21 janvier 2020

MCMM (MHC + SLAMF) : Force de guerre des mines, effectifs et SLAMF

© Naval group.

 
     La Force de Guerre des Mines (FGM) est aujourd'hui diluée au sein de la Force d'Action Navale (FAN). Les effectifs répartis entre les structures de commandement, les services, les plongeurs démineurs et les équipages des bâtiments spécialisés dans la guerre des mines seront probablement bouleversés par les nouvelles structures de forces à mettre en place dans la foulée des livraisons des systèmes et des bâtiments spécialisés au titre du programme Système de Lutte Anti-Mines Marines Futur (SLAMF). Depuis l'extérieur, un volant de manœuvre d'environ 400 marins paraît se dégager.

L'ensemble des chiffres et nombres proposés dans ce qui précède et surtout dans ce qui va suivre n'est qu'une tentative de recoupements de différentes sources, presque exclusivement issues de documents publics de la Marine nationale, relatives à quelques éléments clefs quant aux effectifs de la Force de Guerre des Mines (FGM).

      La FGM en tant que telle n'existe plus depuis sa dilution dans la Force d'Action Navale (FAN), créée le 1er janvier 1992. Selon les textes officiels, il ne subsiste dans la FAN que l'état-major de guerre des mines (Brest (20) et Toulon (70 ?) compris dans l'État-Major de la FAN (EM/FAN), l'École de guerre des mines, possédant son antenne à Brest, en tant que service rattaché, les bâtiments spécialisés dans la guerre des mines et les Groupements de Plongeurs Démineurs (GPD). Ces derniers sont au nombre de trois et se répartissent entre les GPD n°1 – Manche (49 dont 31 plongeurs démineurs), GPD n°2 – Atlantique (49 dont 31 plongeurs démineurs) et GPD n°3 – Méditerranée (50 dont 38 plongeurs démineurs). Les plongeurs démineurs participent à l'armement du CEllule Plongée Humaine et Intervention Sous la MER (CEPHISMER) avec environ 10 marins.

      Les plus grandes évolutions des effectifs devraient se produire à l'endroit des équipages des bâtiments spécialisés et non pas vis-à-vis des effectifs des plongeurs démineurs (320). Ces derniers sont jugés indispensables pour la lutte contre les mines dans la bande côtière et donc par petits fonds mais également pour des missions ne pouvant être accomplies par des robots (génie sous-marin, etc). La notification du contrat pour les huit nouvelles vedettes de soutien de plongée et la cible de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 – 2025 relatives à la livraison de cinq Bâtiments-Bases des Plongeurs Démineurs de Nouvelle Génération (BBPD – NG) incitent à croire que le nombre de GPD et leur format seront maintenus.


Bâtiments spécialisés dans la guerre des mines (19) 
Opérateurs 
Plongeurs démineurs 
Équipage 
Total 
Chasseurs de Mines Tripartites (11) 
12 
6 
33 
495 
Bâtiment d’Expérimentation de Guerre des Mines (1) 
10 (DGA) 
0 ? 
38 
38 
Bâtiments Remorqueurs de Sonar (3) 
0 ? 
0 
21 
63 
Bâtiments-Bases des Plongeurs Démineurs (4) 
Méd. + Inf. 
12 
15 
60 
Vedettes Supports de Plongée (12) 
0 
12 
3 x 3 + 9 x 4 
45 
Total effectifs des équipages sans les opérateurs et plongeurs démineurs 
701 

Le raisonnement sous-jacent est proposé à partir de la structure de forces existant en 2015 car c'est celle-ci qui est retenu dans les cibles programmatiques quand débutait les travaux de la première expérimentation du programme Maritime Mine Counter Measures (MCM), les bâtiments spécialisés dans la guerre des mines étaient au nombre de 19, auxquels s'ajoutaient 12 vedettes supports de plongeurs. L'effectif de leurs équipages atteignaient les 701 marins.

