Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





26 mars 2012

Les différentes couches de la défense aérienne de la Flotte



© Inconnu. USS Albany (CG-10) firing two RIM-8 Talos missiles (fore and aft) and a RIM-24 Tartar missile (port amidships) simultaneously. January 1963.
 La défense aérienne de la Flotte est un exercice très exigeant : plus les engins, les missiles vont vite et loin, plus la défense doit être réactive, à longue portée et centralisée. Elle a subi une grande évolution au sortir de la seconde guerre mondiale quand les engins allemands (et les ingénieurs qui les ont développé) ont atterri dans les laboratoires des alliés. Les américains prirent une longueur d'avance dans le développement des engins, mais les autres nations n'étaient pas en reste. 


En ce qui concerne particulièrement la Flotte, si l'artillerie traditionnelle a perdu de sa superbe, elle a été complété par des engins ayant des caractéristiques très différentes. Les senseurs sont également très importants, et la suite radar a mettre en oeuvre depuis un navire est complexe car la défense aérienne nécessite :
  • un radar de veille air,
  • un radar d'illumination,
  • un radar de poursuite.
De nos jours, un radar peut être multifonctions, mais ce n'était pas le cas dans les années 50 et 60. A l'heure actuelle, la configuration la plus courante repose sur un radar de veille aérienne à longue portée, combinée à un radar multifonctions. Les radars peuvent être aussi bien tournants que à antennes fixes.

Cette défense aérienne navale correspond à plusieurs bulles de protection :
  • SATCP - Surface-Air Très Courte Portée (0 - 10 km) : c'est la première -et dernière !- barrière de défense d'une unité navale. Elle repose soit sur des missiles à très courte portée, comme le Mistral embarqué dans, par exemple, les affûts SADRAL, ou des mitrailleuses à grande cadence de tir (les systèmes, mis en service ou non, sont plus nombreux que ce que l'on peut imaginer de prime abord). Mais il convient de ne pas oublier le rôle des pièces d'artilleries de 57, 76 et 100mm pour dresser un "mur d'acier" devant un assaillant. A notez que les missiles SATCP sont, en règle général, très manoeuvrants et rapides.
    Cette bulle de défense représente quelques kilomètres de portée (0 à 6 km, environ). Elle peut bénéficier de l'apport des informations tactiques, via des liaisons de données, de la part d'autres unités, ce qui est particulièrement utile quand le navire est démuni de senseurs. Cependant, elle demeure la barrière élémentaire de n'importe quelle unité navale. Il est nécessaire d'avoir un radar de veille aérienne afin de percevoir la menace. Voir un radar de conduite de tir et de poursuite... ce qui est peut être rarement nécessaire pour des systèmes SATCP (sauf les mitrailleuses) qui sont souvent manoeuvrés à la force du matelot (affût double Mistral, en particulier).
  • SACP - Surface-Air Courte Portée (0 - 20 km) : la bulle de protection est plus élaborée : d'une part, sa portée avoisinne la vingtaine de kilomètres, et d'autre part, les systèmes radars (de vieille, de poursuite et de ciblage) sont plus élaborés. Encore une fois, l'apport d'informations tactiques de la part d'autres unités est plus qu'utile. Dans la Royale, il s'agit avant tout du Crotale (l'affût contient le radar de poursuite). L'Aster 15 est à cheval entre cette catégorie et la suivante, par exemple.
  • SAMP - Surface-Air Moyenne Portée (0 - 60 km) : la barrière de protection est réhaussée dans la gamme des 30-60 km. La taille de cette bulle, qui est d'un cran bien supérieur aux deux précédentes, exige une suite radar bien plus élaborée. C'est surtout pour la puissance des engins de la suite radar qui fait la différence : il faut bien entendu disposer d'un radar de veille surface adaptée, ce qui veut dire qu'il voit bien au-delà de la portée des armes, mais il faut également un radar d'illumination qui cible l'assaillant pour le temps que la bordée arrive à son niveau. Le RIM-24 Tartar (60 km) en service dans la Marine nationale -depuis la refonte de quatre escorteurs T47- et encore à ce jour, sur les deux frégates Jean Bart et Cassard, entre dans cette catégorie par le haut, tandis que le Masurca était dans la partie basse de cette catégorie (30 km), tout comme le très récent Aster 15 qui équipe notamment le Charles de Gaulle.
  • SALP - Surface-Air Longue Portée (0 - 300 km) : a priori, ce sigle est peut être une invention de l'auteur de ces lignes. L'Aster 30 constitue le bas de la fourchette dans ce domaine avec une portée officielle de 100km contre aéronefs. Dans l'US Navy, le RIM-8 Talos (le défunt Masalca français aurait pu lui répondre), dans sa dernière version, affichée une portée de 300km... (contre 160 km pour la configuration initiale).
    Dans une autre mesure, les aéronefs embarqués participent à cet échelon de la défense aérienne de la Flotte. L'articulation est assez complexe à ce niveau puisqu'il faut, à la surface de la mer, des radars de veille aérienne de longue portée (comme le fameux S1850 de Thales, ou SMART-L) et des radars d'illumination d'une portée supérieure aux armes (l'Herakles, l'APAR, etc...). Les aéronefs embarqués, à voilures fixes ou tournantes, permettent d'éclairer une zone particulière de l'évolution de l'escadre. Un E-2 Hawkeye peut, par exemple, éclairer une zone de 500km de rayon... ce qui donne autant de temps à la défense de se préparer en engageant la menace en avant (aéronefs et missiles SALP) ou de préparer la défense en profondeur (les autres systèmes).
    La fusion des données et le commandement centralisé de la zone d'influence aérienne de l'escadre nécessite des systèmes de commadnement et d'armes exigeants.
  • SATLP - Surface-Air Très Longue Portée (0 - 250 km d'altitude) : quelque part, c'est un peu le nouvel échelon de défense aérienne de la Flotte. Les précédents existaient, au moins dans l'US Navy, depuis les années 50. L'acronyme est encore une fois l'invention de l'auteur, mais il ne désigne pas tellement un accroissement de la portée des armes sur le plan horizontal... que vertical. La majeure partie des missiles ne dépasse pas un plafond de 20km. C'est la défense anti-missile balistique de la Flotte qui va modifier un peu ce plafond :
    • le premier échelon est l'interception bas endo-atmosphérique, soit la DAMB de théâtre qui nécessite surtout une suite radar et des missiles à l'autodirecteur adaptés (Aster NT). L'Armée de l'Air est la seule en France à maîtriser cette capacité opérationnelle avec le Mamba (SAMP/T).
    • Le second échelon est l'interception dans le haut endo-atmosphérique (30-70km). C'est l'objectif affiché par l'Aster block 2, et la seconde salve du THAAD.
    • Le troisième échelon serait l'interception exo-atmosphérique : la frontière exo-atmosphérique se situerait, dans la DAMB/ABM, aux alentours des 120 km d'altitude, domaine où agissent les SM-3 et THAAD (capacité pour ce dernier de tirer un missile de rattrapage pour retenter l'interception de la cible, dans le haut endo-atmosphérique). L'Exoguard d'Astrium viserait ce milieu d'interception.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/US_Rim-8g_missile.jpgLa défense aérienne de la Flotte est donc une structure complexe, en multiples couches. Toutes les marines ne visent pas cette protection multicouche, ce qui est naturelle car elles n'ont ni les mêmes ambitions, ni les mêmes stratégies... ni les mêmes ressources.

