29 janvier 2020

Marine nationale : achèvement du programme FREMM (2020 - 2023)

© Marine nationale. 28 janvier 2020.
     Le chef d'état-major de la Marine nationale, l'Amiral ChristophePrazuck, visitait le chantier de la FRÉgate Multi-Missions (FREMM) Alsace – première du nom (?), hormis le fameux projet de cuirassé type Richelieu de « classe Alsace » de 45 000 tW - et s'enquérait de son avancement auprès de son équipage. De ses propres déclarations, il était possible d'apprendre que l'Alsace « rejoindra la flotte en 2022 ». Il en découle les dates manquantes au calendrier du programme FREMM qui devrait donc être clôturé l'année de la réception de la frégate Amiral Ronarc'h, mise sur cale le 24 octobre 2019 : 2023.

La Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014 - 2019 précisait le sort du programme FREMM. La loi retenait un objectif de six frégates livrées sur la période plus deux unités de défense aérienne à réceptionner par la Marine nationale lors de la période suivante tandis que "pour les trois suivantes [FREMM n°9, 10 et 11], qui seront livrées d'ici à 2025, leur type pourra être adapté, en fonction de l'analyse du besoin et du marché, la décision étant prise au plus tard en 2016." Les FREMM n°9, 10 et 11 deviendront le programme FTI.

Furent effectivement livrées les Aquitaine (2012), Provence (2015), Languedoc (2016), Auvergne (2017), Bretagne (2018) et Normandie (2019) à la Marine nationale sur la période considérée, c'est-à-dire que l'objectif stratégique assigné par l'Amiral Bernard Rogel (12 septembre 2011 - 12 juillet 2016) lors de la réorganisation du programme FREMM fut atteint. S'il fallait se référer aux propres dates de la Bretagne - réceptionnée le 18 juillet 2019 et admise au service actif le 20 février 2019 -, la Normandie, réceptionnée le 16 juillet 2019 pourrait être admise au service actif au cours aux alentours du 18 février 2020.

Les Alsace et Lorraine remplaçaient dans la programmation l'abandon des Horizon 3 et 4 (novembre 2005). Cela fut annoncé par le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, en juin 2013 quand il présentait le volet naval du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013. Ainsi, le ministre mentionnait « le développement de la FREMM, dont celles à capacité étendue pour la défense aérienne ». Et le 29 mai 2015, le même ministre de confirmer que « d’ici 2022, deux autres FREMM anti-sous-marines seront livrées. Ces dernières auront une capacité de défense anti-aérienne renforcée, par rapport aux premières FREMM. »

Les différences architecturales entre les Aquitaine (6) et les Alsace (2) se résument à un système de lancement vertical composé de quatre lanceurs SYLVER A50 sur les FREMM n°7 et n°8 contre deux A43/50 et deux A70 sur les FREMM n°1 à 6.

La mâture principale portant l'essentiel des moyens de guerre électronique est plus fine, qualifiée de « taille de guêpe ».

Le radar est toujours un Herakles (radar tridimensionnel en bande S, portée supérieure à 250 km en veille aérienne et 80 km en veille surface (0 – 360° en azimut, 0 – 70° en élévation), suivi de 400 pistes) à la puissance augmentée et dénommée « Herakles + ». Il bénéficiera d'une augmentation du nombre de modules d'émission de 12 à 16. Il en ressortirait une portée accrue et supérieure à 310 ou 330 km dans l'optique d'exploiter l’entièreté du domaine d'emploi des missiles ASTER 30.

Le central opération reçoit trois consoles supplémentaires dirigées par un directeur de lutte anti-aérienne afin de soutenir le renforcement des capacités de défense aérienne. Le système de combat (Combat Management System (CSM) SETIS a été modifié en ce sens.

