10 novembre 2015

"The Great War at Sea - A Naval Atlas, 1914-1919" de Marcus Faulkner


L'historien naval britannique Marcus Faulkner (King's College de Londres ; @NavalHistWar) nous offre un magnifique atlas sur les combats navals de la Première Guerre mondiale (28 juillet 1914 - 11 novembre 1918) à l'intervention des puissances occidentales dans la guerre civile russe (1918-1919).  

The Great War at Sea - A Naval Atlas, 1914-1919 (Barnsley, Seaforth Publishing, 2015, 192 pages) est introduit par Andrew Lambert, autre professeur de la guerre navale officiant dans la même institution. Les cartes sont de Peter Wilkinson qui mérite amplement d'être cités eu égard à la qualité de son travail. 

L'ouvrage ne peut se visiter sans un tour par la page XIV qui présente toutes les clefs de lecture des différentes cartes : silhouette des navires, aéronefs pour chaque nation. Chacune de ses silhouettes reprend le profil de l'un des navires représentatif de chaque type. Les "armoured cruiser" (croiseur-cuirassés) semblent reprendre les lignes de l'Amiral Aube ou l'un des derniers navires de ce type construits. 

Les pages 2 à 165 ne sont constituées que de cartes, des cartes et un peu de textes. Ais-je précisé que toutes les cartes étaient en couleur ? Tout l'ordre spatial, la répartition des flottes, des zones de responsabilités, les engagements, les combats, sont représentés. Depuis la croisière des SMS Goeben et Breslau (3-10 août 1914) jusqu'à l'intervention des flottes occidentales dans la guerre civile russe jusqu'en 1919 en passant par la bataille des Falkland (8 décembre 1914), du Jutland (31 mai - 1er juin 1916) ou l'affaire des Dardanelles (25 avril 1915 - 9 janvier 1916). 

Toutes les cinématiques des combats sont couchées sur le papier, presque heure par heure avec la position de tous les protagonistes. Il est aussi bien possible de suivre à la loupe les différents engagements français dans la mer Adriatique lors du blocus de la flotte austro-hongroise que son évolution dans le temps, avec les moyens mis en œuvre. 

C'est aussi un magnifique outil pour tenter d'embrasser d'un seul coup d'œil l'occupation des espaces maritimes et littoraux au cours de ce conflit, les dispositifs opérationnels mis en place pour atteindre les objectifs de chaque partie. Aussi bien les unités navales que l'artillerie disposée à terre (dont sa portée théorique), les mines, les barrages, etc. permettent d'apprécier l'ensemble des situations opérationnelles. 
 
Marcus Faulkner, aussi historien du renseignement, n'oublie pas une double page sur les communications stratégiques, par câbles sous-marins ou émetteurs à longue distance, en 1914. Ce qui permet d'apprécier l'importante guerre des câbles entretenues entre Londres, Paris, Washington et Berlin. Néanmoins, il est dommage que l'ouvrage ne permette d'apprécier que l'antagonisme anglo-allemand. 

Quelques questionnements surgissent, par exemple sur l'utilisation politique de la Flotte dans cette guerre. L'Armée de Mer occupe l'entrée de l'Adriatique afin de bloquer la flotte austro-hongroise dans ses ports. Cependant, après l'entrée en guerre de l'Italie (1915), cet effort est partagé avec Rome et Londres, dans un premier temps, avant qu'il ne soit assumé presque exclusivement que par Rome, dans un deuxième temps. Pourquoi donc toute ou partie du corps de bataille français ne rejoint-il pas la Mer du Nord afin de renforcer la Grand fleet ? Une chose que ne manquera pas de faire l'US Navy lors de l'entrée en guerre des États-Unis (1917), encadrant même avec la Royal Navy la réédition de la flotte impériale allemande. 

En tous les cas, c'est un magnifique objet pour qui souhaite observer la Grande guerre sur les mers et les océans, de l'Atlantique au Pacifique. 

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