      Les projections quant à la taille des équipages des futures plateformes navales du programme SLAMF reprennent les données du programme belgo-hollandais MCM pour lequel Naval group propose un bâtiment de 2800 tonnes armé par 29 marins et dont les capacités des logements permettent d'accueillir 63 personnels. Ces bâtiments arborent dans les présentations faites en Belgique un centre d'opérations de 17 consoles et autant de sièges.

Il peut s'en déduire que 34 marins serviront pour armer et le central opérations et les deux systèmes de drones. Ils recevront peut être une aide du bord pour la manutention des drones. Cet effectif paraît strictement suffisant pour un fonctionnement en bordée. Certains des drones ont une autonomie allant jusqu'à 40 heures. Cela amène à questionner la capacité à durer pour un seul bâtiment. L'éventuelle possibilité de commander et contrôler plusieurs systèmes de drones (MLCM) par un seul central opérations dans le cadre de l'engagement de plusieurs bâtiments, voire depuis un bâtiment de commandement, permettrait d'améliorer la capacité à durer à la mer.

Cependant, ce dimensionnement ne laisse pas augurer la faculté d'embarquer un détachement de plongeurs-démineurs devant être accompagné par un médecin et un infirmier. Aucun caisson de recompression ne paraît avoir été demandé dans l'appel d'offres et sa présence éventuelle n'apparaît pas dans les présentations faites publiquement. Cela reviendrait à dire que la capacité à mettre en œuvre des plongeurs démineurs est entièrement déportée sur les VSP et les futurs BBPD-NG. De facto, le format des plongeurs démineurs n'aurait plus à tenir compte du détachement de six personnels sur chacun des bâtiments de la classe Éridan injecté dans le cycle opérationnel.


Bâtiments spécialisés dans la guerre des mines (9) 
Opérateurs 
Plongeurs démineurs 
Équipage 
Total 
Modules de Lutte Contre les Mines (8) 
17 ? 
0 ? 
0 ? 
136 
Bâtiment de Guerre des Mines (4) 
2 x 17 ?* 
6 ? 
29 ? 
116 
Bâtiments-Bases des Plongeurs Démineurs - NG (5) 
Méd. + Inf. 
12 ? 
15 ? 
75 ? 
Vedettes de Soutien à la Plongée (8) 
0 
16 à 30 
6 
48 
Total effectifs des équipages sans les plongeurs démineurs 
375 

     Il en résulte un volant de manœuvre théorique d'environ 400 marins : soit 325 marins de moins pour l'armement des bâtiments et jusqu'à un maximum théorique de 66 plongeurs démineurs qui ne sont plus à détacher sur les chasseurs de mines par les GPD. Les retraits du service actif de trois CMT (Persée (2009), Verseau (2010) et Éridan (2018), de deux autres de ces bâtiments et des trois BRS (2022 – 2023 ?) posent la question du devenir budgétaire de ces postes.

Dans l'hypothèse de tirer parti du volant de manœuvre (400 marins), le premier poste de consommation serait le doublement des équipages des futurs BGDM (8 x 29) et BBPD-NG (10 x 15). La diminution du nombre de bâtiments spécialisés dans la guerre des mines (19 à 9), notamment le passage de 11 CMT à 4 BGDM, obligera à une activité accrue des nouvelles plateformes car le volume de missions ne diminuera pas. 191 marins seraient nécessaires.

Cette mesure dispenserait peut être, dans le cas des BBPD-NG et des VSP, de dédier les moyens navals et nautiques de l'équivalent d'un GPD (un BBPD-NG et deux VSP) à l'école de guerre des mines de Saint-Mandrier grâce à l'augmentation du nombre de jours de mer : 200 par BBPD-NG contre 100 pour les BBPD. Il en résulterait la possibilité de créer un quatrième GPD sans modifier les cibles arrêtés pour les différents programmes. 50 marins seraient nécessaires.

L'une des potentielles vulnérabilités réside dans l'armement des MLCM qui devra soutenir des opérations de déminage pendant plusieurs jours à plusieurs mois. Doubler le nombre de marins dédiés à l'emploi d'un MLCM ou permettre l'embarquement d'un renfort d'équipage suppose que le BGDM ait des capacités de logement en rapport.



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