17 janvier 2020

MCMM (MHC + SLAMF) : lancement de la phase de réalisation programme SLAMF (2020 – 2030)

© Ministère des Armées.

     Le programme MCMM (Maritime Mine Counter Measures) joignant les efforts des programmes nationaux britannique (MCH (Mine Countermeasures and Hydrographic Capability) et français (SLAMF (Système de Lutte Anti-Mines Marines Futur) devrait bénéficier d'une première commande à l'orée du dixième anniversaire des accords de Lancaster house (2 novembre 2010) au profit de systèmes de drones. L'achèvement de la première phase du programme SLAMF (2015 – 2022) débouchera sur l'ouverture de la deuxième (2022 - 2025), c'est-à-dire la commande des moyens hauturiers.

Le programme SLAMF, par rapport aux moyens existants, permettra la mise au point de nouvelles solutions opérationnelles offrant la possibilité de lutter contre les différents types de mines à une distance de sécurité accrue : jusqu'à 30 nautiques du centre de commandement et de contrôle. La Marine nationale argue que les capacités de guerre des mines progresseront sur le plan opérationnel par trois points particuliers :

Le premier est la capacité à traiter les mines des 80 mètres de profondeur jusqu'à 300 mètres, c'est-à-dire au-delà du plateau continental. Capacité attendue depuis l'abandon du programme de Bâtiments Anti-Mines Océanique (BAMO).

Deuxièmement, les capacités de projection du groupe de guerre des mines seront renforcées par le truchement de deux voies différentes : les futurs bâtiments auront des dimensions plus conséquentes, ce qui améliorera leurs facultés à durer à la mer loin et longtemps. La deuxième est que les futurs systèmes de drones seront déployables depuis la terre, la capacité sera donc projetable par voie aérienne.

Troisièmement, ces systèmes de drones pourront opérer discrètement de par leurs dimensions réduites et l'emploi d'engins sous-marins.

Du point de vue du renouvellement des plateformes navales françaises, le programme SLAMF lors de son lancement visait la succession de 19 bâtiments entre 2022 et 2030 :

  • 11 Chasseurs de Mines Tripartites (CMT) de la classe Éridan,
  • 3 Bâtiments Remorqueurs de Sonars (BRS) de classe Antarès,
  • 4 Bâtiments-Bases de Plongeurs Démineurs (BBPD) de type Vulcain,
  • le Bâtiment d’Expérimentation de Guerre des Mines (BEGDM) Thétis.

 Soit 10 190 tonnes, au total (2015). 

Le traité de Londres ou accords de Lancaster house (2 novembre 2010) sanctionnait la volonté franco-britannique de joindre les efforts des deux pays quant au remplacement des chasseurs de mines des Marine nationale (cf. ci-dessus) et de la Royal Navy (classes Hunt et Sandown) par le programme Le MCMM (Maritime Mine Counter Measures) qui partage les responsabilités à parts égales. Le sommet franco-britannique du 31 janvier 2014 accouchait d'un accord-cadre permettant le développement d'un prototype de drones de surface et sous-marins.

 

     Étape 1 (2015 – 2022)

      La première phase débutait par l'étude notifiée le 27 mars 2015 par l'OCCAR, au nom de la DGA et du Defence Equipment and Support (DE&S), aux industriels. Ce contrat, d'une durée de deux années pour un peu plus de 20 millions d'euros, est attribué au consortium formé de Thales et BAE Systems et associant ECA, ASV et SAAB. BAE Systems s'est retiré depuis. Il était décidé au sommet d'Amiens ou 34e sommet franco-britannique (3 mars 2016) d'engager la construction d'un prototype pour chaque pays. Lors de la 25e édition du salon Euronaval 2016 (17-21 octobre 2016), la livraison d'un prototype du système de drones pour chacune des deux marines est alors espérée pour l'année 2019.

