© Ministère des Armées - Naval group. |
Ce mardi 8 décembre 2020, le Président de la République s'est exprimé au sujet de sa politique nucléaire et donc du rôle de l'énergie atomique dans la stratégie politique française. Après avoir abordé successivement la question de la politique nucléaire civile avec les travaux actuellement menés sur la pertinence de lancer le chantier des EPR2, du renforcement de la filière industrielle afférente et de l'hydrogène bleu, le Président de la République a annoncé sa décision au sujet du programme Porte-Avions de Nouvelle Génération (PANG), soit quarante années presque jour pour jour après le Conseil de Défense du 23 décembre 1980 qui avait sanctionné la décision du Président de la République Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 – 21 mai 1981) de lancer le programme PA 75.
PAN n°2 - PA2 (1989 - 2013)
La commande d'une deuxième unité, afin de permettre le remplacement complet du Groupe Aéronaval (GAn) alors centré autour des Clemenceau (1959 – 1997) et Foch (1963 – 2000), aux côtés du Charles de Gaulle (2001 – 2038 ?) et officieusement baptisé Richelieu devait intervenir dans le dans le cadre de la LPM (1990-1993) puis LPM (1992 – 1994) avant que le Livre Blanc sur la Défense 1994 ajourne le lancement du programme à une future loi de programmation militaire si les conditions économiques et financières le permettent. Et le PAN n°2 n’était donc pas inscrit à la LPM (1995 – 2000).
Entre temps, le Président de la République Jacques Chirac (5 mai 2002 - 16 mai 2007) décidait dès 2002 la commande et future construction du « PA2 » (Porte-avions n°2) afin de palier à la permanence aéronavale perdue avec le désarmement du porte-avions Clemenceau en 1997 et malgré le projet de conserver en réserve le porte-avions Foch jusqu'à l'échéance de la première IPER (Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparation, renommée depuis ATM) du Charles de Gaulle alors prévue en 2004.
Parallèlement ou successivement succédait les études de l’avant-projet CESAR (2000 – 2003) inspiré du porte-avions Charles de Gaulle et qui constituait peut être une actualisation de sa version à propulsion classique dénommée PAD (Porte-Avions Diesel) ; avant-projet abandonné en 2003 car il s’est avéré que l’architecture du bâtiment s’éloignait trop du Charles de Gaulle : le député Cousin avait pourtant relevé en 1994 qu’une simple actualisation de ses plans n’étaient plus possibles et qu’un PA2 serait, fatalement, un bâtiment nouveau.
De nouvelles études furent lancées en 2003. L’une d’elles, et d’une durée de 12 mois, concernait le « porte-avions enveloppe » qui était une version agrandie du Charles de Gaulle avec une propulsion bénéficiant de quatre puis trois réacteurs nucléaires embarqués K15. La proposition fut jugée techniquement douteuse, notamment du fait qu’il apparaissait comme impossible de pouvoir enchâsser trois ou quatre K15 dans une coque du programme PAN.
S’’enchaînait les études Roméo (2003 – 2004) puis Juliette (2004 – 2005) centrées non plus quant à l’actualisation des plans du Charles de Gaulle mais à la conception d’un nouveau porte-avions à partir du besoin opérationnel identifié. Le premier dépassait de 20% l’enveloppe financière allouée à un possible programme tandis que le deuxième réduisait l’écart à 10%.
Le projet n'était relancé qu'à la faveur de la coopération franco-britannique, entre le 25ème sommet franco-britannique au Touquet (4 février 2003) et le 13 février 2004 quand un communiqué de presse de l'Élysée officialise le choix d'une propulsion classique pour le PA2.
Cette décision ouvrait la voie à la participation française au programme CVF (Carrier Vessel Futur) par une participation financière aux études britanniques par l’adaptation desdits plats grâce aux travaux de la société (65 % DCN, 35 % Thales) Maîtrise d'Œuvre du Porte-Avions 2 (MO-PA2), créée en décembre 2004), pour adapter le CVF au besoin français : CVF-FR. Seules les catapultes seront commandées en 2006 avant que le contrat ne soit rompu en 2011. Même année où la France étudiait le rachat du HMS Queen Elizabeth (Vincent Groizeleau, « La France a étudié l'acquisition du porte-avions HMS Queen Elizabeth », Mer et Marine, 12 octobre 2011).
La commande du PA2 avait été l'objet d'un affrontement lors de la campagne présidentielle entre les candidats Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, la première s'engageant à ne pas le commander et le deuxième s'engageant à le faire depuis la frégate La Fayette (1996 - 2031), le 7 février 2007. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2008 écartait pourtant la commande et la décision était reportée, selon le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, à 2011 ou 2012. Mais elle ne vint jamais.
|
CESAR |
Porte-avions enveloppe |
Roméo |
Juliette |
CVF-FR |
Caractéristiques nautiques |
|||||
Longueur hors-tout |
? |
280 |
284 |
284,5 |
283 |
Maître-bau (mètres)
|
? |
? |
39 ? |
39 ? |
39 |
Tirant d’eau (mètres) |
? |
? |
? |
10,4 |
10,7 |
Tonnage (tonnes)
|
? |
53 100
? |
? |
? |
65 000 ? |
Propulsion
|
Classique ? |
Nucléaire (3 x K15) ? |
Classique ? |
Classique |
Classique |
Vitesse maximale (nœuds) |
? |
27 ? |
|
27 |
> 25 |
Autonomie
|
? ? |
?
|
45 ? 10 000 à 15 nœuds avec ? tonnes de gazole |
45 avec 5000 tonnes de gazole |
45 avec 5100 tonnes de gazole |
Logements (marins)
|
? |
? ? |
2000 ? |
2000 ? 900 |
2000 ? 1000 |
Caractéristiques opérationnelles |
|||||
Superficie pont d’envol (m²) |
? |
? |
|
14 300 |
15 700 |
Piste oblique |
? |
? |
|
? |
? |
Catapultes |
? |
? |
2 x C13-2 (90 m) ? |
2 x C13-2 (90 m) |
2 x C13-2 (90 mètres) |
Brins d’arrêt |
|
? |
3 x Mk 7 Mod 4 ? |
|
3 x Mk 7 Mod 4 |
Ascenceurs |
|
? |
2 x 70 tonnes |
|
2 x 70 tonnes |
Dimensions hangar (mètres) |
? |
? |
? |
159 x 29,5 |
164 x 29,4 |
Superficie hangar (m²)
|
? |
? |
? |
3700 |
4700 |
Munitions (tonnes) |
? |
? |
? |
~660 |
830 |
Carburéacteur (tonnes) |
? |
? |
? |
4000 |
3460 |
Auto-défense |
? |
? |
? |
2 x SYLVER A50 |
2 – 4 x SYLVER A50 |
Groupe aérien embarqué |
? |
50 aéronefs ? |
40
aéronefs : |
40
aéronefs : |
35
aéronefs : |
Tableau n°1 - Comparaison entre les différents avatars du PA2. Données librement inspirées d’un tableau similaire paru dans l’article de Pascal Colombier (« PA2 – L’arlésienne de la Marine nationale », Los!, n°40, septembre - octobre 2018, pp. 4-10).
NPA - FPA (2013 - 2018)
Prenant acte devant la commission de la Défense nationale et des forces armées en juillet 2012 de l'absence de décision, l'Amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la Marine nationale (12 septembre 2011 - 12 juillet 2016), repositionnait le sujet sur la succession du porte-avions Charles de Gaulle (2001 – 2038 ?). Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013 ne soufflait aucun mot sur le sujet.
Dans l'idée de l'Amiral Bernard Rogel, il s'agissait d'engager le renouvellement du groupe aéronaval et donc la succession du porte-avions Charles de Gaulle afin de pérenniser l'outil pour le XXIe siècle. Le calendrier consiste dans le remplacement du Charles de Gaulle à l'échéance de l'année 2040. La restauration de la permanence aéronavale, perdue en 1997 avec le retrait du service du porte-avions Clemenceau, serait une question posée à la fin des années 2020.
Le Nouveau Porte-Avions (NPA) était évoqué dès 2015 par l'Amiral Bernard Rogel. L'avis du député Jean-Jacques Bridey sur le programme 146 de la loi de finances 2017 (novembre 2016) permettait d’apprécier les problématiques du NPA : préservation des compétences industrielles (chaufferies embarquées des futurs SN3G), travaux d'intégration de catapultes électromagnétiques, opérationnelles.
Le candidat Emmanuel Macron s'était engagé pendant la campagne présidentielle a rapidement lancé les études pour un futur porte-avions afin d'assurer le remplacement du porte-avions Charles de Gaulle autour de l'année 2040.
Dans le cadre des travaux préparatoires à Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale 2017, l'Amiral Christophe Prazuck (13 juillet 2016 - 31 août 2020), poussait le sujet d'un avancement dudit programme quand il déclarait que « l’ambition d’une permanence d’un groupe aéronaval me semble raisonnable, avec un second porte-avions, arrivant en 2030, qui coexisterait avec le Charles de Gaulle jusqu’à son retrait du service actif et son remplacement... Je n’ai pas aujourd’hui d’assurances en ce sens. La loi de programmation militaire tranchera. » (audition de l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la marine, sur le projet de loi de finances pour 2018, commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, 11 octobre 2017).
La Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale 2017, présentée lors d’un conseil de Défense le 11 octobre 2017 et remise officiellement au Président par la ministre des Armées le 13, engageait que « le maintien de la supériorité aéromaritime implique de préparer le renouvellement du groupe aéronaval » (point 303). C'est bien la succession du porte-avions Charles de Gaulle qui est engagée.
Le 14 novembre 2018, en interview avec Gilles Bouleau pour le journal télévisé de TF1, depuis le porte-avions Charles de Gaulle, le Président de la République, M. Emmanuel Macron, déclarait vouloir prendre une décision mi-2020 à partir des conclusions des quatre études.
Études préparatoires du programme PANG (23 octobre 2018 - février 2020)
La phase préparatoire du programme PANG débutait quand la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 – 2025, adoptée le 13 juillet 2018, disposait que « les études relatives à l'aviation de combat du futur et au successeur du porte-avions Charles de Gaulle seront fondamentales pour garantir nos capacités d'intervention dans le haut du spectre. »
La ministre des Armées, Mme Florence Parly déclarait, à l'occasion de son discours inaugural du 23 octobre 2018 au salon EuroNaval 2018, avoir commandé ces études bénéficiant de 36 millions d'euros et devant s'étaler sur 18 mois. Au nombre de quatre, ces études comprenaient une étude technico-opérationnelle devant définir les caractéristiques militaires (Dassault Aviation, MBDA, Naval Group, Thales), l’étude d'un avant-projet sommaire (Chantiers de l'Atlantique, Naval Group et TechnicAtome), l’analyse des menaces à l’horizon du programme et la question de la permanence aéronavale.
Ces études se devaient de répondre à trois questions :
- quelles menaces devra-t-il affronter ? Quelles missions pour ce futur porte-avions ?
- quelles caractéristiques de notre futur porte-avions en fonction de ce que sera l’état de l’art technologique en 2030 ? Quelle propulsion ?
- quelle(s) solution(s) innovantes pour ne pas refaire à l'identique ?
Les conclusions de ces études furent rendues par les industriels au ministère des Armées en février 2020.
Étude de faisabilité du programme PANG (février 2020 - 2021)
Parallèlement à la conduite des quatre études commandées, l'étude des esquisses avait débuté depuis 2018 car il était d'ores et déjà évoqué un bâtiment d'environ 300 mètres pour 60 000 tonnes (Jean-Sylvestre Mongrenier, La France a-t-elle besoin d’un deuxième porte-avions ?, Institut Thomas More, mars 2018) et elles prenaient la suite des esquisses présentées à l'occasion des travaux préparatoires à la Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale 2017 vis-à-vis de la proposition stratégique de restaurer la permanence aéronavale à l'horizon 2030.
Outre ces esquisses et celles investiguant d'autres solutions innovantes pour ne pas refaire à l'identique, les premières esquisses proprement dites du PANG ont, semble-t-il, été étudiées dès le deuxième semestre de l'année 2018. Reprenant les avant-projets du « PA2 » - à l'instar du DCNS Evolved Aircraft Carrier (DEAC), elles débutaient autour de bâtiment porte-avions d'environ 280 mètres et 65 000 tonnes et déclinées en versions à propulsion classique et nucléaire.
Les Chantiers de l'Atlantique soumissionnèrent une étude actualisée du CVF-FR, toujours à propulsion classique, avec un seul ilot rejeté complètement en arrière et des échappements des diesels et turbines en biais ne devant pas gêner les manœuvres aviations.
La société General Atomics, avec qui les échanges d'informations entre la DGA et Naval group au sujet de l'intégration de catapultes électromagnétiques perduraient depuis 2014, présentait au salon du Bourget 2018 sa vision du programme PANG à partir de ses travaux quant à l'amménagement d'un pont d'envol comprenant jusqu'à trois catapultes et des brins d'arrêt par le système AAG. La base de travail semble avoir été le CVF-FR (2004 - 2008) non-actualisé où le premier ilot aura été reculé à l'arrière.
Dès le deuxième semestre 2018, et la prise en compte de toutes les conséquences induites par l'enjeu d'embarquer le nouvel aéronef dimensionnant - le Next Generation Fighter (NGF) du programme Système de Combat Ariéen du Futr (SCAF) aux dimensions significativement plus importantes que celles du Dassault Aviation Rafale M, la première itération voyait les données de départ évoluent très rapidement de 280 à 290 mètres pour un tonnage augmentant proportionnellement à plus de 60 à 65 000 tonnes à pleine charge.
La deuxième itération sanctionnait la limite haute à ne pas franchir car dès le comité ministériel d’investissement du 23 mai 2019 avait été repoussé l'avant-projet sommaire d'un PANG de 85 000 tonnes à pleine charge car la puissance retenue pour les réacteurs K22 était insuffisantes pour lui assurer une marche à 27 nœuds. La limite haute du programme était ainsi fixée.
La troisième itération
classique et la troisième itération nucléaire s'acheminaient toutes les deux
sur un bâtiment porte-avions d'environ 300 mètres et de 75 000 tonnes à pleine
charge. Les acteurs du programme proposeront donc un choix au Président de la
République entre elles. L'allongement de la coque (280 à 300 mètres) depuis la première itération procède du besoin d'améliorer le coefficient de finesse de la coque afin de demeurer dans les capacités des deux chaudières embarquées K22.
Annonce de la décision du Président de la République (juin - décembre 2020)
C'est ce choix qui devait être proposé au Président de la République à l'occasion d'un conseil de Défense devant alors avoir lieu la deuxième semaine de juin. Il avait été reporté au 8 juillet 2020. Finalement, l'annonce a donc été reportée, en raison de la crise sanitaire historique : la pire depuis la grippe espagnole (1918 - 1920).
Seule la ministre des Armées, Florence Parly, troublait ce silence quand la note d'information annonçant son déplacement aux Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire), le 18 mai 2020, pour la cérémonie de découpe de la première tôle du BRF n°1 (Bâtiment Ravitailleur de Forces) - le futur Jacques Chevallier (2022 – 2062 ?) -, déclarait en une ligne qu'elle « se fera présenter les capacités industrielles des Chantiers de l'Atlantique, où sera construit le porte-avions de nouvelle génération ». Le propos était présenté lors du discours, lors des réponses aux journalistes.
Le Président de la République lors de son discours prononcé le 13 juillet, lors de la « garden party » du ministère des Armées, affirmait que « c'est de prendre en connaissance de cause les décisions structurantes pour l'avenir, le format de nos Armées, comme le choix du successeur du porte-avions Charles de Gaulle ». Toutefois, il n'en soufflait pas un seul mot à ce sujet à l''occasion d'annonce cette décision lors de l'interview du Président de la République lors de la fête nationale du 14 juillet ne fut pas saisie par le Président.
Bien que la teneur de sa décision ne laissât plus de place aux doutes, il restait à trouver une nouvelle occasion pour l'annoncer et en présenter les rationalités. Faute de l'établissement d'un plan de relance au profit de la Défense nationale - hormis quelques mesures prises au soutien plus particulier de l'industrie aérospatiale -, en raison du maintien de la trajectoire financière de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 - 2025, la rentrée du mois de septembre n'offrait pas cette occasion. Le lieu de la décision semble alors avoir été choisi : au Creusot, et en particulier dans les locaux de la société Framatome où une première visite devait être organisée en octobre avant d'être une première fois reportée. Une nouvelle fois programmée, une nouvelle fois reportée.
Finalement, le décès de l'ancien Président de la République (27 mai 1974 – 21 mai 1981), M. Valéry Giscard d'Estaing (2 février 1926 - 2 décembre 2020) obligeait le Président Emmanuel Macron à reporter l'interview qu'il devait donner à Brut du jeudi 3 décembre au vendredi 4 décembre 2020.
Au cours de l'interview
donnée à Brut, le Président déclarait « Moi, j’ai besoin du nucléaire » pour
diminuer la production d'énergie carbonée en France. Le lendemain était annoncé
par le château que le mardi 8 décembre le Président de la République se rendrait
au Creusot, à Framatome afin d'évoquer la politique nucléaire.
« C'est la propulsion de nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins comme d'attaque. C'est aussi la propulsion nucléaire de nos porte-avions. Le « Charles de Gaulle » - vous le savez - arrivera à la fin de sa vie en 2038. C'est pourquoi j'ai décidé que le futur porte-avions qui dotera notre pays et notre Marine sera, comme le « Charles de Gaulle », à propulsion nucléaire ».
Emmanuel Macron, Président de la République, discours « Le nucléaire, filière d'excellence », 8 décembre 2020.
