Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





10 juin 2019

FMAN/FMC : salves de la ligne de bataille

© Naval group.
Les parties prenantes au programme FMAN (Futur Missile Anti-Navire) / FMC (Future Missile de Croisière) ou Future Cruise (FC) / Anti-Ship Weapon (ASW) auront à décider en 2020 des options retenues pour la ou les futures munitions. Sur le seul versant national, il en ressortira de lourdes et profondes conséquences quant au volume de la salve de la "ligne de bataille" française tant du point de vue du nombre de plateformes capables de lancer les missiles issus du programme FMAN/FMC que du nombre de ces missiles embarqués à bord de chacune des plateforme apte à les porter.

Ce programme vise le remplacement des MM40 Block 3/3C Exocet, et par voie de conséquence des AM-39 Block 2 Exocet et SM-39 Exocet, SCALP-EG ou Storm Shadow pour les Britanniques mais aussi des RGM-84 Harpoon, voire de la solution intérimaire devant prendre la relève de ces derniers si jamais ils n'étaient pas prolongés une nouvelle fois (2023 - 2030). Les familles de missiles cités arrivent en bout de course de ce qu'il est possible de faire afin qu'ils demeurent des réponses compatibles avec l'art de la guerre comme en témoignait l'Amiral Christophe Prazuck qui affirmait que "le missile Exocet [...] sera une arme dépassée en termes de vitesse, de portée et d’agilité dans les dix à quinze ans. L’Exocet est aujourd’hui en fin de cycle et nous avons atteint les limites des améliorations incrémentales. Le MM40 Block 3C ne deviendra jamais un missile hyper-véloce supersonique" (Audition de l’amiral Christophe Prazuck, compte-rendu de la mission d’information sur la prochaine génération de missiles anti-navires, conjointe avec la Chambre des communes du Royaume-Uni, Assemblée nationale, commission de la Défense nationale et des forces armées, 24 juillet 2018)

Programme qui reçoit un début d'exécution le 28 mars 2017 quand Harriet Baldwin (ministre britannique des acquisitions de Défense) et Laurent Collet-Billon (Délégué Général pour l'Armement) signaient un accord de coopération franco-britannique portant sur le lancement d'une phase d'études pour retenir les solutions techniques et technologiques du FMAN/FMC (Futur Missile Anti-Navire/Futur Missile de Croisière) ou FC/ASW (Future Cruise/AntiShip Weapon).

Entre 2018 et 2020, avec un budget de 100 millions d'euros, financé à parts égales, des arbitrages seront proposés aux parties afin de définir le futur missile anti-navire et de croisière pour les marines et armées de l'air britanniques et françaises à l'horizon 2030.

Entre 2020 et 2024, la levée des risques technologiques débutera par la notification d'un contrat au maître d'œuvre du programme : le missilier MBDA. L'ambition porte sur de premières livraisons dès 202 avec une entrée en service des munitions en 2030.

La Royal Navy doit pallier au retrait du service des RGM-84 Harpoon qui ont pu être prolongés de 2018 à 2023. Un appel d'offres est émis par le ministère de la défense britannique qui porte le risque politique que la capacité intérimaire soit un facteur de divergence des calendriers en amenant la partie britannique à repousser l'entrée en service des nouveaux vecteurs. L'achat éventuel de AGM-158C LRASM (Long Range Anti-Ship Missile) en serait le meilleur exemple de cette hypothétique divergence.

Pour en revenir au FMAN/FMC, l'industriel a réduit le nombre de concepts envisagés de sept à un nombre moindre non-révélé (Michel Cabirol, "Futurs missiles antinavires et de croisière : jusqu'ici tout va bien entre Paris et Londres", La Tribune, 19 mars 2019). Ils bénéficient d'études plus approfondies dans l'optique de la phase de conception. Trois grandes options auraient émergé :
  • le développement de deux munitions distinctes :
    • FMAN supersonique manœuvrant ;
    • FMC subsonique furtif.
  • un missile hypersonique furtif et manœuvrant.

La France souhaiterait avancer vite sur ce dossier avec une munition demandant le minimum d'études et qui serait la plus rapidement accessible pour remplacer les MM40 Block 3/3C Exocet dont la famille arrive en bout de course de ce qui est possible de faire par les évolutions incrémentales. Le Royaume-Uni, au contraire, est prêt à concéder des développements plus long et coûteux dans la perspective de l'acquisition d'un missile, certes subsonique, furtif à longue portée à la manière de l'AGM-158C LRASM. D'où la crainte d'une divergence britannique par la solution de remplacement des RGM-84 Harpoon si les caractéristiques visées dans le programme FC/ASW étaient obtenues par l'achat des AGM-158C LRASM.

