© Naval group. "Première vue des futures FREMM de défense aérienne", Mer et Marine, 21 septembre 2018. |
Mer
et Marine s'est procuré la première esquisse des Frégates
Européennes Mult-Mission (FREMM)
n°7 et 8 aux capacités de défense aérienne renforcées :
c'est-à-dire les Alsace (2021 - 2051) et Lorraine
(2022 – 2052), héritières des Horizon n° 3 et 4. Et cette
première esquisse est dévoilée concomitamment à l'annonce du
remplacement des deux lanceurs SYLVER A43 par des A50 sur les FREMM
n°5 et 6 : les Bretagne et Normandie.
Ce qui pourrait être un indice de l'élaboration d'un
nouveau « standard » pouvant être généralisé lors des premiers
Arrêts Techniques Majeurs (ATM) à toutes les FREMM.
Les
Forbin (2010 – 2040 ?) et Chevalier
Paul (2011 – 2041 ?) étaient commandés dans le
cadre de la LPM 1997 – 2002 afin d'assurer la succession des
Frégates Lance-Missiles (FLM) Suffren (1967 - 2001) et
Duquesne (1970 - 2007). « La loi de programmation
militaire 2003-2008 [prévoyait] d'anticiper la commande d'un
troisième bâtiment [du programme Horizon] en 2007, pour une
livraison en 2012. » La quatrième frégate aurait alors été
commandée lors de la LPM suivante (2009 – 2014).
L'abandon
des Horizon 3 et 4 (novembre 2005) reposait la question de la
succession des frégates F70 Anti-Aérienne (AA) Cassard
(1985 – 2021 ?) et Jean Bart (1988 – 2022 ?) qui
n'était virtuellement plus assurée. Ces deux bâtiments recevaient
les ensembles RIM-24 Tartar, reçus des États-Unis en 1965,
débarqués des escorteurs d'escadre Bouvet (1983) et
Kersaint (1984) après leur désarmement. Le projet de
modernisation des F70 AA avec intégration des éléments du
Principal Anti Air Missile System (PAAMS) fut envisagé mais
tant le coût que les faiblesses structurelles des frégates
condamnaient pour l'EMM la pertinent de cette refonte à mi-vie.
Entre
2013 et 2015 émergeait peu à peu les FREMM de DA (Défense
Aérienne) qui succèdaient officiellement aux FREDA (FREMM
de Défense Aérienne). L'esquisse de l'Alsace confirme que les FREMM
n°7 et 8 ne se distinguent pas des six premières frégates de
classe Aquitaine optimisées pour la lutte anti-sous-marine
mais pour lesquelles des améliorations matérielles (radar amélioré,
etc) permettront de renforcer les capacités de défense aérienne.
D'où cette appellation officieuse proposée ici : FACDAR
(FREMM ASM à Capacités de Défense Aérienne Renforcées).
Par
ailleurs, et vis-à-vis du
format de la flotte de surface arrêté en 1997 – soit 4 frégates
F11
(FDA), 8 frégates F12
(FASM) et 14 frégates F2
(deuxième rang) –, il est remarquable que la Marine nationale ait
préférée préserver 8 FREMM ASM avec, en sus, 5 FTI
: soit 13 FASM modernes, au profit du
segment de la lutte anti-sous-marine de la trame frégate, auxquels
s'ajoutent les Forbin et Chevalier Paul
dont les capacités de lutte anti-sous-marine sont réputées très
bonnes. Il ne leur manque plus qu'un sonar remorqué.
Dans
le détail de la configuration matérielle arrêtée, il est
remarquable qu'il n'y aura pas d'augmentation du volume de la salve
du système de lancement vertical qui demeurera à 32 silos. La
pression sur le choix des munitions va brutalement s'accroître s'il
était confirmé que le mode de lancement du FMAN sera vertical. Ce
qui tend à s'opposer à la logique de « croiseurisation » dont
dénoterait les Alsace et Lorraine.
Du
point de vue du segment de
défense aérienne de la trame frégates :
Les
FREMM n°7 et 8 ne sont pas des frégates spécialisées, au
sens où leur architecture est optimisée au profit, de leurs
capacités de défense aérienne. Leurs qualités nautiques et
opérationnelles ne leur permettent pas de prétendre à assurer
seules les déploiements du porte-avions car elles ne peuvent suivre
le Charles de Gaulle (2001 - 2038) lors des opérations
de catapultages car quand il évolue à 27 nœuds, la frégate de
défense aérienne doit pouvoir marcher à 29 nœuds.
C'est
pourquoi l'évolution du système de lancement vertical ,
c'est-à-dire de remplacer les deux SYLVER A43 par des A50, décidée
il y a environ trois ans, au profit des Bretagne et
Normandie (FREMM n°5 et 6) amène à considérer
que décision aurait été prise de renforcer les capacités de
défense aériennes des FREMM n°1 à 6. L'évolution des
menaces, à l'image des missiles anti-navires supersoniques
manœuvrant, obligerait à ne pas compter sur les seuls ASTER 15.
De
là, il est possible de supputer que les modifications apportées aux
FREMM n°5 et 6 auraient vocation à être transposées aux
FREMM n°1 à 4 à l'occasion des ATM. L'Aquitaine
(2015) serait la première à en bénéficier en 2022 car naviguant
depuis 2012. L'évolution des menaces, dont l'apparition de nouvelles
armes hypersoniques anti-navires, pourrait obliger à la
généralisation des radars à faces planes à l'échéance 2030.
Pour y répondre, la Marine nationale optera-t-elle pour la mise à
l'étude de deux nouvelles frégates spécialisées, comme par
exemple les deux frégates DAMB évoquées par le Sénat en 2011
(1772 millions d'euros (données 2011, corrigées de l'inflation
2018) ? Ou la pression de l' « épée» hypersonique obligera à
renforcer simultanément la cuirasse d'un grand nombre de plateformes
navales ?
Tout ceci est a minima.
RépondreSupprimerLa FREMM-DA sera clairement un moins bon vecteur anti-aérien qu'une Horizon. La France restera donc à 2 Frégate anti-aériennes, contre un minimum de 4 demandées par la Marine.
Par ailleurs, ce que les FREMM-DA gagnent en anti-aérien (+16 Aster 30), elles le perdent en projection vers la Terre (-16 Scalp), donc moins de polyvalence au global.
J'ai un doute sur le remplacement des Aster 15 par des Aster 30 sur les premières FREMM, puisque si l'on gagne en longue-portée (avec l'Aster 30), on perd en courte-portée (plus du tout d'Aster 15), donc en auto-protection.
D'où ... pleins de questions qui se posent :
- Quid d'un panachage 8 Aster 15 + 8 Aster 30 + 16 Scalp ? Mais sera-ce suffisant pour l'auto-protection du navire ET l'autoprotection d'une zone (8 missiles à chaque fois) ?
- Quid d'un retrofit de ces premières FREMM avec des lanceurs supplémentaires ? Y a-t-il de la place ?
Pour l'autoprotection, de nombreux pays utlisent l'ESSM avec 4 missiles par silo, quand on ne peut mettre (a priori) qu'un seul VL-MICA par silo.
Plein de questions également ...
- Pourquoi pas 4 VL-MICA par silo ? Je pense que c'est dû à ses gouvernes qui prennent trop de place. Rappelons qu'il a été conçu uniquement pour être tiré depuis des avions, et que sa navalisation n'est qu'un opportunité.
- Le futur MICA-NG prendra-t-il en considération cette contrainte/possibilité d’en-silotage de 4 missiles par silo ?
- Il est possible d'utiliser les Crotale (NG ou VT1) par grappes de 4 missiles par silo. Il est plus vieux que le MICA, même s'il a été modernisé. N'y aurait-il pas d’intérêt à utiliser des Crotale pour l'autoprotection du navire et libérer des silos pour mettre plus de Aster 30 pour la longue-portée ? Par exemple 16 Crotale + 12 Aster 30 pour "seulement" 16 silos ? Ou ne peut-on pas caser un lanceur Sylver A35 quelque part (plus petit, 4 silos seulement) (devant ou derrière ceux déjà présents) pour avoir 16 Crotales et conserver 16 Aster 30 ? La question derrière tout ça, les Crotales les plus récents ont-il encore un intérêt militaire ? Si c'est le cas, il y a une opportunité intéressante.
QC