© Ministère des Armées. |
Avant-projet (2021 - 2026)
La quatrième itération débutait dans la foulée du choix présidentiel entre les esquisses à propulsion classique et à propulsion nucléaires de la troisième itération. Et c'est à partir de cette quatrième itération que fut présenté la maquette et les dessins d'artiste du PANG à l'occasion de l'annonce présidentielle du 8 décembre 2020. La quatrième itération devrait s'achever à la fin du premier trimestre 2021.
Et plusieurs études détaillées seront conduites jusqu'en 2025 pour un budget d'un montant de 900 millions d'euros (2021 - 2025) - soit 180 millions d'euros en flux annuel - dont 261 millions d'euros d'autorisation d'engagement et 117 millions de crédits de paiement dans le projet de budget 2021 du ministère des Armées.
La fin du premier trimestre 2021 ou le tout début du deuxième trimestre 2021 verra la mise en chantier de l'avant-projet sommaire qui s'achèvera en 2023. C'est au cours de cette étude que seront prises certaines décisions pendantes, notamment celles relatives au nombre de catapultes, à l'obtention ou non de la capacité « catapo » et au format définitif du groupe aérien embarqué selon diverses exigences opérationnelles.
Sera mené parallèlement à l'avant-projet sommaire les études détaillées du réacteur nucléaire embarqué K22 entre 2021 et 2025. Le Réacteur d’Essais (RES) - dont la première divergence a eu lieu le 10 octobre 2018 - devrait fonctionner jusqu'en 2023 au profit de la conception de la chaufferie des SN3G dont l'usinage de la première chaufferie devrait débuter dès 2025. Et après 2023, il s’agirait de comprendre qu’il soutiendra les travaux de conception du K22 dont la puissance thermique sera de 225 MW contre 150 MW thermiques pour les chaufferies K15 des SNLE de classe Triomphant, les SN3G et celles du porte-avions Charles de Gaulle.
Les études détaillées de l'avant-projet définitif interviendront entre 2023 et fin 2025, début 2026. Les plans du PANG seront alors presque exhaustivement achevés et le devis financier arrêté. À cet horizon, un nouveau conseil de Défense recevra la tâche d'avaliser ou non le lancement en phase de réalisation.
Construction (2028 - 2034)
Une co-entreprise réunissant Naval Group (65 %) et les Chantiers de l'Atlantique (35 %) doit prochainement être crée fin 2020 ou début 2021 quand ce projet recevra la validation de la DGA. Contrairement à la société MO-PA2, Thales est remplacé par les Chantiers de l’Atlantique.
Naval group reçoit la responsabilité de l'architecture du bâtiment et assurera l’intégration du système de combat, des systèmes de navigation, aviation, et la production de sous-ensembles des chaufferies nucléaires. Les Chantiers de l'Atlantique seront chargés de la construction de la coque ainsi que des locaux vie (logements, restauration, hôpitaux) et les installations auxiliaires (incendie, air comprimé, eau douce).
TechnicAtome n'est pas intégré à cette société mais reçoit la responsabilité des conception (avec la Direction des Applications Militaires du CEA) et production des futures chaufferies embarquées K22 (Thierry Mestayer, « Naval Group prend le leadership sur le projet de porte-avions de nouvelle génération », Le Télégramme, 8 décembre 2020).
En cas de décision favorable au lancement en phase de réalisation du programme PANG, une cérémonie de découpe de la première tôle du futur bâtiment interviendrait symboliquement durant l'année 2026. Mais jusqu'en 2028 ne se déroulerait que des phases de développement proprement dites.
Le début du chantier n'interviendrait avec l'usinage des premières tôles et assemblage des premiers blocs à partir de l'année 2028.
Les premiers blocs ne seraient assemblés au fond du bassin C des Chantiers de l'Atlantique qu'à partir de l'année 2032. Les Chantiers de l'Atlantique pensent pouvoir assembler la coque en moins de 12 mois (Vincent Groizeleau, « Futur porte-avions : les chantiers pensent pouvoir assembler la coque en moins d’un an », Mer et Marine, 11 septembre 2019), soit une nette progression par rapport aux 18 mois envisagés en 2010 au profit du CVF-FR.
Budget
Question la plus symbolique qui soit, avec celle du tonnage, et héritée des cuirassés depuis les années 1870 : le coût du programme PANG. Tentons de placer le débat dans la sphère des faits : le programme s'étalera entre 2021 (début des études détaillées) et 2038 (objectif d'admission au service actif). Le Président de la République, en répondant à Gilles Bouleau (14 novembre 2018), évoquait « 4 à 5 milliards d’euros » tandis que, en mars 2019, devant l’Assemblée nationale, 5 milliards d’euros étaient cités. Mais il est parfois avancé que ce montant financier pourrait atteindre les 7000 millions d'euros.
Il semblerait qu’il faille comprendre que l’enveloppe maximale puisse être de 7000 millions d’euros dont 4500 à 5000 millions d’euros correspondraient au coût unitaire du PANG, études détaillées inclues tandis que, et environ, 1000 millions d’euros correspondraient à la « partie étatique », c’est-à-dire les travaux menés par la DGA, la Direction des Applications Militaires (DAM) du CEA, notamment au profit de la conception des chaudières K22. Le reliquat serait alors constitué par les coûts d’infrastructures. Sans que rien ne puisse confirmer que la limite haute de l’enveloppe sera atteinte.
Et la LPM 2019-2025, en son article 7, prévoyait expressément qu' « une actualisation prévue de la présente loi en 2021 permettra d'affermir les ressources budgétaires pour les années 2024 et 2025 afin de prendre en compte la situation macroéconomique à cette date en vue de rejoindre un effort national de défense de 2 % du PIB à l'horizon 2025 ». Le réagencement des priorités budgétaires et l'intégration du programme PANG devrait être décidé à cette échéance, sous l'égide du chef de l'État.
Pour rappel :
- le Charles de Gaulle (43 000 tonnes) nécessitait 3265 millions d’euros (coûts ajustés à l’inflation 2019), soit un coût à la tonne de 0,076 millions d’euros ;
- les HMS Queen Elizabeth (2017 – 2067 ?) et HMS Prince of Wales (2019 – 2069 ?) nécessitaient 8977 millions d’euros (aux conditions économiques de l’inflation et du taux de change en vigueur (2019) soit 4488,56 millions d’euros par bâtiment ou encore soit 0,064 millions d’euros à la tonne ;
- les CVN-78 USS Gerald R. Ford et CVN-79 USS John F. Kennedy (environ 97 500 t) ont nécessité – selon le Congressional Research Service – 12 153,97 et 10 220,14 millions d’euros (2020), hors études : soit un coût de, respectivement, 0,124 et 0,104 millions d’euros à la tonne.
Il s'agit de ne pas nier que la somme totale s'étalera sur 17 années, selon une dépense annuelle moyenne de l'ordre de 300 à 400 millions d'euros et le coût à la tonne du PANG devrait être compris entre 0,066 et 0,093 millions d'euros.
|
PA 54 PA 55 |
PA 75 |
Carrier Vessel Futur |
CVN-21 |
|
|
Clemenceau |
Charles de Gaulle |
HMS Queen Elizabeth |
CVN-78 USS Gerald R. Ford |
|
|
Caractéristiques nautiques |
||||
Longueur hors-tout |
265 |
261,5 |
284 |
337 |
|
Maître-bau (mètres)
|
29,4 51,20 |
31,5 64,36 |
39 73 |
41 78 |
|
Tirant d’eau (mètres) |
8,6 |
9,5 |
11 |
12 |
|
Tonnage (tonnes)
|
24 200 32 700 . |
38 085 ? ~43 000
|
65 000 70 500 |
? 97 000 |
|
Propulsion
|
Classique 2
LA + 2 GTR |
Nucléaire (2 x K15) 2
LA + 2 GTR |
Classique 2
LA + 4 MEP |
Nucléaire (2 x A1B) 4
LA + ? |
|
Vitesse maximale (nœuds) |
33 |
27 |
25 - 27 |
30 + |
|
Autonomie
|
60 7 500
à 18 nœuds |
45 |
? |
?
|
|
Logements (marins)
|
1338 |
1250 |
680 |
2600 |
|
|
Caractéristiques opérationnelles |
||||
Superficie pont d’envol (m²) |
8 880 |
12 000 |
16 000 |
20 234 |
|
Piste oblique |
8° |
8,3° 203 x 20 mètres |
/ |
9,3° ? 237,7 x 25 mètres ? |
|
Catapultes |
2 x BS 5 (50 mètres) |
2 x C13-3 (75 mètres) |
/ |
4 x EMALS (90 mètres) |
|
Brins d’arrêt |
4 x brins d’arrêt |
3 x Mk 7 Mod 3 |
/ |
3 x AAG |
|
Ascenceurs |
2 x 15 tonnes |
2 x 36 tonnes |
2 x 70 tonnes |
3 x 120 tonnes |
|
Dimensions hangar (mètres) |
180 x 24 |
138 x 29 |
155 x 33,5 |
209 x 34 ? |
|
Superficie hangar (m²) Utile |
? |
3500 3500 |
5200 5200 ? |
7106 ? 7106 ? |
|
Munitions (tonnes) |
1300 |
550-600 |
? |
? |
|
Carburéacteur (tonnes) |
2400 m3 |
3400 |
? |
? |
|
Auto-défense |
2 x Crotale
EDIR |
4 x SYLVER A50 |
3 × Phalanx
CIWS |
2 × RIM-162
ESSM |
|
Groupe aérien embarqué |
40 aéronefs : |
40 aéronefs : |
40 aéronefs :
|
75 – 90 + aéronefs : |
|
Tableau n°2 - Données librement inspirées d’un tableau similaire paru dans l’article de Pascal Colombier (« PA2 – L’arlésienne de la Marine nationale », Los!, n°40, septembre - octobre 2018, pp. 4-10).