Le programme FMAN/FMC n'aurait pas retenu la voie du développement d'une munition hypersonique. La France et le Royaume-Uni ne suivront pas l'exemple de la Russie (3M22 Tsirkon), de l'Inde (BrahMos-2). Un missile supersonique, même manœuvrant, est théoriquement interceptable par les solutions actuelles alors qu'un missile hypersonique, même à trajectoire tendue, ne l'est pas car de nouvelles capacités technico-opérationnelles doivent être mises au point. L'un présente le risque avéré d'être rattrapé par un nombre croissant de pays soit concepteur, soit client de alors que l'autre présente l'avantage de conserver l'avantage le temps d'une génération.

Autres difficultés, le concept CVS401 Perseus incarnait un missile hypersonique (Mach 5) furtif et manœuvrant. Le développement d'un FMAN/FMC sur la base de ce concept confortait les acquis industriels des deux Etats. Les frais d'études aurait probablement étaient plus élevés pour atteindre les caractéristiques désirés par rapport, par exemple, à deux munitions distinctes et encore plus coûteux toujours par rapport à deux missiles distincts mais dont l'un ne serait pas hypersonique mais supersonique.

Par contre, l'abandon du développement d'une munition hypersonique n'est pas sans interroger quant au maintien des compétences, françaises mais pas seulement, importantes pour l'Europe, dans la maîtrise des statoréacteurs et surtout super-statoréacteurs. Aux successeurs des ASTER (AéroSpatiale TERminal), MIDE (MIssile air Longue DistancE) Meteor il s'agit de ne pas oublier celui de l'ASMP-A : l'ASN4G.

Une dernière variable touche au mode de lancement des futurs FMAN/FMC car plusieurs indices tendent à faire accroire l'idée que la ou les futures munitions développées pour ce programme pourraient être tirées verticalement. Tout du moins, MBDA présentait le concept CVS 401 Perseus en 2011 : la munition été tirée verticalement depuis un bâtiment de surface et par un changement de milieu via une capsule depuis un sous-marin de classe Astute. D'autres indices glanés dans d'autres communications commerciales font accroire l'idée du lancement vertical sans qu'il puisse être affirmé qu'il soit exclusif d'autres possibilités.

Les caractéristiques détaillées de ce concept de missile ne sont pas connues. Mais il est bien difficile d'imaginer qu'ils puissent être d'une longueur significativement inférieure à un MM40 Block 3/3C Exocet (4,7 mètres). Aussi, le CVS 401 Perseus tiré depuis un bâtiment de surface dans la vidéo de démonstration comprend un booster qui paraissait de toutes les manières indispensables pour conférer au missile la vitesse nécessaire afin que le super-statoréacteur puisse entrer en fonctionnement.

Par ailleurs, les désidératas des deux marines quant au mode de lancement ne sont pas connus. Par contre, l'Amiral Christophe Prazuck déclamait l'objectif quant au remplacement des "MM40. Au terme du processus d’amélioration en cours, le MM40 restera en effet un missile subsonique. Pour cette capacité, je vise une intégration sur les quinze frégates de premier rang de la marine française à l’horizon 2030." (Audition de l’amiral Christophe Prazuck, compte-rendu de la mission d’information sur la prochaine génération de missiles anti-navires, conjointe avec la Chambre des communes du Royaume-Uni, Assemblée nationale, commission de la Défense nationale et des forces armées, 24 juillet 2018)

Quelque soit la grande option retenue en 2020 (missile unique ou deux missiles distincts), il s'agit de considérer l'hypothèse où les futurs missiles bénéficieraient d'une version à changement de milieu servant à être tirée depuis sous-marin bien que le remplacement des SM-39 Exocet ne soit pas considérée avec un horizon explicite comme les AM-39 Block 2 Exocet (2030), les MM40 Block 3/3C Exocet (2030) et les SCALP-EG (2032). Il existerait alors une opportunité pour que depuis cette version soit extrapolée une sous-version à lancement horizontal pour bâtiment de surface.