La capacité en logement du bord est remaniée afin de permettre l'accueil de jusqu'à 165 marins contre 145 pour les FREMM n°1 à 6. Et là où ces dernières ont un équipage de 109 marins, hors détachement aviation, celui des FREMM n°7 et n°8 sera de 132 marins.

La construction de l'Alsace débutait en juin 2016. Son lancement intervenait le 18 avril 2019. Les essais constructeurs devraient se dérouler en mai 2020 pour une livraison à la Marine nationale en février 2021. L'Amiral Christophe Prazuck précisait le 28 janvier 2020 que les essais de la frégate par la Marine et son Déploiement de Longue Durée (DLD) se dérouleront en 2021 dans l'optique d'une admission au service actif en 2022, en remplacement de la frégate Cassard (1985 – 2019 ).

La construction de la Lorraine débutait le 15 mai 2019. Son lancement pourrait intervenir en septembre 2020. Les essais constructeurs devraient se dérouler en octobre 2021 pour une livraison à la Marine nationale au plus tard en juillet 2022. Les essais de la frégate par la Marine et son Déploiement de Longue Durée (DLD) se dérouleront en 2022 dans l'optique d'une admission au service actif vers la fin du premier semestre 2023, en remplacement de la frégate Jean Bart (1988 – 2022).

L'admission au service actif de la Lorraine en 2023 achèvera symboliquement le programme FREMM puisque toutes les frégates destinées à la Marine nationale seront en service. Naval group ne propose plus ce type de frégates lors de ses campagnes commerciales. Outre le soutien des bateaux, il ne restera plus que les évolutions matérielles qui seront apportées lors des futurs et premiers arrêts techniques majeurs au cours des années 2020.


6 commentaires:

  1. Marine nationale, 8 frégates FREMM, Marine militare italienne, 10 frégates FREMM, cherchez l'erreur ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher Fusco,

      Bonjour, il est vrai que cela peut étonner. Néanmoins, force est de remarquer que les choix italiens sont légèrement différents. Ils avaient toujours prévu une série de 10 FREMM devant être suivie par 16 à 20 PPA qui furent mis à l'étude dans la foulée. La chaîne industrielle était prévue pour être optimisée.

      Par ailleurs, les FREMM de la Marina militare se répartissent entre 4 FREMM ASM et ce qui peut être qualifié de 6 FREMM AVT. Le coût de ces six-là n'est certainement pas le même que celui des quatre premières, encore moins celui des 8 FREMM françaises.

      Bien navicalement,

      Supprimer
    2. l'Italie va vendre ses 2 dernières Freem à l’Égypte,ne possède pas de porte avion mais des portes aéronefs moins gourmands en ressources humaines et financières sans parler des SNLE. Ils peuvent donc ventiler différemment leurs dépenses mais ils n'auront que 8 Freem.

      Supprimer
  2. Un programme capital pour la Marine nationale même si l'on peut, avec amertume, regretter la faiblesse du format des FREMM 8/17. Il faut espérer cependant que la construction des 5 frégates d'intervention et de défense sera conforme au projet. Depuis plus de quarante ans, on a été habitué aux coupes sombres dans tous les programmes de construction navale. La Marine nationale se modernise c'est une évidence, mais il faut poursuivre sur cette voie.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Mr le Marquis
    Alors que le CEMA ainsi que le CEMM réclament des nouveaux bateaux pourquoi on ne construit pas au moins 2 frégates FREMM comme notre partenaire italien le fait alors qu'il y a urgence pour remplacer par exemple La Touche Tréville au lieu d'attendre les fameuses FDI ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Madame, Monsieur,

      Bonjour, la phase d'industrialisation du programme FREMM est proche de l'achèvement (2022). Naval group est donc presque entièrement tourné vers les FDI/Belh@rra. Et la Marine nationale n'a pas de lignes budgétaires dédiées à l'acquisition de frégates supplémentaires sur la période (2019 - 2025), hormis les FREMM et FDI déjà budgétées.

      Bien cordialement,

      Supprimer