30 avril 2014

Le Varssal : la nouvelle Révolution navale ?

© Inconnu. Un dévatasteur de mondes de l'univers étendu Star Wars.
Nous pourrions être à l'aube d'une Révolution navale aussi importante que l'avènement de la vapeur puis de la propulsion nucléaire. Toutes deux ont libéré les marines de la servitude du vent du temps de la marine à voiles. Tentons de défendre le postulat proposé. Deux évolutions techniques sont, manifestement, d'une importance capitale. 


La première est une réussite américaine qui mérite une sacrée considération. Nous savions que l'US Navy prodiguait de grands efforts pour la production de carburants synthétiques à partir de charbon ou des biocarburants, par exemple. La marine américaine mettait même en place un programme d'incitation à l'optimisation de la consommation énergétique des vaisseaux des flottes avec des récompenses pour les équipages les plus efficaces.

 

Il y a quelques mois, l'US Navy annonçait sa volonté de réussir à produire du kérosène à partir de l'eau de mer. Des programmes de recherche il y en a un certain nombre. Mais un tel programme qui parvient à un degré de mâturité tel que la Flotte des Etats-Unis puisse annoncer avoir réussi, il n'y en a pas beaucoup. Le Naval Research Labotory a réussi cette prouesse.

 

Concrètement, cela signifie un nouveau succès pour l'aéronavale américaine qui cherche à alléger les flux logistiques au maximum. Mais à moyen terme, nous ne pouvons que nous poser quelques questions et remarquer quelques petits changements.

 

Les escadres américaines (et pas seulement les CSG) pourront produire tout ou partie du kérosène nécessaire à leurs aéronefs. Le nombre de rotations des unités logistiques ne pourra que diminuer à l'avenir. Les groupes navals seront moins exposés pendant les phases de Ravitaillement A la Mer (RAM) puisqu'il y en aura moins. De facto, le besoin d'un volume d'unités logistiques ne pourra que diminuer.

 

Plus loin, nous ne pouvons que constater que l'ambition est que ce carburant synthétique puisse aussi alimenter les machines des navires. Cette évolution technique pourrait réduire drastiquement les besoins logistiques, à tel point que nous nous rapprocherions de la situation de la marine à voiles. Ceci sans passer par la propulsion nucléaire et ses contraintes (coûts, sûreté nucléaire, etc...).
Néanmoins, il paraît difficilement imaginable de produire du kérosène par électrolyse sans industrialiser le procédé via l'utilisation de l'énergie nucléaire : l'électrolyse est connue pour être une méthode gourmande en énergie.

 

La deuxième innovation est l'imprimante 3D. Ces machines peuvent par impression tridimensionnelle d'un objet conçu en CAO le créer par empilement de couches d'un matériaux donné. Les initiatives font florès dans le domaine. Ce qui change radicalement la donne, c'est que le procédé atteint un degré de maturité technique suffisant pour produire des pièces de rechanges pour un PANAVIA Tornado.

 

Ces machines sont d'un encombrement assez réduit et leurs capacités ne sont pas encore pleinement exploitées. Il y a peu de risques pris quand nous nous laissons aller à dire que la qualité et la complexité des pièces produites iront crescendo.

 

Notre Révolution navale est donc le croisement de ces deux réussites, de ces deux voies technologiques. Mais surtout, et caractéristique de la guerre sur mer, le vaisseau ou la nef est le fruit de la concentration de technologies, de puissance et d'hommes sur une plateforme navale. Par exemple, il y avait plus de canons à Trafalgar que toute l'artillerie réunie à Austerlitz. La délocalisation de capacités industrielles en mer nous montre qu'il est possible de concevoir et d'exploiter de grandes unités navales (exemple des FPSO) affectée à l'exploitation de matières premières et leur transformation. Il est donc techniquement possible de croiser les deux voies technologiques sur une même plateforme.

 

Imaginons une grande unité navale propulsée par un réacteur nucléaire et déplaçant un grand volume. Cette unité serait conçue selon le schéma d'une barge semi-submersible. De sorte que les grands volumes de sa coque lui permettrait d'héberger du carburant produit synthétiquement par électrolyse et de grandes surfaces pour des ateliers équipés d'imprimantes 3D.
Là où nous repoussons les limites du navire-atelier croisé avec un laboratoire de chimie, c'est quand il nous faut imaginer que ce navire pourrait servir de chantier naval flottant. Si ses ateliers peuvent fournir toute ou partie des pièces d'un navire, ses hangars les stocker alors quelle limite y aurait-il à entretenir des navires en pleine mer ?
Mieux encore, repoussons une nouvelle fois les limites : quelle limite y aurait-il à ce que ce navire puisse être un chantier naval flottant ? Le navire se déplacerait au gré des ports pour percevoir les matières premières, dans d'autres pour trouver une main d'oeuvre bon marché. Les spécialistes et ingénieurs seraient détaché depuis la métropole.

 

Le croisement entre un vaisseau et un arsenal permettrait de faire émerger le "Varssal". Une marine deviendrait ainsi totalement mobile, presque sans aucune limite ni rattachement à la terre. Mouvement annonciateur de l'industrialisation de l'Espace ? 

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