Chacun de ces prototypes devrait préfigurer la solution opérationnelle. Et en se fondant sur l'articulation de ce futur système de drones tel qu'elle était imaginée en France, il est possible qu'un prototype du système soit composé des éléments suivants :

  • un centre de commandement et de contrôle conteneurisé déployable depuis la terre,
  • un drone de surface (Unmanned Surface Vehicle (USV) opérateur des charges suivantes,
  • trois drones sous-marins autonomes (Autonomous Underwater Vehicle (AUV) dont l'un sert pour la Détection, la Classification et la Localisation (AUV DCL), l'autre pour l'Identification (AUV I),
  • un sonar-remorqué pouvant être employé par l'USV ou un AUV,
  • un robot télé-opéré (Remotely Operated underwater Vehicle (ROV) de neutralisation.

Le prototype dévolu à la France était livré au site Amiral Nomy de Thales (Brest) en juillet 2018 pour intégration des différents systèmes. ASV est le fournisseur de l'USV dérivé de son C-Sweep, drone de surface expérimenté au Royaume-Uni postérieurement au Sterenn Du. Le nouveau prototype d'ASV possède des caractéristiques nautiques légèrement supérieures au C-Sweep. Il s'agit monocoque long d'environ 12 mètres pour un maître-bau d'environ 3.5 mètres et un déplacement d'environ, 12 tonnes. Le C-Sweep atteignait plus de 25 nœuds pour 230 milles nautiques d'autonomie et les caractéristiques du nouveau prototype sur ces deux points n'ont pas encore été précisées.

Le drone de surface a été équipé des moyens de manutention pour la mise en œuvre du sonar remorqué T-SAS (Towed - Synthetic Aperture Sonar), du robot télé-opéré MuMNS (Multi-Shot Mine Neutralisation System) de SAAB et du drones sous-marin autonome (AUV) A27 d'ECA portant, en tant que charge utile, le sonar latéral SAMDIS (Thales).

Le centre de commandement et contrôle (Portable Operation Center (POC) comprenant le système de gestion de missions du prototype du système de drones, détaillé ci-dessus, est conçu et fabriqué par Thales. Le POC est un système conteneurisé.

La fonction DCL des AUV fut validée en août 2019. Le ROV de neutralisation était validé en octobre 2019. L'USV et sa fonction DCL fut validé en novembre 2020. La revue de qualification de SLAMF étant intervenue en décembre 2019, et manifestement était un succès, l'année 2020 pourra être dédié, comme prévu, aux essais des prototypes représentatifs des systèmes complets selon quatre scénarios opérationnels en Bretagne et en Écosse, dans des conditions environnementales exigeantes.

À l'issue des essais une décision commune sur la suite à donner au MCMM est attendue entre le début de l'année 2020 et plus probablement le dixième anniversaire du traité de Lancaster House, c'est-à-dire en novembre 2020. C'est à cette échéance que devrait très probablement être commandé les deux premiers Modules de Lutte Contre les Mines (MLCM) pour une livraison programmée pour 2022.

Ces deux MLCM seront basés à Brest et Toulon et donc opérés depuis la terre. Eu égard aux objectifs du programme, le MLCM devra pouvoir être employé jusqu'à 30 nautiques au large de son centre de son centre commandement et contrôle. L'autonomie du C-Sweep (230 nautiques), devancier du prototype final, est peu ou prou la même que celle des huit nouvelles Vedettes de Soutien à la Plongée (VSP) à livrer entre 2022 et 2025. Il devrait être loisible d'observer une expérimentation de cette nouvelle capacité côtière de lutte contre les mines avec probablement un déploiement du POC sur un BBPD pour diriger VSP et MLCM.

Dans cet ordre d'idées, il s'agirait de comprendre que dans le cas brestois le MLCM débutera le remplacera des BRS car la Marine nationale indique bien que cette première capacité est attendue en soutien de la dissuasion.