Symbolique historique
Le PANG donné pour 75 000 tonnes et d’une longueur de coque hors-tout de l’ordre de 300 mètres pourrait, non seulement couronner les études menées au profit du PA2 puis du successeur du porte-avions Charles de Gaulle, entre 2000 et 2020, ayant vu la longueur de coque être portée de 261,5 jusqu’à 300 mètres et le tonnage de 40 600 jusqu’à 85 000 tonnes, mais aussi devenir le plus grand bâtiment de guerre ayant jamais été mis sur cale en France.
Depuis 1945, les porte-avions Clemenceau (1959 – 1997), Foch (1963 – 2000), avec 32 700 tonnes à pleine charge, et Charles de Gaulle (2001 – 2038 ?), avec 43 000 tonnes depuis l’ATM n°2, ne sont pas les plus imposants bâtiments de guerre car le « trophée » est toujours détenu par les cuirassés de 35 000 tW du type Richelieu (2 + 2 + 4) dont les Richelieu (1940 - 1967) et Jean Bart (1940 - 1957) avec, respectivement après refonte pour le premier et achèvement et modernisation pour le deuxième, 47 700 tonnes et 49 200 tonnes. Ils demeurent même plus longs que les porte-avions précités car, et à la flottaison, ces cuirassés mesuraient 242 mètres pour un maître-bau de 35 mètres contre 238 par 29,4 mètres pour les Clemenceau et Foch et 238 par 31,5 mètres pour le Charles de Gaulle.
Les seuls projets depuis 1945 ayant offert l’occasion de dépasser les cuirassés de 35 000 tW en termes de tonnage ou de dimensions à la ligne de flottaison furent :
- le PA 58 pour lequel le nom de baptême Verdun avait été avancé : d’un déplacement normal de 35 000 tW pour 45 500 tonnes à pleine charge, avec une longueur de coque de 286 mètres hors-tout et 262 mètres entre perpendiculaires tandis que le maître-bau atteignait 34 mètres à la flottaison et 58 au niveau du pont d’envol ;
- l’une des options, quant au remplacement des Clemenceau et Foch, présentées par l’Amiral Jacques Antoine Choupin (1924 - 2002) : un porte-avions de 80 à 90 000 tonnes qui avait été envisagé (1978 – 1980) avant d’être rapidement écarté en conseil de Défense en 1980 au profit de l’étude du porte-aéronefs de 18 000 tonnes, du porte-avions léger de 25 000 tonnes et du porte-avions à propulsion nucléaire de 32 000 tonnes (PA 78) qui deviendra le PA 75 de 35 000 tonnes ;
Nonobstant le rejet d’un PANG à 85 000 tonnes, ledit PANG de 75 000 tonnes se suffira amplement à lui-même pour franchir allègrement le seuil hier dessiné par les cuirassés français de 35 000 tonnes.
Dimensions générales
Le style esthétique du bâtiment porte-avions présenté l’apparente bel et bien à un porte-avions de conception française, notamment par le style des encorbellements latéraux qui ne sont pas sans rappeler ceux du porte-avions Charles de Gaulle ou bien l’architecture de l’ilot qui peut évoquer la première forme de celui du programme PAN. Par ailleurs, la proue arbore une étrave inversée à la manière de celles du projet Bâtiment RAvitailleur d'Escadre (BRAVE) et des Frégates de Défense et d’Intervention (FDI) de classe Amiral Ronarc’h. La forme de celle-ci n’est pas sans rappeler celle du paquebot Celebrity Edge (2018).
Certains lui trouveront un air « américain » car l’ilot est rejeté en arrière tandis que le pont d’envol est découpé selon un tracé pouvant rappeler les porte-avions de classe Essex qui furent refondus (SCB-125 (14) obtenus par la refonte des SCB-27A (8), SCB-27C (6). Ce serait largement oublié que l’ilot du Charles de Gaulle n’était à l’avant que pour optimiser la surface de parking à son arrière et pour éloigner le plus possible l’ascenseur avant de la proue et donc des embruns. Ce serait aussi faire fi d’une découpe du pont d’envol du PANG qui semble plutôt répondre à une recherche d’économies de poids.
PANG |
|
Caractéristiques nautiques |
|
Longueur hors-tout (mètres) |
~300 |
Maître-bau (mètres)
|
~
40 |
Tirant d’eau (mètres) |
9,5 ? |
Tonnage (tonnes)
|
66 400 ? |
Propulsion
|
Nucléaire (2 x K22) 3
LA + 3 ou 4 MEP ? |
Vitesse maximale (nœuds) |
27 |
Autonomie
|
45 ?
∞ |
Logements (marins)
|
2 000 900
– 1 125 |
Caractéristiques opérationnelles |
|
Superficie pont d’envol (m²) |
16 000 + ? |
Piste oblique |
8,3° ? |
Catapultes |
2 – 3 EMALS (90 mètres) |
Brins d’arrêt |
3 x AAG |
Ascenseurs |
2 x 70 tonnes ? |
Dimensions hangar (mètres) |
175 x 30 mètres ? |
Superficie hangar (m²)
|
5250 ? |
Munitions (tonnes) |
830 ? |
Carburéacteur (tonnes) |
4000 – 4500 ? |
Auto-défense |
2
– 4 x SYLVER A50 ou A70 ? |
Groupe aérien embarqué |
35+ à 43+ aéronefs :
|
Tableau n°3 - Tentative de description des caractéristiques du PANG à partir des données communiquées, des réflexions alléguées et recouvrement des données inconnues par des hypypothèses inspirées des esquisses et avant-projets de PA2 jusqu'au FPA. .
Les caractéristiques du
PANG pourront surprendre, au premier abord, s’il ne s’agissait que de
les comparer au seul porte-avions Charles de Gaulle. Néanmoins,
et comme il a été montré (cf. supra) : tous les projets de PA2 puis
de FPA et, enfin, de PANG, atteignaient ou dépassaient
franchement les 280 mètres et 60 000 tonnes.
L’adoption du Next Generation Fighter comme « avion enveloppe » n’a manifestement pas permis d’espérer atteindre les caractéristiques opérationnelles demandées sans ajouter 20 mètres de coque. Le NGF, s’il fallait croire la maquette à l’échelle 1 :1 présentée au salon du Bourget 2019, devrait mesurer dans les 18 mètres de longueur pour une envergure de 14 mètres. La masse maximale au décollage visée est comprise entre 30 et 32 tonnes, même si c’est parfois 35 tonnes sont avancées tandis qu’il avait été officiellement indiqué que celle-ci serait sous les 40 tonnes. L’encombrement est une problématique en soi car la superficie au sol sera de 252 m² contre 165,8 m² pour le Rafale M (15,27 x 10,86 mètres pour 24,5 tonnes MTOW).
Habitabilité
La capacité en logement permettra d'accueillir jusqu'à 2000 marins, à l'instar du Charles de Gaulle, mais pour un équipage qui ne serait « que » de 900 à 1125 marins et un groupe aérien embarqué armé par 500 marins. Autrement dit : le PANG pourrait permettre d’économiser entre 125 et 350 marins sur la taille de l’équipage et 150 marins sur la taille du groupe aérien embarqué, soit finalement entre 275 et 500 postes.
Entre l’augmentation des dimensions générales, cette réduction modérée du nombre de marins embarqués, notamment par les progrès de l’automatisation, le niveau de confort des postes à bord dévolus aux marins devrait être significativement accru. Les postes n’auraient plus que 6 à 8 couchages au maximum, comme sur les autres programmes de bâtiments de combat d’ores et déjà lancés (FDA de classe Forbin (2), BPC de classe Mistral (3), FREMM de classe Aquitaine (8) et FDI (5).
Le sujet du confort à bord est crucial car le porte-avions Charles de Gaulle est parfois qualifié de « sous-marin de surface », son architecture octroie 13 000 m² des 82 800 m² des ponts du bord aux fonctions vie soit un très théorique 6,84 m² par marin. Et l’esquisse du PANG présentée laisse apparaître la disparition de la « passerelle Poséidon », présente sur le Charles de Gaulle à l'avant-bâbord, à l'aplomb de la fin de piste oblique. Il s’agit de pratiquement la seule superstructure librement accessible à l'équipage, sans avoir à attendre un des très rares « no fly day ». En mission, les marins peuvent être amenés à naviguer sans pouvoir sortir pendant des jours, des semaines.