La question de la longueur du ou des futurs missiles est cruciale. Les MM40 Block 3/3C Exocet et RGM-84 Harpoon mesurent, respectivement, 4,7 et 4,6 mètres. Mais la longueur du missile française est de 5,8 mètres avec son booster. Ce qui revient à dire qu'à moins de très improbables percées technologiques quant aux propergols solides du booster, au combustible du micro-turboréacteur ou d'une diminution significative de la charge explosive (160 kg pour le MM40 Block 3C Exocet, 140 pour le Harpoon Block II+ ER) les futures munitions auront une longueur très probablement supérieure à 5 mètres. Ce n'est pas un problème pour l'installation des FMAN/FMC en lieu et place des rampes pour les MM40 Block 3/3C Exocet. Un lancement vertical, par contre, oblige à recourir aux seuls SYLVER A70. La partie britannique pourrait aussi exiger que les munitions soient compatibles avec les Mk 41 strike lengh car les SYLVER acquis pour les Type 45 sont des A50. Les Type 26 seront dotés des lanceurs américains.

Les différentes hypothèses quant au nombre de munitions développées par le programme FMAN/FMC (1 ou 2) et aux modes de lancement de celle-ci ou celles-ci (horizontal ou vertical) permettent d'établir ce tableau (cf. infra). Il en ressort plusieurs remarques autour de deux hypothèses diamétralement opposées :

2020 : missile "unique" supersonique manœuvrant et furtif pouvant être tiré verticalement et horizontalement. Cette option permettrait à tous les bâtiments de conserver une capacité anti-navire. Dans l'ensemble, la "ligne de bataille" française atteindrait 21 plateformes possédant des capacités et anti-navires et de frappe dans la profondeur contre 12 dans le cadre actuelle. Mieux encore,  6 frégates de premier rang, voire 11 (modification des FDI au cours d'un arrêt technique majeur afin d'intégrer, sur la plage avant deux SYLVER A70 entre le bloc passerelle et les deux lanceurs A50), verraient leur salve augmentée, par exemple, de 16 MdCN jusqu'à un maximum de 24 FMAN/FMC par débarquement des MdCN au profit des FMC. L'opération Hamilton mobilisait 3 FREMM, soit 48 MdCN. Le même format d'intervention en 2030-35 mobiliserait 72 FMC.

2020 : très probable choix de deux munitions distinctes, l'une supersonique manœuvrante, l'autre subsonique furtive. Sans lancement horizontal, la capacité anti-navire par missile des frégates de la Marine nationale disparaîtrait pour 9 frégates de premier rang sur 15, chiffre tombant à 4 si modification des FDI. L'ensilotage des FMAN et FMC rencontrera l'absence de polyvalence du SYLVER A70 conduisant très probablement à spécialiser les lanceurs par munition. La salve de MdCN serait réduite de 16 à 8 et complétée par un panachage de FMAN et FMC afin de conserver une capacité anti-navire. L'opération Hamilton en 2030-35 ne tablerait ni sur 72 FMAN/FMC mais sur un maximum de 48 MdCN si abandon des capacités anti-navires ou bien 24 FMC si conservation des capacités anti-navires lors de la mission.

Le tableau suivant met en exergue les différentes hypothèses avec une dotation maximale des missiles issus du programme FMAN/FMC par non-embarquement des MdCN :


FLF 
Horizon 
FREMM 
FDI 




 La Fayette 
(1996 - 2026 ?) 

Surcouf 
(1997 - 2027 ?) 

Courbet 
(1997 - 2027 ?) 

Aconit 
(1999 - 2029 ?) 

Guépratte
(2001 - 2031 ?) 






 Forbin 
(2010 - 2040)

Chevalier Paul (2011 - 2041) 
Aquitaine 
(2015 2045 ?) 

Provence
 
(2016 2046 ?)

Languedoc 
(2017 2047 ?)

Auvergne
 (2018 2048 ?)

Bretagne 
(2019 2049 ?)

Normandie 
(2019 2049 ?)

Alsace 
(2022 – 2052 ?)
Lorraine
 (2023 – 2053 ?) 



  FDI n°1
(2024 – 2054 ?) 

FDI n°2
(2025 – 2055 ?) 

FDI n°3
(2028 – 2058 ?) 

FDI n°4
(2029 – 2059 ?) 

FDI n°5
(2031 – 2061 ?) 
Caractéristiques nautiques 
Longueur 
125 m 
152,9 m 
142,2 m 
122 m 
Largeur 
15,4 m 
20,3 m 
19,7 m 
17,7 m 
Tirant d’eau 
4,8 m 
5,4 m 
7,5 m 
7,5 m ? 
Tonnage lège 
3200 t 
5600 t 
4500 t 
3360 t ? 
Tonnage pleine charge 
3600 t 
7050 t 
6040 t 
4500 t 
Vitesse (nœuds) 
25 
29 
27 
27 
Propulsion (CV) 
21 000 
62 560 
43 520 
43 510 
Autonomie (mn) 
7000 à 12 nœuds 
7000 à 18 nœuds 
6000 à 15 nœuds 
5000 à 15 nœuds 
Caractéristiques opérationnelles 
    SLV installé 



0 



6 x A50 

FREMM n°1 à 4 : 
2 x A43 
2 x A70
 
FREMM n°5 et 6 : 
2 x A50 
2 x A70 

FREMM n°7 et 8 : 
4 x A50 



2 x A50 
  Réserve SLV 
2 x A43 
 OU
2 x A50 ? 

