Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





05 février 2022

Marine nationale : le 𝘋𝘢𝘶𝘱𝘩𝘪𝘯 et l'opération SISYPHE (1984 - 1992)

© Inconnu.

     En parallèle aux travaux de conception des SNLE-NG - aujourd'hui dénommés SN2G, vis-à-vis du programme SNLE – 3ième Génération (SN3G) - de classe Le Triomphant (4), plusieurs sous-marins classiques (Dauphin (1958 - 1992), Requin (1958 - 1996) et Morse (1960 - 1986) de la classe Narval (6) furent transformés en bâtiments d'expérimentation afin d'essayer sous la mer de futurs systèmes opérationnels. Plus particulièrement : le Dauphin fut modifié au profit de l'opération SISYPHE (Sous-marin Installé en SYstème Pour l'Hydroacoustique Expérimentale) devant permettre d'essayer certaines installations de la refonte M4 d’une partie des SN1G classe Le Redoutable (6)mais surtout d'expérimenter le DMUX-80 des futurs SN2G.

     Dans l'optique de concevoir la suite sonar des futurs SNLE-NG, DCN demandait et obtenait de la Marine nationale que furent modifiés ou refondus comme bâtiments d'expérimentation plusieurs sous-marins de la classe Narval alors destinés à être désarmés prochainement à l'instar des Marsouin (1957 - 1982) , Narval (1957 - 1983) et et Espadon (1960 - 1985). Pour ce faire, les Dauphin (1958 - 1992), Requin (1958 - 1996) et Morse (1960 - 1986) furent tous modifiés, voire refondus afin d'essayer des antennes sonars, les systèmes d'exploitation de celles-ci et de traitement de l'information tactique associés et parfois les directions de lancement d'armes tactiques.

     L'enjeu de ces expérimentations à la mer est de pouvoir économiser des jours d'essais qui auraient dû être sinon conduit par la tête-de-série du programme SNLE-NG. Ces essais à la mer permettront de caractériser les performances des équipements de détection sous-marine et de transmission des futurs « NG », tout en étudiant l'environnement mécanique et acoustique des antennes installées à bord ou remorquées depuis le bord. SISYPHE (Sous-marin Installé en SYstème Pour l'Hydroacoustique Expérimentale) voyait intervenir le STCAN puis DCN Ingénierie, la DCN Lorient pour les travaux, DCN Cherbourg pour certains d'entre eux (dont les dômes sonar), DCN Toulon pour les essais à la mer et la mise à disposition des équipements à expérimenter (CERDSM, CERTSM, CERTEL et CERDAN). Le Bassin d'essais des carènes fut également employé afin d'étudier la manœuvrabilité, le comportement à la mer et le bruit propre généré par sa carène vis-à-vis des antennes du Dauphin pour chacune de ses refontes.

     Le Dauphin entrait en grand carénage, en 1984, dans l'une des alvéoles de la base de sous-marins de Keroman (Lorient), afin d'être transformé en bâtiment d'expérimentation au cours de sa « deuxième refonte » :

Une base sonar sphérique est installée à l'avant, obligeant à débarquer les six tubes lance-torpilles et installations associées et donc de modifier toute la charpente avant. La proue est remplacée par un dôme sonar hémisphérique ou dôme de révolution en CVR (Matériaux en Composite Verre/Résine). Le Dauphin y gagne quelques mètres.

Le poste des torpilles était réaménagé, débarrassé des racks servant à l'entreposage de quatorze torpilles, des appareils de manutention de celles-ci, en espace de travail des expérimentateurs, avec les baies électroniques associées. Il est à relever que des travaux similaires conduits sur le Requin voyaient les baies de détection sous-marine, une partie des compensateurs et une grande partie de la cambuse et des chambres froides être débarqués afin de faire place aux nouveaux équipements.

L'expérimentation s'étend aux essais de bouées de réception VLF (Very Low Frequency), obligeant à supprimer le sas nageur de combat situé à l'extrême arrière du bateau afin de faire place à l'installation hydraulique nécessaire aux essais des bouées. Une première expérimentation d'une telle installation avait eu lieu sur le Narval qui fut modifiée de la même façon en 1975 et menait campagne depuis Toulon (1980 - 1981).

     Les travaux s'achevaient en décembre 1985. Le programme d'essais après refonte avait débuté, au plus tard, dès novembre 1985. Les premières plongées statiques furent conduites le 28 novembre 1985. Toutefois, à l'appareillage du 8 décembre pour des essais en eaux libres, et accompagné de l'aviso Enseigne de vaisseau Jacoubet  (1982 - 2025 ?), une voie d'eau se déclara à bord le 10 décembre 1985. Le capitaine de corvette Grosjean, commandant du Dauphin, décidait de larguer les plombs de sécurité (6 tonnes) et le bateau faisait brutalement surface. Il retournait à la base sous-marine de Kéroman, l'acide des accumulateurs ayant débordé au cours de la manœuvre d'urgence.

     Après la fin du programme d'essais suivant la refonte, le Dauphin arrivait à Toulon en juin 1986. Il allait y débuter sa première campagne d'expérimentation longue de trois années. Elle culminera avec la conduite de plus de 200 essais à la mer qui alternaient avec les passages au bassin. Une première mondiale sera même accomplie à bord : un prototype du système de transmissions par SYRACUSE (SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) est intégré au bord, lui permettant de communiquer avec la terre via le satellite Telecom 1A (lancé en 1984) : première mondiale dans la gamme de fréquence Supra-Haute Fréquence (SHF).

