Stéphane Van Gelder nous présente dans son article sur le Huffington post
une capacité supposée de la Russie à se couper d'Internet,
c'est-à-dire cette mer du cyberpespace qui est aussi vaste que l'Océan.
Ces quelques considérations techniques nous amènent à poser
l'existence d'analogies hypothétiques entre cyber et maritime.
Pour "débrancher" la Russie d'Internet, Stéphane Van Gelder nous explique que Moscou pourrait renationaliser "
trois principales extensions du pays: le .RU, le .SU (l'ancienne
extension de l'Union Soviétique qui continue d'être utilisée) et le .рф
( "fédération russe" en cyrillique)." Ces
extensions sont gérés par un organisme indépendant mais russe et le Kremlin pourrait alors faire jouer la raison d'Etat.
Ceci n'est que l'aboutissement d'un processus de territorialisation de l'internet russe si nous pouvons utiliser cette image. Olivier Kempf définit (Introduction à la Cyberstratégie aux éditions Economica) trois couches dans le cyberespace matérielle, logique et sémantique et/ou informationnelle. Yannick Harrel (La Cyberstratégie russe aux éditions Nuvis) précisait que dans la pensée stratégique russe, et à l'opposée de l'approche américaine, ce n'est pas l'élément matériel qui prédomine pour préserver la souveraineté. Ce qui ne veut pas dire que de l'URSS à la République Fédérale de Russie, Moscou n'ait pas investi dans les machines ou ne cherche pas à se constituer des plateformes nationales. Mais ce qui intéresse vraiment la Russie, c'est la souveraineté informationnelle : la pensée en somme.
Ceci n'est que l'aboutissement d'un processus de territorialisation de l'internet russe si nous pouvons utiliser cette image. Olivier Kempf définit (Introduction à la Cyberstratégie aux éditions Economica) trois couches dans le cyberespace matérielle, logique et sémantique et/ou informationnelle. Yannick Harrel (La Cyberstratégie russe aux éditions Nuvis) précisait que dans la pensée stratégique russe, et à l'opposée de l'approche américaine, ce n'est pas l'élément matériel qui prédomine pour préserver la souveraineté. Ce qui ne veut pas dire que de l'URSS à la République Fédérale de Russie, Moscou n'ait pas investi dans les machines ou ne cherche pas à se constituer des plateformes nationales. Mais ce qui intéresse vraiment la Russie, c'est la souveraineté informationnelle : la pensée en somme.
Par toutes ces manoeuvres, surtout russes et chinoises, Internet est
de moins en moins mondial et de plus en plus régionalisé.
Simplification du processus, certes, mais c'est aussi souligner
qu'Internet s'est fragmenté par endroit dans le monde jusqu'aux
capacités supposées de la Russie de s'en couper.
Par rapport au fait maritime, nous pourrions retrouver la stratégie
du blocus continental, notamment utilisé par la France (le blocus
continental de Napoléon). La puissance terrestre interdit à
la puissance maritime rivale d'avoir accès aux ressources du
continent européen. Ce dernier, par l'effet de cette action, se détache
du commerce mondial. Dans la théorie géopolitique du
Heartland, c'est donc l'un des plus beaux morceaux des ressources
mondiales qui est ainsi refusé à l'adversaire.
La Russie n'est pas tellement dans une position si différente dans le commerce mondial, comme grenier à ressources pour alimenter les industries de par le monde.
Cette stratégie n'est pas dénue d'effets. Positivement, si ce choix
dure dans le temps alors il force l'économie à se réorganiser. Les
industries du continent finissent par profiter du
redéploiement des flux. Négativement, cette transformation de
l'économie est très coûteuse. Processus qui peut être source
d'innovations, comme en témoigne les ersatz allemands !
Continuous dans cette anologie maritime. La puissance de la mer peut
aussi agir ou réagir et chercher aussi à isoler l'élément terrestre
rebel à sa politique. La France, par exemple, a connu
nombre de blocus organisés par l'Angleterre. L'Allemagne en a connu
deux grands au cours du XXe siècle.
Sir Julian S. Corbett théorisé dans Some principles of maritime strategy deux volets du blocus naval :
Sir Julian S. Corbett théorisé dans Some principles of maritime strategy deux volets du blocus naval :
- le blocus défensif : bloquer les capacités navales ennemies dans ses ports,
- le blocus offensif : bloquer l'économie adverse.
Le stratège anglais distinguer ainsi ces deux volets car si bloquer
l'outil militaire adverse déterriore un peu ses capacités faute
d'exercices pratiques, bloquer l'économie en revanche amoindri
par usure les capacités matérielles de l'adversaire et donc sa
puissance.
Dans la confrontation entre Moscou et Washington autour du conflit
ukrainien, les Américains auraient un plan permettant de nuire presque
totalement à la capacité de la Russie d'accéder aux
circuits financiers mondiaux. Les réseaux bancaires sont une partie
du cyberespace.
Nous aurions alors la menace d'un blocus contiental russe face à celle d'un blocus offensif américain.
C'est là que nous pouvons replacer les débats sur la gouvernance
d'Internet, par analogie au fait maritime, où il y a une opposition
entre les Etats et les sociétés civiles (transnationales ou
non) pour un Internet aussi libre que possible et ceux qui entendent
projeter leur souveraineté aussi loin que possible sur la toile.
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