Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





27 avril 2022

Marine nationale : un Mine & Obstacle Avoidance Sonar (MOAS) SeaClear (Thales) sur le massif de l'𝘌́𝘮𝘦𝘳𝘢𝘶𝘥𝘦 ?

© Dougie Coull Photography. Photographies d’un SNA classe Rubis (6) devant Rosneath Castle Park, le 26 avril 2022. Et vidéo (© Mike – ArgyllSeaglass) du passage du même bateau.

     Un Sous-marin Nucléaire d'Attaque (SNA) de la Marine nationale a été photographié et filmé (26 avril 2022) alors qu'il embouquait le Gare Loch – passant devant Rosneath Castle Park – afin de rejoindre Faslane. Et il a même été observé se débarrassant de son Antenne Linéaire Remorquée (ALR) Ecoute Très Basse Fréquence (ETBF) DSUV-62C dans le Holy Loch, probablement aidé en cela par un bâtiment de soutien ou de servitude. Et la haute définition des clichés laisse apparaître ce qui serait une nouvelle antenne : le sonar SeaClear (Thales) installé sur l’un SNA de classe Rubis ?

     Le site Internet de Thales group propose une page dédiée au Mine & Obstacle Avoidance Sonar (MOAS) : la dénomination commerciale du matériel est « SeaClear », bien qu'il soit curieux que celle-ci apparaisse partout, hormis sur sa propre page.

     Ce sonar travaille dans les hautes fréquences (36 - 72 kHz) et possède une portée indiquée pour être approximativement de 1 000 mètres, bénéficiant d’une précision de relèvement (1,5° à 54 kHz) obtenue entre, environ, 500 et 1 000 mètres.

Le faisceau du sonar couvre 90° par roulement et peut être ajusté en élévation (6°, 12° et 24°), offrant de très bonnes performances contre la réverbération – en particulier dans les eaux peu profondes – et donc une probabilité élevée de détection contre les mines amarrées au le fond marin.

Plus largement, le MOAS SeaClear (Thales) propose plusieurs fonctions :

     La détection et localisation de mines et d'obstacles afin que le bateau puisse naviguer en toute sécurité, en particulier par petits fonds ou lors du retour à l’immersion périscopique, et puisse éviter les champs de mines. La capacité matérielle s’étend à la détection sous-marine à courte portée : en particulier vis-à-vis des sous-marins très silencieux (RETEX Triomphant (3 - 4 février 2009) ?).

     Il en découle une capacité à cartographier vers l’avant le fond marin en trois dimensions, avec une visualisation en trois dimensions et en temps réel du travail mené par le SeaClear. La situation des mines et obstacles détectés et localisés est entretenu dans le temps. L’opérateur peut transmettre manuellement l'emplacement d'une mine ou d'un obstacle détecté au système tactique qui peut l’affiche sous forme graphique sur un écran couleur haute résolution, grâce à l’interface homme-machine (Man-Machine Interface (MMI).

     L'une des caractéristiques du systèmes les plus intéressantes est la prétention de Thales à ce qu'il soit « facile à intégrer par les chantiers navals ». Le SeaClear est un « sonar autonome ou entièrement intégré dans la suite sonar S-CUBE » (dénomination de la définition et dénomination matérielle de la version commerciale (UMS-3000) de la suite sonar du SYCOBS (SYstème de COmbat commun Barracuda/SNLE). Son intégration au système de combat du « MOAS facile à interfacer avec le système de combat (Combat Management System (CMS) et les systèmes de navigation (cartes électroniques) ».

© Charly Triballeau/AFP. Visite conjointe du ministre de la Défense - Mme Florence Parly - et du Premier ministre de l'Australie, M. Malcolm Trunbull le 9 juillet 2017.

     Une autre des autres choses les plus intéressantes de la page dédiée au Mine & Obstacle Avoidance Sonar (MOAS) du site Internet de Thales group réside dans l'affirmation que « 15 systems contracted ». C'est alors que sont cités les clients de ces systèmes contractés :

  • « Malaysian Navy: SSK Scorpene class » (2) 
  • « Indian Navy: SSK Scorpene class » (6) 
  • « French Navy: SSNs Barracuda (6) & Amethyste class (1 ?) ».

Les unités vendues sont affectées – par l'auteur de ces lignes – entre parenthèses du nombre d'exemplaires concernés, supposant qu'il n'y ait aucune raison rationnelle à ce que la classe entière de sous-marins visée par cette mention n'ait pas reçu pour chacun de ces bateaux le matériel dont il est question. Il n'est pas intéressant de s'intéresser à l'effectivité des livraisons de ces matériels puisque l'industriel vise le nombre de systèmes « contractés » et c'est donc cette unité de mesure qui nous intéresse.