Malgré des encorbellements plus nombreux, vastes mais aussi plus éloignés du pont d'envol sur le PANG, il y a probablement un projet à lancer pour transformer la « jupe » ou « duck tail » au profit de l’équipage, cette partie la coque n’ayant pour utilité fonctionnelle que d’augmenter la longueur de coque mouillée.
Groupe aérien embarqué
L'actuelle capacité mise en œuvre par le porte-avions Charles de Gaulle consiste dans le lancement d’une pontée massive est de 24 Dassault Rafale M accompagnés d'un Grumman E-2C Hawkeye sur le porte-avions Charles de Gaulle et dont l’utilité réside dans l’accomplissement d’un raid nucléaire par la FANu. Les installations aéronautiques sont dimensionnées à cette aune car elles ont été conçues et optimisées pour catapulter 20 Rafale M en 10 minutes et de pouvoir ramasser tous ces aéronefs, sans oublier le E-2C Hawkeye et les deux hélicoptères AS.365N « Pedro ».
Une simple relecture des esquisses et avant-projets des PA2 à NPA (2000 – 2017) permet de jauger que le besoin opérationnel plusieurs fois identifiés correspond plus ou moins à la faculté du bâtiment à opérer deux flottilles renforcées (2 x 14) et jusqu’à quasiment trois flottilles (3 x 12) de Rafale M. Il y a lieu de distinguer la capacité à opérer pendant toute une mission un groupe aérien embarqué (24 pour le Charles de Gaulle) et la capacité à augmenter temporairement ce même groupe aérien embarqué (30 pour le Charles de Gaulle (2,5 flottilles) et jusqu’à 32+ pour les PA2).
Et dans cette perspective, il peut être intéressant de rappeler l’article de M. Pascal Colombier qui, dans le magazine Los! (n°40, septembre - octobre 2018), avait livré la vision la plus détaillée qui soit des capacités ciblées dans le cadre du programme CVF-FR (2003 - 2011).
Le CVF-FR (74000 à 76500 tonnes de déplacement à pleine charge) avait été conçu pour être en mesure de mettre en œuvre un groupe aérien embarqué de 28 Dassault Rafale M (deux flottilles renforcées (2 x 14). Le nombre total d'aéronefs embarqués pour des missions de longue durée était donné pour 35 : soit 28 Rafale M, 2 Grumman E-2C Hawkeye, 5 hélicoptères moyen). Le pont d'envol disposait de 24 emplacements pour positionner des aéronefs, permettant des lancements et recueils de 24 Rafale M. Il y avait 14 autres emplacements dans le hangar aéronautiques, laissant augurer un nombre total d'aéronefs supérieur (38+ ?) lors d’un engagement de haute intensité mais pendant de courtes durées.
Ce groupe aérien
embarqué et ces installations avaient été dimensionnées afin de pouvoir
soutenir quotidiennement, sur une période de 7 jours :
- une seule sortie de 24 Dassault Rafale M accompagnés d'un Grumman E-2C Hawkeye ;
- 8 Rafale M pour la patrouille aérienne de combat (2h30) soutenus par un E-2C Hawkeye avec 4 Rafale M en alerte sur le pont ;
- 4 raids de 15 Rafale M avec 4 Rafale M en alerte sur le pont et un E-2C Hawkeye en patrouille mais sans CAP ;
- 4 raids de 8 Rafale M, un E-2C Hawkeye en patrouille avec 4 Rafale M en CAP et 4 Rafale M en alerte permanente sur le pont d'envol.
Le député Jean-Charles LARSONNEUR
(« Avis sur le projet de loi de finances 2020 - Équipements des
forces-Dissuasion ») précisait les scénarios d’emploi opérationnel visés
par les quatre études commandées en octobre 2018 :
- capacité de mise en œuvre de la Force Aéronavale Nucléaire (FANu) ;
- capacités de frappe contre la terre par la mise en œuvre des différents éléments du programme de Système de Combat Aérien Futur (SCAF) par le groupe aéronaval afin de pouvoir entrer en premier sur un théâtre à l’horizon 2040 ;
- capacités nécessaires pour exercer en haute mer le contrôle aéromaritime d’une zone.
Il est apparu que l’emploi opérationnel visé pour le PANG, au prisme de ces trois capacités opérationnelles investiguées par les études, ne serait pas foncièrement de celui du porte-avions Charles de Gaulle. Il n’est pas apparu à ce stade d’un besoin opérationnel supérieur en ce qui concerne la pontée massive devant permettre un raid de la FANu, en marge des propres débats internes aux Forces Aériennes Stratégiques (FAS) au sujet du relèvement des menaces aériennes et de la préservation des capacités de pénétration. Le débat semble plutôt avoir lieu en matière de la capacité à entretenir des patrouilleurs aériennes (« combat air patrol ») simultanément aux différents types de raid.
Le PANG sera en mesure d’opérer une « trentaine de chasseurs-bombardiers » pouvant être soutenus par le bord pendant de longues missions. La pontée massive pouvant serait du même ordre que celle visée pour les différents esquisses et projets du PA2 jusqu’au FPA, à savoir 24 NGF soutenus par un E-2D Advanced Hawkeye et par deux hélicoptères œuvrant en mission « Pedro ».
La configuration maximale, en sacrifiant peut être un peu la rapidité des opérations de catapultage et de ramassage, s'appuierait sur 32 à 36 NGF auxquels il faudrait ajouter un minimum de cinq hélicoptères moyens comme, par exemple, le NH90 NFH Caïman Marine, H160M Guépard Marine et deux à trois Grumman E-2D Advanced Hawkeye : soit un maximum pouvant peut être atteindre 44 nombre d'aéronefs contre 40 aéronefs sur le porte-avions Charles de Gaulle (2001 – 2038 ?), nombre encore jamais atteint dans la pratique (35 ou 36 lors de l'exercice FANAL 19).
Une hypothétique configuration « tout Rafale M » pourrait bénéficier d’un nombre d’aéronefs encore plus important : 38 à 42, pour un total de 50 aéronefs ?
L’enjeu a donc plutôt
résidé quant à l’adaptation de l’architecture du bâtiment porte-avions à la
mise en œuvre du NGF qui sera plus lourds (30-32 à 35 tonnes contre 24,5
pour le Rafale) mais surtout plus volumineux car le NGF est
estimé pour une longueur d'environ 18 mètres pour 14 mètres d'envergure contre
15,27 mètres de longueur et 10,8 mètres d'envergure pour le Rafale. Dit
autrement, la superficie sur le pont d'envol ou dans le hangar aéronautique
occupée par le NGF sera de l'ordre des 252 m² contre 169,5 m² pour les Rafale
M.
© Ministère des Armées - Naval group. |
Configuration du pont d'envol
La configuration du pont d’envol est au cœur de la conception du bâtiment. Son tracé dépend de la détermination d’une succession de données que sont la « garde à l’arrondi » (angle formé par la trajectoire de l’aéronef se présentant à l’appontage avec le pont d'envol), la zone de touchée et donc le positionnement des brins d’arrêt puis la détermination de leur distance d’élongation et les distances de freinage des aéronefs. Il en ressort la longueur totale de piste oblique.
C’est l’ « avion enveloppe » qui permet de calculer ces différentes données et celui-ci sera l’appareil le plus dimensionnant, sous-entendu celui qui sera susceptible des accélérations verticales les plus importantes. « Avion enveloppe » qui est très probablement le Next Generation Fighter (NGF) du Système Aérien de Combat Futur (SCAF) car sa masse maximale au décollage devant être comprise entre 30 et 32 tonnes – voire 35 tonnes selon certaines sources. Sinon, faute de connaître les caractéristiques aérodynamiques de cet appareil dont le démonstrateur ne devrait voler qu’en 2025 ou 2026, l’ « avion enveloppe » pourrait être le Boeing F-18E/F Super Hornet car les dimensions (18,31 mètres de longueur pour 13,62 d’envergure) sont presque exactement les mêmes tandis que la masse maximale est sensiblement proche (29,9 tonnes MTOW pour le F-18 E/F Super Hornet).
La masse supérieure du NGF, vis-à-vis du Rafale M, implique une augmentation de la distance d’arrêt de l’aéronef et donc de manière subséquente de la distance d’élongation des brins d’arrêt actionnés par les Advanced Arresting Gear (AAG) qui seront au nombre de trois, à l’instar du Charles de Gaulle mais aussi de la sous-classe Ronald Reagan (2) et de la classe Gerald R. Ford (5).
C’est pourquoi il ne serait pas étonnant de découvrir que pour une longueur de coque d’environ 300 mètres, la piste oblique puisse mesurer jusqu’à 240 mètres contre « seulement » 203 mètres pour le porte-avions Charles de Gaulle. La plus forte envergure des aéronefs embarqués devant être conservés par les E-2D Advanced Hawkeye (24,56 mètres), celle du NGF (14 mètres) ne milite pas pour augmenter la largeur de la piste oblique qui est de 20 mètres sur le Charles de Gaulle, à mois d’aligner celle-ci sur les dimensions des porte-avions de type Nimitz (10) et classe Gerald R. Ford (5).