 

     Étape 2 (2022 – 2025) : acquisition des moyens hauturiers

      La Marine nationale qualifiait la deuxième phase d'acquisition des moyens hauturiers. Selon la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 – 2025, l'objectif pour la modernisation des capacités navale de guerre des mines est la livraison de :

  • deux bâtiments mères (MS (Mother Ship) pour la LPM, Bâtiment de Guerre des Mines (BGDM) pour la Marine),
  • trois BBPD-NG,
  • quatre systèmes de drones (MP pour la LPM, MLCM pour la Marine).

 La commande portant construction des deux premiers BGDM est attendue pour 2022, c'est-à-dire entre l'année d'achèvement du prototype du MLCM et l'année de la réception du MLCM de série. Il n'est pas envisagé de pouvoir commander plus tôt le BGDM car celui-ci ne sera, en toute logique, dimensionné que quand sera figé le MLCM. Raison pour laquelle il n'est pas possible de déterminer si le bâtiment produit pour le programme belgo-hollandais peut être retenu. Et force est de remarquer qu'il n'est pas dit si une procédure d'appels d'offres sera émise, ni même si Londres et Paris étendront la coopération sur le MCMM jusqu'à la définition, voire la construction commune d'un bateau-mère. La livraison du premier BGDM est attendue pour 2024. Le deuxième BDGM pourrait être livré, au plus tard, en 2025.

Selon un calendrier probablement similaire seront commandés les Bâtiments-Bases des Plongeurs Démineurs – Nouvelle Génération (BBPD-NG) au profit des trois Groupes de Plongeurs Démineurs. La LPM 2019 – 2025 retient un objectif de livraison des trois premiers BBPD-NG en 2025, au plus tard. La cible est de 5 BBPD-NG, soit le remplacement des quatre BBPD (Pluton (1986), Vulcain (1986) Styx (1987) et Achéron (1987) et la succession du Bâtiment d’Expérimentation de Guerre des Mines BEGM Thétis (1988). Les BBPD-NG doivent conserver la capacité d’intervenir de manière autonome sur la bande côtière ou en projection hauturière.

En prenant comme hypothèse comme le BBPD-NG suivra la même courbe de croissance qu'entre les anciennes et nouvelles VSP, le futur bâtiment pourrait déplacer jusqu'à 870 tonnes à pleine charge contre 490 tonnes pour les BBPD.

 

     Étape 3 (2025 – 2028) : doublement quantitatif des capacités

      La troisième étape correspond à l'achèvement de l'acquisition de tous les modules et toutes les plateformes du programme SLAMF. La LPM 2019 – 2025 retient donc la livraison de deux BGDM, deux BBPD-NG et de quatre MLCM supplémentaires. Les chasseurs de mines triparties et les BBPD auront été entièrement remplacés à l'échéance 2030.

La LPM 2019 – 2025 précisait que la cible du nombre de mother-ships (BGDM) est indiquée à quatre plateformes mais que si le coût de la ou des propositions des industriels le permettait alors la cible serait relevée à six BGDM.

En se fondant sur le coût global du programme MCM belgo-hollandais (1853 millions d'euros (2019) et en s'avançant à dire que les coûts du SLAMF devraient être similaires même si quelques choix opérationnels diffèrent, alors le coût par système du SLAMF devrait être voisin des 155 millions d'euros (4 BGDM + 8 MLCM). L'enveloppe finale, hors BBPD-NG, serait de l'ordre des 620 millions d'euros.

En se fondant sur quelques projections à partir des programmes récemment lancés (MCM belgo-hollandais, VSP, etc), il se dessine les 10 190 tonnes (2015) de bâtiments de guerre des mines seront remplacés par plus ou moins 15 500 tonnes. Nonobstant un possible ajustement de la cible des BGDM : 21 150 tonnes dans ce cas).

 

Bibliographie indicative :

 

 

1 commentaire:

  1. On change de paradigme...
    http://guerres-et-conflits.over-blog.com/2021/12/batiments-modernes.html

    Passez de bonnes fêtes de fin d'année!

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