28 octobre 2019

Marinha do Brasil : évaluation de l'INS « Vikrant » par la Marine brésilienne

© Inconnu. L'INS Vikrant en cours de construction (2009 – 2023 ?), après l'achèvement des travaux dits de la « deuxième phase », largue ses amarres et quitte sa forme de construction de Cochin Shipyard Limited, 2018.

     En septembre 2019, un réserviste de la Marine brésilienne (Marinha do Brasil) effectuait un échange technique en Inde. L’un des objectifs publiquement affichés était de pouvoir constituer une appréciation de la conception de l'IAC-1 (Indigenous Aircraft Carrier 1) : le futur INS Vikrant (Poder naval, « Marinha do Brasil avalia projeto de porta-aviões indiano », 17 octobre 2019) dont l’architecture du pont d’envol est dite « STOBAR » (Short Take-Off But Arrested Recovery). La programmation de l’Indian Navy a l’ambition de lancer le programme IAC-3, d’ores et déjà surnommé INS Vishaal, qui, lui, devrait appartenir à la filière CATOBAR (Catapult Assisted Take-Off But (ou Barrier) Arrested Recovery).

     Le Plano de Articulação e Equipamento da Marinha do Brasil (PAEMB) de 2009 est la déclinaison navale de l'Estratégia Nacional de Defesa, présentée le 18 décembre 2008. Le PAEMB couvre la période 2009 – 2030 avec des prévisions quant aux efforts à produire durant les deux décennies suivante (2030 – 2047). Son exécution est confiée à la Diretoria de Gestão de Programas Estratégicos da Marinha (DgePEM). Les deux principaux programmes du PAEMB sont les PRograma de Obtençao de meios de SUPerfície (PROSUPER) et PROgrama de desenvolvimento de SUBbmarinos (PROSUB).

PROSUPER recèle l'ambition d'acquérir deux nouveaux porte-avions d’un déplacement à pleine charge indiqué comme devant être d'environ 45 000 à 60 000 tonnes (~ 30 avions de combat auxquels s’ajoutent des avions de guet aérien, ainsi que des hélicoptères). Les constructions de ces deux ponts plats, dans les documents précités, étaient précisées comme devant être lancées pendant les périodes 2023 – 2031 et 2031 - 2047. Le désarmement de l'ancien Foch (1963 – 2000), c’est-à-dire le NAé Sao Paulo (2000 – 2018), en novembre 2018 et son remplacement par l'ex-HMS Ocean en juillet 2018, rebaptisé NAé Atlântico, laisse symboliquement l'Amérique latine sans porte-avions. 

     Le programme de modernisation de l'ancien porte-avions français (2015 et 2019) allait de pair avec ceux couvrant la modernisation des aéronefs à voilure fixe constituant son groupe aérien embarqué, dans le cadre du Programa de Modernização e Obtenção de Aeronaves :

  • 4 monoplaces et 2 biplaces AF-1 Falcão (ex-A-4KU Skyhawk II koweitien) sur les 12 machines en dotation furent modernisés ; le dernier retournait au service en avril 2019 ; 
  • Les quatre KC-2 Turbo Trader bénéficient eux-aussi d'une lourde modernisation, le premier devrait être livré en 2021 avec ses pleines capacités opérationnelles.

      La société suédoise SAAB continue de proposer le Gripen M. La Marinha do Brasil demeure convaincue que l'acquisition de porte-avions est compatible avec les capacités brésiliennes, d'où la conservation des aéronefs à voilure fixe. 

     Lors de la présentation du programme de futurs porte-avions par la Diretoria de Gestão de Programas Estratégicos da Marinha (DgePEM), en février 2018, il apparaissait que toutes les filières aéronavales étaient investiguées : depuis le Juan Carlos I espagnol (27 000 tonnes) avec aéronefs ADAV/STOVL jusqu'à un porte-avions à catapultes et brins d'arrêt (CATOBAR) à propulsion classique ou développé à partir des plans du porte-avions Charles de Gaulle (43 000 tonnes). Cette dernière piste était comparée à l'achat d'une coque de sous-marin nucléaire d'attaque dépourvue de ses parties nucléaires à la France, en plus des quatre S-BR (Scorpène-Brasil). 

     L'échange technique avec l'Indian navy n'est pas le premier du genre : par exemple, Pékin concluait un accord aéronaval avec Brasilia, en 2010, relatif à la formation des futurs pilotes embarqués chinois. Rien ne semblait avoir filtré quant à d’éventuelles contreparties obtenues par le Brésil. 

     Ces quelques indices, en ce qui concerne les options qui se présentent à l’état-major de la Marinha do Brasil et éventuellement ses préférences, invitent à considérer son intérêt pour un porte-avions à catapultes et brins d'arrêt d'un tonnage d'environ 30 000 à 40 000 tonnes. Le DEAC (DCNS Evolved Aircraft Carrier), par exemple, suscitait l'intérêt du Brésil. Les plans de l'INS Vikrant (40 000 tonnes), ses dimensions générales et ses caractéristiques opérationnelles sont compatibles avec les objectifs aéronavals brésiliens.

 

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