En France, bien des voix poussent à ce que le nouvel échelon soit intégré -et pas uniquement sur les mers- mais à des degrés divers... Pour information, la refonte DAMB de théâtre des Forbin et Chevalier Paul coûteraient, selon le Sénat, quelques 300 millions d'euros. Pour aller plus loin, la somme s'éleverait à environ 2 milliards d'euros : soit le coût d'un porte-avions, ou d'un programme BATSIMAR adapté aux ambitions du discours politiques.

Si les armes et senseurs nécessaires à la défense aérienne à moyenne portée dépassent la mer dans le cadre de la guerre littorale, il convient de relever :
  • que la défense aérienne à longue portée a un rayonnement politique inégalé (voir l'impact diplomatique de l'envoi du HMS Dauntless (ou le Daring dans le Golf), destroyer Type 45 (PAAMS ou Sea Viper en anglais) aux Malouines -alors que la frégate Type 22 HMS Montrose avait laissé de marbre).
  • Mais la défense aérienne antimissile balistique a un rayonnement politique planétaire certain car la suite radar est couplée à des systèmes spatiaux et terrestres de détection avancée, ce qui offre une surveillance de zone massive. De même, la possibilité d'intercepter aussi bien des missiles balistiques (interception potentielle ne veut pas dire efficacité automatique) que des satellites permet à un systèmes d'unités et d'armes de faire peser une menace sur un adversaire qui dépasse la mer. Quelque part, ne serait-ce pas une nouvelle impulsion à l'intrusion de la Mer dans la Terre depuis le porte-avions ?
http://www.senat.fr/rap/r10-733/r10-73361.gif
La frégate de défense aérienne est une unité nouvelle (si l'auteur a bien compris) : elle a été voulue en France depuis le début des années 90. Les unités précédentes se contentaient de gérer leurs couches (ce qui se résumait à deux couches, en règle générale), et d'intercepter les menaces qui se présentent au navire. La nouveauté de la frégate de défense aérienne, qui se différencie du navire anti-aérien, est qu'elle peut, par son système d'armes, gérer les différentes plateformes qu'elle a sous sa responsabilité. Elle centralise les informations tactiques, et coordonne la lutte anti-aérienne. Elle peut autant utiliser ses armes que celles des autres navires. C'est-à-dire qu'il n'est plus nécessaire que le porteur des armes disposent des senseurs nécessaires à leur mise en oeuvre.

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