La mention de l' « Amethyste class » ne peut que susciter la curiosité car il n'avait pas été au préalable annoncé que l'un des sous-marins de la classe Rubis (6) ait pu recevoir un MOAS SeaClear (Thales). Il résulte des indications précédentes qu'il se déduit qu'un seul Rubis ait pu recevoir à l'occasion d'une Indisponibilité pour Entretien (IE) ou d'une Indisponibilité pour Entretien et Réparation (IPER) un sonar à hautes fréquence SeaClear.

Mais lequel ?

     La mention de l' « Amethyste class » renvoie, dans l'absolu, à la classe Rubis (6) mais pourrait évoquer avec une fine précision deux groupes de bateaux, à savoir la variante introduite par l'Améthyste (1992) qui était à l'origine d'une nouvelle variante de la classe Rubis. La définition matérielle avait été améliorée, revue et corrigée afin d'en améliorer significativement les caractéristiques opérationnelles pour la lutte anti-sous-marine, en particulier à « vitesses élevées ». Les performances précédentes ayant été jugées suffisamment faibles pour participer au sort du « SNA Canada ». Et il s'agirait alors des Améthyste (1992) et Perle (1993).

Ou bien cette dénomination servirait à désigner l'état matériel de tous les bateaux de la classe Rubis dont les quatre premiers exemplaires furent refondus AMETHYSTE (AMElioration Tactique HYdrodynamique, Silence Transmission, Écoute) et donc portés à ce « standard », cela serait aussi une manière exacte de désigner la classe absorbée par sa variante.

     La chasse était donc ouverte aux photographies des SNA de classe Rubis (6) afin de trouver un cliché recélant une définition suffisante pour inspecter le dôme sonar, à l'endroit des portes des tubes lance-torpilles puisque le MOAS SeaClear (Thales) a été installé à cet endroit sur les Scorpène malaisiens (2) et indiens (6) mais également sur les SNA de classe Suffren (6) issus du programme Barracuda : tout du moins sur les Suffren (2022 ?) et Duguay-Trouin (2023 ?).

Mais aucune photographie - à ma connaissance - ne permettait de mener cette investigation : d'autant plus que les Rubis en Indisponibilité pour Entretien (IE) ou d'une Indisponibilité pour Entretien et Réparation (IPER) ont généralement un échafaudage disposé jusqu'à la hauteur des portes tubes lance-torpilles, ce qui interdit toute observation satisfaisante.

     Et puis sont apparues ces photographies du 26 avril 2022 laissant apparaître sur l'avant du massif un système et très manifestement une antenne à la forme en « T » qui pourrait très bien figurer le MOAS SeaClear (Thales).

Les dimensions de l'antenne sont très similaires, ainsi que le « boulonnage » au massif.

La différence majeure entre l'antenne vue sur les Suffren (2022 ?) et Duguay-Trouin (2023 ?) et celle-ci est la protubérance apparente sur la barre du « T » qui peut s'expliquer par la nécessaire intégration de cette antenne à l'arrète avant du massif et à la conception d'un carénage afférent, voire à certains composants dont formes et dimensions sont particuliers à cette version du matériel.

Les différences mineures résident dans la couleur car l'antenne n'est pas peinte sur ce massif tandis qu'elle affiche un bleu électrique sur les Barracuda. Et l'autre différence mineure est que la même antenne est recouverte par la peinture apposée sur la coque hydrodynamique.

     Quel est ce SNA, aperçu en Écosse, le 26 avril 2022, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la Her Majesty's Naval Base (HMNB) Clyde ou base navale de Faslane ? Plusieurs indices permettent de proposer un premier recoupement :

Ne sont pas dans le cycle opérationnel les :

  • Suffren (2022 ?) car il n'a pas encore été admis en service et n'a pas été formellement observé comme ayant repris la mer après son IE zéro ;

  • Perle (1993) car ne reprendra les essais à la mer qu'en 2023.

Ne reste donc que quatre Rubis dans le cycle opérationnel :

Il ne resterait plus que les Rubis (1983) et Émeraude (1988) alors qu'il avait été indiqué en janvier 2022 que deux sous-marins nucléaires d'attaque menés des opérations dans l'océan Atlantique, dans le « Grand Nord ». Un des deux sous-marins serait toujours en opérations ou bien un autre sous-marin serait éventuellement « monté » depuis Toulon afin de prendre le relais de l'un ou l'autre, voire l'un des deux demeurant en opérations dans cette zone.

© Marine nationale. Photographie de l’Émeraude prise à l’occasion de l’escale (30 novembre – 11 décembre 2021 ?) du sous-marin à la Naval Base Guam. L’Émeraude avait participé à exercice avec le SSN-758 USS Asheville (1991) au large de Guam le 11 décembre 2020.

