Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





17 février 2022

FMAN/FMC : signature d’un accord étatique des travaux de la phase de design

© DGA.

     La Direction générale de l'Armement (DGA) a déclaré sur Twitter que le Délégué Général à l'Armement, M. Joël Barre (1er juillet 2017), le Chief Executive Officer du Defence Equipment and Support (DE&S), l'Air Marshal (Ret.) Sir Simon John Bollom (mai 2018) et le PDG de MBDA, M. Éric Béranger (mai 2019) ont lancé les travaux de préparation du programme d'armement Futur Missile Ant-Nnavire (FMAN) / Futur Missile de Croisière (FMC) ou Future Cruise and Anti-Ship Weapon (FC/ASW) après signature d’un accord étatique et notification de contrats à ou aux industriels concernés. Le dernier prélude à cette nouvelle avancée du programme semble avoir été l'abandon du programme Interim Surface-to-Surface Weapon (I-SSGW) qui devait remplacer les RGM-84 Harpoon Block 1C.

     Le traité de Londres ou accords de Lancaster house (2 novembre 2010) sanctionnait la volonté franco-britannique de joindre les efforts des deux pays sur plusieurs programmes d'armement dits à effet majeur, dans le vocabulaire institutionnel français, dont la mise à l'étude des successeurs des missiles anti-navires et des missiles de croisière aéroportés actuellement en dotation dans les marines et armées de l'air des deux partenaires.

     Londres et Paris concluaient, en novembre 2011, un arrangement technique permettant de lancer l’étude préliminaire (2011 - 2014) qui fût confiée à MBDA. Les conclusions de celle-ci permettaient de mesurer le degré élevé de convergence dans la définition du besoin opérationnel de chaque pays. C'est l'identification d’un besoin opérationnel commun qui incitait les autorités politiques des deux pays à formuler dans le cadre du sommet d’Amiens, le 3 mars 2016, le vœu d’une poursuite du programme FMAN/FMC.

Le programme FMAN/FMC porte l'ambition de pourvoir au remplacement des MM40 Block 3/3C Exocet, AM-39 Block 2 Exocet et SCALP-EG (Système de Croisière conventionnel Autonome à Longue Portée - Emploi Général) ou Storm Shadow pour les Britanniques mais aussi des RGM-84 Harpoon qui sont actuellement en dotation dans la Marine nationale, la Royal Navy et l'Armée de l'Air et de l'Espace et la Royal Air force.

Les munitions dévolues aux sous-marins ne sont pas concernées par ce programme, ni même le Missile de Croisière Naval (MdCN), bien que n'étant pas réservé aux plateformes sous-marines.

     Ces munitions atteignent la butée d'évolutions possibles face au resserrement des défenses aériennes et anti-missiles, comme en témoignait l'Amiral Christophe Prazuck qui affirmait que « le missile Exocet [...] sera une arme dépassée en termes de vitesse, de portée et d’agilité dans les dix à quinze ans. L’Exocet est aujourd’hui en fin de cycle et nous avons atteint les limites des améliorations incrémentales. Le MM40 Block 3C ne deviendra jamais un missile hyper-véloce supersonique ». (Audition de l’amiral Christophe Prazuck, compte-rendu de la mission d’information sur la prochaine génération de missiles anti-navires, conjointe avec la Chambre des communes du Royaume-Uni, Assemblée nationale, commission de la Défense nationale et des forces armées, 24 juillet 2018)

     Le mardi 28 mars 2017 Harriet Baldwin (ministre britannique des acquisitions de Défense) et Laurent Collet-Billon (Délégué Général pour l'Armement) signaient un accord de coopération franco-britannique portant sur l' « étude de concept » (2017 - 2020) devant identifier les solutions techniques et technologiques du Futur Missile Ant-Nnavire (FMAN) / Futur Missile de Croisière (FMC) ou Future Cruise and Anti-Ship Weapon (FC/ASW) devant permettre le remplacement des munitions identifiées dans chacun des deux pays.

La phase de concept recevait un budget de 100 millions d'euros financé à parts égales, pour une durée de trois ans, avec des travaux partagés à parts égales en quantité et qualité dans le cadre de « One MBDA » et des accords MCM ITP & CW ITP portant sur la spécialisation des « centres d'excellence » dans chacun des deux pays. MBDA recevait notification de ce contrat le 31 mars 2017.

Au titre de ce contrat, MBDA maturera les technologies et les systèmes visant à améliorer la survivabilité, la portée et la létalité de missiles anti-navires et de croisière tirés depuis des plateformes aériennes et des bâtiments de combat. La DGA devait agir en tant qu’autorité contractante pour cette phase de concept auprès de MBDA.

La phase de concept était divisée en deux tranches : une tranche ferme, d'une durée de 18 mois, comprenant la revue initiale d’architecture (« Initial Review »), franchie avec succès en janvier 2018, qui permet d’opérer une première sélection de plusieurs concepts de missiles ; la revue principale d’architecture (« Key Review »), prévue début 2019, qui devait permettre de retenir les concepts les plus prometteurs d’entre eux.