L’angle formé par la piste oblique avec l’axe du bâtiment dépend étroitement de considérations ayant trait et à la propulsion et aux infrastructures car un angle trop important augmente proportionnellement le maître-bau à la ligne de flottaison et donc réduit d’autant le coefficient de finesse de la coque : à moindre efficacité hydrodynamique, pourrait résultat un surcroît de puissance à demander aux deux chaudières embarquées K22 ou bien une sacrée économie de poids à trouver. Et un maître-bau trop important à la ligne de flottaison accroît la pression sur les infrastructures et donc les travaux qui devront être menés.
C’est pourquoi cet angle formé par la piste oblique avec l’axe du bâtiment demeurera autour de celui observé pour le porte-avions Charles de Gaulle (8,3°) sans aller jusqu’à celui retenu pour les porte-avions de la classe Gerald R. Ford (9,3°).
L’un des débats perdurant au sujet de la configuration du pont d’envol a trait au nombre de catapultes et à la capacité « catapo ».
La troisième catapulte, c’est-à-dire la catapulte axiale bâbord, constitue une option âprement discutée entre son utilité et son encombrement. Elle dépendra très probablement des décisions qui seront issues des débats internes aux FAS et de manière plus relative à la FANu au sujet du dimensionnement d’un raid nucléaire mais également aux avancées des travaux conduits dans le cadre du programme SCAF, notamment au sujet des Loyal wingman et des Remote carrier, en particulier ceux qui ne seront pas « consommables ». La question devrait bénéficier d’une décision vers la fin de l’avant-projet sommaire (2021-2023) et à l’orée de la commande des catapultes.
La capacité « catapo », c’est-à-dire la faculté à mener simultanément le catapultage et l’appontage d’aéronefs, n’est pas explicitement visée dans le cadre du programme PANG et, en exagérant un peu, pourrait être l’une des conséquences de l’augmentation des dimensions générales. Il y a tout lieu de remarquer, et pour la première fois pour un porte-avions français mettant en œuvre des jets depuis 1945, la capacité « catapo » devrait être atteinte grâce à la catapulte axiale tribord qui n’interfère nullement avec la piste oblique et qui dispose d’environ 30 mètres pour que les aéronefs puissent se présenter à elle.
L’évolution des débats, durant l’avant-projet sommaire, touchera plutôt à l’obtention d’une capacité « catapo » étendue vis-à-vis de la catapulte latérale car les gabarits de sécurité de la piste oblique débordent légèrement sur son déflecteur de jet et sur l’espace dévolue à l’aéronef qui se présente face à la catapulte, le tout rendant difficile à ce que l’espace de parking à l’arrière de l’ilot puisse servir à ce que 4 Rafale M/NGF puissent alimenter ladite catapulte, comme CAP d’alerte.
L’autre enjeu de ces débats touchera à l’intégration à la capacité « catapo » étendue de la levée d’option au profit de la catapulte axiale bâbord. À moins d’allonger d’environ 40 mètres la longueur de la coque – ce que ne permettrait pas la propulsion -, cette catapulte ne pourra intégrer la capacité « catapo ». L’alternative pour tenter d’atteindre cette faculté serait de retenir le même choix architectural de la classe Gerald R. Ford : à savoir que les catapultes axiales forment d’environ 11 degrés avec l’axe du bâtiment, sur tribord, moyennant éventuellement un léger allongement de la coque. Mais cela impliquerait de reculer l’ascenseur avant.
La superficie bâbord du pont d'envol n'offre pas le moindre parking pour les aéronefs, hormis peut-être de quoi positionner un aéronef à voilure fixe prêt à être catapulté par quelques astuces pour qu’il puisse s’extraire des gabarits de sécurité de la piste oblique. Cela revient à dire que les parkings sont rassemblés depuis le cul des catapultes axiales jusqu'à la poupe du bâtiment, en laissant sur tribord les deux ascenseurs et l'ilot. Il s'agirait de comprendre que la partie avant du pont d'envol, à bâbord de la catapulte axiale, servira, comme sur le Charles de Gaulle, au ramassage d'une pontée ou bien d’une pontée massive en concédant l’immobilisation de la catapulte axiale tribord.
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Ascenseurs
Le nombre et le positionnement des ascenseurs est aussi l’un des débats devant trouver parvenir à plusieurs décisions dans le cadre de l’avant-projet sommaire (2021 – 2023) puisque la maquette et les dessins d’artiste présentés laissent entrevoir deux ascenseurs – dans la droite lignée des esquisses et avant-projets des PA2 jusqu’au FPA (2000 – 2018) – tandis que l’esquisse de General Atomics en présentait trois, ce qui semblait être, à tort, un indice des choix opérés car le troisième ascenseur n’a pas été jugé utile, semble-t-il dès les premières esquisses en 2018.
Toutefois, le dimensionnement de ces ascenseurs sur la maquette et les dessins d’artiste montre qu’ils ne peuvent pas, en l’état actuel des choix architecturaux, lever simultanément deux NGF, faute de la place adéquate. Il n’y a pas de limite technologique à concevoir des ascenseurs qui lèvent jusqu’à 70 tonnes (CVF et CVF-FR) et 130 tonnes (classe Gerald R. Ford). C’est plutôt l’augmentation de la longueur des ascenseurs de l’actuelle d’environ 20 mètres jusqu’à 30 mètres qui imposerait une réorganisation des volumes environnant.
Le nombre et le positionnement des ascenseurs à munitions ne semble pas avoir été arrêté dans le cadre de la quatrième itération de l’esquisse de PANG à propulsion nucléaire puisque deux ascenseurs à munitions sont visibles loin devant l'ascenseur le plus proche de la catapulte axiale tribord sur le dessin d’artiste principal tandis que ces deux mêmes ascenseurs, sur la seule maquette, sont positionnés au droit bâbord de l'ilot alors que deux ascenseurs de plus petites dimensions sont positionnés entre les deux ascenseurs à aéronefs.
Par ailleurs, rien n’indique quelle technologie sera retenue pour les ascenseurs alors même que l’US Navy paraît être en mesure de juguler les difficultés technologiques rencontrées avec les Advanced Weapons Elevators (AWE) sur le CVN-78 USS Gerald R. Ford sur lequel ils sont au nombre de onze. Ni même s’il est envisagé d’équiper le PANG d’un équivalent au Highly Mechanised Weapons Handling System (HMWHS) de la classe Queen Elizabeth (2).
Enfin, à ce sujet : il est à souligner la remarquable intégration des ascenseurs à aéronefs entre les superstructures tribord car ces dernières semblent soustraire lesdits ascenseurs des embruns par leurs formes généreuses, de manière encore plus poussée que sur le type Nimitz (10) et la classe Gerald R. Ford (5). C’est l’un des principaux désavantages des ascenseurs latéraux qui est pratiquement éliminés ici.
Les ascenseurs à
aéronefs, munitions et autres rechanges sont une partie des installations qui
conditionnent le nombre de sortie aérienne pouvant être générées chaque jour.
© Ministère des Armées - Naval group. |
Ilot
Cette superstructure n’est pas l’une des moindres car l’ilot du porte-avions Charles de Gaulle a un devis de masse d’environ 350 tonnes tandis que celui du CVN-78 USS Gerald R. Ford exige pas moins de 550 tonnes.
À l’instar des choix opérés au profit de la classe Gerald R. Ford, les formes de l'ilot du PANG sont remarquablement ramassées et duquel presque rien ne dépasse, hormis les aériens de la mâture. Il serait presque même moins long et large que l'ilot du CVN-78 USS Gerald R. Ford. Et de bien plus petites dimensions que celui du porte-avions Charles de Gaulle dont les premières esquisses du programme PAN offraient un style architectural qui n’est pas sans rappeler celui qui de la maquette du PANG.
L’ilot accueille les passerelles de navigation et aviation : pas moins de cinq ponts bénéficient de leur propre passerelle. Aucune passerelle aviation, aussi proéminente que sur les porte-aéronefs STOVL de la classe Queen Elizabeth - dont, et il est vrai que l'ilot arrière demeure bien plus en avant que celui du PANG – n’a été intégré. Il se distingue cependant que les deux passerelles les plus hautes bénéficient d'une légère avancée sur bâbord, au-dessus du pont d'envol, à la manière d’aileron : ce qui offrira une vue panoramique sur tout le pont d'envol. Et il s'agirait de comprendre que la passerelle aviation serait située sous la base du cône portant la mâture unique : c'est, en tous les cas, ce que suggère fortement le dessin d'artiste.