Le Rubis peut être écarté pour plusieurs raisons dont la première est qu'il est en attente d'un prochain désarmement devant intervenir dans les 6 à 18 mois depuis 2016 à l'occasion de l'entrée en service du Suffren puis du remplacement du Saphir (1984 - 2018) et du Rubis (1983) par le même Suffren. Aussi, le Rubis (1983) aurait été photographié en 2019 - s'il fallait croire ce papier (Raphaël CHAMBRIARD, « Un Tourangeau, pacha du sous-marin “ Rubis ” », La Nouvelle République, 13 mars 2019) - sans l'antenne qui reçoit toute notre attention alors que celle-ci a été vue sur le massif d'un SNA dès le 7 juillet 2018.

     L'Émeraude est le suspect idéal car ce serait l'un des deux bateaux disponibles pour les opérations entre l'Écosse et la mer de Norvège, en conservant à l'esprit l'incertitude liée à la présence du Casabianca (1987) à Toulon.

Mais à la différence de tous les autres Rubis : l'Émeraude a été photographié en 2018 (« Villefranche-sur-Saôen : une délégation caladoise visite le sous-marin nucléaire d'attaque Emeraude », Le Progrès, 20 juillet 2018), 2020 (Brice Bacquet, « À 37 ans, seul maître à bord du sous-marin nucléaired’attaque », Ouest France, 4 janvier 2020) et 2021 (Vincent Groizeleau, « Le SNA Emeraude et le BSAM Seine rentrent àToulon après leur déploiement en Asie », Mer et Marine, 8 avril 2021) avec ce qui semble être cette antenne.

     Un matériel ayant les caractéristiques d'une antenne a donc été intégré au massif du SNA Émeraude (classe Rubis (6) à l'occasion d'une Indisponibilité pour Entretien (IE) ou d'une Indisponibilité pour Entretien et Réparation (IPER) achevée ou antérieure à juillet 2018. Il est donc supposé, au terme de ces lignes, qu'il puisse s'agir d'un démonstrateur ou prototype du Mine & Obstacle Avoidance Sonar (MOAS) SeaClear (Thales).

 

8 commentaires:

  1. Bonjour, merci pour votre article, excellent comme toujours !
    Avez-vous des nouvelles du petit dernier, malheureusement victime collatérale d'un incendie ? Le programme en sera t-il retardé ? Cordialement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Au plaisir, bien que je crois pas mériter pareille appréciation !

      Je n'ai pas cherché et donc pas trouvé de nouveaux éléments au sujet de la « Perle » dont la séquence réparation de la partie avant à Cherbourg a été achevée et dont l'Arrêt Technique Majeur (ATM) a repris à Toulon depuis qu'elle y a été rapatriée, si j'ai bien compris.

      Il y aura peut être quelques éléments diffusés par la communication de la DGA, de la Marine nationale et de Naval group pour entretenir le public de la conduite du chantier à Toulon.

      Bien navicalement,

      Supprimer
    2. En parlant du "petit dernier" je pensais surtout à celui-là (0.18 et 0.38):
      https://twitter.com/BFMVar/status/1515807245115838467

      Supprimer
    3. Merci beaucoup, je l'avais complètement manqué !

      Supprimer
  2. Bonjour! Je me permets d'ajouter un commentaire, car ayant lu cet article il y a quelques jours, je suis en train de regarder un documentaire sur Youtube qui montre justement l'Emeraude: https://www.youtube.com/watch?v=8-5LKu8ykzY&t=786s&ab_channel=InvestigationsetEnqu%C3%AAtes.
    A la 15ème minute pile, on voit de près l'avant du kiosque avec la silhouette en T du sonar.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Si on vérifie sur le site original du photographe professionnel écossais Dougie Coull,
    on pourra voir qu’il a pu identifier le Casabianca.
    Son compte Twitter ne nomme pas systématiquement les navires.
    Vérifier son immense travail de photo de navire sur son site avec leur identification.

    https://www.dougie-coull-photography.com/Shipping-Naval/Submarines/Submarines-Foreign-Navies/i-3jr26jJ

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Madame, Monsieur,

      Bonjour, à ma connaissance, et c'est-à-dire au terme de mes recherches : je n'ai pas trouvé de photographie attestée du SNA « Casabianca » avec cette antenne sur le massif.

      Ce qui est tout le contraire du SNA « Émeraude ».

      Bien navicalement,

      Supprimer
  4. Présent également sur la Perle: https://www.meretmarine.com/fr/defense/le-sna-perle-retrouve-la-haute-mer

    RépondreSupprimer