Une tranche optionnelle de 21 mois devait permettre de mener des études approfondies au sujet des concepts sélectionnés lors de la revue principale d’architecture (« Key Review ») et permettre la levée de certains risques technologiques.

     MBDA avait pu réduire le nombre de concepts envisagés de sept à un nombre moindre non-révélé (Michel Cabirol, « Futurs missiles antinavires et de croisière : jusqu'ici tout va bien entre Paris et Londres », La Tribune, 19 mars 2019). Trois grandes options auraient émergé :

  • le développement de deux munitions distinctes : 
    • FMAN supersonique manœuvrant ; 
    • FMC subsonique furtif. 
  • un missile hypersonique furtif et manœuvrant qui n'a pas été retenu.

     La France souhaitait pouvoir avancer vite sur ce dossier avec une munition demandant le minimum d'études et qui serait la plus rapidement accessible pour remplacer les MM40 Block 3/3C Exocet. L'enjeu, maintes fois énoncés et rappelés par le chef d'état-major de la Marine, est d'obtenir les plus grandes économies d'échelle possibles, donc plutôt avec une munition polyvalente, afin de conjuguer la succession des munitions précitées (cf. supra) avec la problématique des stocks de munitions, en particulier les « munitions complexes ». Aussi, un missile évoluant haut supersonique permet de s'appuyer sur les compétences industrielles françaises et ressusciter l'ANS.

     Le Royaume-Uni, au contraire, retenait la perspective du développement d'un missile subsonique furtif à longue portée (~ 1 000 km) à la manière de l'AGM-158C LRASM. Solution qui fait la part belle aux compétences industrielles britanniques mais qui emporte aussi l'adhésion de toute ou partie des opérationnels.

La position britannique devait composer avec ce qui allait devenir le programme Interim Surface-to-Surface Weapon (I-SSGW) dont la gestion avait été confiée au Torpedoes, Tomahawk and Harpoon (TTH). Son objectif était de permettre le remplacement des RGM-84 Harpoon Block 1C dont l'obsolescence devait initialement être prononcé en 2018, avant qu'elle ne soit repoussé à 2023? Une procédure par appel d'offres avait été lancée en 2019. Fort d'un budget de 250 millions de livres sterling, il s'agissait d'acquérir cinq « sets » opérationnels à intégrer sur cinq Type 23 dont trois auraient été équipés des munitions par rotation. Le programme devait débuter en décembre 2022 pour s'achever en 2024. Mais il avait été mis en pause en novembre 2021.

     Richard Scott déclarait avoir appris, le 16 février, que début février 2022, le Ministry of Defence avait averti les soumissionnaires à l'appel d'offres lancé en 2019 que le programme I-SSGW est abandonné. Et la DGA déclare, le 17 février, qu'il y a eu la signature d’un accord étatique et notification de contrats à ou aux industriels concernés afin d'engager la phase suivante du programme d'armement Futur Missile Ant-Nnavire (FMAN) / Futur Missile de Croisière (FMC) ou Future Cruise and Anti-Ship Weapon (FC/ASW).

     La phase de design (2020 - 2024) aurait dû débuter à l'horizon 2020 mais l'accord conditionnant son lancement n'a été signé que le 17 février 2022. Un contrat de maître d'œuvre aurait été notifié à MBDA. Les travaux à conduire devront permettre une levée des risques technologiques, au cours d'une phase qui devait initialement débuter en 2020 et s'achever en 2024.

     La phase de développement et de production (2024 - 2030) sera la dernière phase à négocier entre les protagonistes du programme avant la livraison des munitions aux forces.

     Il est à supposer que le glissement de deux années sera répercuté sur ces dernières dates et cela repousserait donc les premières livraisons aux forces du FMC de 2028 à 2030 et du FMAN - plateformes aériennes de 2030 à 2032 et du FMAN -bâtiment de surface de 2032 à 2034.

     Enfin, il est à relever que la signature de cet accord, permettant d'engager la phase de design (2022 - 2026 ?) contribue à revigorer l'Entente cordiale entre Paris et Londres dans les termes du traité de Londres ou accords de Lancaster house (2 novembre 2010), après l'affaire AUKUS (15 septembre 2021). Les autres programmes lancés en commun - dont le MCMM (Maritime Mine Counter Measures), l'Anti-Navire Léger (ANL)/Sea Venom (MBDA) - sont appelés à se poursuivre selon les jalons définis. Mais la coopération aura besoin de nouveaux travaux et donc de nouveaux programmes.


1 commentaire:

  1. Le FMAN qui fera aussi office de nouvelle munition complexe SEAD, devra être intégrer en nombres suffisants sur les frégates de la marine nationale. Seront t'ils installés en lieu et place des exocets actuels (8 maximum) ou dans des lanceurs verticaux ? sachant que les exocets reste une arme efficaces contre des cibles de moindre valeur, et dont le prix à l'unité sera sûrement plus abordable qu'une arme supersonique, serait il pertinent de les garder. Et comment s'articule le futur missile ANL (anti navire léger) autour de tout ça, s'il rentre en production un jour évidemment.

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