04 mai 2012

Sea Basing : Le couple BPC/Cougar HORIZON ou Sea King ASaC contre la piraterie au large de la Somalie ?


 
Dans le billet d'hier, il était question de remettre en service les Cougar du système HORIZON pour oeuvrer dans la bande littorale. Les différentes hypothèses d'utilisation opérationnelle envisagées appelaient à une grande refonte de ce système d'armes de l'ALAT. Aujourd'hui, c'est une hypothèse beaucoup plus modeste dont il s'agit : et si le couple BPC/hélicoptère de guet aérien était plus efficace au large de la Somalie que plusieurs frégates ?


Il pourrait être question de sortir les Cougar HORIZON de leur cocon pour les remettre en service, presque sans aucune modernisation. D'un autre côté, si l'Angleterre possède un parc de sept Sea King ASaC, alors pourquoi ne pas demander à les utiliser ? Des traités ont été signés le 2 novembre 2010, et l'utilisation conjointe de ces machines ne relève pas d'un grand risque politique... même si, bien entendu, la Royal Navy doit bien leur trouver quelques utilités.

Finalement, dans ces deux hypothèses, il est question de trouver le moyen le plus confortable à déployer, tant sur les plans financiers que diplomatique.

Mais quid de l'intérêt d'un tel engin ? Prenons l'exemple du Cougar HORIZON : "Le senseur actif est le radar Target de Thales, multimode à bande J, avec pour mode principal l'indication de cible mobile (ICM). Sa portée est estimée à environ 160 kilomètres avec une résolution de 10 mètres et une vitesse de la cible oscillant entre 8 et 280 km/h. Une combinaison de scanning mécanique et électronique lui permet de couvrir 3000 km2 en 10 secondes. Les officiers de l'armée française et les spécialistes de l'escadron Horizon le décrivent avec fierté comme le "meilleur radar [ICM] de l'OTAN " en raison de sa résolution et de sa fiabilité".

 C'est-à-dire que l'embarquement d'un plot de trois ou quatre appareils depuis un de nos porte-hélicoptères permettrait de couvrir une très grande zone. S'il n'est pas possible d'imaginer une permanence aérienne, tout du moins, il est imaginable d'avoir une certaine persistance.

En outre, les capacités actuelles des radars des deux hélicoptères de guet aérien, au moins pour l'HORIZON, permettent d'obtenir une vision globale du traffic au large de la Corne de l'Afrique. Avec une autonomie actuelle des Cougar HORIZON de trois heures, ces appareils peuvent aller patrouiller, finalement, assez loin du navire porteur. Et avec les capacités du radar, la zone couverte est finalement très grande.

Aussi, le radar peut suivre des cibles évoluant à 280 km/h. C'est bien assez pour 99,99% des navires. Qui plus est, la navigation commerciale doit se faire à une moyenne de 15 à 20 noeuds pour les grandes unités civiles. In fine, avec d'autres éléments de reconnaissance et d'identification, il deviendra possible de distinguer les navire-mères, utilités par les pirates pour chasser dans les eaux hautuières, des paisbiles navires de commerce. L'état-major embarqué à bord du BPC disposera d'une situation globale grâce au système HORIZON, et il pourra relever l'évolution.

Que dire de l'intérêt de tels hélicoptères pour aller surveiller les bases de pirates ? Coordonner le ou les raids d'unités spéciales sur le sol somalien ? Les évolutions juridiques conduiraient, semble-t-il, à ce que l'opération Atalante permette ou encourage des raids ciblés.

Dans cette optique, l'hélicoptère de guet aérien permettrait autant de tenter des actions de déni d'accès aux eaux internationales que des actions ayant pour objectif de décourage la navigation même côtière à des fins de piraterie.

Qui plus, il était bel et bien question d'une version navale des Cougar HORIZON : "Par ailleurs, une version navale de l'hélicoptère est actuellement examinée, de même qu'une version embarquée de la station terrestre. Plus important encore, une plate-forme héliportée fournit la possibilité de surveiller un secteur donné avec une haute résolution. Et il vaut la peine de considérer que les forces terrestres ont une grande expérience du travail avec les hélicoptères".

Les capacités de commandement des BPC permettraient, en collaboration avec le célèbre "système D" de relier ces machines au navire. En outre, les capacités nautiques des BPC, intrinsèques à sa taille, permettent d'envisager un embarquement prolongé. Le navire est suffisamment stable pour entretenir les machines à bord. Et les hangars sont suffisamment vastes pour permettre d'épargner aux machines une exposition trop prolongée aux embruns et à l'eau salée.

Pourquoi ne pas embarquer trois ou quatre hélicoptères de guet aérien sur autant de frégates ? La question mérite d'être posée. A défaut d'utiliser une grande unité amphibie, il serait donc question de disperser les machines dans une grande zone. L'avantage de la manoeuvre est évidente : en comptant seulement sur la disponibilité d'une machine et demi sur toute la durée de la mission, il est possible de créer une grande bulle de surveillance. Mais cela suppose une mise en réseau de trois ou quatre navires, et pas forcément de la même marine. Cela suppose également des capacités de commandement et de communication pour centraliser les informations reccueillies. Cela suppose une déconcentration de la logistique et de la mise en oeuvre des machines.

A contrario, le BPC possède ces capacités de commandement suffisamment grandes pour être les seules navires de commandement reconnus comme tel dans l'OTAN avec leurs homologues américains. En outre, le BPC possède une capacité exceptionnelle à durer à la mer : 350 jours de mer par année, selon son constructeur (DCNS). Il serait même envisageable de relever tout ou partie de l'équipage sur zone.

Dans cette hypothèse, il ne serait pas inintéressant de marier les deux options : une grande unité amphibie, le BPC, avec deux ou trois frégates. Le grand navire avec ses capacités de commandement et logistique maîtrisera la mise en oeuvre des hélicoptères de guet aérien et les informations, et grâce aux frégates, il démultipliera la zone surveillée. Les frégates redeviendront les effecteurs au service du grand navire pour démultiplier ses capacités d'action, comme par exemple aller déposer et récupérer un commando.

Il ne serait plus question de déployer une demi-douzaine de frégtes, si ce n'est plus, pour l'opération Atalante, mais deux ou trois frégates avec un BPC. Et dans ce cas de figure, la France rayonne car elle peut, à l'instar de la mission Corymbe, déployer en permanence un BPC sur zone. Le dividende politique est supérieur pour celui qui utilise une grande unité navale par rapport à celui qui peut déployer une frégate.

Avec le dernier TCD hollandais, le Karel Doorman, il sera même possible que l'unité amphibie puisse ravitailler d'autres unités navales. L'intérêt est pratique. Mais il est terriblement politique car une telle unité navale peut donner du temps à d'autres pour rester sur zone, et donc continuer à participer à la mission.

Le Karel Doorman est une sorte d'aboutissement, à l'échelle du navire, du concept de Sea Basing. Cette sorte de base flottante qui permet autant de durer à la mer, de commander les unités d'une zone, d'être un centre logistique, que de permettre le stockage puis l'envoie contre la terre d'unités militaires structurées.


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