Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





15 janvier 2014

"Centrafrique, pourquoi la guerre ?" sous la direction de T. Flichy

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/media/00/00/1384951951.jpg
 
Quelle excellente surprise de débuter l'année 2014 par un ouvrage qui a pour ambition d'expliquer les causes structurelles de la crise en République centrafricaine ! Centrafrique, pourquoi la guerre ? (sous la direction de Thomas Flichy de La Neuville, Grégoire Mathias, Quentin Cornet, Franklin Déchelette-Viellard, Pierre Thurau et Véronique Mézin-Bourgninaud, éditions Lavauzelle, 60 pages) offre aux lecteurs quantité de clefs pour comprendre dans quel décor a été lancée l'opération Sangaris, et mieux encore, pour ouvrir des perspectives pour la région...

La préface d'Henri Hude donne au lecteur quelques questionnements de philosophie politique : comment se construit l'Etat (moderne) ? Par quel cheminement est-il le dépassement de l'ethnie ? Dans quelles conditions la démocratie s'impose-t-elle ? Doit-elle se décréter ou passer une phase de stabilisation ? Autant de questions qui renvoient au devenir de tant de pays après leur indépendance, en Afrique comme ailleurs. Le parallèle avec l'Empire romain ouvre des perspectives originales.
 
Armé de ces débuts de réflexions, les auteurs nous plongent directement dans la structure physique du pays. Loin des clichés, c'est au contraire une terre et un climat très favorable à l'expansion des activités humaines qui est décrite.
 
Par ailleurs, il s'agit aussi d'une terre peuplée par l'homme depuis le néolithique. Sa géographie entretient une population relativement nombreuse pour une terre qui était blanche sur les cartes européennes il n'y a pas si longtemps. Et déjà dans son histoire, il est dit que cette terre accueille régulièrement des populations qui fuient les régions voisines.
 
Continuant plus loin leur examen, les auteurs expliquent la structure etthnique du pays, sa construction religieuse et le rôle des migrations. Quelle surprise de découvrir que la population chrétienne de cette terre est le fruit d'une christianisation de populations nubiennes au VIe siècle qui ont émigrées au XVIe siècle sur ce territoire en raison de l'expansion de l'Islam.
 
L'ensemble de ces caractéristiques permettent d'offrir quelques instruments pour relater la vie politique de la République centrafricaine depuis son indépendance jusqu'à nos jours. Certaines "grandes" régions de RCA accaparent à tour de rôle la direction du pays.
 
Néanmoins, ces clefs ne permettent pas à elles seules de comprendre pourquoi la RCA serait condamnée à une instabilité. Bien des Etats africains sont stables et pourtant ils n'échappent pas à pareilles structures, à pareilles histoires.
 
Nous basculons dans la deuxième partie de l'ouvrage où, fort de toutes ces données historiques et géopolitiques, les auteurs éclairent sur la place de la RCA dans le jeu régional. A vrai dire, il semblerait que le pays ait eu les plus grandes difficultés à demeurer un acteur sur la scène internationale -s'il en est encore un- et qu'il a surtout était un enjeu.
 
La République centrafricaine a été le jeu des rivalités entre le Tchad et la Libye jusqu'à que cette dernière se retrouve paralysée depuis l'opération Unifed Protector/Harmattan (2011). Par la suite, c'est un autre jeu qui se révèle au grand jour grâce aux auteurs : la place de la RCA comme enjeu d'un jeu tchado-soudanais. Une clef qui montre le rôle de la pression régionale sur l'instabilité politique en RCA.
 
Mais plus largement, le lecteur peut se surprendre à distinguer une sorte de "Grand jeu" où la déstabilisation de la République centrafricaine comme celle du Mali permettrait surtout à des acteurs de rendre inexploitable les ressources de territoires par l'insécurité provoquée. La région saharao-sahélienne serait bel et bien un Heartland.
Et à ce jeu là, soit dit en passant, les enjeux pétroliers, à tout hasard, intéressent au premier chef les Etats de la région (Tchad et Soudan du Nord en tête) avant qu'ils n'intéressent des acteurs extérieurs (remarquable jeu Sud Africain qui ne s'embarrasse pas des reproches que ce pays fait à d'autres).
 
Enfin, l'intrusion de l'islam politique dans des terres où il est si étranger aux pratiques locales de cette religion est un autre facteur de l'instabilité régionale. Par là, nous retrouvons les mêmes acteurs qui semblent bien en difficulté face à un possible basculement des alliances américaines au Moyen-Orient de l'Arabie Saoudite à l'Iran.
 
Pour retourner à l'océan il est nécessaire de relever que M. Thomas Flichy de la Neuville nous offre un livre bien loin de son précédent (Le basculement océanique mondial) et en plein dans ce qui ressemble à un Heartland, par définition bien loin de la mer. Ce qui n'empêche pas que nous y retournons en observant que les raids de cavalerie légère caractéristiques de la région invite à penser les espaces sous l'angle des notions fluide/visqueux/solide... Perspectives intéressantes qui reliées à la préface donneront peut être les clefs pour donner les moyens à ce pays de se gouverner et de faire circuler en toute sécurité personnes et biens.