Dans un précédent billet, il était question de la volonté supposée
russe de se couper d'internet. Vraie ou faux, cette hypothèse nous
permettait d'aborder la question du blocus stratégique dans
le cyberespace par rapport à ce qui avait été conceptualisé par
Julian S. Corbett. Faux répond Maxime Pinard au Nouvel Observateur
(interview signalée par l'allié Harrel) : non, Moscou ne peut et n'a
pas intérêt à se couper d'Internet. Il cite au demeurant l'ouvrage de
Yannick Harrel (La Cyberstratégie russe) que
nous citions nous aussi.
Revenons à ce duel entre la Russie et les Etats-Unis. Il y a la volonté de construire un cyberespace aussi étendu et libre (de toute souveraineté étatique -autre que celle de Washington) du côté américain face à une volonté russe de reterritorialiser un cyberespace sous domination américaine.
De facto, ce mouvement d'extension-friction-appropriation a été maintes fois observé dans le domaine maritime, du traité de Tordesillas jusqu'à aujourd'hui. La puissance maritime dominante étend autant qu'elle peut son réseau pour exploiter les flux transitant par la mer. Les frictions engendrées dans le mouvement peuvent aboutir à un partage de l'Océan (le traité en question qui partage le monde entre portugais et espagnols) ou à des prises de position pour délimiter et protéger un espace duquel est exclu les autres. Un mouvement a été observée de la fin des années 40 du XXe siècle jusqu'à la convention des Nations unies sur le droit de la mer en 1982 qui a abouti aux zones économiques exclusives.
Dans le cyber, nous observons des points communs. Premièrement, nous avons ce point commun avec l'espace maritime qui est que cyber et Océan partage la coexistence du commerce, de la guerre et du tiers. Deuxièmement, il y a cet antagonisme entre partisan d'un Internet libre (de trop de régulation étatique) et ceux d'une réappropriation nationale d'une partie d'Internet (ou d'une partie de ses flux).
En matière de commerce, c'est particulièrement frappant. Par exemple, Google se conçoit comme un véhicule qui sert d'interface entre nous et Internet, cette partie du cyberespace afin de créer un réseau commercial à l'échelle du cyberespace, donc du monde. Amazon n'est pas en reste avec, par exemple, l'utilisation des méga données pour tenter de prévoir les achats de ses utilisateurs ou la question des drones. Facebook et Twitter suivent avec une mise en valeur de l'interaction de l'usager avec les possibilités commerciales (réclame ciblée, bouton achat). Autant de société qui ont été toutes ou presque exclu de certains pays... comme la Chine et la Russie !
Pays qui ont construit des équivalents pour répondre aux sociétés américaines. Face au mouvement de ces sociétés, permit par un Internet aussi étendu que possible (et mouvement supporté par le libre-échange), Moscou et Pékin constituent des limites. Des flux ont été coupés ou redirigés. Il s'agit d'un impératif autant commercial que politique dans le cas de ces deux Etats puisque la question des réseaux sociaux est crucial dans les deux cas pour la stabilité des régimes.
Notons que l'introduction d'Alibaba à la bourse de New York constitue une ouverture sur le commerce américain qui peut aussi se rapprocher de la stratégie navale : Pékin reprend presque exactement les mêmes instruments navals que l'US Navy (porte-avions, croiseurs, destroyers, etc...) !
Il y a un rapprochement possible à faire dans ce qui s'est passé en mer (constitution des ZEE, transit ou non de forces étrangères dans ces zones) et dans le cyber.
A l'instar de la stratégie navale chère à Corbett, il s'agirait donc, non pas de contrôler Internet, mais d'en contrôler les flux qui transitent par Internet, une partie du cyberespace.
Nous dirigeons nous vers un accord interétatique pour organiser la circulation de différents véhicules commerciaux dans le cyberespace (Google & cie) ou bien vers la création de zones d'économie fermée à l'extérieur (lequel ?) ? En attendant, Hervé Couta-Bégarie écrivait sur la fin de la mondialisation à l'orée de 2030, peut-être faut-il se diriger vers cette lecture...
Revenons à ce duel entre la Russie et les Etats-Unis. Il y a la volonté de construire un cyberespace aussi étendu et libre (de toute souveraineté étatique -autre que celle de Washington) du côté américain face à une volonté russe de reterritorialiser un cyberespace sous domination américaine.
De facto, ce mouvement d'extension-friction-appropriation a été maintes fois observé dans le domaine maritime, du traité de Tordesillas jusqu'à aujourd'hui. La puissance maritime dominante étend autant qu'elle peut son réseau pour exploiter les flux transitant par la mer. Les frictions engendrées dans le mouvement peuvent aboutir à un partage de l'Océan (le traité en question qui partage le monde entre portugais et espagnols) ou à des prises de position pour délimiter et protéger un espace duquel est exclu les autres. Un mouvement a été observée de la fin des années 40 du XXe siècle jusqu'à la convention des Nations unies sur le droit de la mer en 1982 qui a abouti aux zones économiques exclusives.
Dans le cyber, nous observons des points communs. Premièrement, nous avons ce point commun avec l'espace maritime qui est que cyber et Océan partage la coexistence du commerce, de la guerre et du tiers. Deuxièmement, il y a cet antagonisme entre partisan d'un Internet libre (de trop de régulation étatique) et ceux d'une réappropriation nationale d'une partie d'Internet (ou d'une partie de ses flux).
En matière de commerce, c'est particulièrement frappant. Par exemple, Google se conçoit comme un véhicule qui sert d'interface entre nous et Internet, cette partie du cyberespace afin de créer un réseau commercial à l'échelle du cyberespace, donc du monde. Amazon n'est pas en reste avec, par exemple, l'utilisation des méga données pour tenter de prévoir les achats de ses utilisateurs ou la question des drones. Facebook et Twitter suivent avec une mise en valeur de l'interaction de l'usager avec les possibilités commerciales (réclame ciblée, bouton achat). Autant de société qui ont été toutes ou presque exclu de certains pays... comme la Chine et la Russie !
Pays qui ont construit des équivalents pour répondre aux sociétés américaines. Face au mouvement de ces sociétés, permit par un Internet aussi étendu que possible (et mouvement supporté par le libre-échange), Moscou et Pékin constituent des limites. Des flux ont été coupés ou redirigés. Il s'agit d'un impératif autant commercial que politique dans le cas de ces deux Etats puisque la question des réseaux sociaux est crucial dans les deux cas pour la stabilité des régimes.
Notons que l'introduction d'Alibaba à la bourse de New York constitue une ouverture sur le commerce américain qui peut aussi se rapprocher de la stratégie navale : Pékin reprend presque exactement les mêmes instruments navals que l'US Navy (porte-avions, croiseurs, destroyers, etc...) !
Il y a un rapprochement possible à faire dans ce qui s'est passé en mer (constitution des ZEE, transit ou non de forces étrangères dans ces zones) et dans le cyber.
A l'instar de la stratégie navale chère à Corbett, il s'agirait donc, non pas de contrôler Internet, mais d'en contrôler les flux qui transitent par Internet, une partie du cyberespace.
Nous dirigeons nous vers un accord interétatique pour organiser la circulation de différents véhicules commerciaux dans le cyberespace (Google & cie) ou bien vers la création de zones d'économie fermée à l'extérieur (lequel ?) ? En attendant, Hervé Couta-Bégarie écrivait sur la fin de la mondialisation à l'orée de 2030, peut-être faut-il se diriger vers cette lecture...
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