© TKMS. Type 212 CD. |
Le Type 212 NG (New Generation) recevait l’appellation Type 212 CD (Common Design) lorsqu’il fut retenu le 3 février 2017 par le gouvernement norvégien, au terme d'un appel d'offres lancé en 2015, afin remplacer la classe Ula dans le cadre du programme projet 6346 (Ny Ubat). Ce résultat s'accompagnait par le lancement d'une coopération avec l'Allemagne le 30 juin 2017 dont la victoire de son industriel résidait dans l'engagement d'acquérir deux Type 212 CD au profit de la Deutsche Marine. Pourtant, la signature d'un contrat reste un échec : malgré la présentation de trois offres engageantes par TKMS. Dans l'attente d'une décision, la livraison du premier sous-marin norvégien a définitivement glissé de 2025 à 2029.
En réponse à l'appel d'offres lancé en 2015, six chantiers (DSME (KSS-II/KSS-III ?), Fincantieri (Type 212 NFS ?), Naval group (Scorpène évolutions), Navantia (S-80 Plus), SAAB (A26) et TKMS (Type 212 NG) soumirent leur proposition. Seuls deux étaient retenus en 2016 : Naval group (Scorpène évolutions) et TKMS (Type 212 NG).
Et finalement TKMS fut sélectionné le 3 février 2017 quelques semaines après que Berlin se soit engagé à commander deux sous-marins du même modèle au profit de la Deutsche Marine qui seraient entretenus en Norvège. Le 30 juin 2017, Berlin et Oslo concluaient un accord bilatéral. Le Type 212 NG devenait ainsi le Type 212 CD (Common Design).
Berlin proposait un partenariat stratégique concernant l'acquisition de 4 + 2 sous-marins mais aussi la formation des équipages, l'utilisation opérationnelle commune dont les exercices, le soutien tout au long du service opérationnel au sein d'une même base navale (Haakonsvern (Norvège) dont les stocks de rechanges et le développement en commun de certains des systèmes embarqués. S'ajoutait un volet en matière de recherche et développement dans le domaine naval sur des sujets non-précisés. Les deux protagonistes se félicitaient d'un accord liant les deux marines jusque dans les années 2060. La plupart des accords inter-gouvernementaux ont été conclus, ne reste plus depuis 2019 que la formalisation du contrat entre les deux Etats et TKMS.
La coopération proposée se veut être une répétition de celui liant d'ores et déjà Berlin et Rome sur les Type 212A (6 + 4) et ne se veut pas comme concurrente de celle-ci mais complémentaire. Et le discours de TKMS depuis le lancement du Type 212 NG (2014) est qu'il devienne « le prochain sous-marin de l'OTAN », d'où sa proposition aux Pays-Bas et à la Pologne tout en visant étonnamment l'Italie.
L'Allemagne, le 30 juin 2017, débutait les négociations exclusives entre d'un côté les deux agences étatiques de l'armement, à savoir la Norwegian Defence Materiel Agency (NDMA) et le Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr (BAAINBw), et de l'autre TKMS. Les accords intergouvernementaux avaient semble-t-il était conclus sans difficulté particulière.
Le ministère de la Défense norvégien s'attendait à recevoir une offre contraignante de la part de TKMS mi-2018 et elle ne parvenait que le 30 octobre 2018. Les deux agences d'armement se mettaient à l'étude de l'offre reçue. La première offre était rejetée dans les mois suivants.
TKMS déposait une deuxième offre contraignante actualisée et soumise le 7 juillet 2019 qui ne fut pas non plus jugée satisfaisante. Les négociations se poursuivent dans l'optique de signer un contrat au cours du premier semestre 2020.
TKMS déposait, finalement, une troisième offre contraignante, une nouvelle fois actualisée, en février 2020. Et le gouvernement norvégien confirmait, le 27 avril 2020, avoir entamé des négociations formelles avec TKMS au sujet de cette offre, par l'entremise des deux agences de l'armement des deux pays - La NDMA et BAAINBw - qui, à dire vrai, poursuivaient les négociations entamaient depuis 2017.
En octobre 2020 (Michal Jarocki, « Type 212CD talks hit a snag », Shepard Media, 29 octobre 2020), il fallait pourtant constater que cette troisième offre contraignante n'a pas permis d'accoucher de la signature d'un conrat et donc du lancement des études détaillées du Type 212 CD, dernier préalable avant l'entrée en phase de réalisation du programme, malgré les mois écoulés depuis avril.
Deux facteurs structurent les négociations germano-norvégiennes et la tendent à imposer une issue où l'un des deux États pourrait avoir à céder aux exigences des choix techniques de l'autre, à moins d'abandonner la partie.
Premièrement, et c'est un grand facteur de rigidité des négociations : la Norvège s'en tenait à une enveloppe de 4380 millions d'euros (2019) qu'elle présente comme ne pouvant être dépassée. Et les deux années de glissement du programme projet 6346 (Ny Ubat), voyant le premier bateau devant être livré en 2028 et non plus 2026, a une incidence financière directe quant aux coûts de la modernisation et donc du prolongement au service de quatre des six sous-marins de la classe Ula.
Les six sous-marins de la classe Ula, admis au service actif entre 1989 et 1992, furent modernisés (2005 et 2015) pour rester en service jusqu'à l'orée de l'année 2025. En 2019, la moyenne d'âge est de 28,5 ans. Les travaux et chantiers pour étendre la durée de vie de quatre des six sous-marins Ula - deux sous-marins classe Ula doivent être désarmés à partir de 2022. - exigent 158,33 millions d'euros (2019) plus 58,68 millions d'euros (2019) pour la constitution d'un stock supplémentaire de pièces de rechanges.
