cables : US agree to tell Russia Britain's nuclear secrets",

Ce dernier extrait permet de résumer la tragédie moderne de l'Angleterre :
  • sa dissuasion est un jouet américain qui rapporte à l'enfant de Washington, qui appauvrit Londres, mais enrichit Paris ?
  • Londres réduit seule sa puissance nucléaire : une seule composante désormais, elle-même mise à mal par le gouvernement anglais.
  • La force de frappe anglaise est une monnaie d'échange, c'est une rupture par rapport à toute la guerre froide.
  • Il se pourrait que les Etats-Unis mettent fin d'eux-mêmes peu à peu à la seule partie "intéressante" des relations spéciales pour Londres : le support technologique pour la force nucléaire.
Le dernier acte de la pièce est peut être cette mise en scène de la fin de la puissance nucléaire anglaise. La Royal Navy régressait fortement depuis 1990. Il n'y a plus de navy scares, hors la Marine nationale qui pourrait devenir la première puissance navale d'Europe. Demain, ce sera peut être la seule qui soit nucléaire. La dissuasion ne sanctuarise pas seulement le pays mais aussi son arsenal conventionnel. Londres pourrait suivre le chemin de sa vieille ex-rivale hollandaise qui risque d'abandonner ses sous-marins.

" La question nous amène à constater qu'aujourd'hui, comme dans la première guerre mondiale, c'est l'existence générale de la puissance maritime qui est en jeu, et ce non seulement en temps de guerre mais aussi en temps de paix. Ceci est illustré par la place prise par la question des alliances qui puise en réalité ses racines dans la période précédent la guerre. L'Angleterre a déjà commis une erreur en négligeant cet aspect et donc en méconnaissant un impératif essentiel pour toute puissance maritime. "
"Wolgast, théoricien de la thalassocratie", extrait datant de 1944, article de Stephan Schütze in "La pensée géopolitique navale. L'Evolution de la pensée navale V" sous la direction d'Hervé Coutau-Bégarie, page 222.

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