14 janvier 2019

"Les cuirassés "échantillons" - Tome 1 : Brennus, Carnot, Charles Martel" d'Alain Croce et Gérard Garier





 
Après l'appel à souscriptions pour l'impression de l'ouvrage Les escorteurs rapides par Robert Dumas et Bertrand Magueur, les éditions LELA Presse en proposent une nouvelle. Et il ne s'agit rien de moins que de "boucler" la longue liste de parutions au sein de la même maison consacrée aux cuirassés français de 1900 à 1914. MM. Alain Croce et Gérard Garier proposent rien de moins que de s'intéresser aux vilains canards de la ligne de file : les cuirassés "échantillons".
 
"De 1880 à 1914, la France a dépensé autant d'argent pour sa Marine que l'Allemagne" déclamait le professeur Hervé Coutau-Bégarie ("La diplomatie navale française", pp. 41-44 dans Pierre PASCALLON (dir.), Les armées françaises à l'aube du XXIe siècle - Tome 1 : La Marine nationale, Paris, L'Harmattan, 2002, 460 pages). C'est pourquoi ces ouvrages permettent une première approche pour tenter de comprendre comment se fait-il qu'à investissement égal la ligne française fut autant inférieure à celles des marines contemporaines.

C'est lors de "sa séance du 23 décembre 1889 [que] le Conseil d’amirauté a fixé l’horizon du prochain programme naval : « Les unités de la flotte française doivent être en nombre égal à celles des marines réunies de l’Allemagne, de L’Italie et de l’Autriche. »" (Jean de Préneuf, "Du rival méprisé à l’adversaire préféré - L’Italie dans la stratégie navale française de 1870 à 1899", Revue Historique des Armées [En ligne], 250 | 2008, mis en ligne le 06 juin 2008, consulté le 14 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/rha/179). "Durant les années 1890 et jusqu’en 1900, la France relançant une course au tonnage inconnue depuis la première moitié des années 1880 a plus que triplé le budget de ses constructions neuves, dépensant davantage que l’ensemble de la Triple alliance." (Ibid.)

Le programme naval de 1890 est donc celui du renouveau mettant fin à la "période de recueillement" (programme naval de 1872) consécutive à la défaite de la France face à la Prusse (19 juillet 1870 - 29 janvier 1871). L'Amiral Gervais serait l'auteur de ce programme naval d'une durée de dix ans. 11 cuirassés sont mis sur cale. Au sujet des seuls cuirassés, seront donc mis sur cale les classes (les dates indiquées correspondent à l'année de pose de la quille et celle d'entrée en service) :
  • Brennus (1882 - 1886 (travaux suspendus) ; (1888 - 1893),
  • flotte d'échantillons :
    • Charles Martel (1891 -1896)
    • Jauréguiberry (1891 - 1897)
    • Carnot (1891 - 1897)
    • Masséna (1892 - 1898)
    • Bouvet (1893 - 1898)
  • Charlemagne :
    • Charlemagne (1894 - 1897),
    • Saint-Louis (1895 - 1898),
    • Gaulois (1896 - 1898),
  • Iéna (1897 - 1902) et Suffren (1898 - 1904).
Lors de la proposition du programme naval de 1900 par le ministère Lanessan (Martin MOTTE, Une éducation géostratégique - La pensée navale française de la Jeune école à 1914, Paris, Économica, 2004, pp. 462-469), l'objectif est une ligne de bataille forte de 28 cuirassés et 24 croiseurs-cuirassés. 22 cuirassés étaient d'ores et déjà en service ou encore en construction. Mais seulement 13 cuirassés modernes d'après Martin Motte. La future loi proposait notamment la construction d'une nouvelle escadre de six cuirassés (les 22 de Lanessan + 6) et graver dans le marbre le format ainsi retenu : quatre escadre de six cuirassés plus quatre unités pour parer aux aléas. Non seulement le Parlement vote la loi portant le programme naval mais réduit le temps exigé par son achèvement de huit à sept ans. Les six nouveaux navires de ligne relèvent des classe République (République (1902 - 1921) et Patrie (1903 - 1928) et classe Liberté (Liberté (1905-1911), Justice (1904 - 1922), Vérité (1907 - 1922) et Démocratie (1908 - 1921).

C'est dans cette perspective historique que se placent nos deux auteurs. Seule la "flotte d'échantillons" ne bénéficiait pas encore d'une monographie navale dédiée tandis que les classes suivantes sont couvertes par les publications des éditions LELA Presse : des Charlemagne jusqu'aux 23 500 tonnes. D'autres publications dans d'autres éditions couvrent les avant-projets et classes restantes, notamment celles des éditions Seaforth Publishing.

Le futur quatrième de couverture nous "vend" un Brennus bien pensé tandis que les cinq unités suivantes furent victimes d'une liberté d'esprit presque totale des différents ingénieurs et chantiers qui reçurent la charge de les lancer. Seules les batteries de l'artillerie constituent l'unité commune à ces six bâtiments de ligne. Par ailleurs, il est notable qu'une vive réaction se fit jour lors de la mise sur cale du premier des trois Charlemagne puisque la période de construction fut divisée par deux et la construction en série revint au goût du jour !

Reste à attendre l'impression de l'ouvrage afin de, peut être, découvrir un autre "point de divergence" (un des constituants d'une uchronie) permettant de cerner les "étapes manquées" de la construction d'une ligne de bataille harmonieuse. Il avait déjà été observé que le croiseur de bataille de 17 500 tW était, en quelque sorte, l'avant-projet du cuirassé rapide tandis que le cuirassé de 21 000 tonnes projet C était l'occasion manquée de résoudre la "quadrature du cercle" des servitudes pesant sur les bâtiments de ligne français sont la principale est l'étroitesse des cales avec l'introduction avortée de la tourelle triple.

Merci à ceux qui me rejoignent pour participer à cette souscription pour Les cuirassés "échantillons" - Tome 1 : Brennus, Carnot, Charles Martel d'Alain Croce et Gérard Garier !

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