2 x A50 

0 

2 x A70 
    


  Dotation avec Exocet 


8 MM40 

+ 

 0 (16 (Aster 15-30) 


8 MM40 

+ 

48 (Aster 15-30) 
FREMM n°1 à 4 : 
8 MM40 
16 Aster 15 
16 MdCN
  
FREMM n°5 et 6 : 
8 MM40 
16 Aster 15-30 
16 MdCN 

FREMM n°7 et 8 : 
8 MM40 
32 Aster 15-30



8 MM40  

+ 

16 (Aster 15/30) 
    




Dotation FMAN/FMC 
Lancement vertical 


 0 FMAN-FMC 

+  

0 (16 (Aster 15-30) 


 0 FMAN-FMC 

+  

48 (Aster 15-30) 
FREMM n°1 à 4 : 
16 Aster 15 
16 FMAN-FMC/MdCN
  
 FREMM n°5 et 6 : 
16 Aster 15/30 
16 FMAN-FMC/MdCN 

FREMM n°7 et 8 : 
0 FMAN/FMC 
32 Aster 15/30 

0 FMAN/FMC 

+ 

16 (Aster 15/30) 

+ 

Réserve : 
 16 (FMAN-FMC/MdCN) 



Dotation FMAN/FMC 
Lancement 
horizontal et vertical 


 8 FMAN-FMC  

+  

0 (16 (Aster 15-30) 



 8 FMAN-FMC 

+  

48 (Aster 15-30) 

FREMM n°1 à 4 : 
16 Aster 15 
24 FMAN-FMC/MdCN
FREMM n°5 et 6 : 
16 Aster 15/30 
24 FMAN-FMC/MdCN 

FREMM n°7 et 8 : 
8 FMAN/FMC 
32 Aster 15/30 
 8 FMAN/FMC  

+  

16 (Aster 15/30)  

+  

Réserve :
16 (FMAN-FMC/MdCN) 
   



  Dotation 
CVS 401 Perseus 
Lancement vertical 



  0 CVS 401 Perseus  
+  

 0 (16 (Aster 15-30) 



 0 CVS 401 Perseus
   
+  

48 (Aster 15-30) 

FREMM n°1 à 4 : 
16 CVS 401 Perseus 
16 Aster 15
FREMM n°5 et 6 : 
16 CVS 401 Perseus 
16 Aster 15/30 

FREMM n°7 et 8 : 
0 CVS 401 Perseus 
32 Aster 15/30 


0 CVS 401 Perseus  

+  

16 (Aster 15/30)  

+  

Réserve : 
16 (CVS 401 Perseus) 



Dotation 
CVS 401 Perseus 
Lancement horizontal et vertical 



8 CVS 401 Perseus

+

0 (16 (Aster 15-30) 


 8 CVS 401 Perseus  

+

48(Aster 15-30) 


FREMM n°1 à 4 : 
24 CVS 401 Perseus 
16 Aster 15
FREMM n°5 et 6 : 
24 CVS 401 Perseus 
16 Aster 15/30 

FREMM n°7 et 8 : 
8 CVS 401 Perseus 
32 Aster 15/30 
 8 CVS 401 Perseus  

+  

16 (Aster 15/30)  

+ 

Réserve : 
16 (CVS 401 Perseus) 


Les deux talons d'Achille sur le plan national sont donc le nombre de lanceurs effectivement disponibles par frégate de premier rang selon le mode de lancement et le problème du SYLVER A70. Développer un lanceur SYLVER A70 "universel" serait la seule manière de conserver l'actuelle salve de MdCN tout en se ménageant la possibilité d'augmenter les capacités anti-navires pour l'action solitaire des frégates. La coopération binationale nous conduirait au développement de deux munitions distinctes. Ces évolutions condamnent la polyvalence des frégates, l'hypothèse la plus caricaturale reviendrait même à rescuciter les bâtiments conçus pour la lutte anti-surface, en rigidifiant la dotation des missiles et donc les capacités offensives des bâtiments. Les canons sont promis à bien plus de polyvalence que les silos dans cette perspective.

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