La mâture de l’ilot du PANG reprend la mâture unique des Frégates de Défense et d'Intervention (FDI) avec le radar à faces planes SeaFire dont il semblerait qu'il s'agisse de la même version : le SF500. C’est peut-être d'un choix provisoire, dans l'attente des décisions relatives à la rénovation à mi-vie des frégates franco-italiennes du programme Horizon. Et l’ilot ne comporte pas moins de quatre antennes SATCOM dont deux sont peintes en grises et préfigurent peut-être les antennes SYRACUSE (SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) III/IV tandis que les deux autres peintes en blanches préfigurent peut-être les antennes INMARSAT. Par ailleurs, la mâture unique étant la même que celle des FDI, elle arbore la même suite de guerre électronique.
Dispositions de l'artillerie et des contre-mesures
Le calendrier du programme PANG serait compatible avec les évolutions matérielles constatées sur les frégates de premier rang car l’ensilotement de l’ASTER 30 à tendance (FREMM Bretagne (2019), Normandie (2020) et cas particulier des Alsace (2022 ?) et Lorraine (2023 ?), FDI (5) à se généraliser et à ne plus être cantonnées aux FDA de classe Forbin (2), contrairement au porte-avions Charles de Gaulle, bien pourvu avec quatre lanceurs octuples A43 mais qui ne peuvent accueillir que l’ASTER 15. Par ailleurs, le PANG avec la considération d’un radar comme le SeaFire 500 n’aura aucun mal à mettre en œuvre en toute autonomie l’ASTER 30.
Les choix ne sont pas encore arrêtés dans le cadre de la quatrième itération de l’esquisse du PANG à propulsion nucléaire car la maquette et les dessins d’artiste présentés comportent tantôt deux lanceurs SYLVER, tantôt quatre lanceurs et tous exclusivement intégrés à bâbord. Et, par ailleurs, l’importance de l’encorbellement arrière-bâbord laisse entrevoir la possibilité que ces lanceurs puissent être des SYLVER A70 et non pas seulement des A50, ce qui serait fort logique car l’évolution de la menace aérienne – c’est-à-dire les missiles hypersoniques – invite à considérer d’ensiloter le résultat désiré du CSP/PESCO Timely Warning and Interception with Space-based TheatER surveillance (TWISTER) dont le développement du programme devrait être de 8 000 M€ dont toute ou partie sera abondée par le FED (2021 - 2027) afin de développer un missile d'interception haut endo-atmosphérique contre des cibles hypersoniques avec l’appui d’une capacité d’alerte avancée.
Aucun programme portant la mise à l’étude d’un canon électromagnétique de défense anti-aérienne n’étant à l’horizon, malgré les travaux menés par le consortium Projectiles for Increased Long-range effects Using Electro-Magnetic railgun (PILUM), il semblerait que le calendrier considéré par le programme PANG fasse la part belle aux systèmes d’auto-défense retenus dans le cadre de la rénovation du concept de lutte asymétrique de la Marine nationale.
C’est pourquoi la présentation de quatre pièces d’artillerie ayant l'aspect d'un Oerlikon Millenium Anti-aircraft System de 35 mm (Rheinmetall) peut-être l’indice du choix d’un système d’artillerie traditionnel plutôt que d’un futur canon électromagnétique. Et pour la première fois depuis les Clemenceau (1959 – 1997) et Foch (1963 – 2000), les capacités d'auto-défense devraient comprendre des pièces d'artillerie. Il serait logiquement attendu qu'il s'agisse de quatre RapidFire Naval 40 mm CTA (GME Nexter - Thales).
La disposition des pièces d’artillerie présentées s'établit comme suit : une pièce sur l'extérieur de chacune des catapultes axiales, deux pièces disposées de part et d'autre de la poupe. Le champ de battage des pièces et leur hauteur assureront aussi bien d'atteindre des buts entre la distance maximale (4000 mètres) et la plus petite distance minimale possible que de pouvoir croiser les tirs sur tous les secteurs, à plus ou moins grandes distances.
Il est notable que l'encorbellement avant-bâbord, devant le déflecteur de jet de la catapulte latérale, présente une tourelle dont l'apparence n'est pas tout à fait celle du New Generation Dagaie System (NGDS - SAFRAN) : il est à se demander s'il ne s'agirait pas d'une sorte de « TETRAL-NG » pour MISsile TRansportable Anti-aérien Léger (MISTRAL), plutôt que d'un SADRAL-NG.
D'autres appendices semblent pouvoir être des systèmes de contre-mesure mais il est difficile, en l'état actuel des pièces versées, de pouvoir se prononcer.
© Ministère des Armées - Naval group. |
Propulsion
La propulsion du PANG s'appuiera sur la « Zone chaufferies nucléaires » - et non plus sur le CCN (Compartiment Chaufferies Nucléaires) – au sein de laquelle seront enchâssées les futures chaudières embarquées K22 (2 x 225 MW thermiques). Les différentes esquisses considérées ne permettaient nullement d’envisager une propulsion à la seule force de deux K15, ni d’envisager sérieusement d’intégrer trois K15 ou bien trois K22 : d’où l’interrogation au sujet du « porte-avions enveloppe » (cf. supra).
La puissance combinée des deux réacteurs K22 ne permettait pas d’envisager une esquisse d’un PANG à 85 000 tonnes, soit l’une des raisons du recentrage du programme sur un bâtiment de 75 000 tonnes à pleine charge. Afin de ne pas parvenir en limite de puissance, il a été préféré d’allonger le bâtiment porte-avions jusqu’aux 300 mètres actuels et donc d’ajouter une « jupe » ou « duck tail » qui avait jadis fait son apparition sur le CVF-FR (2010) afin d’améliorer le coefficient de finesse. D’où, et peut être car il ne s’agit que d’une supposition, la large ablation de l’arrière-bâbord du pont d’envol jusqu’à la poupe afin d’économiser quelques milliers de tonnes jugées non-indispensables à l’atteinte des objectifs opérationnels.
La disponibilité de la plateforme visée par le programme est de 65% contre 63% constatés pour le porte-avions Charles de Gaulle. L’une des spécifications qui participera à ce résultat est la possibilité évoquée devant la commission de la Défense nationale et des forces armées de réduire de 18 à 12 mois la durée nécessaire à un arrêt technique majeur de l’esquisse d’un PANG à propulsion nucléaire, ce qui en rapprocherait la durée des arrêts techniques majeurs de son équivalent à propulsion classique (6 à 8 mois). La rigidité du calendrier d'un ATM comprenant un chargement des cœurs en combustible nucléaire resterait presque son seul défaut et l'intervalle entre chaque rechargement sera toujours de 10 années.
Il devrait pouvoir être espéré obtenir un maximum de 162 MWe des 450 MW thermiques délivrés par les deux réacteurs nucléaires embarqués K22. Une partie de cette puissance (162 MWe) sera transmise à la propulsion qui s’appuiera sur trois lignes d’arbre se terminant par des hélices à cinq pâles. Il s’agit d’une première depuis les cuirassés de 35 000 tW de type Richelieu (quatre lignes d’arbres) car les programmes de porte-avions lancés depuis 1945 s’étaient contentés de deux lignes d’arbres par mesure d’économie (la troisième ligne d’arbre non-retenue pour le porte-avions Clemenceau représentait 4000 tonnes).
La vitesse maximale est fixée à 27 nœuds car elle permet le ramassage d’un E-2C Hawkeye ou E-2D Advanced Hawkeye en avarie grâce au vent relatif soufflant sur le pont à cette vitesse. A contrario, les Britanniques dans le cadre du programme CVF avaient retenu une vitesse maximale de 25 nœuds tandis que la Marine nationale, pour la même raison, demandait 27 nœuds au CVF-FR. Le choix de la vitesse maximale n'a pas été bouleversé depuis le Charles de Gaulle et est certainement conforté en cela par l'adoption de catapultes électromagnétiques de 90 mètres.
Les évolutions du PANG seront permises par deux safrans de fortes dimensions qui paraissent être près du double de ceux du Charles de Gaulle (2001 - 2038 ?).
Un système de stabilité active assurera de stabiliser la plateforme.
Ce papier paru le 8 décembre 2020 a été significativement réécrit les 13 et 14 décembre afin de tenir compte de nouvelles précisions, de corriger des incohérences et des erreurs dont il n'était pas possible d'admettre qu'elles puissent demeurer en ligne.
Il y a un truc que je ne pige pas, on n’arrête pas de parler de 3 catapultes et puis sur toutes les maquettes on n'en voit que deux!
RépondreSupprimerSinon l’étrange étrave, il y a déjà eu des testes en bassin? Je serai pas surpris de voir un bulbe d'étrave faire son apparition d'ici un an ou deux!
Enfin, perso, je le trouve moche! je trouve l’étrave du charles beaucoup pus élégante!
