05 février 2020

中國人民解放軍海軍 : système de double coiffe sur le JL-2 ?

     En décembre 2019, il apparaissait en Chine l'extrait d'une plaquette de présentation contenant, au moins, ce dessin d'artiste expliquant la séquence de tir d'un missile Mer-Sol Balistique Stratégique (MSBS ou Submarine-Launched Ballistic Missile (SLBM) « 巨浪-2 » (« vague géante ») ou Jù Làng-2 (JL-2). Le document tendait à confirmer que le JL-2 possède une double coiffe, en plus d'un carénage moteur et serait « mirvé » (Multiple Independently targeted Reentry Vehicle (MIRV), avec une partie haute pouvant accueillir, au moins, trois têtes nucléaires.

     Le « 巨浪-2 » (« vague géante ») ou Jù Làng-2 (JL-2) est le deuxième Mer-Sol Balistique Stratégique (MSBS ou Submarine-Launched Ballistic Missile (SLBM) à relever de cette famille mais c’est aussi le deuxième MSBS chinois. Il a été qualifié par le renseignement américain de CSS-NX-4, CSS-NX-5 et jusqu'à être dénommé CSS-NX-14 dans le rapport « Ballistic and Cruise Missile Threat » de l'U.S. Air Force National Air and Space Intelligence Center.

     Par ses caractéristiques opérationnelles, il serait comparable au MSBS Trident 2C4 et posséderait une allonge permettant de le qualifier de missile balistique intercontinental (Inter Continental Ballistic Missile (ICBM). Il s’agit d’un engin à trois étages, à propergol solide, haut de 13 mètres pour 2 mètres de diamètre. Selon les versions, son poids au lancement oscillerait entre 23 et 42 tonnes pour une portée comprise entre 7 500 et 14 000 km. Mais la portée estimée du JL-2 varie plus souvent entre une portée minimale de 2000 km et une portée maximale comprise dans une fourchette allant de 7400 et 9000 km, ce qui paraît être plus compatible avec ses caractéristiques intrinsèques.

     Le programme JL-2 aurait été confié à la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC) et dirigé par l'ingénieur Huang Weilu, « père » du JL-1. Les études préliminaires auraient été lancées dès les années 1970. Le développement du JL-2, réputé commun avec celui du DF-23, rebaptisé plus tard DF-31, aurait bénéficié de l'essai réussi du moteur-fusée (commun aux JL-2 et DF-31) fin 1983. La partie développement du programme aurait été réorganisée en janvier 1985.

La campagne d'essais du MSBS JL-2 aurait débuté dès 1999. Un premier essai d'éjection d'une maquette ou du missile aurait eu lieu depuis un tube lance-missile à bord d'un sous-marin à propulsion classique chinois Type 031 (projet 629 soviétique construit en Chine, Golf dans la terminologie otanienne) en janvier 2001. Un deuxième essai similaire aurait eu lieu en octobre 2001. D'autres essais furent menés en 2002, 2003 et 2004 mais ce dernier fut un échec, obligeant le programme à prendre du retard. La campagne d'essais en vol se poursuivait avec deux essais réussis, le 16 juin 2005 et en 2008.

En 2009 fut conduit le premier « tir de synthèse » depuis un Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins (SNLE) du Type 09IV (09-IV型核潛艇 ou Jin dans la terminologie otanienne). Nouvel essai en 2011, une série d'essais en 2012 dont un autre tir de synthèse le 21 août 2012 et un dernier tir d'essai en 2015.

La première patrouille opérationnelle d'un SNLE du Type 09IV fut conduite en décembre 2015.

     Il existerait plusieurs versions du MSBS JL-2 dont certaines ne sont pas toujours citées, ce qui tendrait à expliquer les importants écarts observés quant aux caractéristiques rapportées du missile. Et il avait été évoqué, en 2008, une réflexion chinoise quant à l'intégration d'une charge anti-satellite (Anti-SATellite (ASAT) à bord d'un JL-2.

     Le MSBS JL-2 fut officiellement présenté lors du défilé militaire de la fête nationale, le 1er octobre 2019, la même année que l'anniversaire des 70 ans de la Marine chinoise, à Pékin. 12 exemplaires du JL-2 – soit la salve entière d’un Type 09IV – défilèrent dans leur conteneur sur des camions. Il est communément avancé que 48 MSBS JL-2 auraient été produits, ce nombre ayant été atteint dès 2016 et seraient déployés sur tous les SNLE de Type 09IV depuis 2017.

     Le système de guidage du missile ferait appel à trois moyens principaux dont le premier serait un système de navigation inertiel appuyé par un recalage astral, la faculté à recourir au système de positionnement par satellite Beidou (北斗 ou běidǒu). La précision terminale (Circular Error Probable (CEP) serait comprise entre 100 et 350 mètres.

     La charge utile du JL-2 est estimée entre 1050 kg et 2800 kg. Les corps de rentrée atmosphérique bénéficieraient d'une masse allouée de 700 kg. Un débat touchant ce missile vise à déterminer s'il est « mirvé » : c'est-à-dire s’il est apte à emporter plusieurs charges utiles dont plusieurs têtes nucléaires à trajectoires indépendantes. Trois configurations s'opposent dans la littérature ouverte :

  • configuration 1 : une tête nucléaire de 1 Mt ou 250 Kt ; 
  • configuration 2 : quatre têtes de 90 Kt ; 
  • configuration 3 : trois à huit têtes de 20 à 90 Kt, aides à la pénétration et leurres.

L’existence de plusieurs versions, voire éventuellement de variantes et donc de configurations, suffirait à expliquer ces trois configurations.

     Cet extrait d'une plaquette de présentation (cf. supra) tend à confirmer ce que certains observateurs pressentaient : le JL-2 dispose d'une double coiffe, en plus d'un carénage moteur.

La double coiffe n'a pour finalité que de facilité la phase sous-marine entre l'éjection hors du tube lance-missile du SNLE et le franchissement du « dioptre ». D'où la forme particulière de cette première coiffe conçue pour optimiser la pénétration hydrodynamique. Un dispositif pyrotechnique semble donc être intégré pour permettre l'éjection de la première coiffe jusqu'à une distance assez éloignée du missile durant la phase d'allumage du premier étage.

La deuxième coiffe de forme doublement conique contient le troisième étage et la partie haute accueillant les charges utiles, au sommet du deuxième cône. Cette forme assure une meilleure pénétration aérodynamique au détriment du volume utile réservé aux charges emportées.

La présence d'un carénage moteur permet de protéger la tuyère du premier étage le temps de la phase sous-marine.

 

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