Quelle excellente surprise de débuter l'année 2014 par un ouvrage
qui a pour ambition d'expliquer les causes structurelles de la crise en
République centrafricaine ! Centrafrique, pourquoi la
guerre ? (sous la direction de Thomas Flichy de La Neuville,
Grégoire Mathias, Quentin Cornet, Franklin Déchelette-Viellard, Pierre
Thurau et Véronique Mézin-Bourgninaud, éditions
Lavauzelle, 60 pages) offre aux lecteurs quantité de clefs pour
comprendre dans quel décor a été lancée l'opération Sangaris, et mieux
encore, pour ouvrir des perspectives pour la
région...
La préface d'Henri Hude donne au lecteur quelques questionnements de philosophie politique : comment se construit l'Etat (moderne) ? Par quel cheminement est-il le dépassement de l'ethnie ? Dans quelles conditions la démocratie s'impose-t-elle ? Doit-elle se décréter ou passer une phase de stabilisation ? Autant de questions qui renvoient au devenir de tant de pays après leur indépendance, en Afrique comme ailleurs. Le parallèle avec l'Empire romain ouvre des perspectives originales.
La préface d'Henri Hude donne au lecteur quelques questionnements de philosophie politique : comment se construit l'Etat (moderne) ? Par quel cheminement est-il le dépassement de l'ethnie ? Dans quelles conditions la démocratie s'impose-t-elle ? Doit-elle se décréter ou passer une phase de stabilisation ? Autant de questions qui renvoient au devenir de tant de pays après leur indépendance, en Afrique comme ailleurs. Le parallèle avec l'Empire romain ouvre des perspectives originales.
Armé de ces débuts de réflexions, les auteurs nous plongent
directement dans la structure physique du pays. Loin des clichés, c'est
au contraire une terre et un climat très favorable à
l'expansion des activités humaines qui est décrite.
Par ailleurs, il s'agit aussi d'une terre peuplée par l'homme depuis
le néolithique. Sa géographie entretient une population relativement
nombreuse pour une terre qui était blanche sur les cartes
européennes il n'y a pas si longtemps. Et déjà dans son histoire, il
est dit que cette terre accueille régulièrement des populations qui
fuient les régions voisines.
Continuant plus loin leur examen, les auteurs expliquent la
structure etthnique du pays, sa construction religieuse et le rôle des
migrations. Quelle surprise de découvrir que la population
chrétienne de cette terre est le fruit d'une christianisation de
populations nubiennes au VIe siècle qui ont émigrées au XVIe siècle sur
ce territoire en raison de l'expansion de l'Islam.
L'ensemble de ces caractéristiques permettent d'offrir quelques
instruments pour relater la vie politique de la République
centrafricaine depuis son indépendance jusqu'à nos jours. Certaines
"grandes" régions de RCA accaparent à tour de rôle la direction du
pays.
Néanmoins, ces clefs ne permettent pas à elles seules de comprendre
pourquoi la RCA serait condamnée à une instabilité. Bien des Etats
africains sont stables et pourtant ils n'échappent pas à
pareilles structures, à pareilles histoires.
Nous basculons dans la deuxième partie de l'ouvrage où, fort de
toutes ces données historiques et géopolitiques, les auteurs éclairent
sur la place de la RCA dans le jeu régional. A vrai dire, il
semblerait que le pays ait eu les plus grandes difficultés à
demeurer un acteur sur la scène internationale -s'il en est encore un-
et qu'il a surtout était un enjeu.
La République centrafricaine a été le jeu des rivalités entre le
Tchad et la Libye jusqu'à que cette dernière se retrouve paralysée
depuis l'opération Unifed Protector/Harmattan (2011).
Par la suite, c'est un autre jeu qui se révèle au grand jour grâce
aux auteurs : la place de la RCA comme enjeu d'un jeu tchado-soudanais.
Une clef qui montre le rôle de la pression régionale sur
l'instabilité politique en RCA.
Mais plus largement, le lecteur peut se surprendre à distinguer une
sorte de "Grand jeu" où la déstabilisation de la République
centrafricaine comme celle du Mali permettrait surtout à des
acteurs de rendre inexploitable les ressources de territoires par
l'insécurité provoquée. La région saharao-sahélienne serait bel et bien
un Heartland.
Et à ce jeu là, soit dit en passant, les enjeux pétroliers, à tout hasard, intéressent au premier chef les Etats de la région (Tchad et Soudan du Nord en tête) avant qu'ils n'intéressent des acteurs extérieurs (remarquable jeu Sud Africain qui ne s'embarrasse pas des reproches que ce pays fait à d'autres).
Et à ce jeu là, soit dit en passant, les enjeux pétroliers, à tout hasard, intéressent au premier chef les Etats de la région (Tchad et Soudan du Nord en tête) avant qu'ils n'intéressent des acteurs extérieurs (remarquable jeu Sud Africain qui ne s'embarrasse pas des reproches que ce pays fait à d'autres).
Enfin, l'intrusion de l'islam politique dans des terres où il est si
étranger aux pratiques locales de cette religion est un autre facteur
de l'instabilité régionale. Par là, nous retrouvons les
mêmes acteurs qui semblent bien en difficulté face à un possible
basculement des alliances américaines au Moyen-Orient de l'Arabie
Saoudite à l'Iran.
Pour retourner à l'océan il est nécessaire de relever que M. Thomas
Flichy de la Neuville nous offre un livre bien loin de son précédent (Le basculement océanique mondial) et en plein dans ce
qui ressemble à un Heartland, par définition bien loin de
la mer. Ce qui n'empêche pas que nous y retournons en observant que les
raids de cavalerie légère caractéristiques de la région
invite à penser les espaces sous l'angle des notions
fluide/visqueux/solide... Perspectives intéressantes qui reliées à la
préface donneront peut être les clefs pour donner les moyens à ce pays
de se gouverner et de faire circuler en toute sécurité personnes et
biens.
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