Madame, Monsieur,
SupprimerBonjour, si vous observez bien la première et principale vue d'artiste du programme PANG alors vous verrez se dessiner sur le pont d'envol le chemin de la troisième catapulte et même la forme de son déflecteur de jet par la ligne en pointillée rouge. Néanmoins, tous les autres dessins et la maquette ne présentent pas la troisième catapulte. Et je n'ai pas d'explication à offrir car la situation est contraire aux dires de la société américaine General Atomics qui affirmait travailler sur trois catapultes depuis bien des mois.
https://www.navalnews.com/naval-news/2020/12/frances-new-aircraft-carrier-will-be-nuclear-powered/
Bien navicalement,
Merci, j'avais effectivement remarqué, mais supposé que la maquette avait une plus grande fidélité que un rendu parmi tous les autres!
SupprimerSur TF1 ils ont montré les essais de la coque du navire
SupprimerIl ne s'agit ici que des résultats de l'étude de faisabilité de la DGA qui consistait à comparer quatre options : nucléaire ou diesel, 280 m ou 300 m. Pas à aller dans le plus petit détail. Donc ces pans seront modifiés plus ou moins grandement dans les mains des ingénieurs de Naval Group et des Chantiers de l'Atlantique durant ces 10 prochaines années. La première découpe de tôle du navire n'aura lieu que vers 2030 (c'est la construction des réacteurs qui débutera vers 2025).
SupprimerOn a d'ailleurs déjà 2 versions différentes dans les dessins présentés.
Ces plans sont donc à prendre avec beaucoup de précaution.
L'étrave inversée a fait son grand retour il y a quelques années, on la trouve sur de plus en plus de navires civils mais aussi militaires dernièrement conçus pour la Marine Nationale, en l'occurrence les FDI et les BRF. Cela permet un meilleur hydrodynamisme.
L'absence d'un bulbe d'étrave, même petit est plus curieux, voire anormal, tellement cet équipent a prouvé son utilité mais on a ici que les croquis qu'on a bien voulu nous montrer et qui n'ont rien de définitif.
Pour les catapultes, outre que ce n'était pas l'objet de cette étude, les plans proposés pose un problème, le système catapulte (jusqu'au déflecteur de jet) avant bâbord visible sur une des maquette dépasse sur la piste oblique, la rendant inutilisable pendant une phase d'appontage alors que c'était précisément son but afin de catapulter une patrouille d'alerte sur les 2 catapultes avant. Ce qui du coup pose problème. Le pont d'envol est là trop petit pour cette capacité et trop grand pour 2 catapultes avec le même nombre d'aéronefs que sur le CdG ou les projets de PA de 280 m.
Affaire à suivre donc.
Malikou,
SupprimerBonjour, et merci bien : je vais aller voir ça !
Bien navicalement,
Question qui n'est abordée nulle part à ma connaissance : est-il prévu un simple remplacement du CdG, i.e. un PA ou un retour à deux PA ?
RépondreSupprimerMadame, Monsieur,
SupprimerBonjour, l'Amiral Bernard Rogel positionnait le sujet de la succession du « Charles de Gaulle » en 2013, ce qui comprenait de renvoyer la restauration de la permanence aéronavale à l'horizon 2040.
La question de la restauration de la permanence aéronavale est bien l'une des questions posées dans le cadre des quatre études de 2018. Et il a manifestement été fait le choix de ne pas pousser le sujet à ce stade du programme, ce que confirme le dossier de presse distribué hier qui précise que c'est une question abordée mais non-tranchée.
Ce qui correspond au calendrier de 2013 : une éventuelle restauration de la permanence aéronavale à l'orée de l'année 2040 suppose le lancement d'un deuxième bâtiment vers 2030.
Bien navicalement,
il faudrait que la france dispose de plusieurs porte avions ainsi que de fregates de premier rang
RépondreSupprimerSi le naval est la priorité oui. S'il n'est pas la priorité, au même titre que les armées toutes entières c'est moins vrai.
SupprimerEtonnant de ne mettre que 2 catapultes et 3 brins d'arrêt sur la maquette. Etonnant aussi d'envisager un hangar à peine plus grand que sur le CVF alors que le navire est plus grand et à propulsion nucléaire (et non diesel comme sur le CVF). Étonnant aussi de ne mettre que 2 ascenseur.
RépondreSupprimerSur un tel navire, il serait tout à fait raisonnable d'envisager 3 catapultes, 3 ascenseurs et au moins 5000-5500m2 de surface utile dans le hangar, la propulsion nucléaire permettant de libérer de la place.
On dit toujours qu'on ne peut pas dessiner un PA sans connaître les dimensions de l'avion qui doit en décoller. Mais le Scaf ne sera pas seulement un NGF plus gros, mais aussi des Remote Carrier à priori plus petits, mais qui vont pourtant prendre une part non négligeable des emports en munitions par rapport à l'avion. N'était-il pas possible d'intégrer ce differentiel de taille et de volume dans un design de PA pour éviter de tomber dans un design de supercarrier qui sera difficilement finançable et à coup sûr unique.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerSavez-vous si le PANG aura aussi un blindage électromagnétique (DAPS, Dynamic Armor Protection System), comme sur le Ford ?
Madame, Monsieur,
SupprimerBonjour, je n'ai aperçu aucune demande de ce genre pour le programme PANG.
Ni même lu ou entendu grand chose à ce sujet outre-Atlantique.
Bien navicalement,
Attention quand même à vos affirmations. Il ne s'agit ici que d'une étude de faisabilité de la DGA principalement destinée à valider une production d'énergie par 2 K15 sur un navire de cette taille. Pas d'un dessin définitif fournit par le maitre d'oeuvre en fin d'avant-projet définitif (ici vers 2029-2030) pour une première découpe de tole un an après. 2025, c'est le début de construction des réacteurs, pas du navire en lui-même. Curieusement, je ne vois pas comment ce navire à étrave inversé pourrait se passer d'un petit bulbe d'étrave dont le but est bien d'améliorer l'hydrodynamisme en mer formée.
RépondreSupprimerPour les catapultes, ce n'est pas tranché parce que cela n'a pas à l'être à ce stade d'autant qu'il était question de 3 catapultes pour avoir une patrouille d'alerte dessus pendant un appontage, cela avec seulement 2 systèmes de stockage dont un donc le circuit électrique basculerait de la catapulte avant bâbord à celle sur la piste oblique. Le problème dans tout cela, c'est qu'avec une piste oblique à 8-9° sur un pont de 300 m et bien il n'est pas possible avoir un avion sur la catapulte avant bâbord, ça dépasse sur la piste. Le ministère et la DGA devront donc prendre une décision à ce sujet : rallonger le pont envol ou laisser que 2 catapultes, mais alors pourquoi faire un PA de 300 m, un de 290 m suffirait pour le GAE annoncé et le navire couterait moins cher. A l'inverse, pousser à 315 m n'obligerait-il pas à un troisième réacteur, ce qui alourdirait sérieusement le cout.
Les hélices ont été posé n'importe comment ici, c'est une information sensible en général. Une propulsion électrique étant privilégié, il y a une multitude de possibilité à tester, idéalement avec des moteurs acheté sur catalogue au lieu de faire du très cher sur mesure.
Les plans de GE n'était là que pour que la DGA et Naval Group comprennent bien la place de ses systèmes, les plans du navire n'avait rien d'une vrai étude, c'était une base CVF-FR avec ilot avant mis à la place de celui à l'arrière. C'était visible que c'était bidon d'autant que St-Nazaire avait présenté une nouvelle version du CVT-FR avec étrave inversé, des échappements en biais ne sortant pas sur le pont d'envol et un îlot unique compétemment à l'arrière.
Il ne faut heureusement pas 10 ans aux Chantiers de l'Atlantique pour construire ce qui est pour ce chantier un petit navire de 300 m et quelques soit la répétition pour installation des systèmes militaire en St-Nazaire et Toulon, ce navire passera par le bassin C de St-Nazaire pour son armement (au sens civil du terme), voire avec quasi-certitude le chargement des coeurs, les premières divergences et les premiers essais propulsion en mer. Ne serait-ce que pour une raison simple qu'en cas de défauts constatés lors de ces essais, ils seront beaucoup plus facilement réparable dans le bassin C avec son immense largeur et avec tous les outils de fabrication sur place que dans le bassin Vauban à Toulon. La mature depuis la base du cône (2e radar ?) sera construite à Lorient, elle sera donc installée à St-Nazaire pour des raison logistique évidente, de même qui les silos Aster pour la même raison. La question se pose plus pour les calculateurs et le petit-armement, mais cela ne va pas représenter une masse énorme de travail pour les ouvriers Naval Group à Toulon. Faut pas rêver.
Désolé marquis ! Sur l'esthétique, il suffit de regarder la vue en surplomb pour voir combien le design rapproche le PAN2 de celui des PA américains : pont plus effilé vers la proue, découpes du pont d'envol, rétrécissement vers la proue, ilot à l'arrière.
RépondreSupprimerLa vue en plan montre de manière évidente que le design est plus proche d'un PA américain que du Charles de Gaulle.
RépondreSupprimerL'arme anti-porte-avions la plus redoutable est bien le politique français. #arbitrages LPM 2024-2030.
RépondreSupprimerhttps://twitter.com/top_force/status/1641762623782895622