La prolongation au service de ces quatre sous-marins au-delà de 2025 et même au-delà de 2030 pour trois d'entre-eux, puisque le dernier Type 212 CD doit être livré en 2035, risque, tout simplement, de consommer les maigres marges de manœuvre norvégiennes et un éventuel geste du gouvernement norvégien.
Le deuxième facteur réside dans l'orientation générale à donner aux caractéristiques opérationnelles des futurs Type 212 CD et donc au choix de ses caractéristiques nautiques. Et il faut le rappeler : avoir retenu le Scorpène évolution face au Type 212 CD revenait pour la Sjøforsvaret à présenter à son gouvernement le choix entre un sous-marin océanique et un sous-marin côtier. Et les négociations engagées entre les parties depuis le 3 février 2017 se cantonnent à ce différent demeurant indépassable.
Cette orientation à donner à l'architecture du Type 212 CD bute pour les parties allemandes et norvégiennes quant à l'application du Naval Submarine Code, extrapolation produite par des membres de l'ISSF à partir du Naval Ship Code de l’INSA. Et l'emploi de ce document devrait se traduire par des choix très concrets comme, et par exemple, l'adoption - ou non - d'une cloison étanche et résistante à la pression de l'immersion au milieu du Type 212 CD afin de compartimenter sa coque résistante et donc de pouvoir lui assurer une meilleure résistance au combat.
Et par extension, c'est toute la question des capacités hauturières au sujet desquelles les parties ne parviennent pas à trouver un compromis puisqu'un renforcement du compartimentage ou bien des dispositions architecturales soutenant une forte autonomie à la mer : tout ceci suppose un alourdissement du bâtiment.
Sachant que la géographie navale allemande - la mer Baltique, d'une profondeur maximale de 459 mètres - est moins exigeante que celle de la Norvège où un futur sous-marin est appelé à plonger plus profondément ou à se confronter à des bateaux adverses exigeants, tels des Sous-marins Nucléaires d'Attaque (SNA). Autre source d'alourdissement du tonnage.
Et sachant également que le point d'orgue de la stratégie commerciale déployée par l'Allemagne autour du Type 212 CD était de rafler la mise pour les programmes de renouvellement de sous-marins de la Pologne (3), des Pays-Bas (4) et de la Norvège (3 puis 4) tandis que TKMS préparait aussi les refonte à mi-vie des Type 212A allemands (4) du premier lot car l'échéance des quinze années de service (2020 – 2022) se produira sur le même calendrier et que ces chantiers s'appuieront logiquement sur toute ou partie des équipements et systèmes développés au profit des Type 212 CD.
La Pologne s'étant tourné vers l'acquisition des RSS Archer (2011) et RSS Swordsman (2013) par l'entremise de la Suède car il s'agit des anciens HMS Södermanland (1989) et HMS Östergötland du programme A17, il ne reste plus que les Pays-Bas.
Et sur ce dernier marché dont l'objet est le remplacement des Zr. Ms. Walrus (1992 – 2027 ?), Zr. Ms. Zeeleeuw (1990 – 2028 ?), Zr. Ms. Dolfijn (1993 – 2029 ?) et Zr. Ms. Bruinvis (1994 – 2031 ?). La signature de la lettre B (13 décembre 2019) dans le cadre de la procédure d'appel d'offres ouvrait, pourtant, la voie à l'adoption d'un sous-marin se rapprochant des 2700 à 3100 tonnes.
Et le sous-marin qui semble le plus mal placé, après l'exclusion du S-80 Plus (Navantia), semble être le Type 212 CD puisque l'A26 (Modèle 712) de l'alliance Damen-SAAB fait la course en tête, au titre d'un soutien politique bien installé tandis que Naval group est véritablement le « challenger », refaisant son retour sur les volets politique et économique et pouvant désormais s'appuyer sur les nombreux mois passés à la mer, déjà, par le Suffren.
De retour en Norvège, le Type 212 CD semblerait se cantonner autour d'un déplacement de 2500 tonnes en 2020 contre 2400 tonnes en 2019. De manière encore inexpliquée, il semblerait que les négociations germano-norvégiennes ne parviennent pas à s'accorder sur le déplacement et les caractéristiques opérationnelles du Type 212 CD. Il est perceptible que, et depuis 2016, le but de la manœuvre en plaçant le Type 212 CD en finale face au Scorpène évolutions était de souligner le choix possible entre une force sous-marine côtière et une autre océanique.
Les négociations achoppent à ce sujet. Raisons pour lesquelles il est étonnant que le Type 212 CD en Norvège ne tutoie pas franchement les 3000 tonnes. À moins que le budget fixé de la Sjøforsvaret ne soit incompatible ou bien que l'Allemagne, finalement, ne souhaite pas suivre son industriel et préfère s'en tenir aux choix techniques déjà opérés pour les Type 212A et Type 212B.
La prochaine échéance pour les négociations germano-norvégiennes est de parvenir à un accord permettant une signature au printemps 2021. Le gouvernement norvégien réaffirme à chaque offre rejetée de TKMS sa détermination à parvenir à un accord mais jusqu’à quand le calendrier pourra-t-il être repoussé et lequel des deux États cédera ? Un hypothétique échec en Norvège du Type 212 CD ajouté à un deuxième aux Pays-Bas poserait la question des ambitions allemandes dans la construction sous-marine et de l’avenir des compétences idoines, le Type 212 CD étant le projet de renouvellement de celles-ci.
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