Par "Europe", s'agit d'entendre ici "Union européenne". Dans cette optique, il nous faut distinguer deux versants de la construction européenne :
- celle des traités dont la Commission est la gardienne ;
- celle de la coopération intergouvernementale.
Le traité de Lisbonne a formalisé les coopérations renforcées. C'est-à-dire que les Etats qui le souhaitent, donc dans le cadre de la coopération intergouvernementale, ont la possibilité d'avancer plus loin que les autres sur des points précis.
Par exemple, en matière de Défense, "Les États membres qui le souhaitent
peuvent mettre en place une coopération structurée permanente.
Ils s’engagent alors à participer à des programmes européens
d’équipement militaire et à fournir des unités de
combat pour les missions entreprises dans le cadre de l’UE. La
procédure dans ce domaine est très souple; aucun seuil minimum d’État
membre n’est requis et le Conseil autorise la coopération
structurée permanente à la majorité qualifiée."
C'est un débat lourd de sens dans la mesure où le projet d'une
Europe en cercle concentrique, régulièrement évoqué, est encore revenu
au premier plan du débat politique. Les coopérations
renforcées sont imaginées comme une possibilité de construire ce
noyau dur d'Etats européens engagés plus en avant dans la construction
européenne.
Pour en venir au sujet qui nous intéresse, vous avez très
certainement observé que France, Italie et Pays-Bas ont acquis un autre
drone de surveillance : l'hélidrone S-100 de l'autrichien
Camcopter.
Les négociations sont plus simple, de sorte que les Etats devraient
négocier une filière hélidrone sur la base du S-100 et se doter de ces
drones.
Quel intérêt pour la SURMAR ?
Ces machines coûtent plusieurs fois moins qu'un hélicoptère classique :
Ces machines coûtent plusieurs fois moins qu'un hélicoptère classique :
- pour une voilure tournante de 4 à 5 tonnes, nous sommes sur un budget moyen observé de 4 à 5 millions d'euros ;
- pour un drone, c'est plutôt 4 à 5 fois moins ; soit environ un millions d'euros pièce.
C'est un avantage financier qui se double d'un intérêt opérationnel. Avoir une machine de 200 kg de masse maximale au décollage, c'est pratique dans de nombreuses circonstances :
- l'embarquement de ces drones peut être réalisé en nombre sur des embarcations relativement petites (500 tonnes ? Moins ?) : c'est le même phénomène que l'introduction du missile anti-navire ;
- plusieurs machines peuvent être aisément embarquées sur un même navire ;
- ils sont aisés à mettre en oeuvre du fait d'être des hélicoptères ;
- la petitesse de ces drones permet d'approcher plus en avant les objets à observer ou de prendre plus de risques, avec moins de chance de se faire repérer. La discrétion dans la manoeuvre des capteurs passent également par la taille.
Si nous devions tenter la synthèse, la mise en oeuvre d'un hélidrone
permet de décupler la surface de mer surveillée par un patrouilleur qui
n'aurait, peut-être, jamais pu embarquer un
hélicoptère faute de budget disponible pour des missions qui ne le
nécessitent pas forcément. Dans le cas français, la disponibilité des
hélicoptères de la Marine est une contrainte majeure :
les Lynx sont disponibles pour 15% d'entre eux.
L'économie est donc réalisable puisque les hélidrones permettent de remplir les mêmes missions avec une dépense moindre.
Ce qui interpelle, c'est que nos trois Etats, France, Pays-Bas et
Italie, se tournent vers le même matériel dans l'indifférence mutuelle
la plus totale.Est-ce justifié ? Par là, la question est :
serait-ce la course pour expérimenter un drone autrichien ? Non. De
toute manière, c'est la France qui a été la première à le mettre en
oeuvre à la mer. Donc où est l'intérêt national dans ces
manoeuvres nationales ? Le programme nEURON a démontré qu'une
expérimentation commune pouvait être bénéfique à tous et ambitieuse si
la bonne architecture de programme est retenue.
Ce qui revient à souligner que chacun des trois Etats va mener la même expérimentation pour apprendre les mêmes leçons de l'utilisation du même matériel. Quelle perte de temps.
Ce qui revient à souligner que chacun des trois Etats va mener la même expérimentation pour apprendre les mêmes leçons de l'utilisation du même matériel. Quelle perte de temps.
Ce qui revient à dénoncer que ces trois Etats offrent un retour
d'expérience à une entreprise qui pourra proposer une version maritime
de son drone sans jamais avoir eu à dépenser la moindre
somme pour sa navalisation.
Nous avons tous les ingrédients d'une coopération structurée permanente :
- L'Europe a besoin de faire émerger une filière drone, autant pour des raisons de stratégie militaire que pour ses besoins économiques. N'attendons pas une telle initiative de la Commission européenne qui se ridiculise régulièrement sur le sujet ;
- centraliser les expérimentations nationales et proposer des
objectifs plus ambitieux dans la mise en oeuvre de ce matériel, comme :
- le travail en réseaux de plusieurs machines avec des charges différenciées (optique, radar, etc...),
- le travail en réseau entre un hélicoptère et des hélidrones,
- l'éclairage de l'artillerie navale
- l'utilisation de ces drones depuis la terre pour patrouiller les ZEE ;
- définir un strict besoin commun aux trois Etats ;
- viser une commande groupée d'une série de matériels ;
- créer une école commune pour la transformation des personnels sur ce matériel ;
- lancer un travail commun pour adapter les normes juridiques à la mise en oeuvre des drones ;
- développer les évolutions du matériel.
En ce qui concerne le budget, tentons de chiffrer ce qui serait
nécessaire pour déployer en mer les systèmes nécessaires à la Marine
nationale. Le livre blanc fixe un format pour la Marine de 15 frégates, 15
patrouilleurs et 6 frégates de surveillance. Sur ces 36 navires
nous pouvons estimer qu'il y en aura toujours un tiers en entretien, un
tiers en entraînement et un dernier tiers en mer pour
missions. Il faudrait donc un minimum de 12 systèmes de drones pour
armer les navires en missions puisque, imaginons, les missions
d'entraînement seraient réalisés dans le cadre de l'école
commune. Un système c'est trois drones et une station de
commandement.
Grosso modo, c'est au bas mot un budget de 36 millions d'euros pour équiper correctement la Marine nationale. Entre les rapports de la Cour des comptes, ceux du député René Dosière et la réforme territoriale, révélatrice de bien des dysfonctionnements, il est parfaitement possible de trouver 36 millions d'euros en France.
Grosso modo, c'est au bas mot un budget de 36 millions d'euros pour équiper correctement la Marine nationale. Entre les rapports de la Cour des comptes, ceux du député René Dosière et la réforme territoriale, révélatrice de bien des dysfonctionnements, il est parfaitement possible de trouver 36 millions d'euros en France.
Ainsi, en lançant l'embryon d'une coopération structurée permanente
autour de la SURMAR, centrée sur les hélidrones, l'Europe lancerait une
filière intégrée de drones maritimes et renforcerait
ses capacités de surveillance maritime à moindre frais. Plus
largement, cette filière industrielle permettrait de rassembler les
entreprises et capacités industrielles atour des composants
critiques entre ces trois Etats pour faire protéger des compétences
européennes. Autant de choses qui serviront dans d'autres programmes de
drones et de capacités de SURMAR.
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