© Marine nationale. Le Dauphin au cours
de sa troisième refonte, 1990.

     Fin février 1989, le Dauphin regagnait Lorient et l'une des alvéoles de la base de sous-marins de Keroman afin de bénéficier de sa « troisième refonte ». Au cours de celle-ci, le Dauphin recevra une suite sonar préfigurant celle devant être installée à bord des SNLE-NG : « Maquette 90 ». Les travaux débutaient par son entrée au bassin B le 22 mars 1989 :

À la manière de ce qui se produira à l'occasion de la refonte AMETHYSTE (AMElioration de Tactique HYdrodynamique, Silence Transmission) des quatre premiers SNA 72 (6), la coque hydrodynamique du Dauphin est reconstruite à 80% afin que la carène extérieure reproduise les choix architecturaux des futurs Triomphant et donc les phénomènes hydrodynamiques associés.

La suite sonar est une nouvelle modifiée puisque le dôme avant est démonté afin que le sonar d'étrave précédemment installé soit remplacé par le prototype l'échelle réduite du futur DMUX-80 des SN2G dont la portée annoncée, à l'occasion de l'admission au service actif, était de l'ordre de 150 à 200 km. À l'intérieur, dans l'ancien poste des torpilles réaménagés, il se devine que toute ou partie des baies électroniques installés lors de la deuxième refonte sont modifiées ou remplacées afin que soit installée l'architecture informatique de détection sous-marine et la maquette fonctionnelle d'un nouveau système de surveillance acoustique au profit des SNLE-NG.

Des antennes d'intercepteur sonar rejoignaient le massif à l'occasion de cette refonte. Dans son état de 1990, les antennes sonars de flanc apposés sur la carène comprenaient, sur chacun des deux flancs, trois antennes sonar latérales et trois antennes pseudo-conformes.

Un treuil immergé de manutention (et de ravalement ?) d'une Antenne Linéaire Remorquée (ALR) est également intégrée à la coque, très probablement à l'extrême arrière. Cette antenne, dans son état de principe selon la « Maquette 90 » mesurait 1890 mètres de longueur, dont un tronçon d'écoute de 390 mètres.

Il n'est pas dit si ces travaux sont la conséquence d'une précédente expérimentation qui s'avéra infructueuse, du point de vue de la pertinence opérationnelle : une telle installation avait été essayée à bord du SN1G Le Tonnant (1980 - 1999) quand il fut refondu M4. En octobre 1987, l'installation était essayée mais son intérêt apparu comme limité vis-à-vis des patrouilles menées car les SNLE qui ne souffrent pas des limitations opérationnelles liées à l'emploi d'une ALR, comparativement aux SNA.

Aucun nouveau programme de travaux ne semble avoir modifiés les installations dédiées aux bouées Very low frequency (VLF) et aux transmissions Supra-Haute Fréquence (SHF) mais il est prévu que les expérimentations sur ces sujets se poursuivent.

     Le Dauphin débutait ses essais à la mer de sortie de refonte, le 29 mars 1990. Et il appareillait de Lorient, le 1er juillet 1990, afin de rejoindre Toulon et débuter une nouvelle campagne d'expérimentation à la mer devant durer deux années.

La campagne d'essais s'achevait par une dernière série d'essais en zone tropicale. Pour ce faire, le Dauphin quittait Toulon, le 9 février 1992, afin d'accomplir la mission Mésange. Le bateau, au cours d'un transit de quinze jours, naviguant de conserve avec le bâtiment d'essais Langevin, parvenait au large de Dakar. Les essais durèrent onze jours avant que le couple n’entamât sa remontée, avec une escale à Santa Cruz de Tenérife (archipel des îles Canaries (Espagne) qu'il quittait le 11 mars 1992 puis une seconde à Cadix (Espagne) où il accostait le 27 mars. Son périple s'achevait à Toulon le 4 avril 1992.

     Existe-t-il un quelconque lien entre la mission Mésange, composante de l'opération SISYPHE servant à la mise au point des principaux organes de détection sous-marine et de transmission sous-marine des SNLE-NG, et l'opération Jubarte au cours de laquelle Le Redoutable effectuait une escale à Dakar, soutenu par le TCD Orage (1968 – 2007) », avec relève d'équipages, en avril 1991 ?

     La dernière sortie à la mer du Dauphin eu lieu le 4 décembre 1992. Après 43 000 heures de plongée, le bateau est désarmé le 31 décembre 1992. Condamné en octobre 1993, il devenait le Q694. L'ancien Dauphin servait ultimement comme but de tir à la frégate Aconit (1999 – 2034 ?), le 17 décembre 2003. Pétardé par le Groupe de Plongeurs Démineurs (GPD) Méditerranée, il disparaissait le même jour.

     Les plus de 500 jours d'essais à la mer mené dans le cadre de l'opération SISYPHE (1984 - 1992) permirent des avancées significatives quant au programme d'expérimentations, de mise au point et d'essais des systèmes de détection sous-marine, de transmission VHF et SHF des futurs Triomphant (4) mais aussi de la refonte M4 des Redoutable (6) concernés.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire